ma mère m'a appelé hier matin pour me dire ce qu'il s'était passé. je sortais de la chambre de Dina où j'ai passé la matinée après une nuit éclatée où j'ai dormi sur un espèce de matelas de merde dans une ville fantôme. Sim nous avait fait tout un cirque la veille au soir parce qu'il a peur de ce genre d'histoire de revenant donc dormir ici, ça l'a pas vraiment rassuré. quand elle m'a dit que tu avais été enlevé, mon sang n'a fait qu'un tour et j'ai jamais été aussi réveillé. j'ai attrapé mes affaires et décidé de rester à l'hôtel en expliquant en vitesse aux mec. j'ai passé une journée immonde, à stresser, avoir peur pour toi, m'inquiéter de ne pas te retrouver. putain si jamais il t'arrivait quelque chose je m'en remettrais pas. je veux pas te perdre, c'est impensable que je te perdre.
cette journée fût longue, trop longue. j'ai tourné en rond, j'ai été comme un lion en cage. t'es pas revenue et je te jure que j'ai cru mourir. je suis rentré à l'appartement qu'on avait trouvé avec mecs pour être entouré et pas rester seul comme un con. aujourd'hui j'ai fait le km en stop une boule au ventre, j'ai passé la journée à me demander ce que j'allais faire si tu revenais pas. pourtant une lueur est toujours rester allumée au fond de mon coeur, comme si un truc allait s'éteindre le jour où tu partirais et que .. je pourrais le sentir. une fois à l'hôtel quand j'ai vu la orde de flic dehors j'ai compris. je suis allé m'isoler dans les toilettes de l'hôtel pour lâcher quelques larmes. je voulais pas qu'on me voit comme ça, fragile et aussi touché. mais putain ce que j'ai eu peur. après quelques messages échangés avec Aimee, j'attrape un pull et je monte les étages en direction de ta chambre. je toque, ouvre la porte timidement hey. je te dérange pas ? les mecs doivent avoir prévu un truc ce soir mais j'ai pas envie de faire la fête, j'ai pas envie de sortir, j'ai juste envie d'être près de toi.

Les quarante dernières heures ont été chaotiques et tu as du mal à te remettre de tout ce que tu as vécu. Un enlèvement, une séquestration, une fuite, des heures de stop puis d'autres passées au commissariat local, des coups de fil aux ambassades... Tourbillon dans lequel tu as été emportée. Heureusement que Artur était avec toi, parce que tu ne sais pas comment tu aurais fait toute seule. À peine arrivée à l'hôtel, tu t'es enfermée dans la chambre que tu partages avec Aimee. Besoin d'être au calme, loin du raffut et des questions. Besoin de prendre une douche aussi pour tenter d'éliminer la crasse que tu as l'impression d'avoir sur le corps. Tu as tellement frotté que la peau est encore écarlate vingt minutes plus tard. Tu t'affaires ensuite à vider ta valise sur ton lit. Gestes mécaniques lorsque tu en sors un à un les vêtements, les accessoires et autres objets que tu trimballes depuis le début du summer camp. Nécessité irrationnelle de faire l'inventaire de tes affaires, celles qui ne t'ont pas été dérobées. Tu ne tournes même pas le visage vers la porte quand quelqu'un entre dans la chambre. Tu sais que c'est Valentin, c'est la seule personne que tu as accepté de voir ce soir sans compter Aimee qui reste sur son lit et qui ne prête aucune attention au nouvel arrivant. ― Non. La vérité c'est qu'il ne dérange jamais, même quand tu aimerais que ce soit le cas. ― Je suis juste en train de... De... Tu fronces les sourcils en regardant le bordel sur ton lit, tu ne sais même pas pourquoi tu fais ça, évidemment que toutes tes affaires y sont encore. Toutes sauf les plus importantes, celles que tu as toujours sur toi. Les yeux se remplissent de larmes et tu te tournes enfin vers Valentin.

