murphy's law ─ Carla & Ace

S'il lui avait fallu monter, oh oui qu'elle y serait arrivée. De gré ou de force, Ace l'aurait faite venir sur le toit de l'ascenseur, songe-t-il, mais heureusement pour elle, il n'y a pas besoin... et ils ne peuvent pas. Le cul posé, les coudes sur les genoux repliés, Ace laisse aller l'arrière de sa tête contre le métal froid de leur prison temporaire, et il regarde en l'air, bien que son attention soit dirigée sur Carla à côté de lui. Ça... ma patience devra faire avec hein... Qu'il le veuille ou pas, ils sont coincés là, et éclater de mauvaise humeur ne fera pas bouger le problème d'un iota. À la question inquiète, Ace se décida à tourner le visage vers elle, pour voir si elle est sincère dans son inquiétude ou si elle bluffe pour lui faire peur, lui. C'est en voyant son sérieux qu'Ace comprend qu'elle ne cherche pas à lui faire peur. Il bouge alors, glissant pour s'asseoir face à elle, et explique avec attention. Ce qu'on voit dans les films n'arrivera pas de nos jours. Les ascenseurs sont pourvus d'une blinde de systèmes de sécurité, et même dans un vieil ascenseur les risques sont minimes. Le pire qu'on peut faire est une chute de quoi, un mètre ? Gros max, un mètre, et seulement si les câbles au dessus de nous pètent. C'est pas la cause de la panne, donc aucune chance que ça nous arrive. Le ton est assuré, tranquille, et la posture du corps, détendue. Aucun mensonge pour la rassurer, c'est la vérité qu'il lui sert. Et même si, soyons fous, on venait à se casser la gueule, y'a des systèmes de freinage pour contrer une vitesse anormale, en plus d'avoir des amortisseurs en bas. En plus d'avoir un système de contrepoids qui impose la limite de poids à pas dépasser. Et à moins que toi et moi on dépasse les six cent kilos... dit-il en pointant l'étiquette à côté de l'interphone de l'ascenseur, ... on risque clairement pas de tomber. Et à ces mots, son dos se repose contre la paroi avec un soupir.

Vivre ses dernières heures dans un endroit aussi glauque et triste qu'un ascenseur, ça a de quoi mettre un coup au moral, mais Ace est serein avec l'idée que la situation finira par se débloquer. Il comprend, cela étant, que Carla soit anxieuse, et affiche un léger sourire en voyant qu'il a réussi à la rassurer, au moins un minimum, sur la sécurité du lieu dans lequel ils se trouvent.  J'avoue que ça serait minable comme mort. Même si on ferait la une des journeaux. lâche-t-il en reposant son dos contre le mur métallique. La suite de sa phrase, en revanche, le fait froncer les sourcils et il lui lance un regard suspicieux. Pourquoi parler de ça ? Il n'y a pas pensé lui-même, et clairement la situation ne s'y prête pas... ou bien manque-t-il d'imagination ? Mais il suffit de lui glisser l'idée pour que son imagination visuelle fasse le travail, et Ace détourne le regard en étouffant un rire. Et l'ascenseur se débloquerait pile à ce moment là de toute façon. Comme l'ironie du sort qui continuerait de s'acharner sur eux, songe-t-il. Un soupir lui échappe, et son regard bifurque sur le plafond, en direction de la lumière. J'ai pas réessayé le kayak depuis, non... après j'ai quand même un bon souvenir de cette aventure. Malgré le chaos et le fait qu'on se soit perdus comme deux cons, j'ai passé un bon moment, et on s'en est bien sorti. L'arrière de la tête contre le mur de l'ascenseur, il tourne vers elle pour la regarder. C'était pas si terrible de retrouver ton chemin en ma compagnie, non ? Pas de blessé, pas de mort. Juste du stress et de l'inquiétude, et tout s'était bien fini, alors autant dédramatiser et profiter de ce souvenir comme d'une chose positive.