Quelques jours plus tôt.
Tu te poses devant ton pc et ouvre tes mails. L'un d'eux attire ton attention. Un mail du site où tu as fait un test ADN. C'est ton amie qui t'as suggéré de faire ça. Tu ne voulais pas mais, elle t'a convaincue. Alors tu l'as fait. Mais sans imaginer ce qui allait arriver. Une correspondance s'est faite. Avec un homme. A hauteur de 50%. Il serait donc ton père. Vous avez longuement échanger suite à la réception de ce mystérieux mail.

Aujourd'hui.

C'est le grand jour. C'est aujourd'hui que tu rencontres ce géniteur auquel tu n'avais aucune connaissance d'avoir avant ce test ADN. Tu es rester sur le cul durant pas mal de temps. Mais après avoir pas mal discuté, vous avez décidé de vous rencontrer. Et te voilà là, dans un bar, a l'attendre sans vraiment savoir a quoi il ressemble.
Assise sur le tabouret du bar, une bière a la main, tu la sirote, nerveuse. Et si ça se passait mal ? Si vous n'aviez pas de sujet ? Quoique, ça, c'était très improbable. Vous avez pas mal de chose à vous dire. Vous avez 19 ans a rattraper. Mais est-ce vraiment ce que vous voulez ? Veut-il être un père pour toi ? Veux-tu qu'il le devienne ? Tant de questions qui se bouscule dans ta tête. Peut-être trop.

Ça ne s'arrêtait jamais... Je ne pouvais pas avoir une foutue journée tranquille... Si ce n'était pas un kidnapping, un règlement de compte, une discussion avec la mort, c'était une nouvelle gamine qui rentrait dans ma vie... Et on ne parlait pas d'un bébé de quelques années. La, c'était 19 ans de retard que j'avais... Comme j'avais pu me douter d'un truc pareil...

J'étais sorti de l'hôpital la veille. Encore un peu sonné par la tonne de médocs qui m'avaient injectés pour calmer la douleur.

Poussant la porte du bar, habillé de noir, veste en cuir, sweat, jeans, j'avançais vers le comptoir en observant les gens se trouvant au alentour. Selon la description qu'elle m'avait faite, elle ne devait pas passer inaperçue. Mon regard se posa sur une jeune femme au comptoir qui detonnait du reste, je décidais de tenter ma chance. M'approchant d'elle, j'espérais qu'elle ne prenne pas peur qu'un mec aussi vieux et tatoué l'aborde. Achlan ?

Tu étais là Achlan, à patienter non pas sereine, mais bien au contraire, complètement stressée et nerveuse. Ce n'est pas tous les jours qu'on découvre l'existence d'un homme inconnu qui, selon un test ADN n'était qu'autre que son père génétique. Encore, tu l'aurais su par tes parents et en l'occurrence ta mère qu'elle avait eu une relation d'une nuit avec un autre homme que son mari, mon père,  tu aurais voulu être au courant. Visiblement, la vie de mannequin lui plaisait plus qu'une vérité aussi explosive. Avait-elle eu un doute ? Il se peut qu'elle n'ai jamais penser qu'elle pourrait être enceinte de cet inconnu avec qui elle avait passé la nuit ? Qu'importe, pour toi, tu ne retiens que l'adultère qui a engendré ma naissance et celle de mon jumeau, parti bien trop tôt, rejoindre les anges, eux aussi partis trop tôt.

Assise là sur ce tabouret de bar, bière en main, t'angoisse tellement que tu l'as descend rapidement. Cependant, tu n'en commande pas d'autre, tu joues nerveusement avec le goulot de la bouteille du bout de tes doigts fins, observant l'entrée du bar. A chaque homme passant cette porte, tu te demandes si c'est ton rendez-vous qui arrive. Mais semble-t-il qu'il tarde a arriver. Non pas qu'il est en retard, non, c'est juste toi qui est en avance. Un peu trop. A moins que les minutes soient bien longue, tout comme cette attente qui te fait battre ton palpitant de manière a le sentir dans tes tempes. C'est là qu'un homme t'approche, t'appelant par ton prénom. C'est lui !... Tu ne savais pas trop quoi en penser de cet homme qui te fait face. Tybalt ? Te risques tu. Bon, pas tant que ça vu la situation et le fait qu'il t'appelle par ton prénom.
Tu ne sais comment réagir. Dois tu te lever ? Dois tu lui faire la bise ? Ou alors lui tendre la main ? Jeter un simple ' Salut ' ? Tu n'en sais rien. Tu lui laisses la décision. Tu prends une grande respiration alors qu'il n'est plus très loin de toi.

