take the risk or lose the chance (casey)

Le soleil l’avait quitté. Elle ignorait que la nuit, des êtres maléfiques sortaient de leur tanière pour chasser des proies dans son genre. Épuisée, elle n’avait qu’un seul désir : se décrasser. La maison des Fitzgerald lui donnait du fil à retordre. Ses muscles étaient encore chauds, mais demain matin, c’était quasiment sûr qu’elle se réveillerait avec de fortes courbatures. L’air était chaud. Holly sifflotait une comptine lorsqu’elle fut embarquée dans une ruelle non loin de son appartement. « Ton fric, donne moi tout » Couteau sous la gorge, elle enfonça la main dans sa poche et attrapa la bombe au poivre que lui avait acheté sa tante en cas d’extrême urgence. Avec agilité et force, Holly repoussa le monstre et aspergea le visage de son agresseur du produit. Elle lui asséna un coup de pied dans les côtes lorsqu’il était à terre et elle pris la fuite. Elle courut à son appartement, pris sa tente de fortune et un baluchon. Cet endroit pourrait la tuer. Elle parcourut une distance interminable et déplia sa maison sur la pelouse du campus. Elle grignota quelques cookies et se coucha sous la toile, s’imaginant les étoiles veillant sur elle. Elle plaça sa main sur son ventre, se berçant à l’aide de sa respiration, tellement étourdie par cette société si folle. Elle était si vulnérable. Si fragile. Une poupée de porcelaine. Sa conscience diminua l’espace d’un instant, mais des pas tout près de son refuge la ramena dans le présent. Elle attrapa la lampe torche qui lui servait de veilleuse et la braqua sur l’entrée de sa maison mobile. « Qui est là ? » Son pouls était devenu fou. Elle éteignit la lumière et marcha à quatre pattes, tirant sur la fermeture éclair pour sortir à l’extérieur. Ses mains écrasèrent une paire de chaussure. Elle leva les yeux, le regard affolé sur cet homme si imposant. « Vous êtes le gardien ? » Ici, tout est contrôlé. Chaque millimètre carré appartient à quelqu’un. Elle ne pouvait s’installer nulle part, au risque d’être délogée. « Je partirai demain matin, promis » C’était donc ça son futur? Errer éternellement ? Être chassée de squat en squat ?  

Dernièrement, j’ai reçu des nouvelles de mon père. C’est l’un de ses vieux amis, qui est venu me rendre visite à Boston. On a pris un café ensemble pour discuter tranquillement, je ne voulais pas m’énerver, gaspiller autant d’énergie ça ne sert à rien. J’étais tranquille dans ma vie, aucun problème autour de moi, puis il fallait que mon père refasse surface. D’après son ami, il serait en fin de vie, étrangement quand il m’avait annoncé la nouvelle, je n’avais aucune réaction, j’étais très froid. Je ne voulais pas qu’il remarque, que j’avais la moindre émotion. Je n’ai jamais été proche de mon père, il ne sait jamais occupé de moi. Quand j’étais enfant, il était toujours en déplacement pour son travail, c’était un homme d’affaires. Je le voyais une à deux fois dans l’année pas plus.
Cependant, cela ne m'a pas affecté, je n’avais besoin que de l’amour de mon grand frère. Alors, oui, face à la maladie de mon père, je fais l’homme indifférent. C’est peut-être horrible d’agir ainsi, mais c’est comme ça,je suis quelqu’un de très têtu. Personne ne peut me faire changer d’avis, même pas mon propre frère. Il a été absent dans ma vie, il faut que je sois présent, car il ne lui reste que quelques semaines à vivre ?
C’est hors de question, je ne veux pas bousculer ma vie pour lui. Il avait une double vie, je garde un très mauvais souvenir de lui, je ne serais pas le fils idéal qui sera à son chevet. Il a fait souffrir ma mère, alors qu’elle était faible d’esprit. Pour moi, cet homme respire la honte.
La seule chose de bien qu’il a fait dans sa vie, c’était de rester loin de mon frère et moi. Ce soir, j’étais à l’université d’Harvard, j’avais passé la partie de la soirée avec une amie proche. J’avais  Mine de rien, ça m’avait fait du bien. J’étais en train de me promener tranquillement sur le campus, quand j’aperçois une personne dans une tente. Je la regarde avant de lui répondre. Bonsoir, dis-je avant de poursuivre, non, je ne suis pas le gardien vous en faite pas. J’étais quand même intriguer par la situation. Tout va bien ? Je ne voulais pas lui faire peur, ce n’était pas mon attention. Vous pouvez dormir tranquille, je ne dirais rien a personne.

