In queste notti bruciate ─ Enolace

Ridicule dans son hésitation, peut-être, mais attendrissante dans son regard et sa considération ; car durant ce court échange de regards dans le silence, Ace avait pu apprécier la légère surprise dans le sien. Une surprise sincère, mais touchée, presque émue. En tout cas, c'était ainsi que lui l'avait perçue. Au contacte de ses doigts sur sa main, le sourire s'accentuait et il relevait inconsciemment le menton et bombait le torse, plus droit, plus confiant. Elle, visiblement un peu moins, mais ça ne l'arrêtait en rien. « Tu n'as qu'à te laisser faire, alors. » Et l'ivresse fait sauter la honte, les appréhensions, la peur du ridicule ; et peut-être qu'il chante aussi bizarrement mieux avec l'alcool parce qu'il n'a justement aucune barrière. La seule chanson qu'il a en tête ; « You are the dancing queeeeen, young and free ! » Et hop ; Enola tournait sur elle-même, encouragée par Ace qui l'arrêtait ensuite d'une main sur la hanche, pour ensuite la faire s'éloigner et revenir, les paroles de Dancing Queen d'ABBA quittant ses lèvres dans un florilège de notes à moitié fausses ou déformées par les rires alors qu'ils titubaient un peu tous les deux. Pas un slow, visiblement, quelque chose de plus libre, plus léger, plus... Ace. Juste pour s'amuser, profiter, malgré les quelques contacts qui pouvaient avoir lieu et qui n'avaient pourtant rien de déplacé dans la tête du jeune homme, qui sortait parfois du yaourt ou se mélangeait dans les paroles, lâchant des « Lalalaaa~ ♪ ! Tadadaaa~ ♫ ! » durant les interludes musicales de son esprit, pour combler le vide. À droite, puis à gauche, le pied traînant sur le sol ; il lui tournait autour, manqua de se vautrer, explosa de rire en se relevant jusqu'à reprendre sa place et la faire tourner, elle, la réceptionnant dans ses bras pour l'en éloigner, sans jamais lâcher sa main.

Elle hésite, elle ne sait pas, pourtant, lâcher prise, c’était, de ses vacances en Italie, le leitmotiv. Alors elle s’y essaie, elle serait prête à te le jurer, Ace, qu’elle le fait. Lorsque ses doigts s’accrochent aux tiens et qu’elle te sert ce sourire aussi gêné que malin. « Tu n'as qu'à te laisser faire, alors. » Avant, elle aurait soufflé que ce qu’elle préfère, c’est prendre les choses en mains. Mais aujourd’hui, elle n’est plus certaine de rien. Cela dit, lorsqu’il commence à chanter, là, tout de suite, elle a envie de le remercier d’avoir su garder son âme de gamin. « You are the dancing queeeeen, young and free ! » elle se met à rire avant de se laisser emporter.

Il n’y a rien qui va, ni le rythme, ni les notes, ni leurs mouvements… Néanmoins, elle aime tout ce qu’ils font. Le moindre pas. « Lalalaaa~ ♪ ! Tadadaaa~ ♫ ! » Elle rigole de plus belle et se meut selon ce qu’il lui impose. Tout est bancal, cependant, sous le ciel de Sicile, rien ne peut être mal. « T’es dingue ! » qu’elle prononce avec de la joie dans la voix. Il est peut-être dingue, c’est vrai, mais le bien qu’il lui fait, Enola ne peut pas le nier. Chaque instant qu’elle passé à côtés, elle les trouve précieux, elle les garde en mémoire, dans un endroit secret. Celui où se mélangent un tantinet l’affection et l’amitié.

Elle ne sait pas durant combien de temps ils ont ri, ils ont dansé, avant de se décider à rentrer… Mais ils étaient heureux, légers ; l’espace d’un instant, loin de l’éternité. Oui, ils l’étaient.

FIN DU RP