Je n'étais pas au meilleur de ma forme mais je voulais tirer cette histoire au clair au plus vite. Si ce n'était qu'une méprise, je pourrais balancer la poussière sous le tapis et passer à autre chose. Si c'était la vérité... Et bien je prendrais mes responsabilités, en admettant qu'elle le veuille.

J'étais jeune et con à l'époque. Tellement fier d'avoir été le premier, que j'étais passé outre le conseil de sortir couvert... Donc le fait qu'elle puisse être ma fille était possible.

Tybalt était un brun aux cheveux long, d'1m87, tatoué sur 90% du corps, les yeux marrons. Pas vraiment le genre de profil qu'on pouvait attendre pour un psy.

Ouais mais appelle moi, Paz. Les mains dans les poches, je sortais l'une d'elle pour la poser sur son épaule, pas des plus à l'aise avec la situation. Salut.. M'installant sur le tabouret à côté, je commandais à boire avant de la regarder. Commande ce que tu veux.

L'attente se faisait longue. Les minutes te semblait être une éternité. La nervosité grandissait en toi. Tu jouais frénétiquement avec le goulot de ta bouteille vu quasiment d'une traite. Tu n'avais pas soif Achlan, non, juste de quoi patienter un peu avant l'arrivée de ton potentiel géniteur. Selon la discussion qu'on avait eu par mail, il semblait bien être ce père inconnu jusqu'ici. En tout cas, il était plus un père que mon propre père qui m'avait élevé. Lui au moins, il s'intéressait un peu à toi. Il te posait des questions sur ta vie, me donner des informations sur la sienne également. Bon, c'était succinct, des banalités pour apprendre à se connaître un minimum. Il a 19 ans a rattrapé. Enfin, s'il le souhaitait. Si tu le souhaitais. Tu n'avais pas réponse à cette interrogation.

Un homme vient te voir et t'interpelle par ton prénom. Tu sais que c'est lui mais, pour être sûre, tu demande s'il est bien l'homme attendu. Il acquiesce en demandant de l'appeler Paz. C'est étrange. Tu ne connais aucun Paz, c'est sûrement un surnom. En tout cas, c'est pas le diminutif de Tybalt, son prénom.
Il vient posé une main sur ton épaule en guise de salutation. Chose que tu redoutais, ne sachant pas comment agir. L'homme brun est visiblement accro aux tatouages. Cela te fais penser qu'il est du genre a en avoir rien a faire du regard des autres. Te concernant, tu te moquais bien qu'il soit marqué d'encre ou non. Tu n'es pas du genre à jugé les gens. Il est comme il est. Tout comme tu es comme tu es. Simple pour ce rendez-vous. Juste un jean bleu taille haute, avec un débardeur bleu ciel recouvert d'un type perfecto, noir et une simple paire de baskets. Tu es suffisamment grande avec ton mètre quatre-vingt sept. Taille de mannequin.

Il te propose de prendre ce que tu veux. Tu esquisses un sourire en sa direction et commande un cocktail a base de jus de multiple fruits et vodka. Merci Paz. Tu l'observes et attends que les commandes soient servies avant de commencer à le questionner. Tu viens de sortir de l'hôpital alors ?

Depuis le début, je n'avais jamais voulu d'enfants. Cependant je n'avais pas eu la maturité nécessaire pour respecter mon souhait. Lorsqu'on était jeune, on avait d'autres priorités et ça semblait n'arriver qu'aux autres. Pourtant je sais ce que ça faisait d'avoir une famille dysfonctionnelle... On peut passer du rêve au cauchemar du jour au lendemain. C'est pour ça que je ne laisserai jamais tomber la chair de ma chair, peu importe le contexte. Les enfants n'avaient pas à payer les erreurs des parents.

Lui demandant de m'appeler Paz, j'aperçu très rapidement son expression interloqué. C'est le diminutif de Pazelius... me sentant obligé de préciser. Elle avait du voir mon nom dans le mail. Mon contact se limita pour l'instant à une paume posée sur son épaule. Je préférais évaluer les gens avant de me permettre certaines familiarités, surtout si j'étais amené à partager un bout de route avec eux. L'observant avec attention, elle me détailla du regard très discrètement, c'était de bonne guerre vu le contexte de notre rencontre. Elle était belle... Pas étonnant qu'on est voulu la mettre dans la lumière. Elle avait l'air aussi grande que moi, voilà peut être ce que je lui avais légué...

