Reborn from ashes || ((ft Wendy))

Il hoche la tête avec une moue étonnée, celle de ceux qui viennent d’apprendre inopinément quelque chose. Il n’a jamais su que cet adage avait une suite, n’aurait cru qu’elle puisse être aussi brutale. A l’image de la rousse se dit-il, car s’il devait véritablement attendre après elle pour quoique ce soit, alors oui, la mort frapperait surement à sa porte avant que Wendy ne lui accorde ce qu’il désire. Heureusement, il n’est pas éprit de la jeune femme, n’attend rien d’autre d’elle que des répliques cinglantes et un jeu que seuls eux trouvent amusants. Pour le reste, il se tournait ailleurs le Wayne, provoquait sa chance, parce qu’attendre que les choses viennent d’elle-même, ce n’était pas son genre.

Glissé dans la mare de boue définie comme un bain, il s’étonne de la sensation que cela procure, de se baigner là dedans. C’est étonnamment plus chaud et moins rugueux que ce qu’il aurait imaginé, sans vraiment avoir de quoi exprimer une comparaison pour autant. Il faut dire que même gamin, il n’avait jamais été jusqu’à se baigner dans la boue. Y plonger les mains ou sauter dedans oui, mais j’avais il n’avait été question d’y plonger ainsi, à moitié nu. La main tendue vers Wendy, il roule des yeux alors qu’elle refuse son support. Pas surprenant la connaissant, ainsi que le Wayne qui certes, a effleuré l’idée, mais qui, préférait celle consistant à lui jeter directement de la boue dessus si elle venait à tenter de se défiler. Il ramène donc son bras le long de son corps, se recule pour lui laisser de la place pour s’asseoir sur le rebord. « Si peu de confiance envers ma personne. » Sûrement pour une bonne raison. Après tout, n’est-ce pas de sa faute s’ils étaient là aujourd’hui ? « A défaut que tu me fasses plaisir autrement. » Sous entendu graveleux qui revient et reviendra éternellement, parce qu’il y a quelque chose de satisfaisant dans l’expression de la jeune femme, chaque fois qu’elle grimace face à ce genre de propos. « Presque. » Lache t-il alors qu’il s’enfonce un peu plus dans l’étendue visqueuse dans laquelle il baigne, pour lui faire comprendre qu’elle doit encore s’y enfoncer de quelques centimètres pour qu’il lui fiche enfin la paix.

D’une œillade, je balaie encore une fois l’endroit, « Si peu de confiance envers ma personne. » d’un regard perfide, je le jauge, si je pouvais, je le toiserai même, un simple regard qui lui sifflerait ma supériorité. Mais je me contente d’un soupir et de lui souligner, « Aucune. » once de confiance en lui, à la vérité. Enfin, je me dois d’avouer que c’est un mensonge, je fais bel et bien confiance à une personne. Elle est rousse, incendiaire, et elle est en train de s’enfoncer dans un putain de bain de boue qui ne sait engendrer que mon dégoût. « Mais ne te vexe, c’est un traitement général. » Dans cette vie, je ne me suis jamais trouvé d’égal.

Quand je relève le fait qu’il paraît beaucoup trop apprécier le moment, il revient à la charge, m’irritant, « A défaut que tu me fasses plaisir autrement. » Ton disque est rouillé, Lyssandre, tu devrais innover. Ca devient lassant, à la longue, et je suis certaine que tu sauras faire mieux, t’es intelligent, je ne côtoie pas de gens débilitants. Un conseil d’ami, inutile de me remercier. « Presque. » Et j’inspire longuement, je joue sur la théâtralité, ma mauvaise humeur, faussement, exacerbée. Avant toute autre chose, je m’occupe d’abord de nouer mes cheveux en un chignon mal exécuté, mais qui tient en place et c’est tout ce qui m’importe, à dire vrai. « Je l’aurais fait, » m’immerger entièrement dans la boue, spontanément même sans qu’il ne le précise, « si t’avais su fermer ta grande bouche. » à présent, mon esprit de contradiction, mon instinct de tyran… Je suis forcée de ne pas céder, d’ailleurs, je te l'affime à l'aide d’un sourire putassier. « Lyssandre, j’ai peut-être accepté de participer à cette activité, » sous couvert d’une relation amicale, l'appellation est à mettre entre guillemets, s'il vous plaît, « mais il n’est pas né, l’homme qui arrivera à me commander. » Pour la baignade totale, l’étudiant peut toujours rêver.

