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Soundtrack

La levée de fond se dérouillait à merveille. Il travaillait là-dessus depuis septembre. À travers les différentes options visant à mousser les contributions privées à la fondation d’Harvard, il avait écumé un nombre incalculable de propositions de programme de recherche qui pourrait se révélait porteur à travers les différentes facultés de l’université. L’idée était de présenter un projet unifiant et inspirant auxquels des donateurs auraient envie de s’identifier. Au-delà du projet, il fallait également que les professeurs impliqués soient également vendeur.

Et c’est ainsi qu’il était tombé sur la Pre. Wright. Jeune, dynamique, énergique et bonne communicatrice, sexy dans tous les sens du terme, elle représentait la candidate parfaite. Depuis janvier, il faisait la promotion de son nouveau projet de fouille à d’anciens gradués de l’université, des gens d’affaire de la région, des entreprises diverses. Et tous ces efforts culminaient aujourd’hui.

Ils avaient nolisé l’un des bateaux de croisière qui offrait des excursions permettant d’aller rencontre des baleines, au large de Boston pour en faire un souper-événement bénéfice. Une partie du prix du billet serait reversé à la fondation, pour financer le projet de la jeune archéologue. L’équipe de George avait fait montre de beaucoup de créativité pour personnaliser et ‘upscaller’ l’événement, que ce soit au niveau du menu, de la carte des vins et de l’ambiance.

Et le clou du spectacle ? Un peu après le souper, une petite conférence de l’experte elle-même.

Aussi occupé qu’une abeille ouvrière, George saluait les invités tout en réglant tous les petits imprévus et les mauvaises surprises qui ne manquaient jamais de subvenir dans de telles circonstances. Jusqu’à ce qu’il ne finisse par apercevoir Ilithya, à babord, en train de regarder un couple de cétacé s’amuser à la surface de l’eau. Il décida immédiatement d’en faire sa priorité.

« Oh, mais que vois-je ? Ne serait-ce pas la reine de la soirée ? Comment allez-vous, professeure Wright ? »

Sans vraiment hésiter, il allait lui faire la bise. Le fait qu’elle soit mise de l’avant dans cette campagne de financement avait fait en sorte qu’il avait été appelé à souvent travailler avec elle durant la dernière année. D’où la familiarité.

« Alors, tout se passe bien ? Tu t'amuses ? Prête à impressionner la galerie et à les jeter en bas de leur chaise? »

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Soundtrack

Le vent du large faisait occasionnellement voltiger la très élégante tenue de la sensation du moment, entourée pour le moment d’une aura de gloire qui tenait encore la majorité des curieux à distance. Il savait pourtant que tous ici présent ce soir espérait, plus ou moins secrètement, avoir l’opportunité d’échanger un moment avec la jeune professeure.

Et il les comprenait! Pour avoir eu le plaisir de partager plusieurs séances de travail avec elle, sa présence égayait n’importe quelle journée.

« Ah! Ok, ok, pas de fausse modestie : je suis doué dans ce que je fais, je l’admets. Mais ce que je fais, c’est mettre de l’avant les projets porteurs, les rêves, les micro-révolutions imaginées par les profs incroyables qui ont choisi Harvard comme maison. »

Personne ici ne venait encourager George Cavendish. Enfin, presque. Les gens souhaitaient simplement entendre parler la Pre Wright de son projet, de ce qu’elle croyait y trouver, de l’impact que tout cela risquait d’avoir sur notre compréhension de l’histoire et d’un peuple qui avait inspiré d’éléments des civilisations subséquentes. Les gens voulaient faire partie de cet accomplissement. Et à défaut de posséder les compétences requises pour accompagner Ilithya dans ses fouilles, en la finançant, ils faisaient un peu partie de l’équipe.

C’était exactement cette idée que George leur vendait.

« Que ce doit être formidable de savoir que tes pairs te soutiennent dans ce projet. C’est probablement ce qui me fascine le plus dans ce genre de projet. Cette collaboration internationale, où tout le monde espère la réussite de son prochain pour le bénéfice de l’humanité plutôt que de jouer des petites guéguerres d’influence d’égo. Je te jure, chaque fois que j’organise des événements pour les financiers, je dois passer un solide 24h à réfléchir au plan de tables et à le faire valider par une dizaine de personne, pour ne pas que les gens en viennent aux coups! De vrais ados!»

Il exagérait, bien entendu, mais le mondain n’intéressait personne.

Il se passa ensuite un petit quelque chose qui vint temporairement assombrir l’esprit de l’archéologue. Ce n’était pas la première fois qu’il observait une telle réaction de la part de sa partenaire lorsqu’il était question de ce projet. Il n’avait cependant jamais osé demander de précision sur les émotions qui l’habitaient lors de ces moments. Par bienséance. Il se permit néanmoins de tenter de la rassurer et lui posant une main sur le bras gauche.  

« Hey – tout va bien aller, tu verras. Je m’excuse, je sais que tout ce processus, toute cette force avec laquelle l’université te lance constamment sous les feux des projecteurs doit te mettre une pression pas possible. Si jamais tu aimerais qu’on ralentisse, n’hésite surtout pas à me le dire, d’accord ?  »