When you hold me, it holds me together

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Décembre 2023 Billie's - Manchester-by-the-sea

Billie, Billie, Billie… Ils se perdent, mais Wade ne peut s’empêcher de dire qu’ils ne se retrouvent plus tout à fait. Leur relation n’a jamais été simple, mais la pause de plusieurs mois qu’ils se sont accordés (ou que Billie leur a imposé, selon le point de vue), est quelque chose dont il ne semble pas tout à fait réussir à se remettre. Les incompréhensions sont plus nombreuses que jamais et si c’est sans doute parce qu’ils ont évolué pendant cette parenthèse, une part du jeune homme ne peut s’empêcher de se demander si ce n’est pas pour une plus triste raison. Il refuse de la formuler dans sa tête, mais s’interroge, tout de même, sur le fait qu’ils soient encore compatibles. Wade n’est pas prêt à abandonner pour autant. Billie est trop importante pour qu’il ne la laisse partir après quelques engueulades, aussi fortes soit-elle, et c’est donc pour ça qu’après quelques semaines passées à s’ignorer, il envoie quelques sms à la jeune femme avant de lui imposer sa présence un soir de révision. Wade connait assez bien Billie pour savoir qu’elle sera trop stressée et concentrée pour lui accorder du temps - plus d’une demi-heure, en tout cas - mais il compte tout faire pour lui changer un peu les idées, et surtout, s’assurer qu’elle s’alimente correctement. Pas tout à fait certain de l’accueil qu’elle lui réservera, il a finalement décidé de préparer le repas de chez lui plutôt que là-bas - son plat préféré - et a pris quelques jeux de société avec lui, même s’il est probable que la jeune femme se contente de réviser, mais à ses côtés. Il est 21h quand il sonne à la porte, puisqu’il a veillé à ce qu’elle ait une journée de révision complète avant de venir la perturber. Il soupire au bout de quelques minutes quand elle ne répond pas - a-t-elle désactivé la sonnette ou est-elle si concentrée qu’elle n’a pas entendu la sonnerie ? Autre possibilité : elle ignore tout simplement quiconque sonne chez elle et a oublié qu’il lui a promis de passer. Il sonne une seconde fois mais l’appelle sur son téléphone en même temps. Quand elle décroche, au bout de quelques sonneries il lui rappelle : “Allez, Hermione Granger, je suis devant chez toi. Faut que tu abandonnes tes révisions au moins pour m’ouvrir."

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J’ai pas oublié, j’ai juste zappé d’en tenir compte. Ma soirée c’est ce bouquin, ces fiches, et mon cerveau. On oubliera de dormir, on oubliera de manger, on oubliera de vivre l’espace d’un nouveau jour. Un jour qui se cumule à tous les précédents. Clairement, je mets tout entre parenthèses jusqu’à la fin des examens. Ils le valent bien. Mes études, elles sont là quand les journées sont trop longues, quand j’commence à réfléchir au futur. Je sais pas ce que j’vais faire, quand je serai plus grande, mais je sais que je l’aurai mérité. D’autres priorités, l’année dernière, sont venues foutre le bordel dans ma réussite jusque là impeccable. Si vous avez besoin d’indice, la Priorité avec un grand P portait des cheveux roux et un parfum très léger, dont il est encore très facile de se rappeler. C’est tenace, ces conneries de souvenirs. Alors cette année, vois-tu, j’me dis que je n’ai pas le choix. Désormais plus isolée que jamais dans mon château, j’ai toute la place sur la table pour m’étaler, et devenir une major de promo certes cernée, mais fière. Je creuse les sillons sous mes orbes, rougit mon blanc, et injecte à mon sang une bonne dose de taurine piquée dans de multiples compléments vitaminés et autres boissons merdiques. Possible que je tremble, parfois. Possible que j’ai pas entendu la sonnette, que je l’aurai pas entendue une seconde fois si j’avais pas vu mon portable vibrer. “Ah putain.” Joie. A la lecture de ton prénom, j’me suis rappelée. J’sais pas comment j’ai pu croire que t’allais pas venir, en fait. T’es Wade Bailey, et tu prends trop plaisir à jouer aux chevaliers. J’pensais avoir été claire quant au fait que j’étais pas une princesse en détresse. Surtout depuis que t’en as plusieurs, et que j’me le suis pris un peu trop en frontal. J’écoute, et j’te gueule : “ENTRE  C’EST OUVERT !” Je crois. J’espère. Dans mes souvenirs, j’ai pas refermé depuis hier soir, quand le livreur de pizza est passé. A moins que ça soit y a deux jours ? Je sais plus. J’ai le stylo levé, à peine tu t’approches, le regard clairement vissé à mon bouquin. Un stylo en barrage aux flots de mots qui n’demandent qu’à sortir, j’te connais. “Tu me laisses finir mon chapitre.” Après, j’t’accorde 5 minutes. J’ai une horloge au mur pour vérifier.  5 minutes, ça suffira pour savoir si j't'en veux encore un peu, beaucoup, ou à la folie.