Elle vient de se défendre. De se battre pour sa vie. Loin de son marais, elle n’est plus du tout en sécurité. Elle nage autour de requins affamés. Ici, c’est la guerre. Chacun pour soi. Elle n’a plus le courage de rentrer. D’affronter ce labyrinthe qui mène à son repaire. Elle se défoule sur son pauvre paquet de cookies. Elle a des miettes sur son tee-shirt, le regard vide, totalement épuisée. Elle ne s’est pas rendue chez elle depuis qu’elle en est partie. Elle n’en a pas le courage. Elle sait qu’en retournant là-bas, à Fairfield, elle risque de s’effondrer et de ne plus pouvoir se relever. Pourtant, elle sait qu’elle trouvera des réponses qu’en revenant au point de départ. Tandis qu’elle rêvait, se déconnectant de son présent douloureux, des pas l’alertèrent et la sortirent de ses songes. Elle attrapa sa lampe torche, ouvrit la tente et pointa son faisceau lumineux sur la face d’un étranger. Elle ne faisait pas le poids contre ce type. S’il voulait, il pourrait n’en faire qu’une bouchée. Holly se releva sur ses pieds et éclaira son visage en mettant la lampe sous son menton. Elle dévisagea l’être qui l’avait dérangé. Elle le suspectait de tout. Ses poils étaient hérissés. Il n’avait pas l’allure du gars qui l’avait attaqué. Il semblait équilibré. Elle sentit tout à coup une brûlure au niveau de sa gorge, elle porta alors ses doigts à son cou et aperçut du sang sur ces derniers. L’autre fou l’avait blessé, elle ne l’avait même pas remarqué sur le coup. « Qui êtes vous alors ? » Elle essuya ses doigts sur son jean et finit par éteindre la torche qui les aveuglaient. « Je ne voudrais pas vous heurter, mais vous semblez un peu âgé pour être étudiant » Holly n’avait plus de filtre. Plus de retenue. Elle était trop secouée pour être mesurée. Elle se sentait en danger. À chaque seconde. « Vous avez des papiers d’identité ? Attendez un instant » Elle renifla bruyamment et se retourna pour aller chercher un bout de papier dans la tente. En revenant, elle pressa le mouchoir sur sa coupure et réalisa que son cerveau trouvait cet homme plutôt attirant, sauf qu’il restait toujours en elle de l’inquiétude. La beauté n'éloignait pas le danger, un point c'est tout.  

La femme de mon frère avait besoin de moi, elle ne se sentait pas très bien. Même si en apparence elle fait semblant que tout va bien. À l’intérieur d’elle, c’est tout le contraire. La jeune femme n’arrête pas de faire des crises d’angoisse, ses enfants ne peuvent pas l’aider alors j’espère que mon soutien l’apaisera un tout petit peu. Son mari était impuissant, il était incapable de la soutenir, j’espère qu’au fil du temps, je suis devenu un ami pour elle. Un membre important de sa famille. Ce soir, elle s’est beaucoup confiée, elle a pas mal pleuré, je me sentais très mal pour la jeune femme. Parfois, j’avais du mal à trouver les mots, il n’y a jamais rien eu d’ambiguë entre nous. On est très proche certes, mais ça n’a jamais été plus loin. Je l’ai toujours respecté ainsi que mon frère. Elle sait qu’à tout moment de la journée, elle peut m’appeler à n’importe quelle heure. Je ne voudrais pas qu’elle fasse une bêtise à cause de ses crises. C’est une femme incroyable, avec un grand cœur, je suis heureux de faire partie de sa vie. Pour moi, c’est tout simplement une chance. J’adore parler avec elle, la femme de mon frère a beaucoup de culture. Parfois ça fait du bien. Elle s’est lâché, je pense qu’après notre soirée elle sent un peu mieux.
Elle enseigne l’histoire ici, elle voulait qu’on parle un peu dans son lieu de travail, loin de sa famille. Elle m’avait dit qu’elle avait besoin de souffler. Avant de partir, elle m’a dit quelque chose qui m’avait particulièrement touché. D’après elle, j’ai un grand cœur et je suis une personne spéciale. D'habitude, je ne suis pas respectif avec les compliments, mais le sien m'a fait extrêmement plaisir.

