(styx) les murmures de la nuit

tu le connais ce moment où plus rien n'a d'importance ? celui où tu t'échappes de tes pensées et de ton quotidien parfois un peu trop pesant. c'est ce que je vis en ce moment. ce que j'expérimente. un verre à la main. la musique à fond. la soirée bat son plein et pour une fois, je me laisse aller sur le sable. cette soirée est dingue. l'ambiance en vaut la peine. yeux clos, je m'enivre du rythme de la musique. me laisse submerger par cette vague euphorique. endiablée. mon corps bouge sur le même tempo que le son qu'on entend. verre à moitié plein cette fois. mes pensées me foutent la paix. bulle dans laquelle je me suis enfermé grâce à l'alcool. la dernière fois que j'ai bu autant, ça s'est fini à l'hôpital. l'hôtel est juste à côté, aucun risque de me faire percuter par une foutue bagnole. sourire sur mes lèvres, je me sens bien. je profite de l'une des dernières soirées du summer camp avant de rentrer. en un petit mois, je n'ai pas encore  pris la peine de passer une soirée seul. je m'autorise ce petit plaisir ce soir. je suis tellement dans mon délire, perdu dans cette liberté, que je ne te vois même pas te rapprocher de moi. tu pourrais être un·e détraqué·e et mettre de la drogue dans mon verre que je ne le capterais même pas. mon corps continue de danser presque indépendamment de moi. et quand je sens enfin une présence proche. toute proche. mes yeux s'ouvrent pour te voir. mon sourire s'élargit. je n'ai aucune idée de qui tu es mais si on dansait ensemble ?  

t'avais pas prévu de quitter ta chambre, tes membres étaient au bout de leur vie après les jours intenses que t'avais vécu ces derniers temps, la compétition battait son plein actuellement et t'allais forcément y laisser des miettes. tu ne parvenais donc pas à fermer l'oeil de la nuit, alors qu'étrangement t'avais trouvé un matelas plutôt confortable. à croire que tu t'étais finalement habitué à dormir sur des lits moins confortables, qui te broyaient le dos. décidant alors d'aller faire un tour à l'extérieur, la musique t'attira vers une soirée improvisée semblerait-il, ou alors t'avais simplement pas capté qu'il y en avait une, trop déconnecté de la réalité dernièrement. tu ne voyais plus tes amis, ni ta copine à présent. tu te sentais seul styx, complètement démuni. pourquoi pas aller te servir d'un petit verre avant de retourner te coucher ? peu t'importait de rester raisonnable, ta curiosité te poussait à te rapprocher de la musique, l'envie de t'amuser se faisant de plus en plus forte. mais parmi toutes ces têtes, tu vis celle d'arlan qui se déhanchait sur le sable. le même mood l'avait-il contaminé ? tu ne l'avais pas vu depuis un bon moment, alors tu te rapprochas de lui, sauf qu'il ne semblait pas te voir. sa mine semblait parfaitement ailleurs, tu répétas alors le mouvement de ta main devant son visage. — arlan ? comment tu vas ? tu t'étonnas d'abord qu'il soit tout seul, et qu'il ne soit pas dans son état habituel. — t'as bu ? son verre te faisait de l'oeil, pourtant tu te retins encore. était-ce sage de te contrôler?

soirée magique. hors du temps. je suis dans ma bulle. je ne capte rien de ce qui se joue autour de moi. c'est plus qu'un délire de mec bourré. je suis dans une autre stratosphère. une autre dimension. yeux clos. fermé au monde extérieur. mon corps se déhanche. se dandine. je suis connecté avec mes émotions. en phase. je me sens bien. sur une ligne constante. j'ouvre les yeux et tombe nez à nez sur toi. fin sourire sur mes lèvres. laisse moi quelques secondes, le temps que je me remette dans ta réalité. « Styx mon pote ! » je pose ma main sur ton épaule. grave content de te voir. j'ai l'impression que ça fait un bail qu'on ne s'est pas croisé tous les deux. plus aucun dialogue entre nous. silence radio. l'impression que nous sommes redevenus des inconnus. « bien et toi ? évidemment que j'ai bu. que serait le summer camp sans un verre ou deux ? » ou trois. je passe mon bras autour de ton cou et te tends mon verre. « t'as pas d'verre ? tiens, prends le mien... cul sec allez » t'as pas le choix de toute façon.

