Il n’y croyait pas vraiment à cette histoire, ce concept, Love is blind, mais il faut dire qu’il a tout de même été surpris Anders.Très surpris. Il ne sait pas si l’amour était véritablement aveugle, mais il l’avait trompé, lui prouvant que certaines connexions n’étaient pas impossibles, même si on ne voyait pas la personne, même si on ne pouvait pas tout découvrir. Il a joué le jeu, et contre toute attente, s’est retrouvé bluffé. Il avait donc fait le nécessaire pour ce soir, échangeant pour une nuit la garde de sa fille avec sa mère, lui évitant ainsi de trouver une nounou à la dernière minute le soir de la St-Valentin. Mission impossible quand on était exigeant comme lui. Vêtu d’un jean et d’un t-shirt, il avait fait un simple effort vestimentaire qui rappelait pourtant les conversations qu’il avait eues avec son date dans la capsule. Peut-être aurait-il dû tabler sur une salopette plutôt mais avec le tablier, ça aurait sûrement fait de trop. Dans la pièce, il attend sagement l’arrivée d’une deuxième personne, Coco, observant tout ce qui avait été mis à disposition. Il regarde les fruits - se retenant d’en boulotter un morceau -, sent les parfums de certains petites fioles contenant arômes ou alcool parfumé. Il fait passer le temps, attendant son date avec une excitation dissimulée, lui qui s’était toujours senti à l’aise dans la capsule.

❊ moth drawn
to a flame

Got a feeling that I'm going under, but I know that I'll make it out alive.

Il essaye de deviner à quoi peuvent bien servir tous les ingrédients sur la table, ce qu’ils vont pouvoir préparer avec tout ça. Où ce qu’il va devoir préparer ? Il s’inquiète un peu de n’avoir vu personne venir jusqu’à lui, qu’il ait pu se faire poser un lapin. Son partenaire avait-il été rattrapé par l’anxiété en sortant de la capsule ? Il avait bien senti par moment qu’il était stressé, pas tout à fait à l’aise avec l’expérience. Peut-être que finalement, tout ça c’était de trop pour lui. Il jette un coup d’oeil à sa montre. En réalité, il ne s’est pas écoulé si longtemps depuis l’arrivée du danois ce qui lui fait comprendre que c’est sa propre impatience qui lui donne cette impression. Il lui faut attendre quelques secondes supplémentaires - qui lui paraissent bien être des minutes - pour entendre un toussotement derrière lui essayer de capter son attention. Il se retourne alors, affichant un sourire en regardant l’inconnu qui n’en est pas tout à fait un. Ce garçon, il le connaît déjà, un peu, parce qu’ils faisaient partie de la même confrérie qu’il avait même déjà fait équipe quelques mois auparavant. Et il n’était visiblement pas le seul à s’en souvenir le danois. D’un coup d’oeil, il identifie ce que le brun lui tend avant de le saisir. Un passeport. Son passeport, au jeune homme qu’il suppose Anders, remarquant rapidement qu’il ne peut pas s’agir du sien. Parce que le sien, malgré sa double identité, est celui des ressortissants danois et non britannique. Il l’ouvre, tout de même, ignorant la première page pour feuilleter directement les suivantes, décorées par de multiples tampons colorés. « Effectivement, il est bien rempli. Tu n’avais pas menti. Non pas que j’en doutais, mais je pense que l’on doit avoir pas loin du même nombre de tampons. » Et il est impressionné par cela. Il n’en a pas vu beaucoup des personnes plus jeunes que lui avoir un passeport si rempli. « Alors Styx, comment tu te sens ce soir ? » Il lui demande, le plus naturellement du monde, espérant qu’il continuerait de se sentir à l’aise en sa présence, parce qu’il n’avait aucune raison de s’inquiéter. Après tout, il ne mordait pas Anders. Enfin, sauf si on lui demandait.

Anders, il est de ceux qui pensent que malgré sa grandeur, le monde est petit. À juste titre. L’univers le lui prouve encore une fois aujourd’hui, lorsqu’il pose les yeux sur l’homme qui se tient face à lui. Styx. Un adams, un de ses camarades qu’il a croisé plus d’une fois, en de multiples occasions, sans jamais réellement faire sa connaissance. Un étrange hasard quand on connaît les probabilités qu’il tombe sur lui, très exactement. Mais il n’est pas déçu, bien au contraire. Styx était plutôt mignon et s’ils étaient dans la même confrérie, c’est qu’ils partageaient certains goûts en commun. Sans parler de tout ce qu’ils s’étaient confiés dans la capsule. Comme quoi, il suffisait parfois de passer un moment privilégié en tête, coupé du monde pour parfois enfin découvrir ce qui était juste sous notre nez. Mais il doit avouer que certains sens lui ont manqué pendant l’expérience et qu’il est plutôt heureux de pouvoir en profiter désormais. Le grain du papier sous ses doigts, les couleurs vibrantes des tampons et les odeurs sucrées de la pièce. Il lui rend son passeport avec un sourire Anders, convaincu que le brun en face de lui était aussi passionné par le voyage qu’il ne l’est. « On ne sait jamais, je suppose que certains le sont vraiment. » Fous, couillus ou même idiots, allez savoir. Après tout, il y avait des dizaines d’histoires de la sorte sur internet.

