the chaos | Naim

l'gout amer du vide. bouche pâteuse. rien bu, rien mangé. t'aurais pu te laisser là, desséché. l'ambiance mortelle dans le cimetière. finalement délogé de ton trône morbide. siège de ta journée, où rien ne s'est passé. pourtant, tonnerre dans tes entrailles. l'impression d'un train qui a déraillé, pris de pleins fouet. là, pas là. le corps qui avance, sans même réaliser où tu es. les gestes, machinales. carte bleue pour payer l'hôtel. trajet sans même observer le paysage. rien, rien ne rentre dans le crâne. ce n'est que tournis. tourbillons infinis. valise, jetée sur le sol, moquette de la chambre comme témoin de l'amertume de la journée. elle s'écrase sur le lit, et tes phalanges se glissent dans les rideaux pour fermer l'ouverture de lumière, celle de la ville, éclair la nuit. je t'ai dit que tu pouvais partir. ne pas rester avec toi, dans le cimetière, faire sa vie. se balader, t'en sais rien. tu sais même si elle est restée, en réalité. sweat que tu retires, jettes sur le lit, manche sur le visage de nour. il fait chaud ici, ou c'est l'enfer de tes pensées qui te calcinent ?

allongée sur le lit loin d'être assez confortable, tu a pourtant connu pire mais le cerveau à eclipsé, s'habitue a sa nouvelle vie. « j'étais censée aller où ? j'ai cru que t'allais desséché la bas. » tu ne vas pas le dire, mais tu t'inquiètes pour lui. Son pull qui te chatouille le visage, rideau noir qui occulte ta vue. Tu le roules en boule pour le jeter plus loin. « trempé ton truc là » que tu râles avant le fixer. « ça va durer longtemps encore la déprime ? » non par ce que toi, t'avais quand même mieux à faire de ton week-end que de le voir au fond du gouffre et de plonger avec lui.

fleur fanée au milieu des autres. la pluie pour te tenir un minimum éveillé. naim en chrysanthème oubliée. j'en sais rien. miroir devant toi, tu regardes les traits, ceux qui tombent. j'avais besoin d'elle. de la mama. de ses conseils. de la sentir, sa présence.

tu sais que ça va se corsé, qu'il va falloir parler, qu'il a pas fait ça pour rien. T'oses à peine te relever pour le regarder, peur qu'il chope ton regards a travers le miroir. Boule dans la gorge, à toi aussi elle manque. Mais le verbaliser serait douloureux. « j'suis là moi » tu sais pas quoi dire, tu peux pas la faire revenir.

tête qui tourne sur le côté, par dessus l'épaule. tu ne vois pas son visage, juste ses jambes. ses mots qui heurtent. elle est là nour. bien-sûr qu'elle est là. t'exprimes pas trop, toi. pourtant tu te voyais pas venir sans elle. t'en as besoin, d'elle. je sais que t'es là nour. tu te retournes, les yeux qui tombent au sol. ça va pas du tout. et ça, tu le dis jamais.

le coeur en miette, les mots qui viennent te frapper en pleine gueule. Bien sûr qu'il va mal, bien sûr que tu le vois. Mais Naïm c'est pas celui qui montre, toi non plus. La tête sur le lit qui fixe le plafond. Y a une tâche, la vue qui se brouille. T'as pas envie de pleurer. Pas maintenant. « je sais»  qu'est ce que tu peux faire ? Le prendre dans tes bras ? Pleurer avec lui ? Le secouer ? T'as pas la force de grand chose. Parce que toi aussi t'es secoué. « on va boire » les pieds qui te portent vers le mini frigo espérant que le mini bar soit bien rempli.

les billes sur le sol, impossible de montrer ton visage, les traits trop défaits. tu veux pas avouer. pudique d'être faible pour une fois. toi et tes épaules carrées. elle se lève, prendre à boire. mini bar avec sa bouteille de champagne. comme ci l'ambiance était festive. faut commander au bar en bas. est ce que tu veux vraiment t'assommer en réalité ? désolé que tu sois venue pour ça. pour ce désastre de ta vie.

bar vide, juste les bulles dégeulasse pour cadeau. T'as horreur de ça. La porte du frigo qui se referme brutalement, t'as la rage. Parce qu'il va mal, parce que tu sais pas gérer.  « non » t'allais clairement pas les appeler pour réclamer a boire, pour une fois tu te débrouilles comme une grande. La main qui vient fouiller dans le sac, deux fioles de tequila et de vodka cachait au fin fond. « ta petite soeur est prévoyante » un mince sourire aux lèvres, fière de toi. Tu te retournes , ses yeux a lui qui fixe le sol. « c'est pas grave » tu l'aurais suivie pour tout et n'importe quoi.  « tiens » une fiole que tu lui tends, les yeux qui l'évite un max. Peur de craquer.

elle ressort les fioles de son sac. trop fatigué pour même demander ce qu'elle fout avec ça. toi qui d'habitude l'aurait sermonné avant d'en profiter. la fiole qui arrive entre tes doigts. ouverte d'un revers de doigts, attends que la sienne soit ouverte. je veux pas savoir pourquoi t'as ça. que tu craches quand même en tendant le verre vers le sien, trinquer avant de boire cul sec. visage dénué de grimace. gosier habitué. fiole vide que t'envoies balader sur le lit d'un coup de bras agacé.