tw ✧ Stalking
William, vêtu de son long manteau hivernal et de son écharpe carrelée de gris, de noir et de rouge, marchait le long du trottoir en cette fin d’après-midi qui frôlait les zéro Celsius, avant de finalement s’arrêter devant l’entrée d’un commerce bien spécifique. Il s’appuya contre la Tesla 3 de couleur blanche d’un inconnu, stationnée directement devant la porte. Il déposa son sac en papier brun sur le capot de celle-ci, puis en sortit un plat pour emporter de pad thaï encore chaud, ramassé trois coins de rue plus loin. Là où lui-même avait laissé sa nouvelle voiture.
Parce que oui, chaque catastrophe de sa vie amoureuse se devait d’être accompagnée d’une nouvelle voiture.
Pour faire passer le temps, il sortit une paire de baguettes jetables de leur emballage de papier,il commença à manger, scrutant les visages de tous ceux qui sortaient du bâtiment. À la recherche de quelqu’un de bien particulier.
Les tensions entre lui et son partenaire du monde criminel atteignaient quotidiennement de nouveaux sommets. Rien de tangible ou de fracassant. Mais une accumulation de petits gestes et de décisions qui pointaient tous dans la même direction : son associé voulait se débarrasser de William. La littéralité de la chose restait à déterminer, mais du fondement l’idée, il n’en avait plus aucun doute.
Il aurait dû s’en douter. Dans ce milieu, les liens d’affaire étaient bien souvent éphémères. Ça ne rendait cependant pas sa situation plus confortable…
Il avait passé de longues, trèèèèès longues heures dans les derniers mois à tenter de trouver une voie d’évitement, forcé d’acquiescer à une série de demandes de plus en plus irrationnelles pour s’acheter un peu de temps avant l’inévitable confrontation. Mais il ne trouvait aucune faille dans la forteresse de son adversaire. Et pour cause, puisqu’il l’avait lui-même aidé à s’établir… Il avait manqué de vision à ce moment.
Jusqu’à ce que, mi-décembre, un nom parvienne à se rendre aux oreilles de Bennett : Faulkner. En temps normal, il ne s’intéressait guère aux activités quotidiennes du gang auquel il se retrouvait maintenant affilié. Son rôle consistait à légitimiser, avec autant de bénéficies que possible, l’argent qu’ils généraient. Et d’éviter que les forces de l’ordre ne s’intéresse trop à eux.
Comme un chien affamé, il s’était jeté sur cette information dans l’espoir qu’elle le conduise à son salut. C’était probablement farfelu, mais le fait que des efforts aient été déployés pour l’empêcher de savoir quelque chose se tramait autour de cette famille suffit à piquer sa curiosité. Et à défaut d’autre chose, s’il y avait bien un domaine où il excellait, c’était de celui de tirer profit au maximum de chaque opportunité. Peu importe ce que son associé espérait obtenir de ses expatriés de l’Illinois, William pourrait probablement en tirer quelque chose. Suffisant pour se sortir de ce pétrin dans lequel il s’enlisait ? Seul l’avenir le dirait.
Il s’était isolé tout le temps des fêtes pour tenter de démystifier cette histoire. Pour comprendre pourquoi on tentait de l’isoler hors de ce deal. Et pour éplucher méticuleusement tout ce qu’il pouvait trouver sur cette famille de Chicago : casiers judiciaires, rapports fiscaux, réseaux sociaux, articles de journaux, titres de propriété. Il se permit même quelques journées de filature prudente, en chair et en os…
Et morceau par morceau, couche par couche, une esquisse de plan prit lentement forme. Un lent enchaînement d’étapes. Un plan qu’il mettait à exécution aujourd’hui, alors qu’il déposait pour la première fois les yeux sur la séduisante cadette de la famille qui quittait finalement l’édifice où elle se trouvait depuis un petit moment.
Ses photos ne lui rendaient définitivement pas justice.
«Mademoiselle Faulkner ? Mademoiselle Faulkner! »
Il leva la main pour attirer l’attention de la demoiselle dans sa direction, ses baguettes déposées dans le contenant en carton qu’il tenait de l’autre.
S’agissait-il d’un hasard que ses machinations s’articulaient, encore une fois, autour d’une jeune et jolie jeune femme ? Probablement pas…
«Auriez-vous un petit moment pour discuter de notre futur partenariat ? »
(William Bennett)
Power is a cruel Master
No light, no light in your bright blue eyes. I never knew daylight could be so violent. A revelation in the light of day. You can't choose what stays and what fades away