Il avait prévu de rentrer pour la nuit, ayant été en charge trois soirs de suite, ces cernes semblaient avoir remplacé sa patience. Il avait enfin fermé les yeux, il savourait le calme de son appartement et un début de pleurs le réveilla. Confus, il reste au lit avant d’entendre les pleurs passés aux hurlements et réalise que ce n’est pas son esprit qui lui joue un tour. Dans le salon, il retrouve son fils dans sa poussette, le nez rouge, la voix portante. Rapidement, il le sort, lui parle, le berce, mais rien ne fonctionne, il va attraper son portable pour appeler la maman et tombe sur son mot avant. L’air lui manque. C’est Alby qu’il choisit de faire embarquer dans sa barque trouée, l'appelant clairement à l’aide. Les minutes passent et Finn continue de brailler, le visage cette fois entièrement rouge, les larmes débordant de ses petits yeux. Le blond va ouvrir la porte, accueillant son aîné d’une mine bien peu glorieuse. “ T’es sur ? J’savais même pas qu’il pouvait autant pleurer.. ” Il laisse Alby prendre le bébé, lui expliquant bien au passage les règles pour le tenir, même si il était physiquement à l’aise et bien tenu, les hurlements redoublent de puissance devant ces nouvelles mains, cette nouvelle tête. “ T’es sur que ça le fait ? J’en ai pour 5 minutes, viens ” Il ouvre la marche vers la cuisine, bouteille d’eau et lait en poudre dans les mains.

C’est la pagaille, la panique. L'immeuble entier doit entendre les hurlements de cet humain d’une cinquantaine de centimètre tout au plus. Il enchaîne entre la machine pour chauffer l’eau une fois qu’il a la bonne marque, fouiller pour trouver le bon lait, le peser à la balance par faute de ces foutues dosettes. Heureusement que c’est un père assidu. Soudain, il réalise le silence, entendant uniquement l’eau coulée dans le biberon. Le blond se tourne vers son aîné. “ Putain merci.. ” Qu’il murmure en chopant un bavoir. De retour dans ses tâches il répond mécaniquement : “ Je sais pas, normalement il dort deux heures avant le biberon de 21..” Petit silence, le temps que ça monte. “ Ah moi ? Bah ça dépend, une sieste là, il y a une heure, une nuit de plus de 3 heures ça doit faire.. Une semaine, deux ? ” Perdu, dépassé, inconscient. Le biberon est chauffé, il le remue. “ Tu veux lui donner ? C’est un glouton il va te le descendre. ” Au moins au trois quarts.

C'est sous le nouveau calme qu'il finit de préparer le biberon, versant quelques gouttes sur sa main pour vérifier la température. Il est content de s'être battu pour être présent au début alors que la mère a clairement essayé de lui faire comprendre qu'il ne saurait pas faire. Il avait par s'occuper de Finn en grande majorité avant que ce ne soit que eux deux à partir de ce soir. Heureusement que deux est vite devenu trois, ce troisième et l'ainé, Alby se voit donc refiler un biberon avant d'être repris par le père sur comment s'installer et comment tenir le nouveau né. " Ok voilà c'est bon donne lui et ça ira.. " qu'il annonce avant de s'assoir un peu lourdement au sol, la fatigue l'ayant tiré. " Comment je peux être sur ? Il dort avec moi et j'ai déjà peur de plus l'entendre respirer, je suis déjà pas prêt à le mettre dans sa chambre alors laisser un ou une inconnue s'en occuper je suis pas chaud.. " Il avait essayer d'apprendre plein de chose sur les enfants mais internet a aussi pourri son crâne de toutes les choses à ne pas faire et les risques. Sans mentionner le fait que le pire puisse arriver sans prévenir, tout ça le perturbe le jeune étudiant. " Je vais pas décrocher, au pire si je rate un peu mes exams je retape et ce sera plus simple après l'été quand il sera plus grand.. " Voilà tout son plan, peu optimiste.

Depuis quelques semaines, il avait baissé les bras sur ses études Zephyr, persuadé de pouvoir reprendre son année à la rentrée parce qu’il ne la validerait pas dans ces conditions. Il prenait beaucoup de responsabilités sur ses épaules, mais ce n’était rien comparé à ce qu’il l’attendait maintenant seul avec son fils. Le moindre geste lui faisait peur, la boule au ventre de mal faire. Peur de toutes ces choses qu’il a lu sur internet. Alors il est très méticuleux sur la façon de tenir Finn pour son biberon. Une fois les pleurs finis, il se pose aussi sur un fauteuil non loin. “ Répondeur.. Et une lettre qui dit qu'elle ne peut pas faire ça, qu’elle a besoin de rentrer chez elle, et que je suis pas obligé de le garder.. ” Le ton déçu, faible et sûrement épuisé.

Tu tapotes doucement l'épaule pour ne pas trop le secouer. Bouffe en cours, il ne vaut mieux pas deranger la boite à bruits. Tu restes quelques minutes silencieux. Que dire de plus ? Tu aurais aimé être dans sa situation. Tu as déjà une stable situation. Personne à tes côtés. Mais au moins, ton avenir n'est pas à fabriquer. - N'oublie jamais que je suis là souffles-tu. - Quand tout devient de trop, appelle-moi de jour comme de nuit. Pour la rentrée prochaine, on anticipera mieux vos besoins, que ce soit en terme d'emploi du temps et de garde. Tu en penses quoi ? Pourquoi tu lui tends la main ? T'en sais foutrement rien. Un bon gars qui se demene, ça te touche, faut croire.

Un petit sourire rassuré, à ses mots mais aussi par le calme de Finn. Le hurleur avait enfin trouvé son contentement. “ Merci, vraiment..” Il ne voulait pas questionner le motivation de celui qui remplace sa figure paternelle, simplement exprimer sa reconnaissance. “ Je me dis qu’il sera un peu plus grand, ça devrait être un peu plus simple.. ” Il allait bien grandir entre son premier mois sur Terre et le neuvième. Et en réalité, Zephyr compte majoritairement la dessus. “ Je sais pas si sa mère va revenir, mais si elle revient je suis pas sûr de réussir à lui faire confiance.. ” Mais il sait que c’est important d’offrir ce lien à son fils, mais en être capable sans peur et amertume semble être une toute autre épreuve.