« Ils ont perdu les deux matchs précédents, je croise les doigts pour que ce match là se déroule mieux ! » Ton amie te confie, les prunelles noyées d'étoiles d'espoir et la seule réponse dont t'étais capable de donner était un fin sourire lissé. Incapable de donner une quelconque réponse constructive sur l'état des choses sur le basket, sur le sport dans sa globalité. La raison, d'ailleurs, pour laquelle tu t'étais doucement retirée de l'équipe de cheers, te sentant frauduleuse à soutenir une équipe dont t'ignorais non seulement les membres mais aussi les règles du jeu. Une balle sur un terrain, un panier ; tes connaissances étaient on ne peut plus limitées. Mais durant ce laps de temps à porter les couleurs d'Harvard Crimson t'a permit la rencontre de Pénélope, ta nouvelle compatriote passionnée, plus que décidée à t'entraîner dans les méandres du basket. Chose à laquelle tu ne protestais pas, profitant de ces instants pour mémoriser - admirer les membres de l'équipe pour rentabiliser ta présence. C'était un bon plan ça, non ? Quelqu'il en soit, le match défilait à une vitesse fulgurante sous tes yeux déboussolés et avant même que t'ais pu analyser le dernier panier, Pénélope saute au plafond, emportant sa boisson sucrée aux cieux avec elle avant qu'elle ne redescende subitement.. sur ton haut. Absorbée par l'euphorie de la victoire, la brune ne remarque même pas sa gaffe, te forçant sans équivoque à accourir aux toilettes, un tantinet grincheuse. Et comme si le destin avait pour volonté de te nuire à ce jour, ta course effrénée rencontre plus d'obstacles que prévu, une foule bondissante, des sacs au sol, d'autres verres agilement évitées puis un torse. Grand, ferme. Dans lequel tu venais de foncer avec force. Beaucoup de force. « Outch ! » L'épaule droit qui venait rentré en collision contre ce mur de briques s'éveille doucement mais sûrement en douleur. « Merde, vous avez un gilet en acier sous ces maillots ou quoi ! » Voix stridente, la main tenant vivement ton épaule après le bref coup d'oeil sur ton bourreau qui portait aussi les couleurs de Crimson. Le même maillot que les joueurs que t'admirais quelques minutes plus tôt sur le terrain.

Il se sentait euphorique Asher, porté par la voix d’un public enflammé. Il félicitait ses co-équipiers, un sourire plaqué sur les lèvres, avant d’aller saluer les joueurs de l’équipe adverse pour les félicités de leurs efforts et de la performance effectuée. Il avait toujours été fair-play et comme eux, ils savaient ce que représente la défaite sur le moral. Au changement de capitaine, il avait songé à baisser les bras, à renoncer à ce sport pour se consacrer à un autre, mais Rhys ne l’avait pas laissé faire. Son cousin, têtu comme une mule, lui avait promis que c’était provisoire. Il n'avait aucun atome crochu avec l’ancien capitaine, alors c’était un nouveau souffle de retrouvé Q aux commandes. L’envie était revenue presque au même moment où sa distraction préférée ait déserté le parquet des entraînements. Pourtant, il la savait ici, il l’avait aperçu, tête penchée sur son téléphone lors d’un retour en zone peu de temps avant la fin du match. Son regard défilait le long des gradins, là où il l’avait aperçu, avant de s’arrêter sur la chevelure dorée en mouvement. Avec autant d’endorphine dans le corps, il se sentait capable de l’aborder. D’une petite foulée, il prenait la même direction qu’elle, sans mesurer sa vitesse. Il essaya d’éviter la collision, en vain. — Je… Ses yeux déviaient sur sa main accrochée à l’épaule, souriant à sa remarque. — Désolé, je t’ai fait mal ? Puis son regard s’arrêtait sur son haut, complètement trempé. — Je crois définitivement que l’univers t’en veut. Baissant ses yeux sur son haut, il ne s'y attardait pas pour retrouver ses yeux. Il avait enfin osé lui parler. Puis il la fixait, n’ayant plus aucune once de reparti, ni aucune idée de comment la retenir pour gagner quelques minutes de plus avec elle. Un éclair de lucidité apparaissait sur ses traits à l'instant où germait l'idée. — J'ai un maillot de rechange propre dans les vestiaires, si tu veux.

