EARLY SUMMER（麦秋）⸻ f5g

juillet 2024.

une flèche d'argent crisse ses pneus sur le sol dans un silence vespéral. screeeeeetch! fait l'oldsmobile, avant que le chauffeur ne souffle enfin. cela fait bien quatre heures qu'il sillonne les longues routes de rhode island pour débarquer dans ce pétrin. son regard dérive sur sa montre dont la faucille cisaille le cadre pour pointer le chiffre ①. parfait, se dit-il. j'aurais peut-être le temps de me cuisiner un vrai repas.

elliot monroe est l'arriviste estival. la nouvelle trogne d'harvard qui, avec ses grandes idées et son extravagance fantasque, a débarqué un peu par hasard à cambridge avec ses casseroles, ses problèmes et son lot de sales histoires. on aurait tôt fait de souligner à quel point ce garnement est infréquentable : toutefois, comme une pénitence sacramentelle, chaque déménagement a le mérite d'expier les péchés des impies en les rendant dissimulables. une damnation de la mémoire qui sied volontiers au vaurien : s'il ne demeure qu'un quidam, il aura au moins le mérite d'usurper le rôle du type modèle ⸻ dans le genre correct et respectable.

bam! dans la quiétude des environs, il jurerait avoir sorti tout le quartier de son sommeil las. son coffre se referme ; ses affaires sont hissées sur son épaule ou sont lourdement soulevées dans sa main. "huss!" qu'il lâche, avant de fermer sa caisse et de lever ses yeux sur l'immeuble en face. c'est une bâtisse tentaculaire, monumentale, qu'il s'apprête à affronter en montant ses escaliers un à un. "pourvu qu'il y ait un ascenseur..." soupire t-il alors dans une grave prière aux dieux du capital. or, les icônes libérales exaucent les litanies de tout le monde ⸻ y compris celles des apostats. lorsque les portes crachent leurs borborygmes métalliques dans un grondement viscéral, le bourlingueur s'adosse au mur avec épuisement. nous y voilà.

le point de non retour a finalement été atteint. ce qu'il prenait avec légèreté comme une provocation familiale a trouvé sa place dans une réalité concrète, loin de tout fantasme. il est à boston, sa vie entière dans ses bagages. il est inscrit dans la plus célèbre faculté du monde ⸻ lui, le raté, le cabot, le turpide folâtre. des circonstances inédites l'auront mené jusqu'à ce moment précis dans l'élévateur de sa nouvelle résidence, un peu moins d'un mois après avoir signé son bail. après tout, le 231 commonwealth ave. à l'embouchure de la rivière charles n'est pas fait pour lui. pour sa modicité. pour sa médiocrité ⸻ lui qui ne vit qu'à peine avec son peu de moyens. mais une annonce aura changé la donne pour l'empêcher de racler l'asphalte : cherche colocataire mixte à l'adresse suivante. location à $900. il vaut mieux ça que faire le tapin, a t-il songé. une pensée qui l'a traîné jusque dans ses couloirs.

il ne sait pas exactement ce qui l'attend derrière la porte lorsqu'il toquera. il ne se souvient que de quelques noms ⸻ peut-être même de l'évocation de certains visages. chase. chloé. léo. tequila. elliot n'a jamais été friand des compagnies envahissantes mais imagine qu'il n'a pas le choix. quand son index presse la sonnette, un ting! se fait entendre. il espère juste être présentable.

Quand on paye un appartement neuf-cent dollars par mois en tant qu'étudiant, tout dérangement est mal perçu. Et qui, à une heure du matin, ose toquer à la porte ? Probablement un cambrioleur audacieux faisant du repérage, ou alors un voisin particulièrement sans-gêne. Peu importe, Léo n'était pas disposée à faire preuve de patience à cette heure tardive.

