poupée titubante. sors de l’hôtel dans une démarche brouillonne. trop déchirée. l’cerveau en miette. le coeur sanglant des dernières déceptions. même les étoiles qui brillent à peine brûlent les pupilles. main contre la tempe, doigts dans les cheveux quand les autres retiennent à demi la paire de talons. eux qui semblent lourds, pèsent sur les phalanges. ruelle déserte, vision dérangée par le trop plein d’éthanol. à trop vouloir remplacer la poudre par n’importe quoi. n’importe qui. s’écorche les pieds sur le bitume. sans rien ressentir, indolore quand l’intérieur tente de calmer les incendies. traverse trop vite, inconsciente. sursaut devant les phares trop proches, vers le bruit du moteur et le crissement des pneus. l’impression d’être ailleurs, que tout est irréel quand le bolide glisse au bon moment. à quelques centimètres de mon corps resté immobile. coeur s’arrête quand j’te vois retomber sur la chaussée. sans te reconnaître, myocarde éclate. bats des cils, encore sous le choc jusqu’à ce que je te vois essayer de te relever. talons abandonnés, entame la course jusqu’à toi. jusqu’à ce que ton visage se révèle petit à petit. - roméo.. en sanglot. genoux s’égratignent par terre. paumes sur tes joues, te force à remonter la tête. les larmes remontent déjà à la surface. tempe tâchée de pourpre. bout des doigts se noient dans le liquide vif. - putain.. c’est ma faute ! c’est d’ma putain d’faute ! j..je.. j’regardais pas et.. perds pieds. détache mes doigts tremblants, panse nouée quand je réalise les dégâts. les miens. encore. - t’es passé trop vite.. les mots qui s’embrouillent. devenus incohérents dans la panique. le cerveau tourne plus correctement. - j’suis désolé putain.. j’regardais pas. regarde autour de moi. l’angoisse qui résonne dans tout le coeur. d’avoir pu te perdre, pour de bon. - tu saignes.. tu saignes trop, bordel ! faut appeler les pompiers. sac que je retourne. affaires éparpillées jusqu’à trouver mon téléphone pour composer le numéro. replonge dans tes yeux. infernaux. ceux qui ont pris l’habitude de m’haïr. - j’suis désolé.. à peine audible. le cellulaire à l’oreille tremble entre les doigts.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

se déchaîne les cieux. se délectent de nos faiblesses. fouillent dans les plaies suintantes. le sang froid redevient brûlant, chaleur d’une infection qui se distille toujours. toi. âme mêlée à la tienne, depuis toujours finalement. malediction ou bénédiction, du rire aux larmes, jamais savoir sur quel pieds danser. me redresse en même temps que toi, tente de rattraper le corps boiteux. cadavre. comme moi. de la même peine, les yeux se gorgent des mêmes songes. comprime le thorax, les sentiments envahissants. téléphone que tu dérobes, reste sans voix. entrouvre la bouche sans que les mots ne sortent. résignée. parce que je sais. j’sais que quoi que j’dise, t’écouteras pas. - roméo sérieux.. regarde ton état putain ! t’as la gueule en sang ! tu crois que j’vais te recoudre moi même l’crâne ?! grogne, la rage qui éclate. déverse la colère. celle de c’soir et celles des autres. que tu provoques, à toujours foutre le feu à mes émotions. détourne le regarde, pince les lippes pour ravaler le sanglot. les yeux dans le vide, quelques secondes juste avant que la douleur qui te tiraille me ramène à la vie. - viens là.. contre tes côtes, fais passer ton bras autour de mon cou, ta main que je tiens. sûrement trop fort. - reposes toi sur moi si t’as mal.. glisse le sous entendus. les azurs qui se hissent jusqu’aux tiens. - on s’barre. si on s’fait contrôler, fais en sorte de paraître bien déchiré. on dira que t’es mon connard de mec jaloux qui a trop bu.. doucement, ombres se retirent vers une ruelle plus sombre. silencieuse. loin du boucan des sirènes et des caisses qui sifflent. contre une marche, t’aides à t’asseoir. - le uber arrive dans 5min.. viens prendre place entre tes cuisses. menton que je soulève, bout des doigts qui passent du front à la bordure de ta crinière. survolent la blessure. - tu seras sexy.. avec ta future cicatrice. les yeux qui tombent dans les tiens. fatalement.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

