total eclipse of the heart | parkell

Récupère tes affaires et barres toi, Enola. Voilà ce qu’elle n’a de cesse de se répéter. Affrontant avec dépit la réalité, ses mains tremblantes face à sa nervosité. Elle doit rentrer chez elle et se confronter à celui qu’elle a délaissé. Elle songe avec difficulté qu’elle ignore même ce qu’elle espérait. Est-ce qu’elle souhaitait vraiment qu’il lui rende son baiser ? Qu’il lui murmure que c’est ici qu’elle devrait être, chez lui. Que c’est là où se trouve sa place et qu’il n’en a jamais douté. Est-ce que c’était ça, sincèrement, Enola, que tu voulais ? « Tu n’iras nulle part. » Elle crache un soupir en braquant sur lui son regard. C’est étrange comme elle a envie de lui cracher que c’est trop tard.

Pourtant, elle est incapable de bouger, elle reste là, figée, à l’observer, à chercher à lire ce qu’il se passe dans son esprit, à désirer trouver la solution sur ses traits. « Je n’ai pas le droit de te le demander, » Bien sûr qu’il pourrait, qu’il devrait, s'il le voulait… Mais en fait c’est là, tout le souci d’Enola, c’est que Jared ne veut pas. « Alors soit je te ramène, soit… » L’espoir c’est sur le bord des lèvres de l’homme qu’elle vient d’embrasser qu’il est, elle en est persuadée. Alors elle reste suspendue à ces dernières, dans l’attente de l’autre possibilité, « Soit je prends le canapé, » et là, elle ne sait plus quoi penser, comment agir, se raisonner. Elle éprouve des picotements, au niveau de son nez, elle lutte, bon sang, pour éviter de se mettre à pleurer.

Le flot de paroles qu’elle désire lui souffler reste bloqué. Elle n’arrive à rien. Ne sait plus, ignorante de tout, en particulier de demain. Consciente que tout aura changé, et qu'elle n’y était pas préparée. Elle essuie son visage, de ses deux mains, efface des larmes qui n'ont pas coulé, soupire, sur un fil, « J’voudrais… » tant de choses qu’elle ne te dira pas. Déridant ses traits, avant de se rendre compte de son état, « Je voudrais bien me doucher et me changer, si ça te va. » Avant de dormir là.  

Après ses paroles, elle observe sa silhouette, accueille avec un fin sourire son hochement de tête, tandis qu’elle voudrait bien vider ce qui se trouve dans la sienne. Les ressentiments qui se distillent dans ses veines. Comme l’alcool qu’il boit, d’ailleurs, elle ne remarque qu’après sa gorgée qu’il a ouvert une bière pendant qu’elle envisageait de filer. « Je devrais pouvoir te trouver quelque chose mais…. » la blonde fronce les sourcils, juste un tantinet, peu certaine de pouvoir supporter un mais. Elle aurait voulu entendre un simple oui et sait que ce qu’aurait voulu Andrew aussi. Face à cette évidence mentale, elle déglutit. « Rien à ta taille. » sa salive avalée, elle craque un soupir, spontanément amusée. La différence de leur taille n’a jamais été un problème, bien au contraire, elle s’est toujours sentie en sécurité, en portant ses affaires. Noyée dans les tissus portant son parfum.

Alors il pose sa bouteille, et s’active finalement, « J'ai un peu la flemme de changer les draps mais je vais faire un p'tit effort. Prends ton temps. » L’envie de lui souffler que ce n’est pas la peine de les changer, qu’elle ne désire pas quelque chose de générique. Elle souhaite ce qu’elle connait. Elle pensait avoir été claire avec le baiser. « C'est... Gentil. » prononcé les mâchoires serrées. Enola, elle n’est jamais assez claire sur ses idées. Elle l’observe traverser le salon et aller en direction de la chambre, une seconde et elle se dirige vers la salle d’eau à son tour.

Méthodiquement, une fois à l’intérieur, elle retire ses vêtements. Sa robe, d’abord, ses bas, réalise combien elle a froid. Lorsqu’on cogne contre la porte trois fois. « J'ai pas de petite culotte en stock mais au besoin, si... » des doigts de son ex, elle retire le t-shirt, et demande avec étonnement, « Si ? » curieuse de la parade qu’il pourrait trouver. Mais assure un « Merci, je vais me débrouiller. » elle est certaine, après tout, qu’il ne viendra pas vérifier ce que son t-shirt va cacher.

Alors une fois Jared de l’autre côté, la porte refermée, ses dessous retirés, elle entre dans baignoire. Même si ce n’est qu’une douche qu’elle compte prendre, elle s’assoie dans la vasque, ouvre les robinets, surtout le côté chaud, et laisse le droit à l’eau de couler sur son dos. Ainsi recroquevillée, elle ne peut pas s’empêcher de penser aux mots qu’il avait prononcé. Ressassés les instants qui l’ont conduite jusqu’ici. Et elle accuse le poids de la vérité sur ses épaules. Andrew avait raison. Peut-être pas dans ses réactions, mais pour l’entièreté de ses accusations. Il avait raison.

Après plusieurs minutes, elle termine de rincer les dernières particules de savon, se sèche et passe sur ses épaules, son pyjama. Ses boucles blondes, elle en fait un nœud, piètre chignon, et ses affaires souillées entre les mains, elle sort finalement de la salle de bain. Empruntant le couloir qui mène à la chambre, elle le croise logiquement en chemin. C’est plus fort qu’elle, victime de cette proximité, elle s’aventure à effleurer sa main. « Viens avec moi. » Pose-lui la question, dépasse la bienséance, les interdictions. « Dans le lit, viens avec moi. » Ne la laisse pas dans la solitude de tes draps.