Léo s'était endormie sur le canapé de l'appartement, son ordinateur sur les genoux jouant encore l'épisode sept de "The Bear". Elle était enveloppée dans un gros plaid gris offert par son papounet, un cadeau qu'elle chérissait particulièrement et qu'elle traînait partout dans l'appartement. Ce plaid, bien que réconfortant, avait le défaut d'encombrer les ventilateurs de l'ordinateur, les remplissant de poussière et faisant chauffer l'appareil plus que de raison. En entendant le bruit contre la porte, elle ouvrit un œil, puis l'autre. Ses cheveux en bataille formaient une auréole brune autour de sa tête et de l'accoudoir du canapé.  Elle passa le revers de son poignet sous sa bouche, essuyant machinalement la trace de bave laissée par son sommeil, puis se redressa petit à petit, ses mouvements lourds et engourdis.

La réalisation la frappa soudainement : elle n'avait pas rêvé. Il y avait vraiment quelqu'un qui avait osé toquer à cette heure indue ! Et cela pouvait être dangereux, surtout dans un quartier qu'elle ne connaissait pas encore très bien.

Léo bondit de son nid improvisé, le plaid tombant sur le sol dans un froissement silencieux, et se précipita vers la cuisine, vêtue de son pyjama composé d'un T-shirt trop grand à l'effigie de My Melody rose et d'un short de sport en coton gris. Ses pieds nus tapaient légèrement sur le sol froid alors qu'elle traversait l'appartement dans l'obscurité. Lorsqu'elle revint près de la porte, elle était armée d'une grosse cuillère en bois encore tachée de sauce au pesto rosso. Dans la hâte, elle avait saisi ce qui traînait dans l'évier, n'ayant pas eu le temps de chercher une arme plus appropriée.

Elle vivait auparavant dans la résidence Dudley, un endroit qui lui manquait beaucoup. Tout y était sécurisé : conciergerie, badges, entrée surveillée... Mais le loyer exorbitant avait fini par la repousser. Elle avait prétendu à ses amis qu'elle rejoignait une colocation avec des amis proches, mais en vérité, elle ne connaissait pas vraiment ses colocataires actuels. Sa mythomanie cachait surtout son aversion à se sentir inférieure, que ce soit académiquement ou socialement. Elle avait toujours eu un besoin maladif de se montrer à la hauteur des autres, de ne jamais paraître faible ou en difficulté.

Se penchant en avant, elle dégagea le cache-judas pour y voir quelque chose. Elle scruta le visage de l'intrus avec appréhension.

Un type brun, visiblement de son âge, avec une dégaine un peu perdue, des cernes jusqu'aux joues, et des affaires sur le dos. Ses vêtements, bien que propres, portaient les marques d'un long voyage et ses chaussures étaient couvertes de poussière. Soit c'était un clochard, soit un étudiant stupide qui sonnait aux portes pour faire des farces sans penser à fuir, soit un colocataire manquant. Ils n'étaient en effet pas au complet ici, et l'annonce d'une nouvelle arrivée n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde.

Léo recula, sonda les possibilités une courte seconde, pesant le pour et le contre. Puis, d'un geste décidé, elle ouvrit la porte brusquement, la cuillère de bois toujours en main, prête à en découdre si nécessaire.

⸻ Quoi ?! Il est une heure du matin ! Ça ne va pas de déranger les gens à cette heure-là ? Non mais je rêve ! C’est pour quoi ? Et si c’est à propos de la manière dont j’ai claqué la porte sur vos collègues témoins de Jéhovah, sachez bien qu’ils m’ont dérangée plus d’une fois et qu’à un moment donné, j’en ai eu ras la casquette !

early summer (麦秋).
july 24 - coloc F5G.
ft. @elliot monroe @chloe shores @léo isra

neuf-cent dollars... c'est la moitié de ce que son père avait l'habitude de payer pour ses deux premières années à harvard. mais connaissant sa fille, isolée, méprisante et exploiteuse des inconnus de son campus, à décider de prendre des mesures strictes pour qu'elle intègre un groupe d'ami. pour ça, quoi de mieux qu'une coloc, "pas vrai chérie?", "t'inquiètes pas, tu adoreras!". tout ça parce qu'il était persuadé que son expérience à harvard était universelle et commune à tout le monde, il a decidé de financer ses études seulement si elle suivait ses conseils.

