Il se dévoile à toi, comme un homme faible, qui ne peut vaincre ses démons, écrasés sous leurs poids. T'en grimaces doucement, parce que dans le fond, t'aurais pu finir comme ça, t'aurais pu ne jamais te relever de la mort de tes parents même maintenant plus de vingt années sont passé depuis cet événement. T'aurais pu aussi te laisser aller à ses démons quand tu as réalisé que tu n'étais pas normal, quand tu n'arrivais pas à bander devant cette superbe fille nu à l'époque, quand t'as réalisé que c'est les fessiers des hommes qui t'attirait bien plus que les seins des demoiselles. Anormal voilà ce que la société t'as collé comme étiquette et t'aurais pu en avoir peur. T'en a eu peur. Longtemps. Mais t'as fini par affronter ça, à le surmonter pour au final te permettre d'être l'homme que tu es aujourd'hui, au grand malheur de certains, mais pour ton plus grand bonheur à toi. "Tu ne sais pas ce que tu loupes." T'essaie un encouragement à ta façon, plus que certain de tes prouesses sexuelles, mais surtout pour parler un langage que l'Ange semble adorer. Provocation légère qui peut-être le poussera, pour quelque heures, à être clean un de ces jours.

Il panique, s'exclame, te proposer un autre endroit que chez lui. Lieu que tu connais, que t'affectionne et dans lequel tu ne comptes pas le laisser malgré les mots que tu prononces. Menteur, tu ne le nieras pas, t'espères juste que la conclusion de cela ne se terminera pas dans les cris et les pleurs de l'homme. Tes voisins te maudirons, t'en est certain si une telle chose venait à se produire un soir de semaine. Ange pressé, qui récupère les béquilles que le barman lui tend, probablement ravi de le voir décamper pour ainsi, pouvoir fermer boutique. Tu lui tiens alors la porte, le barman te demandant alors discrètement si tu comptes réellement l'amener ailleurs. Pour toute réponse, il obtient un haussement d'épaule. Tu le sais que l'Ange est au aguet, qu'il écoute vos échanges. Chiot aux oreilles indiscret, alors pour sûr, tu ne compte pas te trahir. "Ma voiture est un peu plus loin." Tu laisses la porte se fermer derrière vous, marchant à ses côtés sur le trottoir afin d'éviter toute nouvelle chute.

Un léger rire franchit tes lèvres en guise de seule réponse à ses propo. Un sacré bon coup ? Peut-être que tous ne te considère pas comme tel, tu ne peux pas satisfaire tout le monde, tout comme tout le monde ne te convient pas. T'as quand même quelque critères en plus de ceux que t'as exposé à l'homme en face de toi. T'es pas du genre à prendre le premier venu, préférant à ce moment là, faire une partie de cinq contre un, plutôt que de finir dans le lit d'un type que tu ne juges pas digne de ta personne. Trop hautain comme phrase ? Peut-être, mais tu n'as clairement pas envie d'avoir tout les gays de Boston sur ton tableau de chasse, t'es sélectif. Et lui, clairement y a quelque chose qui te plait, peut-être le syndrome du héro, l'envie qu'il te voit comme tel parce qu'il y a cet éclat dans ses yeux, ses mots qui témoignent... Mais est-ce réellement bien raisonnable de ta part d'ainsi vouloir jouer un tel rôle. Aider un chiot égaré temporairement, pourquoi pas, mais clairement pour le long terme, t'as pas les épaules pour. Tu supportes déjà ta famille et tes propres bagages. T'es pas assez large pour supporter le poids du monde.