Demandant une bière pour commencer, je la laissais prendre son cocktail, lui adressant un légèrement signe de tête lorsqu'elle me remercia. Ouais, j'ai été dans une bagarre qui a mal tourné. Soulevant mon t-shirt, je lui montrais le chemin de fer d'agrafe qui s'étendait au niveau de mon cœur sur 20 cm. Il était en revanche plus difficile de voir la plaie a travers tous les tatouages. Je relâchais le tissu. Elle n'avait pas de rejet dans son regard, c'était déjà un premier bon point. Alors... Quel genre de fille es-tu actuellement ? Faisant référence à nos échanges de mail.

Tu l'observes alors qu'il te demande de l'appeler par son surnom, son diminutif. Étrange mais qui peut s'entendre. Tu hoche la tête en guise d'acceptation de l'appeler ainsi. Assis tous les deux sur les tabourets de bar, les boissons arrivent et tu remercies ce père inconnu d'un signe de tête. Tu es timide au premier abord. Mais moins cette fois-ci. Tu as parler avec ce dénommé Paz, la glace avait déjà été briser, tu es simplement interrogative, silencieusement. Tu te contente d'écouter. Au mauvais endroit au mauvais moment ? Tu sentais qu'il ne te disais pas tout. Pas la vérité. Mais peux-tu lui en vouloir ? Non. Tu as toi même des secrets. Secrets dont tu n'es pas très fière. Ouais, toute personne a son jardin secret. Il est rarement positif ce jardin. Mais c'est ainsi. Et je ne pouvais lui en vouloir de vouloir garder ce coin d'herbe pour lui. Cependant, il appuie son histoire en soulevant son t-shirt. Personnellement, tu ne l'aurais pas fait. Déjà en tant que femme mais surtout vu le lieu. Effectivement, il en avait rien a faire de ce qu'on peux penser de lui. Ça te plaît.
Tu regardes sa blessure. ce n'est pas qu'un simple coup de couteau ça... Penses-tu. En admiration devant son torse haut en couleur, tu te dis qu'il a certainement une vie bien rempli. Ne dit-on pas que chaque tatouage à son histoire ?

Il enchaîne sur la question. Qui suis-je ? Tu prends une grande inspiration avant de baisser le regard, tournant frénétiquement ta paille dans ton verre orangé. Disons que... Le stéréotype du mannequinat n'est pas qu'une légende... Tu n'es pas fière de ça. Loin de là. Tu ne le caches pas quand tu prends les fameux cachets sur tu ingères quotidiennement. Tu donnes simplement l'excuse d'un traitement à prendre plusieurs fois par jour si on te questionnes sur le sujet. Mais là, tu ne sais pas pourquoi mais en parler avec Paz ne te gêne pas plus que cela. Il avait ses secrets. J'avais les miens. Mais pas pour ça. Le manque d'envie de lui mentir ? Aucune idée, mais tu lui donnes des indices sur la fille que tu es aujourd'hui. Et encore, tu ne penses même pas à la chute dans l'alcool. Commencer y a déjà 4 ans. Depuis le décès de ton jumeau. Qu'est-ce qu'il te manque. T'aimerai tellement qu'il soit là, avec toi, face à notre potentiel paternel. Les tests étaient clairs. Mais un doute était toujours présent. Pourtant, toi, tu ne doutes pas tant que ça. Tu n'as juste plus du tout confiance en tes parents, ceux qu'ils t'ont élevé. Emprisonnée pour ta part.

Tybalt... Toute ma vie n'avait été qu'une file d'attente du Starbuck avec ce prénom. Personne à Detroit n'arrivait à le prononcer correctement. Alors Paz s'était imposé assez rapidement. Et il était hors de question que quelqu'un m'appelle Tyty... Ca restait réservé à une personne, malgré sa trahison. Attrapant la bière, je la fis rouler entre mes doigts pendant quelques instants, c'était étrange mais pas malaisant de parler avec elle. Mes yeux la détaillant, analysant chacun de ses traits pour en saisir la ressemblance. Pour ainsi dire... Un connard a emmerdé une amie. C'était presque la vérité, à la différence que c'était nous qui avions chercher la merde mais je n'avais aucune envie d'épiloguer sur cette partie.

