Je ne saurais dire ce qui me dérange le plus dans ce moyen de locomotion, l’impression qu’il a été monté en kit, que le chauffeur va nous foutre dans le fossé, ou bien encore ces putains de touristes auxquels je déteste me mêler. Certes, j’en suis une, mais une de qualité. En aucun cas égale à ceux qui ont embarqué pour cette visite organisée.

Il faut aussi noter que durant le trajet, j’imagine au moins une dizaine de manières de me venger. De l’étrangler, parce que forcément, j’estime qu’il est totalement coupable de ma présence ici et de l’enfer que je m’apprête à vivre. Parce que c’est tout ce que ça risque de donner. Je ne risque pas d’avoir une révélation au sujet de la nature et de la terre, la beauté.

Alors après plusieurs kilomètres avalés, le moteur s’arrête et dans une volonté de n’effleurer personne ou encore leur donner l’occasion de me toucher, je laisse descendre le peuple et ne fais ma sortie qu’en dernier. Une fraction de seconde après, j’entends le timbre de sa voix m’interpeler. « Prends ton temps, surtout. » C’est que l’homme est soudainement pressé ? Le volcan ne risque pas de bouger, « Je suis surpris que t'aies survécu au trajet, entourée de la plèbe. » Un sourcil arqué lorsque j’arrive à sa hauteur, je lui précise, « On garde toujours le meilleur pour la fin. » et pour ce qui est de la seconde partie de sa réflexion, je commente, un rictus dégouté parant mon expression, « Je n’ai tué personne, mais la journée ne fait que commencer. » Accompagné d'un sourire putassier. J’ai encore tout le temps nécessaire pour écraser un parasite sous mes pieds. « Faut suivre le guide pour la randonnée. On y va ? » Ce n’est pas comme si j’avais réellement le choix, maintenant que je suis là. Cela dit, avant d’approuver la proposition, je l’indexe et lui souligne, « J’ai laissé mes Louboutin au placard pour toi, j’espère que tu notes l’effort. » Et que je sois en basket mon inconfort. Et commençant à prendre le même chemin que le petit groupe, je me permets tout de même de lui demander. « La compétition, ça ne te suffisait pas ? » En termes de souffrance et d’activité sportive à gerber.

I am not a muse
I am the somebody
End of fucking story.

La menace est peut-être faite en l’air, pour la forme et parfaire mon image de reine à l’ère glaciaire, il n’en reste pas moins, que l’homme se tenant devant moi sait très bien ce que je suis capable de faire lorsque je suis en colère. Qu’il est celui que j’envoie au combat lorsque je menace de procès quiconque me défiera. « J'espère que tu me comptes pas sur la liste. » Non, pas encore… Je préfère mes victimes tout de même un peu plus malléables et dociles.

Et lorsque je lui signale mes Louboutin au placard, j’en craque un sourire vicieux quant à la réponse que je viens de recevoir. « Ça égalerait presque toutes les fois où je t'ai évité de finir en cellule. » C’est un tantinet trop même pour lui, n’est-ce pas ? Quand je m’amuse c’est toujours dans les règles de l’art, je ne voudrais pas que mon image pâtisse de stupides histoires. Alors je plisse le regard, et secoue le visage, balaie la possibilité d’un tour en prison d’un revers de main, avant de revenir sur la compétition devenue son quotidien.

Si je m’attends à ce qu’il me dise qu’il s’en fout, qu’il s’ennuie, qu’il regrette aussi, je ne pensais absolument pas qu’il me planterait un truc tel que celui-là ; « Si, mais c'était ça, ou me terrer dans un endroit en ville en attendant la prochaine épreuve. Je préfère encore faire une activité. » C’est intéressant, le mot terrer, ça me fait tilter et presque, ça en est au point de m’inquiéter… Enfin, si je possède vraiment la capacité de me faire du souci pour quelqu’un. « Je suis dans la merde, Wendy. Il y a certaines personnes que je dois pas croiser. » A présent, je dirais que c’est intriguant. Comme si j’avais basculé dans l’un des films de mon père, je lui imagine la mafia aux trousses et le risque de meurtre bel et bien présent. Néanmoins, plutôt que de lui inventer de nombreux scénarios, je préfère l’interroger directement, « T’as buté quelqu’un ? » autrement dit, détaille, parce que je pourrais te renvoyer à croire que tu dérailles.

I am not a muse
I am the somebody
End of fucking story.