T'invite l'homme à te suivre, parce que tu lui mens, lui faisant croire que tu vas lui offrir la délivrance qu'il espère tant alors que ton but est tout autre. Cruel, tu peux l'être, tu ne sais d'ailleurs pas comment il va réagir quand il comprendra le pot au rose... En tout cas, probablement pas positivement.... Et ça commence même déjà alors que tu lui parles de ta voiture. Tu l'observes sans comprendre, tu piges pas son délire, mais peut-être a-t-il eu un accident récemment en voiture et qu'il n'est pas encore remis. Ce qui expliquerait les cannes, l'idée que cela soit à cause de la tragédie du TD Garden ne te vient nullement en tête. "C'est bon, j'ai compris. Du calme." Tu le détourne alors de ton véhicule, une fois que tu comprends ce qu'il se passe. Chiot apeuré, en état de stress. Tes mains sur ses épaules, t'essaie de le faire te regarder. "On y va a pieds." Ta nuit vient clairement de se raccourcir encore plus, tu ne vas clairement pas être frais pour ton examen de demain. La misère. T'as pas la possibilité de le louper et pourtant t'as l'impression que si tu retrouves pas ton lit rapidement ça va clairement mal finir pour toi demain. Trop fatigué pour lire correctement les chiffres, pertes de temps inutiles à ne pas réussir à faire de calcul mental simple à cause du manque de concentration du à la fatigue. Ouais, un beau calvaire en perspective.

Tu ne connais pas son passé, tu ne sais rien de ce qu'il a vécu, mais il est aisé pour toi de constater à quel point l'homme à qui tu fais présentement fasses est brisé. Plus que toi, plus que n'importe qui que tu connais. Déchéance de son âme, peur avide de le dévorer. Il est une proie pour ses démons. Aurais-tu finis ainsi après l'attentat si t'avais pas été adopté par les Hackman ? Aurais-tu fini par avoir des peurs insurmontables comme lui ? Oui, il t'arrive de paniquer, de ne pas supporter des bruits trop soudain, trop fort, comme des explosions parce que même si tu n'étais pas dans les deux tours, la déflagration à été entendue au loin et tout explosion te ramène à la mort de tes parents. Mais ton traumatisme semble bien dérisoire comparé à ceux de l'Ange.

Il semble d'ailleurs réticent à ce que tu l'accompagne, non pas pour le voir chuter encore plus bas, mais parce qu'il pense à toi, au kilomètre que tu ferais en faisant des aller retour. Ta nuit va être courte, tu te fais clairement à cette idée, t'as pas trop le choix non plus, tu ne vas pas le laisser seul. Tu pourrais, tu ne le connais pas et même si tu traines souvent au Queer c'est pas obligatoirement que vous allez vous reparler ou même vous recroiser. Il est un inconnu pour toi et inversement également.

Tu le laisses prendre les devants, le laissant te contourner pour prendre la direction qu'il pense être la bonne. L'alcool doit pas aider son sens de l'orientation, chose qui sur le coup t'arrange un peu car c'est en direction de chez toi qu'il a prit le chemin et non pas en direction de son bar. T'étirant un peu les bras en te mettant en route aussi, tu le rattrapes rapidement. "Je viendrais récupérer ma voiture plus tard, c'est pas un soucis." Non, tu ne lui signales pas qu'il se trompe, faisant simplement mine de lui faire confiance sur la direction... Mais Boston tu connais bien les rues pour y avoir grandit et même de nuit. tu ne pourrais pas te tromper de chemin... Il risque de gueuler ensuite, quand il le réalisera mais probablement que la fatigue de la marche l'aura déjà éreinté et que la perspective de se retrouver dans ton lit sans pour autant baiser avec toi pourrait lui plaire.

"Tu crois ?" Tu ne peux t'empêcher d'être légèrement moqueur sur le coup, parce qu'il lui a fallut plus de temps que tu ne le pensais pour le réaliser... Mais cela montre bien à quel point il est dans un état pitoyable. T'es d'ailleurs surpris par la suite, par ses mots et c'est au final une bonne surprise pour toi. "En réalité, t'avais envie de venir chez moi depuis le début non ?" Tu plaisantes légèrement, sans même savoir si il va comprendre la subtilité de tes mots, de ta plaisanterie. "J'habite un peu plus loin dans la rue. Si t'es fatigué, suffit qu'on marche jusque là et tu pourras dormir au chaud et dans un lit confortable." L'informes-tu alors sans réellement lui laisser le choix, parce que c'était bien là ton but depuis le début. Et clairement tu peux remercier Dieu de t'avoir un peu aidé sur le coup, sinon t'aurais bien galéré et clairement tu serais encore entrain de te demander comment le faire rentrer chez toi sans craindre qu'il rameute tout le voisinage en criant, beuglant ou tu ne sais quoi d'autre comme vacarme qu'il aurait pu faire. Tu l'invites donc à te suivre, continuant de marcher  à un rythme assez lent, même si tu l'avoue, t'es impatient de rentrer chez toi et dormir quelques heures de plus dans ton canapés. "Ça te va ?" Parce qu'il faut que tu lui demande quand même son avis, mais c'est pour faire genre. Tu vas pas écouter si il refuse et tu trouveras un moyen de le ramener chez toi, t'espères juste ne pas devoir utiliser la force. T'as pas envie de devoir assommer un estropié. "Puis comme ça, je pourrais aussi te soigner et tu pourras te doucher." C'est clair que si il peut passer à la douche avant de finir dans ton lit, ça serait une bonne chose, sinon t'es bon pour changer tes draps demains parce qu'ils vont puer tout et n'importe quoi.