se dissipe les effets de l’alcool. avalés par la peur grouillant encore dans le ventre en vrac. les noeuds aussi serrés que la chaîne que t’as foutue autour de mon cou. laissant l’air devenir pénible, presque inexistant quand on fait semblant de se rayer de nos mondes. incapables. à cracher le mensonge pour se donner des raisons d’abandonner. parce que c’est mieux comme ça, parce qu’on est les mêmes. le reflet de l’autre, comme si on avait été fait pareil. de passions excessives et de rage. le feu en guise de coeur où les braises sont dangereuses. et t’es la peur qui tétanise. personnification de l’abandon. - si tu m’fais mal, tu vas devoir soigner.. même si tu sais pas faire. que les plaies se déchirent. que le pansement brûle le derme pour laisser qu’une boursoufflure dont j’me rappelle. jamais oublié. toi. lettres écrites sous la chaire. crache le soupire, détourne le regard et la langue passe sur les lèvres. tic nerveux. - c’est pas mon mec. vent froid sur les ténèbres humides. reviennent au galop les reproches et tes yeux verts perçants. limpides. assez pour te lire, pour me mêler à tes lignes bercées de noirceurs. omoplates se creusent quand le buste se redresse de ta vile caresse. poitrail s’accélère et court à sa perte. encore. touche moi encore. jusqu’à la question fatale, roule les billes avant de tourner la tête vers le fond de la ruelle. - tu compares vraiment roméo ? tu doutes autant de c’que j’ressens que ça ? au point d’penser que j’sais les regarder comme toi ? me relève entièrement, ombre qui te surplombe quand je me fais lointaine. - putain, arrête d’te faire des films ! j’en voulais même pas de cette cure de merde, j’y serais jamais allé si mon père m’avait pas forcé ! voix prends de l’ampleur. résonne dans la pénombre. - pour personne. j’aimais trop ça. j’avais pas envie d’guérir. honteux, les derniers aveux. hochement de tête, lèvres esquissent un sourire hypocrite. le dégoût qui l’anime. - t’as raison roméo.. les yeux qui détaillent ta silhouette. - t’es comme tous les autres. au même putain d’niveau ! amère la déception. quand j’pensais que tu me sauverais toi. pour les rêves qu’on a écrit sur les toits. pour les gamins qu’on a été. pour le premier battement du cœur. pour cette première fois que t’as pris dans c’lit bancale. pour les derniers mots où on parlait d’éternel. - tu vois.. pourquoi j’avais peur d’sauter. voix se bousille dans les maux. efface du revers de la main le coin de l’œil qui s’innonde. les yeux vers le ciel, pour rattraper les perles salines. - il va arrivé. j’lui dirais d’te déposer à l’hôpital l’plus proche. sec. le regard happé par l’entrée de la ruelle. machinalement, sans expression. cherche de quoi soulager la peine.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

défaillance du coeur. Italie nous a bercé d’illusions. saletés d’étoiles, elles qui s’amusaient de nos vœux pour les jeter à la mer. se noyer comme j’me suis noyée quand t’as quitté le navire. j’te sens encore. de cette main sur ma hanche jusqu’au palpitant qui bat trop fort. comme si tes mains n’avaient jamais quittées mon corps. manque et frustration. désir souille la raison. - et toi ? tu fais quoi avec ta salope de pote ?! j’dois aussi m’dire que c’est ta meuf, mh ? quand tu lui fais des grandes promesses, que tu réserves une chambre à votre nom. j’dois m’dire quoi, hein ? voix épineuse. faussement calme quand les mots s’alourdissent dans la rage. jalousie plantée dans la poitrine, torpille la chaire dans un echo lancinant. - sei tu che mi prendi per una stronza, roméo. remonte les racines. celles qu’on a abandonnées au même endroit que notre histoire. les verbes nerveux coulent trop vite des lèvres. pieds nus s’abîment sur les bouts de verre, anesthésié par la haine qui presse le pas. - ah ouais ?! bloque la route. la tienne. encombre l’espace. face à toi, tonnerres grondent dans les yeux. - alors pourquoi roméo ?! pourquoi tes derniers messages si t’as compris tout ça ? pourquoi m’donner encore envie de le faire pour toi pour tout reprendre ?! grince les dents. lève les paumes vers le ciel. demande encore aux étoiles dans l’fond, espère qu’elle me réponde c’soir. qu’elles écoutent c’soir. - tu joues hein.. t’adores ça, pas vrai ? réalise. le bilan froid. épaule repoussée, corps tangue légèrement quand tu bouscules. laisse les azurs s’éteindre dans le vide. au fond d’une ruelle miteuse. dos à toi, les menaces à peine entendues. - fais c’que tu veux. murmures vides. comme un dernier souffle que t’as achevé.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

naïve, d’avoir pensé que l’plus dur c’était l’absence que t’avais laissé. les silences. les adieux que t’as même pas daigné écrire sur l’coin d’une feuille froissée. l’pire c’est là. ici. dans cette ruelle ou dans ce parking sur lequel on a dansé. c’est de te sentir tellement présent, d’inhaler ce parfum qui chatouille les entrailles mais de pas pouvoir le goûter. c’est de te sentir trop proche et trop loin à la fois. le pire, c’est la valse au milieu de la contradiction. au milieu du tout et du rien. c’est ça le pire. d’avoir le choix mais de jamais le faire. les mots vicieux serpentent dans les veines, jusque dans les artères qui bouillonnent. attaquent le pulsant en plein dedans. la fêlure résonne plus fort que la portière qui claque.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;