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Billie ne prend même pas la peine de lui ouvrir et Wade ne s’est pas vraiment si c’est une bonne ou une mauvaise chose au final. Peut-être qu’elle finit son chapitre et arrête. Peut-être qu’elle finit son chapitre et en commence un autre en faisant comme s’il n’était pas là. Il verra bien, de toute façon. Avec douceur, il referme la porte derrière lui, prenant soin de la fermer à clé - et remerciant, au passage, le ciel que personne ne soit entré dans cette demeure sans l’autorisation de sa propriétaire (ou celle qui le sera dans quelques années). Il retire ensuite son manteau, le pose sur le porte-manteau et se met à la recherche de la jeune femme. Il la trouve assez rapidement - elle n’a pas décidé de se cacher, c’est toujours ça de pris. Il n’a à peine le temps de dire “Sa-” qu’elle l’arrête, et il secoue doucement la tête, amusé. Il acquiesce à sa demande, qui ressemble plutôt à un ordre et se dirige vers la cuisine pour déposer le résultat de ses courses. Il doute que la jeune femme coopère aussi facilement mais elle ne parviendra pas à le mettre dehors avant qu’il se soit assuré qu’elle ait quelque chose dans l’estomac, qu’elle le veuille ou non. Il a même pris des menottes dans son sac, celles qu’ils ont pu utiliser dans le bon vieux temps, mais par pour jouer avec elle cette fois. Si elle râle, il s’accroche au robinet de l’évier (à la base, où il sera bloqué par l’ouverture, pour ne pas qu’elle puisse le mettre trop rire - et avec un peu de chance, lui arracher un sourire. Il commence à se laver les mains et réapparait rapidement. Il vient vite fait feuilleter les quelques pages de son manuel qu’elle étudie pour vérifier où elle en est de son chapitre et évaluer le temps qu’il a devant lui. Sans un mot de plus, et ignorant, bien sûr, ses protestations, il retourne en cuisine avant de commencer à s’affairer. Quand elle le rejoint enfin, il est en train de finir sa quiche lorraine et s’apprête à commencer les lasagnes - même s’il a préparé sa sauce bolognaise à l’avance. “Finito pepito ou t’as juste besoin d’un verre d’eau ?”

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La seule raison pour laquelle t’es là, que j’me suis pas barricadée.. bon, en plus du fait que j’ai surement oublié ta venue, c’est que de toute façon, t’écoutes jamais rien, surtout quand il est question de reculer quand j’fais le même pas. Quand j’prends la fuite, tu m’accroches le poignet pour me rappeler qu’on danse plutôt bien ensemble. Qu’il y en a d’autres, certes, des danses que tu maitrises, mais quand j’suis solo sur la piste, tu m’laisses jamais tomber. Je suppose que c’est ce genre de relations qui sont précieuses. Jusqu’à ce que tu choisisses un autre pays, une autre ville ; on connaît la chanson. Soit un peu original, n’choisit pas la faucheuse, elle a les bras déjà occupés de deux de mes compagnons de danse. Alors, preux chevalier les mains chargées de courses, que j’découvrirai quand je daignerais lever les yeux. Encore quelques lignes. Pages. J’avoue, j’gratte un chapitre supplémentaire, assez consciente que t’es en capacité de me faire perdre le sens des minutes. J’entame encore un nouveau, juste le titre, quand mon cerveau se met à réfléchir, et s’ouvrir aux bruits autres que ma voix qui baragouine les mots lus. La cuisine est plus animée que ces deux dernières semaines. Elle aussi, se sent seule. On l’entend, dans le bruit des plats qui claquent contre le plan de travail, retrouver des couleurs qui viennent me cueillir. Par curiosité, surtout. Peut-être aussi pour vérifier que t’es pas entrain de faire un inventaire de tout ce que ne devrait pas contenir cette pièce. “Y a vraiment des gens qui disent “finito pepito”, ou tu viens de l’inventer ?” Les sourcils froncés, la moue taquine, et les yeux en fouineurs. J’détaille moins rapidement que mon ventre qui se met à gargouiller à la simple odeur de four allumé. Il en faut pas beaucoup, à un estomac affamé, oublié. “Juste un verre d’eau.” Puisque tu me donnes la possibilité d’y retourner, j’agrippe cette option. J’passe derrière toi, j’prends un nouveau verre -puisqu’évidemment, ce n’était pas du tout le plan de base-, rempli nonchalamment à l’évier, les orbes balancées vers les préparations. Ok j’avoue, j’ai la dalle. A tes côtés, les doigts qui se baladent sur les emballages d’ingrédients. “Tu sais que j’suis assez grande pour me faire à manger toute seule ?” Juste pour la forme, juste pour mordre. Juste pour noyer le fait que te voir cuisiner ici, réchauffe déjà un peu mon armure. Fêlée d’un fin sourire à ta destination.

