burn it up ─ Lena & Ace

Ça partait trop en couilles. Pas toucher à un cheveux de Lena. Les mots étaient présents dans son esprit, pourtant, Ace était là, à l'attendre. Mais fallait se rendre à l'évidence ; elle avait plus de pouvoir que n'importe quel Morelli sur Amore. Alors au détour d'une ruelle, la main plaquée sauvagement sur sa bouche, la tranant de force à l'arrière du véhicule pour se retrouver le poignet attaché, le téléphone récupéré, Ace l'embarquait hors de la ville. Sourd à ses menaces, ses cris, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent hors de la ville après de longues minutes ; puis le moteur se coupe, Ace sort du véhicule, et ouvre les portes arrières. « On a des choses à s'dire. J'espère pour toi que t'es prête à parler. J'vais te détacher, mais ça sert à rien d'courir ou d'crier, y'a rien ni personne sur des kilomètres à la ronde, ok ? »

quitte l’immeuble, les yeux encore rouges d’la veille. soirée avec james et les restes de pilules qui stagnent dans l’sang. lunette pour dissimuler les billes encore vitreuses. corps retenu en arrière, main collée aux lèvres et la peur qui paralyse les premières secondes. jusqu’à capter ton visage. ace. garde le souvenir amère. ongles qui laissent ton avant bras en sang, genre de me débattre sans y arriver. prisonnière dans le bolide, cogne contre le cuir sans réel effet. essoufflée d’batailler sans réponse, l’coeur qui s’emballe jusqu’à l’arrêt de la voiture. l’regard noir quand t’ouvres la portière, que les mots sont trop difficiles à capturer quand l’esprit est trop tendu. - détache moi pauvre taré ! j’te jure que j’vais t’buter ! grogne les poings encore liés. le regard qui cherche à l’horizon sans rien trouver. désert. juste ta silhouette encore debout. - enlève moi ça putain !! poignets rougis à force de tirer d’ssus. impossible à m’défaire des entraves.

Il soutient son regard, ne cille pas, n'a aucune peur sur le moment. Ses menaces se heurtent à un mur, mur érigé dès l'instant où il a décidé de franchir un seuil. Il n'attend pas qu'elle se calme, se disant que de toute façon, elle finirait bien par s'épusier. D'toute façon, elle n'a nulle part où aller. « Si j'étais taré tu s'rais attachée à l'arrière d'la bagnole en train de te vider ton sang, à râcler le bitume. Mais j'te rassure, si y'a un mort prochainement, ça s'ra pas toi, même si l'envie me manque pas. Et non, ça s'ra pas de mon côté. » Pas le ton de la plaisanterie, ni même de la colère.

grimace. le dégoût porté sur le visage qui te toise. tes mots, toujours trempés dans l’même venin. - pourquoi tu l’as pas fait ? quand j’sais que l’envie te ronge. depuis la toute première fois, le premier soir. haine qui donne la gerbe, toi, l’visage de la trahison. quand j’savais tout l’mal que t’avais causé derrière toi. amore qui sait toujours pas comment soigner la perte. la tienne. - parle pas d’amore. parce que j’te promets que j’vais t’le faire regretter si tu le touches encore. si t’envoies quelqu’un pour l’faire à ta place. silhouette frêle qui cogne contre la tienne. la rage dans les azurs. - parce que moi, j’aurais aucun remord à lui defoncer sa gueule d’merde à ta meuf. sœur d’amore ou pas. j’te le dis, t’as pas intérêt à l’toucher. menaces sifflées entre les canines. la peur de le perdre, de plus jamais le retrouver. la crainte qui rends dingue, à plus pouvoir réfléchir correctement. - tu m’veux quoi ?! les billes qui s’accrochent aux tiennes. si t’es pas là pour m’faire mal t’es là pourquoi ?

Elle grogne, elle aboie, elle le défend ; tant mieux, parce qu'ils en ont besoin tous les deux. Ace ne lui répond pas immédiatement, sort un canif de sa poche et coupe rapidement les liens qui la retiennent, suffisamment vite pour qu'elle n'ait pas vraiment le temps de paniquer. « Cool. Parce qu'on va avoir besoin d'ça. » Il s'éloigne alors de quelques pas, sans lui tourner le dos, lui laisse de l'espace pour bouger. Y'a rien d'utile dans la voiture, tout est sur lui. « J'ai justement pas envie qu'il crève. Tes hormones en chaleur, à flirter avec Esteban, font que des innocents sont en danger. Amore pète une pile, et il y survivra pas si tu l'arrêtes pas, parce qu'il sait vraiment pas ce qu'il a en face de lui. Et même ton fric le sauvera pas. »

les yeux qui tombent sur le canif. recule d’un pas. pas l’temps de plus quand la lame fend le cordage. frotte les poignets, empreintes des cordes marquent le derme. et j’comprends plus rien à c’qui se passe. ni même pourquoi tu réagis pas. pourquoi t’es trop calme cette fois. méfiante. soupire, l’blase d’esteban qui ressort trop souvent. place prise sans m’rendre compte. flirter avec le mauvais gars. - t’as plus d’souci à t’faire pour ton pote. y’aura plus rien. l’deal conclut dans les derniers échanges. les conséquences trop importantes. les maux du cœur qui se réparent pas. - tu demandes de l’aide là ? j’suis pas celle qu’il t’faut. prends appuie contre la carrosserie. - essaye avec ta meuf ou brinley ou une d’ses cousines à la con. moi j’suis plus rien pour lui. aveux douloureux. retiens la boule dans la gorge. le cœur qui bat lourdement, la peine qui pèse dans la poitrine. - mais il m’a dit qu’il ferait rien d’plus que c’qu’il a déjà fait. j’sais rien d’plus, il m’dit rien.

