A l’aube d’un nouveau Summer camp, elle éprouve une excitation croissante en son être, à la pensée de la prochaine compétition, mais surtout parce que cette année c’est différent des deux étés précédents. Elle a ses lèvres qui se courbent légèrement, rien qu’à y resonger. Pour le premier, elle ne savait pas où elle mettait les pieds, elle voulait tellement l’impressionner, lui prouver qu’elle n’était pas seulement une gamine naïve sortie de sa forêt. Le second avait encore une autre saveur, elle se débattait avec les affres de son cœur, après une séparation qu’elle ne pouvait tout simplement pas supporter, un échec que d’essayer de s’éloigner. Alors pour ce troisième, elle a de grands espoirs, comme s’ils se trouvaient réellement aux portes d’un tournant de leur histoire. « L’exception qui confirme la règle… » Elle s’extirpe de ses pensées pour lui décocher un regard de biais, un fin sourire venant se dessiner sur ses lèvres à comprendre les mots qu’il vient de prononcer. Elle espère ne pas l’entendre de travers, que l’exception, c’est elle, leur relation. Par pudeur ou bien crainte de le voir se fermer, elle choisit de rester silencieuse tandis qu’ils continuent d’arpenter le hall d’entrée de l’hôtel.

Et lorsqu’il approche de sa silhouette, éprouve la hanse de son sac, elle retient son souffle avant de planter ses yeux dans les siens, tandis que lui triture l’oiseau tonnerre de sa main, arrachant à Haiwee un sourire malin, même si elle a changé, à l’intérieur, elle reste la fille qu’elle a toujours été. « Tu veux peut-être que je… » Leur proximité nouvellement assumée, ça lui fait tourner la tête plus que ça n’est autorisé. « Tu ne vas pas pouvoir m’assister tout l’été. » même si elle apprécie qu’il veuille l’aider, qu’il soit si attentionné, d’ailleurs pour le lui signifier, elle caresse du bout des doigts, son avant-bras. Elle n'a pas envie de devenir un cliché, celui de la fille fragile qu’un trio d’homme va devoir traîner. Elle est probablement plus forte qu’elle ne l’a jamais été, galvanisée par ces sentiments qu’il semble assumer, partager.

Alors ils arrivent au niveau de l’accueil, elle en fronce les sourcils lorsque l’hôte leur explique – à peu près – que les chambres doubles sont toutes occupées, si ça amuse Sheng, elle, c’est de façon spontanée que ça la contrarie, « Pas grave, » un peu car elle refuse d’avance de ne pas dormir avec lui, « Elle est souple. On prend. » A l’inverse de l’amérindienne, il est beaucoup plus indécent lorsqu’il est question d’afficher la réalité de leurs charnels instants.
La clef récupérée, ils se dirigent à présent vers l’étage désigné, ce n’est qu’une fois dans l’ascenseur, qu’elle articule ce qui tourmente ses pensées, un détail auquel elle n’avait pas vraiment pensé lorsqu’elle se préparait à cet été. « D’ailleurs… » parlant de cette souplesse évoquée, des quelques nuits qu’ils vont passer ici, et du fait qu’elle espère profiter de lui, « Tu les vois comment ces deux mois ? » ils ne sont pas sans savoir que le programme est différent cette année, que c’est l’aventure qui prime sur la luxure. Qu’ils vont devoir s’adapter, vivre chez les habitants, et le tout en restant avec les deux autres participants… « Niveau intimité. » Autant être claire, noter le problème qu’elle s’essaie à aborder. Parce qu’elle, elle n’est pas certaine de pouvoir résister à l’attraction indéniable qu’elle ressent lorsqu’il est tout prêt.

Dans sa tête son idée est plutôt claire, mais elle ignore si elle a réussi à correctement lui exposer, ce sont des sujets qu’ils abordent peu souvent, surtout lorsqu’il est question de discuter de près ou de loin de sentiments. Haiwee, elle prend tellement de pincettes pour ne pas le voir tourner les talons, qu’elle s’en devient incertaine à la moindre de ses propres questions. Mais quand il reprend, elle exulte un soupir de soulagement. « Tu as peur que leur présence m’empêche faire quoique ce soit ? » Au moins, elle n’a plus de crainte quant au fait d’avoir été comprise… Elle parlait bien de la présence de ses amis, d’être en manque de moments seule avec lui.

Alors qu’elle amorce un mouvement de visage, hochant par la positive afin d’approuver l’interrogation qu’il a prononcé, ses craintes ainsi dévoilées, mais son geste s’avorte ou presque à la faveur des portes qui s’ouvrent et du commentaire que l’étudiant ajoute, avec un air un brin trop honnête qui la déroute. « Façon… Il est formellement interdit aux sportifs de haut niveau de céder aux plaisirs de la chair la vieille d’une compétition. » Finalement, elle continue d’osciller sa tête de haut en bas, plus lentement cette fois… Elle assimile cette étrange vérité, elle se veut même disciplinée bien qu’elle peine à dissimuler le fait qu’elle est dépitée. Du coup, lorsqu’il sort de l’ascenseur en premier, elle s’entend tenter de l’arrêter à l’aide d’un « Je… » rapidement étouffé, parce qu’elle le sait inutile d’avance, elle ne sait tout bonnement pas comment riposter contre une phrase telle que celle-là, surtout qu’à le voir s’éloigner, elle finit par comprendre qu’il n’a pas parlé au premier degré. Malgré tout le temps passé dans cette société, elle a encore besoin de s’y ajuster.