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Wade prend un air faussement outré quand Billie remet en doute l’expression de son expression favorite. Il est sans aucun doute la seule personne à l’utiliser (à part la personne qui écrit ce RP) mais est surpris que Billie ne l’ait jamais entendu auparavant. Il faut dire qu’il lui ait arrivé n’écouter Wade qu’à moitié mais il ne peut pas lui en vouloir ; il lui en a sans aucun doute rendu la pareille à un moment ou une autre. “Tu connais la légende de Pepito, le fidèle ami de Fidel Castro ?” Wade ne sait pas vraiment dans quoi il se lance avec cette histoire, mais c’est souvent le cas quand il part dans ses délires et sans y réfléchir à deux fois, il saute à pieds joints dans cette histoire, et continue. “Tout le monde a entendu parler de l’histoire de son ami fidèle - sans jeu de mot - qui s’est emporté contre lui en lui disant de calmer ses ardeurs. Il a fini par faire exécuter son ami et a hurlé du haut de sa fenêtre, le jour de sa mort : “FINITO PEPITO !”” Wade imite, sur ces derniers mots, le discours d’un dictateur enragé avant de redevenir normal - enfin, de redevenir Wade, en tout cas. Il n’ajoute rien, malgré le petit rictus sur son visage et attend la réaction de Billie avec impatience.
“Au moins, t’oublies pas de t’hydrater.” répond-il, pas convaincu de sa réponse mais n’ayant aucune intention d’aller plus loin sur le sujet. “Oui, je sais, mais t’es aussi assez monomaniaque pour oublier de le faire.” répond-il du tac-au-tac, sans même chercher à voir sa réaction sur son visage. Il continue de s’affairer et précise : “Et puis, tu aurais été capable de te faire à manger, et de m’oublier, volontairement ou non, alors c’est mieux pour toi comme pour moi que je cuisine.” Il lui fait un petit clin d’oeil, pour pas qu’elle ne s’agace pour rien, ou ne voit une critique là où il n’y a qu’une taquinerie. Il passe à côté d’elle, dépose un baiser sur sa joue et passe ses mains autour d’elle pour attraper les tomates et l’ail qui sont sur le plan de travail. Il maintient son regard quelques secondes puis s’éloigne et commence à découper les ingrédients, une fois la poêle allumée et l’huile d’olive versée. “La quiche a encore besoin de quinze minutes pour être prête, si tu veux aller réviser un dernier chapitre.” lui dit-il, espérant qu’elle reste plutôt dans la cuisine. Billie réussira ses examens avec brio qu’elle passe cette soirée à réviser ou non. Qu’elle passe les trois prochaines soirées à réviser ou non, mais si comme cela peut la stresser et la rendre acariâtre de ne pas réviser autant qu’elle le souhaite, et leur relation est déjà assez tendue pour qu’il ne vienne prendre le risque d’y donner un dernier coup de ciseau.