Je suis un pompier, je suis venu ici, car une amie qui travaille ici avait besoin de moi. Dis-je en souriant en essayant de la convaincre, que je ne suis pas quelqu’un de dangereux. Normalement, la fonction de pompier rassure les gens.
Je ne suis pas un étudiant, mais je ne vais pas à l’Ehpad non plus. Dis-je en essayant de faire de l’humour avec elle. Oui, bien sûr, dis-je en sortant mes papiers d’identité pour lui présenter. Tu es rassuré ? Dis-je en attendant une réponse de sa part. Même si je ne la connais pas, sa situation m’inquiète que fait une étudiante sur le campus à cette heure-la ? Mais je serais mal placé de lui poser des questions, surtout que je déteste mettre les gens mal à l’aise.

Elle n’était plus seule. Une menace se tenait devant elle. Un homme costaud qui pourrait l’attaquer. Qui pourrait lui faire vivre une nuit d’horreur car il n’y avait personne ici. Tous étaient en vacances. À des kilomètres. Holly était sur ses gardes. Elle l’interrogea tel un inspecteur de police. Elle n’allait pas tout gober, mais elle n’allait pas encore s’enfuir. Elle gardait la face, ne se démontait pas. Le type paraissait intrigué par sa situation. Il ne montrait aucun signe d’agressivité. Holly restait néanmoins paranoïaque. Les apparences sont parfois trompeuses. Elle apprit qu’il était au service des autres. Un protecteur de la nation. Elle remarqua ensuite qu’elle avait été blessé au niveau de la gorge. Le sang commençait à sécher. Ce n’était que superficiel. Rien de grave. Elle attrapa ensuite les papiers d’identité de l’homme et sa peur descendit d’un cran. « Ouais ça va mieux. Un abruti a voulu me voler en début de soirée, ceci explique cela » Holly lui rendit son portefeuille et broya le mouchoir imbibé de son sang. Elle était dans l’illégalité ici. C’était pas un endroit où camper. Surtout pas durant cette période de l’année. « C’est qui votre amie Casey Evans ? Le fantôme de Harvard ? » Elle pouffa de rire, regardant le sol, moqueuse comme une enfant. Elle releva ensuite ses pupilles sur l’être humain qui semblait aussi seul qu’elle. Malgré l’agression qu’elle avait vécue, Holly riait. Chaque épreuve la grandissait. Elle combattrait toujours contre la vermine. Elle trouverait des solutions. Elle était pleine de ressources. Elle n’allait pas baisser les bras, bien qu’elle pouvait parfois se sentir anéantie. Tout à coup, un bruit se fit entendre, puis une pluie rapide s’abattit sur elle. Le système d’arrosage s’était mis en branle. Elle n’y était pas préparé. Pas du tout. Elle poussa un cri dans les aigus et sautilla sur place. « Bon sang, mais je vais péter un plomb » Sa toile qui lui servait de maison était trempée. Holly se tourna vers la tente, sa peau régulièrement fouettée par l’eau. « Je peux pas laisser tout ça ici !! Quelle catastrophe !! » Elle bénéficiait malgré tout d'une douche gratuite, dommage qu'elle n'avait pas emporté un morceau de savon.
 