Une vie bien remplie... Oui on pouvait dire ça en effet mais pas toujours dans le meilleur sens. Ma vie n'était qu'un champ de bataille dans lequel on essayait de trouver des survivants. Contrairement à ce qu'on pouvait croire, le regard des autres m'importaient. Un précieux indicateur afin de m'indiquer si je pouvais les emmerder ou non. C'est leurs avis qui m'indifféraient en revanche.

Je ne connaissais pas grand chose au monde du mannequinat, ça ne m'intéressait pas vraiment même si la plupart des nanas que je fréquentais pouvait prétendre à ce métier selon moi. Pourtant je comprenais à quoi elle faisait allusion... Elles faisaient partis de nos clientes régulières. Bordel... Je lui avais refilé ça aussi...? Même si c'était génétiquement impossible, je sentis une par de culpabilité dans sa situation. Encore un point en commun, hein ? Mes lèvres se pincèrent et je m'entendis sortir un : Désolé. Ce n'était pas un jugement. Ca aurait été hypocrite de ma part sachant que je ne valais pas mieux, voir même peut être pire.

A cause de la pression ? Ou on t'a forcé...? Je n'étais pas là pour la juger elle. Attrapant la bouteille par le col, j'allais trinquer contre son verre. A notre rencontre ! Cassant le rythme de la discussion afin de pouvoir boire une gorgée néanmoins ce n'était qu'une pause, non pas à stop à son histoire. Je voulais continuer à en apprendre plus.

Jamais tu aurais imaginer qu'un jour tu sois là, dans cette situation. Jamais tu aurais cru avoir une nouvelle tel que celle-là. Cette bombe qui vient ébranlé ta vie. Et pourtant, beaucoup de choses à ébranlé ta vie. Dès ton plus jeune âge et jusqu'à aujourd'hui. Les feux des projecteurs sont là, à te réchauffer, prête à être le centre de l'attention. L'attention de cet homme qui vient d'entrer et poser une main sur ton épaule. Jamais tu n'aurais imaginer ce genre de situation. Ton père ne serait pas ton père. Ta mère ne serait pas la femme parfaite. Bon, elle ne l'a jamais été a ton humble avis. Mais là !... Non, cela était trop pour toi. Et cela avait commencé il y a deux jours, lorsque tu reçois cet e-mail dans ta boîte de réception. Tu as prit ton courage à deux mains pour envoyé ce mail a un certain Tybalt Pazelius.  Celui qui serait ton père. Ton véritable père. Ton père génétique. Celui que tu ne connaissais pas avant avant-hier.

Tu essayes de te concentrer sur l'instant présent, l'écouter et lui répondre. Tu oses lui parler. Toi qui est si timide aux premiers abords. La glace s'est brisée lorsque que vous discutiez en échangeant des mails. Cette barrière a été rompue à ce moment là. Moment que tu appréhendais. La nuit a été difficile pour toi. Oui Achlan, tu as beaucoup cogiter la nuit dernière. Tout comme la nuit d'avant. Tu détestais tes parents et bien plus ta mère. Ton père, lui, était-il au courant ? Devais-tu lui en vouloir ? Aucune idée. Et tu n'auras très certainement jamais la réponse. Le lien avec eux était rompu depuis 1 an. 1 an que tu est arrivés à Boston. 1 an que ton frère aîné - ou plutôt ton demi frère aîné - t'as recueillie chez lui.

Tu le questionnes toi aussi sur sa situation. Pour le moment, juste l'instant. Essayant de comprendre pourquoi ce fameux Tybalt était à l'hôpital, une plaie laissant une vilaine cicatrice. Une bagarre qui lui a offert une belle balafre près du coeur. Tu as failli ne jamais connaître la vérité. Est-ce un message ? Ou bien le fait qu'il s'en soit sorti est le message ? Tu n'en savais trop rien. Puis, visiblement, c'est pour protéger une jeune femme qu'il c'est prit ce coup de couteau. Si proche de son palpitant. Tu hoche la tête quand il t'explique. Enfin, expliquer est un bien grand mot. Tu comprends qu'il ne veut pas s'étaler sur le sujet. Et c'est tout en son honneur. Ou pas. Mais ça, tu n'en sais rien.