Une fois dans la chambre, il se déleste de son sac, et en un mimétisme presque parfait, elle laisse aussi tomber le sien. Un sourire pare naturellement ses traits à le regarder s’allonger, prendre ses aises et apprécier le moelleux de ce lit une place qui déplaît à Haiwee… D’ailleurs, elle observe le second, sans cacher son expression, cette évidente contrariété mêlée à la déception. « On vire le chevet ou pas ? » Les paupières plissées, elle vient planter ses prunelles dans les siennes, faussement vexée par ces mots qui ne sont pour elle, pas une véritable possibilité. Mais parce qu’il est dans un instant taquin et joueur, elle veut volontiers entrer dans la partie, parce qu’il n’est pas nouveau qu’elle adore jouer avec lui.

De fait, elle s’assoie, bien docile, face à lui, sur l’autre lit. Ses coudes plantés sur ses cuisses, elle va poser son visage dans ses paumes … Et l’étincelle maligne dans les yeux, elle se fait innocemment provoquante pour lui rétorquer, « Non, autant qu’on s’habitue tout de suite à la chasteté. » elle bat des cils, amusée et lui offre après plusieurs secondes un sourire carnassier.
Elle s’allonge à son tour, feint d’avoir clôturé le sujet, avant d'ajouter « Sinon on peut toujours se serrer… » elle propose d’une voix amusée, sa vision fixée sur le plafond, elle tente de minimiser à quel point cette alternative lui plaît. Puis elle opte pour l’honnêteté, en une expiration, « Oui, j’ai peur que tu ne me touches pas. » Que le bal n’était qu’un moment hors du temps.  

Elle parle de leurs prochaines nuits, certes, mais aussi de tendresse, de caresse, de cette affection qui borde parfois, en catimini, ses gestes. Elle craint de le voir reculer, que l’avancée du bal de fin d’année ne s’efface. Que la sensation d’être officiellement avec lui ou plutôt lui avec elle, car de son côté, elle lui appartient depuis qu’ils se sont rencontrés, ne reste qu’en surface. « Tu sais qu’on ne sera pas si souvent chez l’habitant… » Cependant ils seront souvent entourés par d’autres gens, autrement dit, une centaine de possibilité d’occasions manquées.

Elle soupire longuement, victime de ses incertitudes qui persistent et dont elle souhaite tant se débarrasser, elle s’interroge d’ailleurs afin de savoir si elle saura finir par y croire. Elle qui l’a attendu si longtemps, elle se refuse à voir devenir éphémère ces instants. Tandis qu’elle éprouve le poids de son corps venu la rejoindre sur le lit, si bien qu’elle décline son regard vers lui, légèrement – malgré tout, toujours soucieuse – elle lui sourit. « C’est pourtant simple, il doit y en avoir… Dix au maximum. » Lui faisant le décompte en dépliant ses doigts, son ton est assuré au moins autant que l’acte qui va en découler. Sa paume venant à la rencontre du creux sensible de son derme, au niveau de sa hanche. Son sourire si léger, elle le souligne de la pointe de sa langue, avortant un soupir alors qu’elle se sent chancelante. Elle se damnerait volontiers pour ces émotions que lui procurent ses attouchements, son corps s’embrasant lentement, elle voit ces dix jours à l’image d’une torture maintenant quand il les voulait rassurants. « C’est ridicule. » Peut-être que oui, elles le sont, elle tout comme ses insécurités. Elle en est pleinement consciente quand sous son joug, elle flanche. « Tu m’rejoins avant de descendre ? » Il propose tout en jouant avec le tissu de son débardeur, une invitation qu’elle est incapable de refuser. « D’accord. » Elle articule, un tantinet fiévreuse, cependant, elle se contente de se redresser dans le lit pour l’observer prendre ses affaires et par la suite, dans la pièce adjacente, disparaître.

Elle s’autorise quelques secondes, histoire de se retrouver une contenance mais aussi une certaine dose d’assurance, car si elle est fébrile entre ses phalanges, elle a à présent la capacité de se vanter qu’elle sait comment lui rendre cet effet. Puis elle se relève, récupère à son tour des vêtements et emprunte dans la foulée, le chemin pour le retrouver. Une fois à l’intérieur de la salle de bain, elle tortille ses habits entre ses mains, retenant sa respiration face au tableau flou qu’il lui offre. Dénudé à accueillir la pluie d’eau qui dégringole sur ses épaules… Derechef la fièvre de l’amérindienne revient, de fait, elle retire sa tenue, bien qu’elle en fasse encore de temps à autre les frais elle tente d’omettre sa pudicité lorsqu’elle entre entièrement nue dans la douche, derrière sa silhouette. Elle appose ses paumes contre son dos, sa bouche contre son épaule, « Et… » ses mains glissent sur ses flancs, elle l’encercle de ses bras, et s’amuse à descendre lentement ses doigts. Elle s’arrête à la lisière de son intimité, ses empreintes caressant la naissance de sa pilosité, « Moi, j’aurai le droit de le faire ? » te toucher, au gré de ses envies, quand ça lui plaît.