C’est vrai que le lieu du rendez-vous, est un peu louche, surtout que je n’ai aucun lien avec cette université et que normalement à cette heure-ci, il ne devrait y avoir personne. Fort heureusement, j’avais mes papiers d’identité pour présenter à la jeune femme qui j’étais. Sinon, je pense que j’aurais eu une bombe lacrymogène dans la tronche. Je n’aurais pas eu l’air con, avec mes collègues de travail, le lendemain. J’aurais pu emmener la jeune femme dans un bar du coin ou tout simplement chez moi, la dernière fois que je suis sorti dans un lieu public c’était il y a six mois. J’avais fait une partie de bowling avec toute la caserne. C’était pour une association, on s'était bien amusé, ce soir-la. Surtout moi, j’avais fait le clown, afin de faire rire la galerie. C’était important pour moi, qu’il y a une bonne entente, lors de cette évènement, c’était important, c’était une cause qui me tenait à cœur. C’était pour les enfants, et moi les gosses forcément ça me touche. Au début, de la soirée, je faisais le malin, mais finalement, je me suis bien dérouillé. J’avais même gagné un date, ce soir-là, mais si j’étais présent, ce n’était pas mon but. Je ne pensais qu’au bien-être des enfants. Je suis vraiment désolé, j’espère que cet abruti le payera. Dis-je en la regardant avant de poursuivre. Ça va mieux ? Je reprends ensuite mon portefeuille avec mes papiers à l’intérieur puis je le range dans ma poche. J’avoue, sa fait un peu louche, mais non ce n’est pas un fantôme, dis-je en riant avec elle. Mon amie est bien réelle, dis-je en continuant de rire, mais pas trop fort, je ne veux pas qu’elle se fasse grillé par ma faute. Je m’en voudrais pour le coup. Au moins, même si on ne se connaît pas, ça me fait plaisir, que tu retrouves le sourire après ce qu’il vient de t’arriver. J’avais bien évidemment des paroles sincères envers elle. Ce n’est rien, chaque problème à une solution. Vers la jeune inconnue, je lui tends ma veste, pour ne pas qu’elle n’attrape froid ou qu’elle ne soit plus trempé. On peut emmener t’es affaires dans ma voiture et ensuite allez chez moi. Tu pourras prendre ta douce et te changer. Dis-je avant de poursuivre. Comme ça, tu n’auras pas de soucis..

Elle a été catapultée ici. Totalement innocente et naïve. Elle perçoit parfois le danger, mais il a tellement de visages. Elle n’est pas en sécurité dans cette ville. Elle est une proie facile. Une gazelle dans la savane, sautillant gaiement, ignorant qu’une lionne est tapie dans l’ombre pour lui arracher sa vie. Ce soir, elle s’est échappé du guet apens, mais si le prochain agresseur est plus aguerri, elle ne s’en sortira pas indemne. Le territoire sur lequel elle vit est dangereux. Elle doit le quitter au plus vite. Ici, elle croyait qu’elle serait tranquille, mais cette pelouse ne lui appartient pas. Elle pourrait grimper aux arbres, s’asseoir à côté d’un nid d’oiseaux et s’y assoupir. Non, c’est trop risqué. « Je lui ai mis sa raclée » Sourcils froncés, elle se remémore sa fureur lorsqu’il geignait. « Et si je suis debout devant toi, c’est que je vais bien ! » Holly lui rendit son portefeuille et le taquina gentiment sur la personne qu’il était venu rencontrer. Elle riait aux éclats, espérant que Casey Evans ne se vexerait pas. « Tu es amoureux d’elle ? » qu’elle répliqua en arrondissant son regard. Toujours candide, elle ne s’attendait pas au système d’arrosage. Elle cria. Son interlocuteur gardait le calme. Il était bien taciturne. Bourru. Il n’avait pas réagi lorsqu’il avait aperçu sa plaie au cou, ni quand l’eau les avait surpris. Était il vivant ? Holly voulait lui faire confiance, mais elle ne savait pas comment agir avec lui. Alors qu’il était toujours stoïque, il lui proposa sa veste, puis de se réfugier chez lui. « Euh euh » Elle pénétra dans la tente, rangea toutes ses affaires dans son sac à dos et revint devant Casey. « Je voudrais surtout pas déranger. Je pourrais trouver un hôtel, j’espérais en faire l’économie .. »Holly se bagarra avec sa tente et parvint à la replier. Elle était chargée comme une mule. « Écoute, si tu m’assures que cela ira, je me mettrais dans un coin. J’ai un sac de couchage. » Elle s’éloigna du gazon et se mit à l’abri de la pluie glaciale. « Avant de rentrer dans ta voiture ou dans ton logement, t’as jamais tué quelqu’un Casey ? Je veux dire, t’entends pas des voix ou quoi ? »
 

