Si on a eu l’occasion de se croiser durant les premières parties des vacances, la vérité c’est que nous n’avions pas encore eu le temps de passer du temps ensemble. Pas que ça me manque, mais merde, il faut avouer que pendant ce Summer Camp ils m’ont tous laissé tomber. Je suis toujours le pauvre mec oublié, à deux doigts d'être un pestiféré. Bon, à y penser de cette façon là, il est vrai, qu’on pourrait croire que je suis comme une petite copine qui se languit de son chéri tandis que ce dernier s’amuse de son côté. Ouais, une vraie fiancée éplorée.

Mais peu importe, aujourd’hui, je lui ai réservé sa journée – enfin sa demi-journée -, il retrouvera son équipe plus tard, et je ne doute pas qu’Haiwee, ce soir, saura traiter les futures courbatures que va lui donner cette randonnée. Après tout, dans la tente qu’ils vont devoir dresser, je suis à peu près certain qu’ils vont savoir se réconforter.
Bien que de nous deux, il reste le plus doué en tout ce qui touche les ascensions et l’escalade, ça ne m’empêche pas d’être équipé comme il se doit pour tenter de survivre à ce qui nous attend. De plus, c’est comme si on venait en repérage étant donné qu'il va devoir revenir ici afin d’y passer la nuit. Et je dis bien « comme si » parce que je ne voudrais pas qu’il soit accusé de tricherie, car il ne faut pas abuser, on ne va pas grimper jusqu’au Mont où ils vont devoir plus tard séjourner, non, on va se contenter de la surface des Andes, promis, je ne veux pas l’épuiser. C’est un simple avant-goût, je tiens à ce que mon poulain ne soit pas épuisé, c'est comme un entraînement, en toute honnêteté. Il est Rocky et moi Mickey, même si la référence est alambiquée.

Et quand le chauffeur qui doit nous mener à bon port arrive à l’heure prévue, je me retourne vers l’entrée de l’hôtel afin de voir s’il va bientôt débarquer. Mais pas un chat à l’horizon, alors, j’accuse l‘amérindienne plutôt que de blâmer le fait qu’il est cinq heures du matin et que c’est possiblement abusé. Sauf que ce n’est pas de ma faute, si je lui avais donné rendez-vous plus tard, on n’aurait pas pu profiter, et je n’aurais pas eu le loisir de voir sa tête de déterré. Ca, c’est ma vengeance parce qu’il fait équipe avec le mec avec lequel Lex croyait pouvoir me faire chier.

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Comme j’avais pu le prévoir, sa fatigue n’est pas difficile à deviner, son visage est bel et bien marqué. Cela dit, je ne sais pas si j’accuse le réveil matinal, la compétition dans laquelle il s’est embarqué, ou bien la brune qui partage son quotidien de manière presque officialisée. Dans tous les cas, ça me mène à sourire parce que j’ai réussi mon effet. De ma stupide vengeance, je peux m’en délecter. « T’aurais pu faire la grasse matinée toi aussi, » Habituellement, on dit bonjour lorsqu’on retrouve ses amis. « J’aurais pu. » C’est bien vrai, mais on n’a pas tous les mêmes occupations et il semblerait que je sois le seul à faire ceinture pour cet été. « Mais je n’ai personne dans mon lit. » Absence magistrale de la fiancée. Inutile de s’y attarder. Au moins, ça aide à se lever, même si mes couilles doivent en être devenues bleutées. Oui, je suis toujours aussi fan des clichés, ce n’est pas l’abstinence qui risque de me faire changer.

Puis c’est le chauffeur, la voiture qu’il me désigne, précisant que, « Tu le payes. Hors de question que je mendie une journée de plus, » un léger froncement de sourcils plus tard, je m’amuse à lui demander, « Quoi, t’es pas prêt à rejoindre les rangs des petites gens ? » Cela dit, je veux bien payer, évidemment. Et quand pour entrer dedans, il s’approche, il apostrophe, « l'âge avant la beauté, » un rire m’échappe et je préfère ne pas répliquer, grimpant dans le vieux tacot et m’installe à l’opposé. « Je t’épargne le discours sur le fait que l’âge matche avec la sagesse. » je ne peux pas me retenir de répliquer, une fois qu’il est assis à mes côtés. Dans le fond, en plus, c’est vrai, puisque je vais entrer dans la vie d’adulte en septembre lorsqu’il pourra toujours profiter de l’excitation de la rentrée. Merde, d’avance, ça pourrait bien me manquer. Quand le moteur démarre, je laisse le sujet de côté, pour revenir sur le plus important, « Alors comment se passe l’été ? » Ce sont les détails croustillants que je demande, entre autres ce qui concerne Bohème – Lex par extension – et Haiwee et leur relation. Une vraie commère, on pourrait presque penser que mes petites sœurs m’ont influencé.

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