évidemment, pour le bien de ses études et de son avenir et même si la vie en colocation n'était pas quelque chose à laquelle elle aspirait, chloé finit par céder au caprice de son père mais accepte à une seule condition : en venant ici, chloé occuperait une grande chambre avec sa propre salle de bain. dès le premier jour, elle a d'ailleurs transformé son espace personnel en son sanctuaire propre et respecté pour imposer sa domination, encombré de ses produits de luxe et de sa décoration spécifique. les autres colocs, qu'elle considérait comme des envahisseurs, devaient se contenter de ce qu'elle ne voulait pas, et apparement ils n'étaient pas bien compliqués à satisfaire. d'ailleurs l'appartement était saturé de senteurs, grâce à chloé, qui avait dissimulé des bouquets parfumés derrière chaque rideaux pour que personne ne les remarque. c'était également une autre technique pour renforcer son territoire.

passé minuit, la sonnette retentit dans le logement, ce qui semble apporter enfin un peu d'action et de vie à cette coloc' si paisible et calme en plein soir d'été. chloé sortait tout juste d'un bain relaxant, vêtue de sa nuisette, son masque de nuit à la main prête à partir se coucher. elle entre-ouvre simplement la porte de sa chambre puis observe d'abord, léo qui semblait être irritiée par le peu de bruit dans l'immeuble qu'on a pu entendre en une journée, puis cette surexcitée de conne... c'était quoi déjà son nom à celle-là? tequila? chloé se demande chaque jour depuis son arrivée quel genre d'humain sain peut décider d'appeler son enfant tequila.

chloé parut finalement dans le cadre de la porte juste à temps pour voir léo se sacrifier en ouvrant la porte. debout, les bras croisés, chloé observait silencieusement les trois protagonistes à l'entrée, se demandant si ce nouvel arrivant allait perturber sa mince équilibre ou ajouter une dynamisation à ce cirque qu'était la vie en colocation. ma foi, il n'était pas si mal cet homme...

leçon numéro une : lorsque vous reprochez à un individu de faire du bruit, il est peu recommandé de crier sur lui.
leçon numéro deux : lorsqu'il est une heure, qu'il fait nuit, qu'un silence règne et que ce même individu porte sur lui des charges lourdes qui risquent de faire trembler l'immeuble où il vit, il est peu recommandé de le châtier ⸻ sans quoi, le vacarme du choc de ses affaires au sol deviendrait cataclysmique.

car, passé le ting!, c'est un boum! sonore qui vient rompre tout mutisme. ce n'est pas de la faute d'elliot : il en est d'ailleurs le premier surpris. mais comment est-il censé réagir ? personne ne l'a jamais pris pour témoin de jéhovah, alors quelle serait la suite ? qu'on l'accuse d'être hérétique ? le garçon éclate de rire.

⸻ non ! pas du tout, non... fin, j'veux dire. vous êtes pas sérieuses, si ? j'ai l'air de transporter une bible ?

à vrai dire, oui. certains mormons se plaisent à singer d'illustres vagabonds en emportant sur eux des bagages, des grôles larges et ce sans le moindre dollars. c'est un pèlerinage : un rituel auquel peu se risque et qui, pourtant, promet aux fidèles de se rapprocher de la face de dieu par le truchement de l'expérience la plus humble. heureusement, le jeune monroe ne s'en est pas (encore) remis à la foi. alors, reprenant doucement son sérieux, il déclare pour corriger la bévue qu'il avait instauré jusque là :

⸻ je suis elliot, votre nouveau coloc'. j'étais censé être arrivé cet après-midi mais... disons que j'ai eu quelques soucis de trafic à cause des embouteillages.

ce qui n'était pas vrai : il s'est simplement levé en retard. mais ce ne sont pas des choses qui se disent pour s'introduire. les membres de la five guys comprendront de toute manière dans quelle mesure son rythme de vie est particulièrement lugubre, tôt ou tard.

