burn it up ─ Lena & Ace

Puisqu'elle l'y invite, il s'exécute. Il sort le téléphone, la laisse le débloquer, et va dans les messages pour lire. En silence. Il dit rien, mais son doigt scroll ; puis subtilement, son regard se plisse, ses sourcils se froncent ─ il a mal, mais il dit rien, n'dit pas pourquoi. Puis il éteint l'écran, soupire. « La trahison d'trop j'imagine. » Il relève les yeux sur Lena. Ça sert à rien de remuer le couteau dans la plaie. Alors pourquoi avoir menacé Bisha, s'il ne compte pas revoir Lena de toute façon ? « Sa famille l'a pas abandonné, pourtant. Il les a tous repoussés. Même moi, j'étais furax parce que j'tiens à lui, pas parce que j'le déteste. Y'a personne qui... » ... lui veut du mal, à la base ? Si. Lui-même. Sûrement. Le regard d'Ace se détourne, et l'expression sérieuse qu'il affiche est traversée par le doute et la peur. « Putain, mais quel con vraiment. » Il jette le téléphone de Lena à la concernée et retourne dans la voiture. « Passe devant et attache-toi, on retourne sur Boston. Guide-moi jusque chez lui. » Il claque la porte, attache sa ceinture en vitesse, et remet les clés sur le contact. Et en un rien de temps, le van repart sur la route. Ou plutôt, il aimerait que ça soit l'cas.

griffes tapent sur l’écran rapidement. détourne le regard pendant qu’tes yeux s’perdent sur les lignes. - mh.. on s’trahit toujours. moi. lui. chacun notre tour. le besoin viscéral de pas vouloir croire que ça marcherait. le besoin d’être maître d’notre chute en pensant que ce sera moins douloureux. conneries. ça faisait un mal de chien. révélations à l’écart du monde. ouvre la voie aux pensées profondes. à toi aussi, il t’manque. tiraillé en silence. j’le vois sur ton visage. j’le sens quand ta poitrine se gonfle trop intensément. qu’tu bégayes. - j’sais pas tout de ce qu’il s’est passé avec eux. j’sais juste qu’avec toi, c’est allé trop loin et que sa sœur était là pour toi et pas pour lui. regards se rencontrent. rattrape le téléphone à la volée, me redresse sans saisir ce qu’il s’passe. - pourquoi ?! tu comptes faire quoi là ? contourne la caisse pour t’faire face. me mettre entre toi et la portière avant qu’tu puisses l’ouvrir. - j’déconne pas ace. si t’as l’intention d’toucher à un seul d’ses cheveux, j’vais t’faire vivre l’enfer. pourquoi tu veux aller l’voir ?!

tw : il dit des gros mots pas jolis

« Putain vous me faites chier avec ce discours de merde. » Il roule des yeux, exaspéré par la résistance face à lui. « Rose m'avait pas choisi. Elle m'a dit adieu. Elle m'avait quitté, on comptait pas s'revoir. C'est ce con d'Amore qui l'a repoussée, elle a jamais pris mon parti, même pas avec moi. » Il la repousse sèchement pour la faire tomber en arrière, sur le siège passager. « J'ai pas l'intention d'lui faire du mal. Honnêtement si vous deux pouviez vivre votre idylle dans votre coin ça m'va super bien, S'il pouvait aussi arrêter de faire son gamin grincheux et parler à sa soeur, ça s'rait cool aussi. Toute cette merde a pris des proportions débiles juste parce que j'étais en colère contre lui qu'il r'tourne vers toi après m'avoir dit qu'il le ferait pas. Vous faites sérieusement chier. » Installé, il s'attache, pose les mains sur le volant qu'il tient fermement. « Maintenant mets ta putain de ceinture, parce que ton abruti de mec serait assez débile d'foutre Esteban en pétard dans l'but de s'faire péter la gueule, voire buter. Martyr de mes couilles là, quel con franchement. »

écoute le récit. l’prénom qui tends les nerfs. souvenir de la dernière rencontre qui revient, ça devient physique. connasse au l’même lien de sang. semblant de rire sarcastique avant que le visage se ferme encore. - ouais ouais, elle comptait pas et pourtant elle t’colle encore au cul. toutes les mêmes dans la famille. bonnes qu’à donner des leçons de moralité pour en avoir aucune au final. titube contre la féraille avant de tomber sur le cuir. - y’a pas eu qu’ça ace. y’a pas eu que la colère. y’a eu la trahison aussi. l’ton plus calme. les yeux qui fixent le pare-brise. - t’as tout balancé à sa famille. il t’faisait confiance, t’étais comme un putain d’frère pour lui et pour une histoire à la con, t’es allé baver tout ce qu’il a pu t’confier. les yeux qui quittent l’horizon pour jeter un coup d’œil. se posent rapidement sur ton profil. - pourquoi t’as fait ça ? scrute la réaction. le regard pendu à tes lèvres, attends une raison. une vraie. téléphone vibre entre les doigts, le numéro inconnu qui s’affiche avant de lire trop vite. - il vient d’m’écrire. les doigts qui tapotent sur l’écran. messages défilent. les ongles nerveux qui s’acharnent. - fais chier, putain ! poing tape contre la portière. verrouille le cellulaire, l’coeur qui cogne bruyamment. - vas-y, roule. on va chez lui, il a vu esteban et il veut rien m’dire. j’sais même pas dans quel état il est putain..

Pourquoi t’as fait ça ? Le moteur démarre dans le même temps, et le regard d’Ace est sur la route devant lui. « Il est pas l’seul à s’être senti trahi. » Mais il ne développe pas plus que ça ; il n’en a pas le temps de toute façon, Lena reçoit un message et Ace comprend que pendant qu’il avait embarqué Lena, Esteban, lui, avait retrouvé Amore. Il ne dit rien, mais son regard en dit long. Il est fermé, sérieux, rivé sur la route, et ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il flippe. Et pas qu’un peu ; autant qu’une culpabilité vorace rongeait ses entrailles.« La seule chose que j’peux dire… c’est qu’j’ai jamais voulu lui faire du mal. J’ai merdé. Et j’le sais. » Pas un regard pour elle après ces mots ; il restait concentré sur la route, dépassant la vitesse autorisée sur la grande ligne droite vide de tout autre véhicule. Il n’aurait jamais dû balancer tout ce qu’il savait à ce moment là, en sachant pourtant toutes les possibles répercussions ; mais il s’était senti trahi, lui aussi. Différemment de ce qu’il avait infligé à Amore. Il avait mordu, parce qu’on l’avait poussé et qu’il s’était blessé ; une fois. Deux fois. Trois fois. Et à la quatrième, il avait explosé. C’était pas une excuse pour autant, il le savait. Mais ça expliquait son attitude. Et alors qu’ils se rapprochent de l’avenue centrale de Boston, Ace regarde rapidement Lena. « S’il se montre violent, te met pas en travers ok ? »