maître de la nuit

Izzy répondit au baiser avec un sourire sur les lèvres, un sourire qui traduisait la complexité de ses émotions. Alors qu'elle franchissait le seuil de l'appartement d'Esteban, elle ressentit une vague de curiosité mêlée à une légère appréhension. Elle avait imaginé cet instant, s'interrogeant sur ce que serait sa réaction face à l'univers quotidien du latino. Il y avait quelque chose d'intime dans le fait de découvrir l'espace personnel de quelqu'un, un fragment de sa vie qui révélait bien plus que des mots ne pouvaient le faire. L'intérieur de l'appartement se dévoilait à elle comme un tableau brut, dépourvu de fioritures mais plein de caractère. Izzy prit un moment pour observer son environnement, notant chaque détail avec une attention presque scrupuleuse. Elle savait qu'une demeure pouvait en dire long sur une personne, et elle voulait comprendre Esteban au-delà des apparences. Elle pouvait percevoir l’effort qu'il avait mis pour rendre l’endroit présentable, les petites touches d'attention qui trahissaient une certaine vulnérabilité. « J'aime bien, » dit-elle doucement, choisissant ses mots avec soin. « J’avais envie de te voir. » Répondit-elle le plus simplement. Pas besoin de se libérer pour le voir. Elle avait tout simplement du annuler son moment avec Wade. « Alors, que m’as-tu préparé ? » Se souvenait encore de ce qu’il lui avait promis : de faire les choses à sa manière, et ça avait piqué sa curiosité.

Izzy avait à peine franchi le seuil de l'appartement d'Esteban que le parfum discret de la pièce l'enveloppait. Elle prit un moment pour regarder autour d'elle, absorbant les détails de l'espace. C'était un petit appartement, loin du luxe auquel elle était habituée, mais il avait une certaine authenticité qui lui était propre. Les murs légèrement usés, les meubles qui montraient des signes d'usure, tout ça racontait une histoire. Une histoire d'un homme qui avait vécu, qui avait traversé des épreuves et qui, malgré tout, continuait à avancer. L'appartement était modeste, c'est vrai, mais il y avait quelque chose de réconfortant dans cette simplicité. La lumière tamisée provenant des fenêtres vieillies donnait à la pièce une ambiance chaleureuse, presque intime. Izzy, tout en prenant place sur le canapé un peu affaissé, ne pouvait s'empêcher de se perdre dans ses pensées. Elle savait qu'elle avait souvent été jugée par sa propension à évaluer les gens dès le premier contact, à placer des étiquettes mentales qu'il était parfois difficile de retirer. Elle le regarda, essayant de déchiffrer le moindre changement dans son expression, mais elle ne vit que sincérité dans son regard. « Une bière fera l'affaire, merci. »

Izzy prit une gorgée de sa bière, un sourire léger sur les lèvres. Les bulles fraîches de la boisson apportaient une touche agréable à l'ambiance de la pièce. Elle déposa la bouteille sur la table basse, ses yeux se posant sur Esteban avec une curiosité sincère. « Et je suis vraiment contente d'être ici, que tu m’aies invité. » Lorsque Esteban lui demanda si elle n’était pas trop fatiguée, Izzy se laissa aller à une légère réflexion. Sa journée avait été longue, entre les réunions et les engagements professionnels. Mais la perspective de passer du temps avec lui, loin de la pression de son travail, avait été réconfortante. « Eh bien, ma journée a été longue. » Elle fit une pause, cherchant ses mots. « Et la tienne ? » Aurait pu en dire plus, mais avait peur de l’ennuyer.

Izzy sentit la douceur du moment s’installer comme une couverture enveloppante, un cocon de tranquillité où le monde extérieur semblait s’effacer. Le baiser d'Esteban était doux, mais il était aussi empreint d'une intensité sous-jacente, une promesse silencieuse de moments à venir. Ce geste tendre fit naître en elle une chaleur qui n'avait rien à voir avec la température estivale de Boston. Elle était surprise par la simplicité avec laquelle elle se laissait emporter par cette atmosphère. Habituellement, elle se montrait plus réservée, même prudente, mais quelque chose chez Esteban lui donnait envie de baisser sa garde, de laisser ses défenses se dissoudre, au moins pour ce moment. Alors que leurs lèvres se séparaient lentement, Izzy se pencha légèrement en arrière sur le canapé, les yeux mi-clos. Elle laissa le silence s'étirer un instant, goûtant l'après-baiser comme on savoure la dernière bouchée d'un plat exquis. Puis elle ouvrit les yeux et observa Esteban. Son regard cherchait quelque chose dans le sien — peut-être une validation, une reconnaissance mutuelle de ce qu'ils ressentaient en cet instant. Leurs regards se rencontrèrent de nouveau, et Izzy sentit son cœur battre plus fort, comme s'il essayait de suivre le rythme effréné de ses pensées. Elle avait conscience des risques qu'elle prenait en s'engageant sur ce chemin. Ils n’avaient pas encore défini leur relation, et cela lui convenait pour l’instant. L'incertitude de la situation créait une sorte de liberté qu’elle appréciait. Pourtant, elle ne pouvait ignorer cette petite voix intérieure qui lui rappelait qu'elle n'était pas seule dans cette équation. Elle se remémorait leurs conversations précédentes, notamment les discussions sur les autres personnes dans leurs vies respectives. Elle savait qu'Esteban avait probablement d'autres options, tout comme elle. Cela ne l'inquiétait pas pour l'instant, mais elle était consciente que la nature humaine était complexe et que les émotions pouvaient changer en un clin d'œil. Elle prit une profonde inspiration, décidée à profiter de ce qui était à portée de main sans se laisser envahir par les doutes. « Alors ta surprise ? » Impatiente ? Juste un peu.

Izzy se laissa guider par Esteban, un sourire mystérieux flottant sur ses lèvres. Le baiser qu’ils avaient échangé l’avait réchauffée, et elle se sentait à la fois excitée et apaisée. Le début de leur relation était encore en construction, mais chaque moment passé ensemble semblait ajouter une nouvelle pièce au puzzle complexe qu’ils commençaient à assembler. Izzy observa les gestes d’Esteban avec une curiosité mêlée de confiance. Confiance qu’elle tentait d’avoir envers lui. Ce ne serait pas la première fois qu’elle aurait ce genre de jeu sexuel. Mais pas avec un presque inconnu. Elle faisait totalement confiance en Wade. Avec le colombien, c’était différent. Elle appréhendait, mais elle voulait lui faire confiance. Le suivant dans la chambre, elle se laissa couchée sur le lit. Puis elle tendit les bras, le regardant droit dans les yeux. « Je te fais confiance, » dit-elle d’une petite voix. La curiosité mêlée à l’excitation la fit gigoter de plaisir, oubliant déjà toute son appréhension d’un peu plus tôt.