Exclamation qui franchit les lèvres du noiraud, mots qu'il ne semble pas avoir compris. Peut-être as tu parlé trop vite ? Oubliant temporairement dans quel état son corps et surtout son cerveau doit se trouver. Toi qui ne touches pas à toute ses merdes, t'as un peu du mal à imaginer en fait ce qu'il peut se passer dans sa tête. L'alcool tu en bois, parfois, à petite dose, t'aimes trop rester maître de ton corps pour chercher à t'enivrer de la sorte. T'as clairement pas besoin de boire comme un trou pour te sentir vivant ou simplement pour passer une bonne soirée. L'alcool, tu le sais il est traite et t'as pas envie d'en devenir dépendant, parce que tu le sais qu'il est une solution facile quand tout va mal, quand il est plus facile de fuir et toi, t'aimes pas ça. T'as trop de fierté pour fuir facilement, pour t'avouer vaincu même quand les coups font mal... Le plus gros tu l'as de toute façon déjà eu quand t'étais gamin alors que t'avais rien demandé à personne.

Tu rigoles doucement quand il te dit qu'il ne dort pas, parce que physiologiquement parlant, c'est impossible sinon il serait devenu fou depuis longtemps. Peut-être l'est-il en fait ? Tu le regardes du coin de l'oeil pour tenter de te faire une image de lui, de te dire qu'il n'est effectivement pas fou, mais entre ses blessures et ses actes t'es en droit de te poser quand même des questions... Mais t'as envie de croire que c'est pas ça. Un peu comme le principe du vampire qui n'est pas fou alors qu'il ne dort plus depuis des siècles. "Et moi, je parles pas anglais." Rétorques-tu pour plaisanter, parce que ouais, pour toi c'est pas possilbe qu'il ne dorme jamais, qu'il ne se repose pas, sinon son corps serait à bout, son esprit se briserait encore plus, ou bien est-ce pour cela qu'il est brisé de la sorte ? Faut que t'arrête d'essayer de jouer les psychanalyste, t'es pas doué pour ça.

Tu le laisses te suivre et t'es surpris par sa demande. Une douche ensemble et tu rigoles finalement à son argumentation. "Une marchandise que t'es même pas certain de pouvoir utiliser ?" Parce qu'il a dit lui même un peu plus tôt qu'il est en permanence sous substance, incapable de vivre dans la réalité. Ange blessé de toute part qui t'intrigue réellement. Tu t'amuses un peu de la situation, à ses dépends mais t'en restes quand même bienveillant. "Je crois que j'ai compris ce que tu disais et si tu veux pas de soin, tu prends ta douche tout seul." T'avais pas accepté juste avant, t'avais dans l'idée de le laisser se laver comme un grand mais l'idée est quand même bancale à cause de ses béquilles, t'as pas envie qu'il se casse la gueule dans ta salle de bain et qu'il éclate la paroi de ta douche. SI tu peux réellement évité de finir ta soirée aux urgences.

Nouvelle plainte, que tu comprends, parce que c'est la première fois que ce trajet te parait si long, à cause de la lenteur de votre avancée. "C'est juste la prochaine à gauche." Intersection qui se rapproche alors que tu le laisses te rattraper pour passer son bras sur tes épaules, lui retirant ainsi l'emprise sur l'une de ses béquilles, pour qu'il se repose sur toi, pour le soulager un minimum et répondre partiellement à sa demande. "Encore cinq minutes. Tu penses pouvoir le faire ?" Peut-être un peu plus si l'ascenseur est encore bloquée par l'un de tes voisins pour x ou y raison.