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J’filtre, j’écoute à moitié, et j’retiens que ce qui m’arrange. Ou, ce qui ne risque pas de me faire perdre pied, aussi, ce qui ne risque pas de me lancer dans de trop amples explications, des trucs compliqués, émotifs, des trucs qui plaisent au commun des mortels, mais m’fout des angoisses pas possible. J’veux des trucs simples dans ma vie, des phrases simples, des gens simples, des sentiments simples. Basiques. J’suis pas bonne pour comprendre les sous textes, surtout quand ils ne vont pas dans mon sens. Enfin, là, avec toi qui te lance dans tes explications et moi qui hoche la tête, je comprends vite que ça ne va pas être trop compliqué. Sur mes traits, même, un fin sourire amusé par cette scène que tu me sers. J’suis davantage concentrée sur le fait que t’es mignon quand tu racontes des histoires à la con, que sur le contenu. “J’connais pas, mais ça m’a l’air..” Comme un accident de train qu’on voit arriver, qu’on ne peut pas empêcher, j’te vois filer droit vers l’anecdote que t’as sûrement dû déjà raconter 40 fois. 41 ce soir. J’finis, à mot bas : “passionnant.” Vraiment. J’irai vérifier la véracité de cette histoire, tout de même. Billie, et moi, là-dessous. “Donc quand tu dis ça, tu fais référence à un mec qui a fait exécuter son pote pour pas grand chose.” J’en fronce légèrement les sourcils, le regard inquisiteur. “J’dois me méfier ?” Parce que dans ma vie, j’fais surement davantage que seulement dire aux autres de calmer leurs ardeurs. Disons que les termes sont rarement enrobés, quand ils passent la barrière de mes lèvres. Comme le fait de pouffer, sincèrement, à cette réalité étalée comme ça. Ainsi donc, tu me connais aussi bien, dans mes rugosités. “J’aurai clairement pu m’faire à manger avec mon bouquin, toi à côté, et t’oublier.” J’en retiens un léger rire, les lèvres pincées ; de la gamine qui ne s’excuse même pas d’être une catastrophe. Mais toi, Bailey, t’es du genre à pardonner. Et je crois que j’en ai trop l’habitude. Que tu virvoltes autour de moi, tes doigts qui viennent entourer ma taille, mon attention, me capturant pour me relâcher juste après, nous laissant chacun dans notre monde. J’ai suivi le manège du regard, et mes épaules se déchargent doucement en ta présence, de leur poids. “J’peux aller chercher mes cours et avancer mon chapitre ici ?” Question qui n’en est pas une, puisque j’vais déjà attraper mon bouquin, et j’me ramène pour m'asseoir sur une chaise haute au plan de travail de la cuisine. Les orbes qui vont sur toi, un petit rictus satisfait à la bouche. Disons qu’on coupe la poire en deux. “J’suis sûre que je bosserais encore mieux si j’pouvais goûter.” Lancé avec malice, me redressant sur mon siège après deux lignes lues, pour regarder dans la poêle d’où provenait des odeurs qui m’intriguaient.  

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Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de Wade, qui est bien décidé à donner la meilleure version de lui-même ce soir, quand elle lui dit que son histoire a l’air passionnante. “Disons que le grand acteur que je suis sait rendre toute histoire passionnante.” Grand acteur, il ne sait pas vraiment s’il l’est, à dire vrai, surtout que ça fait des années qu’il n’a pas fait un casting, mais rendre les histoires passionnantes, il sait faire. Wade a toujours été doué pour les effets de manche, les exagérations, pour laisser les histoires l’habituer jusqu’à les rendre réels pour ceux qui les écoutent. Il faut dire qu’il n’a pas eu le choix : ses frères et soeurs ont toujours été un public exigeant et il a du travailler pour être à leur hauteur. Il ne changera ça pour rien au monde, malgré la frustration que cela a pu créer parfois et preuve en est que c’est une compétence toujours utile dans la vie, puisque cela marche sur Billie ce soir. “Oui complètement.” répond-il, à sa première interrogation avant de hausser doucement les épaules, reprenant ses airs de dictateur : “T’as quelque chose qui justifierait que je te fasse couper la tête, pepito ?” Son doigt accusateur pointé vers elle, il se rapproche d’un air un peu fou avant de lui faire un clin d’oeil et de déposer un baiser sur sa joue. A ce stade, elle ne l’a toujours pas mordu, c’est déjà une victoire.
“Tant que c’est sans faire exprès…” Pour ce que ça change en réalité… Il est accroc à O’Malley, qu’il le veuille ou non et lui passe beaucoup trop de choses. Il l’a même laissé s’enfuir, partir dans les bras d’une autre et faire comme s’il n’avait jamais existé, sous couvert que c’était plus simple comme ça. Pire, il l’a même laissé revenir, comme si de rien n’était ou presque. Presque, parce qu’il doit faire comme si tout ce temps ne s’était pas écoulé, comme s’il n’avait pas eu une vie mais prendre en compte que elle, si. Il secoue doucement la tête à ces pensées. Ce n’est clairement pas le sujet qu’il faut aborder maintenant. Il lui a promis une pause et compte bien lui donner, même si ça lui coûte. Il s’attelle donc à couper l’ail et les légumes, cherchant à concentrer son esprit sur la tâche et ricane en entendant sa question : “C’est chez toi, je pense pas que j’ai le droit de te dire non.” Mais elle n’a pas attendu - ni entendu ? - sa réponse, puisque le bruit de la porte qui s’ouvre et se referme remplit déjà la pièce. “Ah oui ? Billie O’Malley, gourmande ?” lance-t-il, moqueur, avant de prendre une cuillère et de la mettre dans sa préparation. Il l’apporte doucement vers la jeune femme et repousse une mèche de ses cheveux avant d’amener la cuiller vers sa bouche. “Te brûle pas.” murmure-t-il, avant de souffler doucement vers la préparation. Il la laisse goûter et avaler puis vient doucement poser ses lèvres sur les siennes, fermant les yeux quelques secondes. Il s’éloigne ensuite, relâchant sa mèche de cheveux : “Ca manque un peu de sel.” Il parle de sa préparation, leur relation n’en manque pas, et quand à ce baiser volé, eh bien… l’étudiante n’a jamais précisé si c’était au repas, ou à ses lèvres qu’elle souhaitait goûter.

