lost in fire (lena)

tête contre la vitre, moteur allemand qui bourdonne à peine. défilé de néons que les pupilles retiennent, cherchent à s’exiler de la pression. de ce goût âcre encore sur mes lèvres. baisers nauséeux, de ceux qu’on convoite pas. aucune envie, aucun désir. juste un jeu sans vie. un rôle à jouer. trop dur à supporter, cette sensation d’être un minable tapin. princesse en perdition. couronne qui se fracture, dignité jetée à la mer. l’impression d’être sale, plus encore quand sa main serre la peau de ma cuisse. me ramène sur terre, frappée à nouveau par la médiocre réalité. quand l’âme ne vibre plus. cherche à se bousiller pour se délester des émotions. des sentiments. ceux qui bouffent, toujours. trop forts. trop vite. l’esprit encore paralysé par ta présence c’soir, par tes mots. ceux qui sont restés absents beaucoup trop longtemps pourtant. aujourd’hui, renaissent en soulevant le cœur. vestiges d’une relation trop passionnée, palpitante, addictive. se termine par l’oubli, le manque, le silence. comme à chaque fois. toujours la même déception, le même échec. accent russe qui résonne quand la voiture s’arrête. arrivée, enfin. pressée d’ouvrir la portière quand il me retient. dedans. - tu m’dis pas bonne nuit ? coeur qui tambourine. pas encore apte à faire le job correctement. entièrement. - plus c’est long plus c’est bon.. non ? les azurs téméraires jouent avec les siennes. charment. jusqu’à ce qu’il abdique, envouté bêtement par la mascarade. baiser arraché avec fureur, force l’étreinte avant de me relâcher. dégoût qui remonte, cherche rapidement l’air frais en dehors du mauvais carrosse. paume de la main qui essuie mes lèvres, goût du whisky encore persistant. poignet retenu, la valse est trop rapide pour que je percute de suite. toi. dos qui cogne les boîtes aux lettres. tape contre ton torse pour t’obliger à reculer. jette un œil à la ruelle avant de revenir à toi. - putain, tu fous quoi ici ?! tu m’as suivis ? fronce les sourcils. la voix qui éclate, relâche toute la pression de la soirée. - j’t’ai dis de pas t’mêler de ma vie bordel ! tu sais faire, non ? t’as toujours su faire.. partir sans te retourner. même pas une fois. main qui plonge dans le sac, cherche les clefs. - casses toi roméo. tourne le dos pour retrouver la porte de l’appartement. pas besoin d’un autre fantôme c’soir.

l’esprit bouffé par les questions. d’autres. pas les mêmes qu’avant. rendent le passé trop présent. moi qui m’étais rattachée à l’idée que t’en avais trouvé une autre. une qui valait l’coup que tu me laisses. j’me suis accrochée à cette idée pendant tout c’temps, pour donner une raison à ma peine. à ma rage. donner un nom à cette rancoeur qui ne s’est jamais vraiment éteinte. endormie, avec tes souvenirs. ceux que t’as laissé traîner en partant. le coeur qui tombe jamais pour les bons. qui tombe trop souvent, garde des séquelles trop profondes pour faire comme si elles existaient pas. - j’arrêterais pas putain ! j’veux plus de toi dans ma vie, j’ai été clair non ? les billes qui s’embrasent. qui te haïssent encore. gardent en otage les derniers échanges. - dégage. de ma vie. de ma tête. de mes pensées. quand j’ai mis trop d’temps à essayer de t’oublier. clefs arrachées, tu déverrouilles la porte trop vite, impose ta présence. embaume mon appart de ton odeur. celle qui mettra longtemps à s’estomper. comme tout l’reste. les azurs qui glissent sur ta silhouette, vague de nostalgie. l’Italie oppressante, les terres damnés. qu’on a retourné ensemble, dévorant chaque recoin pour faire d’eux les nôtres. myocarde qui bataille, pour ne pas se laisser emporter. - mon prince charmant m’a pas sauvé.. faut croire qu’les contes finissent pas toujours bien. qu’les princes sont pas toujours courageux. froid est le timbre de voix. tes lippes qui se délient, touchent le sujet sensible. c’père qui me déteste. qui m’a rendue défectueuse. celui que je cherche dans l’amour d’autres hommes. rapidement face à toi, t’arraches le paquet des mains que je viens broyer entre mes doigts pour le balancer à terre. glisse sur le parquet, alors que mes yeux, eux, n’voient plus que toi. - tu m’menaces roméo ? ta mâchoire que j’emprisonne, te force à affronter mon regard.