A la remarque de Styx, il laissa un rire s’échapper Anders. S’il avait pu, bien sûr qu’il serait venu avec le fameux cheval volant. Malheureusement, c’était impossible. « Ca me fait plaisir de l’apprendre ! Même si j’ai une autre monture en réserve, si tu veux faire un tour après. » Une de celles qui se limitent à deux roues et avec lesquelles le danois est plus à l’aise que n’importe quoi d’autre. « Oh tu sais, je m’attendais un peu à toutes les réponses. » Parce que même s’il donnait l’air d’être détendu et détaché de tout cela, lui aussi ne savait pas à quoi s’attendre, ni même comment les choses allaient se dérouler. En réalité, il était dans la même situation que son camarade, seulement, ils appréhendaient les choses différemment. « C’et vrai que le temps à paru long depuis que l’on a quitté les capsules. » Trois jours à attendre, rien d’insurmontable en soit, mais relativement long après une telle expérience. « Je me sens bien. Je suis plutôt content d’avoir fait confiance à mon instinct. » Ce n’est pas toujours le cas depuis quelques années désormais, maintenant que certains traumatismes et déceptions sont ancrées en lui. Il se décale légèrement pour lui laisser suffisamment de place face au plan de travail avant de lui tendre un tablier et d’enfiler le sien. « Avant que le cours ne commence, et afin de continuer nos discussions, s’il ne devait rester qu’un dessert sur terre, lequel choisirais-tu ? »

Il avait envisagé que l’expérience pourrait le conduire à partager une capsule une personne qu’il connaissait déjà Anders. Boston, à la fois un monde si petit, et une ville tellement immense. Parfois, il avait l’impression de vivre dans un petit village, où tout le monde se connaissait et ce soir, il avait encore raison de le penser. Quelles étaient les chances pour qu’il tombe précisément sur l’un de ses camarades de la Adams ?  Sûrement peu. Mais il ne regrettait pas un seul instant de s’être laissé tenté, par l’expérience et le jeune homme. Sans cela, ils n’auraient peut-être jamais refait attention l’un à l’autre plus que de raison. A l’air surpris de Styx, il sourit Anders, hochant légèrement la tête. « Je ne t’ais pas tout dit dans la capsule. Il fallait bien que je garde quelques surprises. » Et puis malgré tout, il était difficile de tout aborder en quelques heures de date. Il y avait bien des choses qu’il n’avait pas évoqué le danois, que ce soit profond ou futile, tout comme il se doute que l’anglais ne lui avait pas tout révélé non plus. Il avait fait le premier pas l’un vers l’autre dans cette capsule, désormais il ne tenait qu’à eux de continuer ou non. « D’autant plus que tu n’as pas de raison de douter. » Qu’il souligne avec un sourire. Styx était charmant, savait converser et partageait avec lui quelques passions communes. Anders n’avait aucune raison d’apprendre à connaître son camarade. Au contraire, il regretterait presque de ne pas l’avoir fait plus tôt. « Je suppose que toutes les fois où l’on s’est vu, on avait pas vraiment fait attention à la voix l’un de l’autre. » Il n’avait pas reconnu sa voix non plus Anders, parce que finalement, il n’avait pas assez échangé avant cela, et parce que surtout, l’environnement de leurs précédentes rencontres avait toujours été parasité par d’autres sons, d’autres voix. La capsule, elle, lui avait offert la possibilité de se concentrer sur sa voix, et uniquement dessus.

Les tabliers entre les doigts, il se dit qu’il faudrait peut-être commencer à pâtisser Anders s’ils voulaient réussir à goûter leurs desserts ce soir. Il en offre un à Styx, enfile le sien alors qu’il hoche la tête. Il est familier avec les crumpets, lui aussi étant britannique. En tout cas partiellement. « Je vois très bien oui. Je suis anglais aussi. » Un autre point commun entre eux que ce partage d’une culture similaire pour laquelle ils auraient certainement la même affection. « Ma pâtisserie préférée est le wienerbrød. C’est une spécialité danoise. Assez simple contrairement à son nom. Mais je ne pense pas que l’on puisse la trouver dans un des livres. » Il faut dire que le choc culturel entre les USA et son pays natal était plutôt marqué. « Mais je pense qu’on devrait sans difficulté pouvoir trouver une recette de mousse au chocolat. En tout cas j’espère. » Il se pense légèrement au-dessus de son épaule, le regardant tourner les pages. Il n’est pas certain que les livres possèdent une recette de crumpets ou de churros, mais la mousse au chocolat étant un classique international, il devait bien y avoir une recette dans l’un d’entre eux.