Visiblement, c'est à toi de parler et de t'ouvrir à lui. Il te questionne sur ton enfance. Cette enfance gâchée par cette mère qui ne voyait pas le mal qu'elle te faisait en te mettant sur les podiums bien trop éclairés. Oui, encore ta mère et toujours ta mère. Plus le temps passe, plus tu la déteste - pour ne pas dire haïr - Au grand brun, tu lui dis que les stéréotypes t'avais embarqué du mauvais côté de la barrière. Tu n'es pas fière d'en parler. Encore bien moins face à lui. Mais tu lui fait suffisamment confiance pour lui dire toute la vérité. Tu ne sais pas si tu fais bien de t'ouvrir autant. Mais tu penses que ça peut t'aider à arrêté. Peut-être qu'il sera un pilier pour te faire aider. Toutes les mains tendues sont les bienvenues. Mais pour le moment, tu n'es pas dans l'optique de lui demander de perdre son temps pour t'accompagner aux réunions. Tu entends dans un souffle un désolé. Tu hausses un sourcil. S'en veut-il de ne pas avoir été là ? Pourquoi s'excuse t'il ? Tu ne veux pas te prendre la tête a savoir pourquoi, tu lui demande alors. Pourquoi ? Pourquoi désolé ? Il n'y est pour rien. Tu voulais avoir une réponse.
La pression. C'est vrai qu'elle t'a bien gâché la vie cette foutue pression. Et elle continue. C'est pour cela que tu continus d'en prendre. En tout cas, c'est l'excuse que tu te donnes. Mais tu te mets toi-même la pression. Donc c'est une bonne excuse. Ou pas. Un léger sourire sur les lèvres, tu viens trinqué ton verre contre sa bouteille en portant un toast à notre rencontre. Tu bois une gorgée avant de reprendre. Puis la disparition de Cooper n'aide en rien ...

Qu'est-ce qu'il y avait de si compliqué dans mon souhait de base de ne pas avoir d'enfants...? Comment j'avais pu passer de zéro à trois, presque quatre...? Néanmoins ma position sur la question avait toujours été des plus clairs. Ce n'était pas aux enfants de payer pour les parents... Alors j'assumais qu'elles soient là. Si on m'en laissait la possibilité... Ce n'était peut être pas la meilleure chose à faire mais c'était celle qu'on me dictait... Cœur ou esprit, difficile de savoir. Dans tous les cas, je ressentais une profonde aversion pour les gens qui faisaient payer à leur progéniture à leur place.

Ma vie entière chaotique... Presque depuis ma naissance... On ne pouvait pas souhaiter à un enfant de vivre ce que j'avais vécu, ma propre histoire avait motivé mon choix de ne jamais avoir d'enfants. Je ne pouvais pas être un bon père. Pas avec l'exemple que j'avais eu. De plus, la famille était clairement une faiblesse dans le monde dans lequel j'évoluais... Je pouvais encaisser ce qu'on me faisait subir mais il était hors de question que je laisse ces gens s'en prendre au mien.

Mon équilibre mental parfois aussi fragile qu'un château de carte. Des tendances destructrices bien trop présentes. Auto ou non. Je vivais ma vie comme s'il n'y avait pas de lendemain. Chose qu'on me reprochait régulièrement. Me rappelant qu'il y avait mes filles, me demandant ce qu'elles feraient si je n'étais plus là. Elles avaient encore leur mère ou encore mieux Priam et Lorcan. Mais j'ai passé des années à étudier l'esprit humain, ça me permet d'en jouer afin de ne pas éveiller les inquiétudes. Le fait que je n'aime pas parler de moi jouait également en ma faveur... La seule capable de briser ce masque était une italienne au caractère aussi volatile que le mien...

Si elle me posait des questions, je prendrai le temps de lui répondre mais actuellement c'est savoir ce qu'elle avait vécue pendant ses dix neuf années qui m'intéressait. Le feu des projecteurs, la mise en avant et les travers de cet univers de merde... L'écoutant attentivement, je prêtais attention à chacun de ses gestes. Elle était tombée dans les même travers que moi, par une voie différente mais le résultat final restait le même. Si elle était en train de me demander de l'aide, j'étais encore une fois la pire réponse possible... Comment sortir quelqu'un d'un endroit ou l'on est soi-même encore prisonnier... Pour dire vrai, je ne cherchais même pas à en sortir...

Détournant le regard, je me mis à souffler du nez, avalant une nouvelle gorgée de bière. Pourquoi est-ce que j'avais un élan de culpabilité qui me remontait soudainement ? Tu tiens peut être ça de ton père... Passant une main dans mes cheveux avant de relever la tête suite à cet aveu. Même si c'était improbable que ça vienne de la génétique, on se ressemblait sur ce point là. Trinquant à notre rencontre, elle m'avoue que la perte de son jumeau n'aidait en rien. Suite logique de son enfer... Tu as été accompagné ou ils t'ont laissé te débrouiller avec ça ?