Il ne s’offusque même pas d’entendre la rousse confirmer qu’elle ne lui porte aucune confiance. Ca ne le surprend pas le Wayne. Ce qui l’aurait surpris, ça aurait été qu’elle affirme le contraire. Mais finalement, elle est d’un prévisible qui en serait presque ennuyant la Witter. Heureusement qu’elle avait une meilleure répartie que cela la plupart du temps, car il s’en serait lassé de ce jeu autrement Lyssandre, il n’en aurait plus vu l’intérêt depuis longtemps. Alors il se contente de hausser les épaules. Le traitement peut être général, il sait malgré tout qu’il n’est pas comme tout le monde le New-Yorkais, que d’autres n’auraient jamais réussi ce tour de force, celui de faire rentrer par elle-même Wendy Witter dans un bain de boue.

Et comme si la torture n’était encore pas suffisante à ses yeux, il se permet d’en rajouter Lyssandre, d’en attendre plus de Wendy. Cette fois, le mordant de la rousse devient grisant, l’enjeu plus intéressant. Bien sûr, le problème du Wayne est cette bouche qu’il ne sait fermer, elle n’est pas la première à lui souligner, et ne sera pas la dernière dans cette vie, mais ça ne voulait pas dire que le jeu allait s’arrêter là. Commander la Witter, il n’en a jamais eu la prétention Lyssandre, ni aujourd’hui, ni jamais, mais pour obtenir quelque chose, il était prêt parfois à bien des choses, beaucoup de choses. Et pour une fois, il aurait mieux fallu qu’elle lui fasse d’elle même ce plaisir Wendy. « Ce n’était qu’une suggestion, rien de plus. Mais si tu le prends ainsi… » Avec ses airs de diva supérieure, comme si elle était intouchable, il ne fallait pas qu’elle s’étonne un jour de se brûler les ailes. Doucement, il se rapproche, aucune expression ne traduisant ses pensées, pourtant si limpides dans son esprit. D’un geste vif, il passe une main derrière les cuisses de la rousse, l’autre dans son dos, soulève ses pieds du sol, calant son corps contre son torse, l’espace d’un instant, juste pour se régaler de l’expression de dégoût qui prend place sur le visage de la jeune femme alors qu’elle commence surement à comprendre ce à quoi il va la condamner d’ici quelques instants. « Pas né l’homme qui arrivera à te commander, mais celui qui peut t'entraîner au fond de la mare…. Tu le connais déjà. »

J’ai relevé le défi Lyssandre, je suis dans la boue et je n’ai même pas couiné, alors c’est bon, on peut se stopper là. S’arrêter à ça. Je suis d’ailleurs d’accord pour te donner le point. Enfin… un tout petit point, n’allons pas trop loin. « Ce n’était qu’une suggestion, rien de plus. » Tu mens, je le sais, j’ai réinventé le principe des bobards, je maîtrise la manipulation et son art, b j’incline le visage, parce qu’il a beau afficher une expression neutre, la menace, je l’entends. Très peu perceptible certes, mais elle éveille mon côté naturellement méfiant.

Pourtant, je ne me méfie probablement pas assez, puisqu’il s’approche et tout ce que je me contente de faire, c’est de le regarder. Certaine qu’il ne va pas me toucher, faute de toutes les supposés procès que j’ai un jour juré de lui coller. « Lyss… » j’amorce mais bien trop tard, parce que son corps fonce sur le mien, et que je n’ai qu’une seule chose à faire à présent, tenter de me rattraper à son torse, l’agripper, le griffer… Lyssandre, je vais te tuer. « Pas né l’homme qui arrivera à te commander, mais celui qui peut t'entraîner au fond de la mare… » Non, non, c’est une très mauvaise idée, « Tu le connais déjà. » Espèce de petit… aucun mot n’est assez fort afin de traduire l’animosité que je ressens à ce moment-là. « Arrête ! » je hurle tout en étant consciente que ça ne sert strictement à rien. C’est trop tard. « Lyss fait pas ça ! » de lui demander d’avoir pitié, je suis à deux doigts. Je ne suis qu'une pauvre femme fragile, moi...

Mais en réalité… Lorsque mon corps se retrouve immergé dans sa totalité, lorsque mes cheveux deviennent plus lourds à cause de la boue dont ils viennent de se charger, quand je parviens à peine à laisser une partie de mon visage à l’extérieur du bain afin de respirer, il se passe une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Je suis frappée par le ridicule de la situation, ainsi que par l’audace de ce grand con. L’espace d’une seconde, je ne suis plus Wendy Witter. J’oublie de ne plus avoir de cœur, j’amorce le ton étonnement rieur. « Tu vas le regretter. » je suis cette gamine qui a grandi trop vite et qui n’a jamais été autorisée à jouer dans la boue parce qu’elle devait être parfaite en tout.