Plus rien avec Esteban ─ ça c'est sûr, même si le concerné lui-même songe à s'en prendre à elle de façon plus insidieuse. Ace l'a devancé de toute façon. Il l'écoute, reste calme, peut-être trop. Les émotions en veille, c'est pas le coeur qui carbure. Et il ne croit pas ce qu'elle dit, non pas parce qu'il pense qu'elle lui ment, mais parce que la croire va à l'encontre de la situation. « Tu t'plantes. T'es la seule qui a de l'importance. Il n'écoute personne. Il rejette sa famille en bloc. C'est pour ça qu'il revient vers toi, tu m'l'as dit toi-même. T'es la seule qui importe. Tu l'as blessé, et il menace de mort une fille, parce que t'as touché un autre mec. Spécifiquement Esteban. » Il inspire fortement, puis expire d'un coup, dans un soupir. « J'te demande pas d'aide, t'es libre d'abandonner ton chien et le laisser s'faire bouffer par les autres. Tu veux faire quoi, du coup ? »

rire ironique. garde le sourire faux sur les lèvres, les yeux fixent l’ciel quand je t’écoute. me rappelle tout ce que j’ai envie d’oublier. lui. la dernière de ses confidences avant de couper les ponts. juste un tas de mensonge. nous. la relation. l’importance. - c’est toi qui t’plante ace ! et, t’sais quoi, j’avais tort quand j’t’ai dit ça. j’compte pas. j’ai jamais compté. constate. remue le passé, le présent, salive amère de ravaler la tristesse. - regarde, il m’a laissé comme une merde en Italie sans jamais s’retourner. il en a rien à foutre d’ma gueule. j’étais bonne qu’à combler l’vide que t’as laissé quand t’as fait d’la merde avec lui. quand sa famille s’est rangée d’ton côté plutôt qu’du sien. répète l’histoire. la seule vraie histoire parce que tout l’reste, c’était que des mensonges. - trouve autre chose, ace. c’est pas moi qu’il t’faut pour ça. j’étais l’bon passe temps, il kiff la baise avec moi, il était tout seul, c’est tout. j’étais rien d’autres. mâchoire qui se gonfle à serrer les dents en silence. - ramène moi.

Les sourcils se froncent ; elle raconte des conneries, évidemment. Ça l'irrite un peu, et ça se voit, mais il soupire longuement. Y'a un léger silence après ses paroles, et Ace prend son temps pour lui répondre. « Moi j'pense pas que tu t'es plantée. » qu'il déclara calmement. « L'problème d'Amore, c'est qu'il sait pas doser, et c'est un putain d'menteur. Un hypocrite qui assume rien. Il est lâche, il assume aucun d'ses foutus sentiments et il s'isole pour éviter qu'on remarque ses blessures. Il a b'soin d'avoir des antagonistes parce que ça l'fait se sentir légitime dans sa rage si c'est la faute des autres, et il enchaîne les conneries parce qu'il a pas d'affection sans condition. » Le regard qui se baisse un instant, pensif. « Quand je l'ai récupéré avant d'venir en Italie, il voulait plus entendre parler d'toi. J'y ai cru, sur l'moment, que c'était foutu entre vous, mais t'as bien vu. Ça tient pas. Ça tient jamais. Vous vous retrouvez toujours. Donc tu m'feras pas croire l'inverse. » Le regarde remonte sur elle. « C'est juste que vous êtes deux abrutis et vous vous trainez vers le bas mutuellement parce que vous savez pas faire mieux qu'ça. »

les paroles qui remuent le couteau dans la plaie. fouille dans la purulence encore vive. incapable d’croire à autre chose que l’dernier message. l’aveu balancé sans l’ombre d’une haine. trop serein. différent des autres fois où l’venin était explicite. trop réel pour croire au mensonge. - t’as mon tel, non ? lis son message. sec. l’regard dans l’vide et le myocarde en détresse. ronge la carrosserie, les ongles. - lis le. j’le connais par cœur ace, j’sais que cette fois, c’est vrai. il s’est juste accroché à la seule personne qui était là. il s’est reposé sur moi parce qu’il voulait pas être seul. parce que c’était trop dur d’encaisser la perte d’tout l’monde en même temps.. léger silence. - c’était pas sincère. c’était pas vrai. arrête d’jouer les dr love quand t’étais l’premier à dire que notre relation valait que dalle. qu’elle était à chier. qu’il méritait mieux que moi, mieux qu’tout ça. t’avais raison, on s’accroche à d’la merde. c’est pas ça l’amour .. c’est pas nous. même si ça m’tue d’le dire. rancœur qui grogne toujours. l’monde à dos, depuis l’début. - il a pas fait de conneries cette fois, c’était moi. pourquoi tu m’dis tout ça ace ? t’attends quoi d’moi ?