je suis rassuré de te savoir saine et sauve. rassuré de te voir de mes propres yeux. alors ouais peut-être que physiquement ça va mais j'ose même pas imaginer comment tu te sens. la peur que tu as dû ressentir, la panique, la sensation que tu ne rentrerais pas. j'aurais tout cassé si on m'avait annoncé que je ne te reverrais plus. et en même temps une part de moi pense que je l'aurais sentie, j'aurais sentie une part de moi mourir avec toi. je viens toquer à ta porte, espérant pouvoir te voir quelques instant au moins. m'assurer que tu es ok, être sur que t'avais besoin de rien. j'imagine que t'as tout tes amis et tes proches autour de toi, tu dois pas avoir besoin de moi, quand bien même j'aimerais que ce soit le cas. je te regarde ranger tes affaires, Aimee sur le lit. elle dit vrai, elle ne compte pas bouger. on repassera pour l'intimité et les retrouvailles. tes gestes sont saccadés et en même temps ils semblent tellement brouillons. et je comprends très vite. t'es en train de perdre pied, t'es en train de tout lâcher. eh eh Pia que je te dis d'une voix douce quand je te vois bégayer et te tourner vers moi les larmes aux yeux. viens là que je te dis, tendant les bras dans ta direction, avançant vers toi. je te saisir par les épaules, te plaquant contre mon torse. une main dans ton dos qui te tiens contre moi, l'autre dans tes cheveux. mes lèvres qui se posent sur le haut de ta tête, dépose un baiser qui se veut rassurant. ça va aller petit coeur que je te souffle doucement, essayant de te rassurer.

Ta respiration s'accélère et la cage thoracique se soulève et s'abaisse trop rapidement. Ta vision se brouille, tu vois flou. Tu sais ce qui est en train d'arriver, et ça aggrave encore plus ton cas. Début d'une crise de panique, tu perds tout le contrôle que tu t'efforces à avoir en permanence. C'est rare que ça t'arrive, mais Valentin en a été témoin plusieurs fois dès son jeune âge, la première fois dans cette bulle à l'hôpital quand t'avais huit ou neuf ans. Il est le seul à pouvoir te calmer, comme si ses bras et sa voix étaient le remède à tes maux. Il est le pilier et l'équilibre de ton existence, il l'a toujours été. Tu le regardes, les yeux pleins de larmes et tu ne penses plus qu'à une chose : te blottir dans ses bras. T'oublies tout, aussi bien la haine que tu as eu contre lui que la rancœur et que ta décision de te tenir le plus éloignée possible de lui pendant un moment, jusqu'à ce que ton cœur cicatrise un peu. Là maintenant tu as besoin de lui. Et lorsque ton corps se retrouve serré contre le sien, il n'y a plus que vous deux qui existez. Tu fermes les yeux, cache ton visage contre son torse tandis que tes bras passent autour de lui pour l'étreindre. ― Ne me laisse pas... Pas maintenant. Jamais.

mon coeur s'est brisé en mille morceaux quand la voix de ma mère m'a annoncé ta disparition. j'ai eu la sensation de vivre toutes mes peurs dans le même cauchemar. je voulais me réveiller mais j'ai eu beau me pincer, elle était là la réalité, t'étais pas là. je me suis demandé si c'était ma faute. parce que si j'avais pas autant merdé, t'aurais surement été avec moi ce soir là et t'aurais pas disparu. mais avec des "et si" on refait un monde. j'ai tenté de prendre sur moi, tout en étant là pour les mecs, ne pas les lâcher pendant la compétition, rester focus et faire de cette peur un force. alors forcément quand j'apprends que t'es rentrée, que t'es saine et sauve, la pression redescend, j'évacue l'impuissance et l'angoisse avant de te rejoindre dans ta chambre. ce que je vois me crève le coeur. t'es apeurée, fatiguée, perdue. je voudrais être ta boussole, ta lumière dans les ténèbres. très vite je vois au langage de ton corps que t'es à deux doigts de vaciller et je t'attire contre moi. je serres ton corps contre mon torse, enroule mes bras autour de toi comme pour te créer un mur de protection, au moins le temps d'un instant. que tu sentes que rien ni personne ne peut t'arracher de mes bras et te faire du mal, je ne le permettrait pas. j'te laisse pas.. j'embrasse ton front, attrape ton menton pour que tu relèves ton visage, caresse la joue. j'te laisse plus jamais. j'suis là ok ? et je viens te serrer très fort contre moi. j'ai totalement oublié la présence de Aimee, il n'y a que toi qui compte, toi et personne d'autre.