⸻ on est bien au 231, n'est-ce pas ? qu'il ajoute, simplement pour s'assurer que la fatigue ne lui a pas joué des tours après avoir monté tous ces étages. la mention du nom léo, pourtant, ne le trompe pas. il doit bien être à la bonne adresse. reste à savoir qui est qui face aux trognes qu'il toise.

folle à la cuillère : léo isra. son regard se pose au-delà du cadre de la porte, d'où il peut percevoir une silhouette féminine qui le regarde. je me demande bien laquelle des deux est tequila. d'instinct, il parierait volontiers sur celle qui lui cause, avec son extraversion et son air fantasque.

chloe voit son boston-terrier s'échapper de sa chambre pour accueillir mieux que les trois femmes le nouveau colocataire. c'est vrai qu'ils ont la réputation d'être très sociable et gentils, où alors c'est peut-être parce qu'il a entendu son nom.

⸻ elliot... elliot?! chloe quitte sa chambre pour s'avancer en direction de ses trois colocataires. attends... tu t'appelles elliot? elle finit par éclater de rire en pointant du doigt son nouveau coloc, qui à l'heure actuelle doit bien se demander ce qui lui faisait rire.

⸻ elliot, viens-ici! tu vas te salir chloe se donne une tape à la cuisse pour que son chien la suive alors qu'elle s'écarte de la porte d'entrée. le chien ne semble pourtant pas vouloir se séparer du nouveau. comme ils sont mignons.

early summer (麦秋).
july 24 - coloc F5G.
ft. @elliot monroe @chloe shores @léo isra

Léo aurait dû se douter que l’arrivée de ce type provoquerait une onde de choc dans l’appartement, mais jamais elle n’aurait imaginé que tout basculerait dans un tel théâtre d’absurdité. Postée dans l’embrasure de la porte, la lumière douce de la lampe de l’entrée traçait des ombres légères sur ses traits épuisés. Sa cuillère en bois, outil modeste mais fidèle compagnon de ses escapades culinaires nocturnes, était désormais serrée dans une main tremblante, trahissant la fatigue accumulée par une journée sans fin. Léo observait la scène qui se jouait devant elle, une scène aussi inattendue que surréaliste, avec un mélange d’étonnement et de lassitude.

Elle avait tourné le visage vers ses colocataires féminines avec un sourire las maintenant la confusion dissipée. L’ironie de la situation, aussi improbable qu’elle soit, était presque trop parfaite pour être ignorée. Ce nouvel arrivant, avec son air hagard et ses valises encore couvertes de poussière, venait de déclencher, sans le vouloir, une petite révolution au sein de leur colocation habituellement si tranquille.

Mais c’est Tequila, avec sa flamboyance inégalée, qui finit par désamorcer la situation, brisant la dernière tension qui flottait dans l’air. Sa remarque sur le "2.0" fit soupirer Léo intérieurement. Évidemment, il fallait que leur nouveau colocataire partage son prénom avec le chien de Chloé. C’était exactement le genre de coïncidence absurde que Léo semblait attirer depuis son arrivée à Harvard. Une farce du destin, presque prévisible dans sa bizarrerie.

Léo relâcha enfin son emprise sur la cuillère après le premier commentaire de Tesuila, la laissant tomber avec un léger cliquetis sur la table d’entrée. Le bruit résonna étrangement dans le silence tendu de la pièce. Elle croisa les bras, s’appuyant contre le mur avec une nonchalance feinte, comme pour mieux jauger ce nouvel intrus qui venait de faire irruption dans leur univers. Son pyjama la decredibilisait sûrement tout comme sa coiffure qui laissait à désirer après sa sieste dans le canapé. Dans la pénombre tamisée du hall, la lumière blafarde des lampes éclairait à peine ses traits, mais on pouvait deviner dans son regard une curiosité mêlée de méfiance. Après tout, il était le premier homme ici.

⸻ Tu as survécu à ton arrivée, alors bienvenue chez toi, Elliot, dit-elle finalement, sa voix adoucie par une pointe d’ironie, mais encore teintée d’une vigilance sourde. Elle fit un geste vague de la main, désignant l’appartement derrière elle, comme si elle présentait un territoire nouveau, encore à conquérir.