te voilà hors de ta chambre, hors de ta bulle protectrice. tu errais styx sous les étoiles, cela te fit du bien un peu, ruminant moins du coup que dans l'espace clos de ta chambre. tu t'attendais pas à débarquer parmi tous ces gens à guider tes pas au son de la musique, tu te laissais entraîner par son air envoûtant, comme s'il pouvait éteindre toutes tes pensées. c'était le cas et te voilà donc face à ce visage familier, les yeux fermés, déconnecté lui aussi du reste du monde. plutôt que de retourner dans la chambre, tes jambes te portèrent vers lui, l'appelant par son prénom. ta voix fit un effet immédiat sur lui, se réveillant pour te dévisager d'un grand sourire que tu ne lui connaissais pas. — t'as l'air heureux d'être ici. tu souris alors car il t'avait reconnu avant de sentir le contact de sa main sur ton épaule, proximité qui te réchauffa mine de rien, plutôt content de tomber sur lui. il te cacha pas son état et t'expliqua comment il vivait son summer camp. — à ce point là et tout seul à chaque fois ? tu tentas de comprendre, il n'était pas comme dans tes souvenirs, pas aussi expansif que ce soir en tout cas. tu ne bougeas pas car il semblait s'appuyer sur toi, qui sait ce qu'il serait arrivé si tu n'étais pas sorti. bref tu pensas qu'à son verre, qu'il approcha de toi. — en fait, je... dis, ça a l'ait fort. tu attrapas le verre alors que tu comptais refuser poliment. tu hésitas à lui rendre mais tu n'en avais plus envie, cédant à la tentation. sa présence même t'encouragea à le vider d'une traite, ça t'arrachait la gorge mais qu'est-ce que tu sentais plus léger après, et plus chaud. — il m'en faut encore plus et après on fait ce que tu voudras.

de toutes les personnes présentes au summer camp, t'es le dernier auquel je m'attendais à voir. les aléas de la vie nous ont poussés à nous éloigner. je ne peux m'empêcher de rire à ta remarque. j'ai l'air heureux ? non, j'ai surtout l'air bourré. j'ai pas vraiment de raison d'être heureux ici. alors certes je découvre des endroits magnifique. j'ai eu l'occasion d'admirer des paysages tous plus uniques et sublimes les uns que les autres. mais il me manque quelque chose. cette flamme que je pensais trouver ici. la déception est grande. et pour la première fois depuis le début du summer camp, je me lâche. je force sur la boisson malgré la blessure. « ça fait du bien de lâcher prise un peu, tu devrais essayer » clin d'oeil dans ta direction. sourcils qui se froncent en entendant ta question. tout seul à chaque fois ? « mh non, j'ai pas passé mon summer camp tout seul non » super la réputation de solitaire que je me tape. l'euphorie dans laquelle j'étais semble m'échapper. s'éloigner petit à petit sans que je ne puisse rien contrôler. changement de sujet, je te tends mon verre pour que tu profites aussi. y'a pas de raison que je sois le seul dans cet état là. « un peu seule!ent » rire presque innocent. c'est un peu fort, je te l'accorde. mais c'est surtout un bon moyen pour chasser tous les soucis. « tout ce que je veux shipley, t'es sur de toi ? » tout ce que je veux, réellement ? tu ignores surement tous les progrès en terme de sociabilisation que j'ai pu faire. toutes ces expériences qui m'ont permis d'avoir un peu plus confiance en moi. « viens on va te trouver de quoi t'hydrater un peu »

forcément que t'étais étonné de tomber sur lui, persuadé de croiser des visages d'inconnus ce soir là. tu ne cherchais pas vraiment à attirer l'attention styx, tu cherchais un moyen de te détendre coûte que coûte, n'importe lequel pouvant te faire oublier ta détresse quelques instants. t'avais subi de plein fouet le stress de la compétition et cette distance imposée entre toi et tes proches, te retrouvant dans une équipe avec quasi des inconnus. c'était peut-être pas la meilleure idée du siècle, l'heure de lâcher prise pour reprendre ses paroles semblait avoir sonné. tu rias alors, l'impression qu'il te prenait pour un éternel coincé. tu ne savais même plus ce qu'il devenait d'ailleurs, l'ayant perdu de vue depuis un bon moment. — hm depuis quand tu sais ce dont j'ai besoin ? que tu lui lançais d'un ton tout sauf sérieux, le sourire collé aux lèvres. tu rêvais déjà du liquide dans son verre qui te réchauffa instantanément, te poussant à livrer le fond de ta pensée. — d'accord, alors pourquoi ce soir c'est l'exception à la règle ? tu n'avais pas attendu sa réponse que t'enchaînas aussitôt, l'esprit soudain plus léger. tu commençais à oublier cette solitude et tout ce stress. — absolument tout. avais-tu réellement conscience de la réponse que tu lui donnais ? pas vraiment, les yeux s'illuminant de nouveau quand il te proposa de chercher de quoi t'hydrater. — allons là bas, je veux le même truc. tu finis par le suivre jusqu'au bar, puis tu fis rapidement signe au serveur de vous apporter deux nouveaux verres. — tu croyais quand même pas me laisser boire tout seul. tu rias de bon coeur, à cause du nouveau verre ou de la présence du geddes? à coup sûr, t'oubliais que la compétition n'était pas loin.