Mon frère fait également des crises d’angoisse, leur enfant, ont très peur pour leurs parents. Ça peut se comprendre, ils n’ont pas envie qu’il fasse de bêtise. Mon frère avait consulté un psychologue, une fois, mais cela n’avait pas marché. Il n’était pas très à l’aise à l’idée de ce confier à un inconnu. Alors que c’est son métier, il était là pour l’aider à se calmer. Il avait des pulsions, il en avait honte d’en parler, ça peut se comprendre. Mon frère et le genre de personne à être très complexe. Il a peur d’affronter, mais il est capable d’accepter de l’aide si une main est tendu. C’est pour cela que je suis là pour lui, il m’avait raconté que son psy, l’avait conseillé d’être seul ou accompagné. Et de pouvoir crier de toutes ses forces, pour enfin lâcher prise. Il n’a jamais voulu faire cet acte, plus d’une fois, je lui avais proposé. Je lui avais même dit, que moi aussi, je pouvais le faire pour lui montrer la voie, car moi aussi, j’avais besoin de tous sortir. Je suis toujours prêt à montrer l’exemple pour mon frère. On a tous nos soucis. Les problèmes de santé de mon père, ma mère qui était folle. Mon frère dans ce putain de fauteuil roulant, puis la femme qui est venue vers moi, prétendre qu’elle était enceinte de moi.
Et bien, c’est mérité pour lui alors, dis-je en souriant. Ces vrai, bonne réponse. Dis-je avant de poursuivre en étant un peu surpris, oula non pas du tout. Puis elle rentre dans sa tente sûrement pour récupérer ses affaires, elle doit me trouver étrange sans sentiments. Ça doit être la vie qui m’a fait devenir ainsi, c’est vrai qu’a premier abord, c’est compliqué de me percer à jour. Je ne transmets aucune émotion. Oui, je sais, c’est plutôt inattendu comme proposition. Elle va être surprise, je montre un trait de caractère sur mon visage avec ma réaction. Tu ne me déranges pas, puis les hôtels, c’est compliqué d’en trouver surtout à cette heure. Dis-je avant de poursuivre.
Je te rassure, tu ne risques rien avec moi, tu dors dans ton coin et demain matin. Tu pourras reprendre ta vie normalement, c’est juste un coup de pouce. Dis-je en riant légèrement, par contre le système d’arrosage, n’a pas fait semblant. Oui, je la taquiner un peu, pour lui montrer que je n’étais pas un robot. Non t’en fais pas, je n’ai pas une double identité, pompier le jour et tueur en série la nuit. Dis-je en reprenant mon sérieux. Je suis une bonne personne, je veux juste aider promis.

Finalement, ils sont tous différents. L’être humain est une espèce si déroutante. Il faut s’adapter à chacun, lire entre les lignes, se dire que la personne que l’on a en face n’est pas celle qu’elle prétend être. Holly n’est pas dupe, la plupart des gens qui rôdent sur cette planète ont une case en moins, elle la première. Casey n’échappe pas à la règle. Holly craint qu’il ne soit un autre lorsqu’il aura fermé la porte de sa maison. Elle hésite. Pèse le pour et le contre. Elle peut pas rester sous l’orage artificiel. Dehors, elle serait une proie encore plus facile. Elle rassemble alors ses affaires et s’éloigne de la violence de l’arrosage automatique. Les vêtements sont imbibés d’eau. Elle ne peut toutefois s’empêcher de le questionner avec l’absence totale de filtre. Elle essore son tee-shirt, relevant le bout de tissu au dessus de son nombril. Quelques gouttes se fracassent sur le sol. Et puis elle éclate de rire. « En même temps, je crois que c’est exactement ce que me dirait un serial killer » La jeune femme remonta son sac sur ses épaules et lança un dernier regard à la pelouse recouverte de perles translucides. « J’ai déjà botté les fesses d’un petit con, je pense que je pourrais le refaire, je me rends compte que je tiens à la vie, plus que je le croyais » Holly suivit ensuite le quarantenaire vers sa voiture. Elle avait attaché ses longs cheveux en un chignon défait. Elle n’avait plus de noeud à l’estomac. Elle avançait avec détermination. Lorsque Casey déverrouilla son véhicule, Holly ouvrit le coffre et y déposa son sac à dos à l’intérieur. « Il n’y a pas la panoplie du parfait meurtrier, je peux être rassurée » Elle s’esclaffa, ferma le coffre et s’installa devant, à la place passager. « J’aimerais avoir le permis, mais j’sais pas comment ça marche et j’ai si peur de ne pas avoir les bons réflexes, t'as déjà eu un accident ?  » La brune s’attacha et observa le tableau de bord avec attention. « Allez Casey, décollons d’ici ! »