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J’arrive pas à te voir acteur, à te voir raconter des histoires, à y croire, j’ai pas envie de gober ce que tu pourrais me souffler, juste parce que t’es doué dans ce que tu narres. J’arrive pas à oublier qui tu es derrière, et tu pourrais présenter tous les prénoms de ton répertoire, que je continuerai à m’accrocher à celui en W. Celui qui s’oublie souvent pour les autres, et qui accepte bien trop d’écorchures. Le tout, avec le sourire. Le tout, en continuant à venir te faire à manger. Y a pas mal de choses que j’ai pas mérité dans la vie, et j’te fous dans mon top 3. Sauf que j’ai tout le temps peur que t’en ai marre, que tu décides de te casser, alors j’me rassure en te poussant un peu. Je teste tes appuis, vois-tu. Je vérifie que tu chuteras pas, à la prochaine bousculade. J’peux pas m’appuyer sur une épaule, si je la sais défaillante. J’suis déjà pas foutu de marcher droit. Donc, ton histoire. J’l’écoute avec un sourire amusé, légèrement moqueur, légèrement attendri ; ça change selon si tu m’regardes ou pas. J’adapte, faudrait pas trop en dévoiler. Quelques gouttes d’acier, sur le sol. L’armure fondue à deux-trois endroits. “J’suis innocente.” La tête inclinée sur le côté, les paumes présentées vers toi. La moue candide. La façade innocente, et quelques cœurs poignardés dans le dos. Quelques egos blessés. A une autre époque, ce sont mes cheveux qu’on aurait tondu. Sorcière pécheresse ; un bûcher, peut-être. Mais ma tête, je la souhaite encore au bout de mon cou. Plus pratique à embrasser. Pour goûter ce que tu me prépares, aussi. Pour goûter tes lèvres, aussi. Tu vois, j’t’ai dis, c’est plus pratique si j’reste entière. Ma bouche pincée, capture l’ensemble des saveurs que tu me laisses. J’en secoue légèrement la tête, faisant mine de reprendre ma lecture dont j’arrive plus à déchiffrer les mots. Le regard se relève vite vers toi. Distraite. Foutue. “J’espère que tu parles pas de moi.” Ou de nous. Ou de n'importe quoi qui me concerne, je supporterais pas d’être fade. Je veux bien être acide, trop salée, ou même amère. Mais pas fade. Pas insignifiante, qu’on oublie dans un coin. M’oublie pas. Je veux juste que tu continues à faire gaffe à ce que je ne me brûle pas. T’es le seul à t’en soucier, désormais. “Assaisonne et refais moi goûter.” Et si tu te demandes si je redemande juste la cuillère, ou tout le package, t’as qu’à te faire ton idée à mon esquisse rapide, éphémère mais malicieuse. “Juste pour vérifier.” Ajouté, avec un haussement d’épaule ingénu. Le goût. Que c’est toujours là, aussi, au fond du ventre. La capacité à ressentir.