(micah) every breath feels like rarest air

Sur la route du retour, Nola à moitié endormie dans son siège enfant à l’arrière, Micah profita du feu rouge pour prendre son téléphone en mains et regarder le message qu'elle venait de recevoir. Voir le nom de Thea apparaître à une heure aussi tardive ne la surprit pas plus que ça, mais la suite était, elle, bien plus inquiétante. Dès que le feu passait au vert, la jeune maman se gara sur le bas-côté un peu plus loin dans la rue afin de pouvoir lui répondre car au vu des fautes dans le premier message, la blonde avait bu plus d’un verre ce soir et Micah préférait ne pas traîner pour revenir vers elle. Une fois que son amie lui indiqua sa position, elle lui confirma qu’elle serait là dans une vingtaine de minutes tout au plus, posa le téléphone sur le siège passager et prit la direction de la plage. A cinq minutes près, Nola se serait encore trouvée chez ses grands-parents mais maintenant que Micah l’avait récupérée, c’était à deux qu’elles allaient retrouver tata, avec un peu de chance dans un état qui ne serait pas trop laborieux. La petite étant sur le point de s’endormir profondément et ne devrait pas les déranger, ou même prendre part à leur conversation - ce qui était pourtant devenu son activité favorite. Dès qu’elle en avait l’occasion, Nola venait mettre son grain de sel et couper les adultes dans leur conversation pour poser des question ou donner son avis. C’était presque plus fatiguant que de devoir la gérer lorsqu’elle était bébé.
Les yeux voyageurs entre la route, le GPS, et le rétroviseur pour s’assurer que la petite dormait toujours, Micah poussa un soupir de fatigue et attrapa son redbull car quelque chose lui disait que la soirée risquait d’être longue. Pour dire vrai, elle était épuisée et avait hâte de prendre une douche et se glisser dans les draps, mais Thea avait été présente plus d’une fois pour elle, il n’était pas question de la laisser se débrouiller seule maintenant que les rôles s’inversaient. Surtout pas après les épreuves que la jeune femme venait de traverser et que Micah ne pouvait mêm pas imaginer. La rupture était une chose, tout le monde passait par là, mais la perte du bébé devait être traumatisante. Elle se revoyait quelques années plus tôt, lorsqu’elle avait appris être enceinte et avait paniqué, sans pourtant jamais envisager une seule seconde de mettre un terme à la grossesse. Même si rien de tout cela n’était prévu, Micah savait qu’elle aurait été dévastée de perdre son bébé et il devait en être de même pour Thea.
Dix-sept minutes après leur échange de messages, la brune ralentit sur le parking vide de la plage et repéra rapidement son amie, allant se garer non loin d’où elle se tenait. A cette heure, l’endroit était désert et presque glauque. Ou peut-être était-ce la situation qui lui faisait dire ça car elle était venue plus d’une fois en charmante compagnie, pour un bain de minuit ou des câlins sur la plage, et jamais Micah ne s’était souciée de sa sécurité. Là, elle restait à côté de sa portière, préférant ne pas s’éloigner du véhicule alors que sa fille se trouvait à l’intérieur. Elle tendit les bras à son amie pour l’inviter à venir s’y réfugier et la serra fort contre elle pendant une bonne minute, sans prononcer le moindre mot, avant de reculer d’un pas, les mains sur ses joues. Ca va aller. Elle affirma, encourageante, avant de tendre la petite bouteille d’eau dans sa main à Thea. Nono est dans la voiture, je venais de la récupérer chez mes parents. Elle lui dit, une moue désolée aux lèvres, bien qu’elle n’avait pas de quoi l’être. S’il n’avait été question que d’elles deux, elles auraient pu se balader sur la plage, ou continuer (commencer dans le cas de la brune) à boire. Là, il faudrait attendre que la petite soit dans son lit et elles n’iraient nulle part ailleurs qu’à l’appartement. Rentre, tu vas te taper une pneumonie. Elle dit en réalisant que son amie était trempée. Micah récupéra un plaid dans le coffre et pris ensuite place derrière le volant, plaçant la couverture sur les jambes de son amie. Tu peux t’emballer dedans, je le passerai à la machine. Le temps n’était pas vraiment froid, en journée, mais une fois la nuit tombée, le temps se rafraîchissait bien, au point de supporter aisément un pull. C’est quoi le plan ? On rentre, douche, et un thé chaud ou tu veux continuer sur ta lancée ? Car dans le deuxième cas, je dois m’arrêter en chemin, je n’ai rien à la maison. Pas grand chose en tout cas, à part peut-être une bière au frigo.