⸻ T’as de la chance, ici, le rituel d’accueil se limite à Tequila qui t’assomme de paroles. Ce n’est pas un combat à la cuillère.

Un sourire fugace effleura ses lèvres, éclairant brièvement son visage avant qu’elle ne se détourne pour s’étirer. Ses muscles, encore engourdis par le sommeil interrompu, protestaient faiblement, et elle sentit un frisson désagréable courir le long de son échine, comme un rappel de sa fatigue. La scène qui se déroulait devant elle, aussi étrange soit-elle, n’était qu’un énième épisode dans le grand livre de sa vie à Harvard, un chapitre que l’on refermerait aussi vite qu’il avait été ouvert.

⸻ Maintenant que tu es là, tu sais qu’on va devoir marquer le coup, n’est-ce pas ? reprit-elle en étouffant un bâillement qui trahissait son épuisement,

⸻  Mais pour l’instant, je pense que j’ai surtout besoin d’un café... ou peut-être de quelques heures de sommeil. Qui sait, peut-être les deux.

Léo s’eloigna de l’entrée pour se diriger vers la cuisine, ses pas résonnant faiblement.

il est parfois curieux d'observer à quel point le hasard fait bien les choses dès ses premières minutes à harvard. elliot, fringant new-yorkais posté en étranger dans sa nouvelle place, se surprend alors à être heurté par la réalité du destin en trouvant dans son homonyme la présence d'un chien. après tout, quelles étaient les chances pour que l'une de ses colocataires le nomme avec un tel blase ? d'infimes espoirs : et pourtant, le voilà à ses pieds ⸻ avant d'être rappelé par sa propriétaire qu'il devine désormais être chloé.

⸻ charmant accueil. à ses mots, il baisse son regard sur l'animal, un merveilleux boston terrier dont-il, doucement, s'écarte ⸻ d'une part pour enfin parvenir jusqu'à l'entrée et d'autre part pour éviter qu'il ne bave sur ses chaussures, lui qui en prend le plus grand soin. puis, son attention se reporte sur léo qui, dans son pyjama, semble s'être calmée de son infortunée paranoïa en l'accueillant comme il se doit. merci. qu'il dit ⸻ même s'il ne se sentirait honnêtement pas dérangé par un duel à la cuillère qu'il, entre nous, remporterait haut la main.

⸻ il n'y a que vous trois ?

sa demande est légitime tant il est surpris par l'absence complète de colocataire masculin. d'après ses dossiers, ils étaient au moins cinq : léo, chloé, tequila et un certain chase qu'il ne remarque visiblement pas. en se défaisant de ses chaussures, il marche, ses bagages toujours en main, jusqu'au couloir pour se rendre dans sa chambre afin de se délester de ses affaires. il l'avait déjà repéré en signant son contrat.

⸻ non pas que ça me dérange. il marque une pause en revenant dans le salon. c'est juste pour le loyer que je me questionne. j'avoue que ça m'embarrasserait de payer plus que ce que je dois déjà.

car voici ce qu'il comprend après un rapide état des lieux de la résidence des five guys : si la colocation était destinée à cinq locataires, en plus du nombre de salles, c'est bien parce que la demeure est bien trop onéreuse que ce que peuvent se permettre la majorité des étudiants d'harvard. éclaboussant par son opulence ostentatoire les yeux épuisés du garçon, tout ce faste lui rappelle à excès à quel point sa vie est chère et dispendieuse ⸻ mais surtout au-dessus de ses moyens. baigné dans la lumière des lustres et de leur éclat, elliot esquisse alors un rictus plein d'embarras : après tout, si ce chase a quitté l'appartement, il ferait peut-être mieux de songer à poster des annonces pour le remplacer avant la fin du mois. s'il passe le cap des mille dollars, il devrait songer à travailler cette année. ce n'est pas vraiment ce qu'il avait prévu au départ.