je ne connais pas la musique sur laquelle je me déhanche mais je la trouve cool. avec tout ce que j'ai consommé, tout me semble cool. merveilleux. d'une beauté sans fin. comme ta présence ici. heureusement que l'alcool est là pour me désinhiber. je ne suis pas aussi à l'aise en règle générale. pas avec toi en tout cas. « l'alcool me donne un troisième oeil » que je lâche en rigolant. je suis la madame irma du samedi soir sous substance. j'apprécie cette légèreté qui s'émane de nous. elle est appréciable. ta remarque me fait prendre conscience que ouais, j'ai effectivement un gros problème de sociabilité. tu penses que j'ai passé mon été tout seul et c'est tellement pas cool. j'ai passé mon enfance enfermé dans une solitude qui m'a traumatisé. j'essaie de m'ouvrir aux autres, d'être sociable mais cette étiquette semble me coller à la peau. « en fait je devais voir une fille mais elle m'a posé un lapin » je pouffe de rire. je suis un cas désespéré. « du coup j'me suis retrouvé là ... mais j'suis pas tout seul, t'es là toi » je me raccroche aux branches en pleine chute. j'accorde un peu trop d'importance à ce que peuvent penser les autres. sujet détourné quand tu prends mon verre. le bois. mon index se pointe sur ton torse. « tu risques de regretter cette phrase ! » on se dirige vers le bar et tu commandes deux verres. surprise qui n'en est pas vraiment une. « t'as du retard shipley, j'en suis à mon quatrième. j'te laisse rattraper ton retard » j'ai pas envie de finir la soirée déchiré, dans un blackout. ou si ? j'ai rien à perdre de toute façon. ce lapin qu'on m'a posé c'est l'histoire de ma vie. nos verres s'entrechoquent et je bois quand même une gorgée. « bon alors raconte ton summer camp là ! la compétition ? les meufs ? j'ai raté quoi tout ce temps ? » curiosité qui pointe le bout de son nez. je veux une petite update de ta vie maintenant

ouais t'ignorais parfaitement ce qu'il était devenu depuis la dernière fois. raison de plus pour rattraper le temps perdu. — c'est bien ce que je pensais, tu deviens quelqu'un d'autre. le geddes sous influence ça piquait ta curiosité mais ton sourire qui s'agrandissait se figea presque en comprenant le contexte, qu'il était dans cet état pour une bonne raison. — c'est pas de bol, mais crois-moi qu'elle est passée à côté du meilleur moment de sa vie, si elle nous voyait là maintenant. elle serait grave dégoûtée. c'était clair que le moment aurait été mémorable aussi bien pour elle que pour vous deux, son corps se dandinant et entourée de deux gars non dénués de charme. l'été invitait généralement les gens à réaliser tous leurs fantasmes et tu pouffas à cette pensée, peu certain d'avoir cette chance un jour, avant de te reprendre. — hum peut-être, mais j'ai pas envie de retourner dans ma chambre maintenant. ça fait combien de temps qu'on s'est pas vus toi et moi ? bref c'est l'occasion de me lâcher avec toi. décidément l'alcool t'était déjà monté à la tête, cherchant déjà à profiter d'un nouveau verre. ce que tu fis sans tarder au bar, pour rattraper ton retard. sauf que tu montras rapidement des signes de frustration. — m'en parle pas, c'est l'enfer. il y a pas longtemps, on a fait un trek dans le désert, ça m'a détruit. littéralement. ça t'avait marqué mais pas détruit comme tu le disais. t'exagérais peut-être mais tu voulais surtout te changer les idées là, ce qui n'était pas encore trop le cas. tu terminas ton verre et tu sentis vite l'alcool te réchauffer, comme il déliait ta langue. — ce summer camp il n'est pas exactement comme j'imaginais, il me rend pas joyeux, il me déprime. tu soupiras sans t'apercevoir qu'on te resservait. liquide qui te brûla la gorge une nouvelle fois, mais ton esprit se tournait vers le paradis. la mine réjouie, tu tournas ton faciès vers arlan. — et maintenant ? il faut que je t'aide à conclure ce soir ou bien t'as autre chose en tête ? tu restas un peu trop suspendu à ses lèvres, tu n'avais jamais attendu une réponse aussi impatiemment. ou bien les admirais-tu pour la première fois ce soir?