En effet, l'univers t'en voulait peut-être un peu. Le tee-shirt trempé de soda coloré te susurrait même beaucoup et tes sous-vêtements s'invitant doucement mais sûrement au milieu de cette foule à travers la transparence croissante de ce dit tee-shirt te criait passionnément. Puis les prunelles se lèvent, remarquent le maillot des Crimsons avant de s'inviter à la hauteur du visage du mur en béton humain qui s'excusait dans lequel tu venais de rentrer. Et il suffit d'une seconde pour que tu te décides : l'univers ne t'en voulait pas du tout. Pas lorsqu'il envoyait un ange tombé du ciel pour te sortir de ta maladresse. « Quoi ? Non- si- non, enfin si, ton torse m'a fait mal. » Mode insensée et bégaiement activé, les billes incapables de se détacher de la structure presque parfaite de son visage, de sa de mâchoire presque parfaite. Une pointe de jalousie s'éveille malgré toi parce que t'aimerais bien, toi aussi, être capable de paralyser les inconnus de ta beauté, rien qu'en existant. L'univers t'en veut ? Nope nope nope. Non, définitivement pas. Mais tu te retiens de lui affirmer à voix haute cette conclusion, te contentant de jouer le poisson rouge, l'intérieur du gosier exposé tant ta bouche restait bêtement ouverte. Tes neurones refusaient de se connecter quoi que ton corps leur ordonnait, et la proposition du Crimson numéro 7 mit un peu trop longtemps à arriver à destination, là-haut. « Si je veux.. te suivre ? Venir avec toi dans les vestiaires ? Porter ton maillot ? Me déshabiller pour porter ton maillot de rechange ? » Court circuité le cerveau,  plus rien refusait de fonctionner et ta bouche jouissait de ses propres règles. « Ok ? » C'était une question ? Toi-même tu n'en étais pas sûre mais tu tentes de détendre tes traits de visage, essaies un sourire que t'espérais être doux et peut-être rassurant et pas 'bonjour, je suis une psychopathe'. « Hum, c'est par où les vestiaires ? » Tu devrais sans doute essayer de détourner le regard de son visage également, rien que pour ton bien mental. Mais non, tu n'y arrivais pas. A la place, pour tenter de regagner un tantinet peu de dignité, tu portes tes mains à ton haut, tentant vainement de cacher la transparence fulgurante de ton tee-shirt malgré tout, attendant patiemment qu'il te guide.

Asher ne s’attendait pas, alors qu’il partait en quête d’un objectif bien précis, à se le prendre de plein fouet. Légèrement déboussolé, son instinct envers la gente féminine, prenait rapidement le dessus. Ses mots étaient légèrement saccadés, trop accaparé par la beauté naturelle de la femme face à lui. Cette même jeune femme qu’il avait repérée puis poursuivie, avant de lui rentrer dedans. Il avait une entrée en matière fracassante, mais se rassurait en ayant matière à lui parler. Comment aurait-il pu l’aborder sans paraître pour un idiot, dans d’autres circonstances ? Un petit rire amusé, filait entre ses lèvres, en entendant la remarque de l’étudiante. — Donc je t’ai fait mal, je suis sincèrement désolé. Si son but était, à la base, de lui faire du ‘rentre-dedans', il ne s’était pas imaginé le faire littéralement. Ces premières interactions étaient son ticket d’entrée dans sa vie, s’il arrivait à obtenir son attention, autrement que par sa maladresse. Ils se regardaient longuement, sans qu’Asher ne laisse ses yeux dévier de ses pupilles hypnotisantes. S’il avait aperçu la transparence de son haut quelques secondes auparavant, il respectait suffisamment la blonde pour ne pas laisser un regard lubrique glisser jusqu’à son haut. — Grosso modo, c’est ça, oui. Il la trouvait amusante, bien qu’elle semblait un peu perdue par sa proposition. — C'est par là. Restant bien devant elle, bien que ses mains se protégeaient des potentiels regards des hommes ou femmes présents en coulisse, il essayait d’apporter une double protection, à celle qu’il avait remarqué quelques semaines plutôt. Il rentrait le premier pour vérifier que la voix était libre, avant de s’approcher de son casier. — Tu viens souvent aux matchs ? Il fouillait pour trouver son maillot propre et une serviette. — Ça ne vaudra pas une douche, mais si tu l’humidifies ça évitera peut-être les résidus de soda. Il laissait la blonde s’en saisir avant d’ajouter : — Je vais me mettre face à la porte en attendant que tu te changes, ça évitera à mes co-équipiers de te surprendre. Il lui souriait, avant de lui tourner le dos pour fixer la porte. — Si tu préfères que je sorte, dis-le-moi, je comprendrais.