« j'ai envie d'être quelqu'un d'autre, j'en ai marre d'être moi » ce gars un peu trop timide pour draguer quelqu'un. celui qu'on prend pour le bon pote parce que je ne suis clairement pas un dragueur né. celui à qui on confie ses peines de coeur ou ses récents crush pour un autre. c'est toute l'histoire de ma vie. et le lapin qu'on m'a posé ce soir confirme ce sentiment d'exclusion. « si tu le dis » je me marre. vaut mieux en rire qu'en pleurer. et je crois profondément que si elle devait être dégoutée de quelque chose, ça serait de ta présence à toi. je ne fais pas le poids face à un mec aussi beau et intéressant que toi. mon estime en prend de nouveau un coup mais de toute façon, elle ne peut pas être plus basse qu'elle ne l'est déjà. surtout avec autant d'alcool ingurgité. « ça fait un longtemps. trop longtemps même. j'ai cru que tu m'avais rayé de ta vie » et c'est la vérité. j'ai pas voulu m'imposer mais le fait est que tu n'as pas donné de nouvelle ne m'a pas motivé à en donner. c'est pas grave, on va rattraper le temps perdu ce soir. le bar pour troisième compagnie. tu siffles un verre puis un second se rempli automatiquement. « j'imagine ouais ... ça doit être trop bien quand même. j'ai faillis faire le summer camp mais j'ai été blessé donc j'ai dû annuler. si ça se trouve on se serait retrouvé dans la même équipe » et ça aurait été le feu. surprise sur mon visage quand tu m'annonces que le summer camp te rend triste .« comment ça ? pourquoi tu dis ça ? » c'est triste. moi aussi je me sens triste. je pars dans quelques jours avec l'impression de ne pas avoir assez profité. « t'as dit qu'on ferait tout ce que je voulais ce soir ! » ça j'ai bien retenu. nouvelle gorgée de ce délicieux breuvage. je me rapproche de toi sans même m'en rendre compte. « j'en sais rien, j'ai juste envie de m'amuser sans réfléchir. passer une dernière putain de soirée sans me soucier des conséquences demain matin. c'est dans tes cordes ça ? » sourcil qui s'arque de provocation.

sa réponse t'étonna fortement. d'où il pouvait croire que tu l'avais sorti de ta vie ? t'avais toujours apprécié le bonhomme mais ces derniers temps, t'avais pas vraiment été là pour lui, tu le reconnaissais. tu comprenais aussi son désir d'être quelqu'un d'autre, toi même t'étais dans cette optique. heureusement qu'il t'avait emmené près du bar, t'avais pas envie de parler de sujets aussi sérieux ce soir, sauf qu'il demanda des nouvelles de la compétition. — tu t'es pas assez bourré la gueule j'crois, petite taquinerie pour détendre l'ambiance après les mots lourds de sens que t'avais sorti. — en fait, c'est ce que j'aurais dû faire dès le départ, demander à nous mettre dans la même équipe, on ne se serait plus lâchés toi et moi. rire qui te coupa, breuvage qui fit maintenant effet, te rendant plus joyeux. t'espérais même qu'il ne vit pas ton mal être mais c'était sûrement trop tard. — car je peux pas profiter d'ol.. de la course comme je veux. merde t'étais à deux doigts de parler d'elle, de son absence qui te pesait et tu ne te sentais pas bien pour une autre raison également. depuis trois ans, l'été revêtait une saveur particulière que même l'alcool ne pouvait pas l'effacer. — quel été de merde ! heureusement qu'il était là car sa voix te ramena sur terre, t'étais bien content qu'il se soit rapproché aussi. tu retins ton souffle quand il répéta tes mots. — j'ai dit ça ? en fait ça dépend pour quoi t'es partant, je suis... tu t'arrêtas pour l'écouter, soudain amusé qu'il soit aussi cash avec toi. c'était bien un arlan différent que tu voyais ce soir. sa présence valait bien mille joints, ou l'alcool embrumait ton esprit? — alors tu veux vivre une putain de soirée ? ça y est, tu m'as convaincu geddes. tu terminas ton nouveau verre et arborant un sourire énigmatique, tu le lâchas pas du regard. tu partis rejoindre les autres danseurs, fis quelques pas au son de la musique, tu commençais ou tu planais déjà styx mais t'attendis simplement qu'il soit à ton niveau pour attraper ses épaules. — on parie quoi que tu tiens pas debout jusqu'à la mer ? que tu finis par lui sortir dans l'oreille, une lueur de défi dans les yeux. il voulait pas vivre un truc de dingue et elle était à côté, non?