L’impression de n’jamais être là. De devoir prendre rendez-vous pour t’voir. J’suis tellement dans mes délires en ce moment, Dimitri, Ana, Sybil… que j’en oublie d’passer du temps avec toi. Mauvaise coloc’ que j’suis. Alors c’soir, c’est notre soir ! Personne pour venir nous faire chier, pas même ta nouvelle copine. Comment elle s’appelle ? Ah ouai Giuletta. Ça m’plait pas forcément, mais pas trop l’choix. Cette tendance à être possessive en amitié, encore plus quand il s’agit d’toi. J’suis passée à Walmart après ma journée à la concession, prendre quelques essentiels, chips, pizza, et alcool. Scott encore avec Lena, j’crois. Donc ça sera juste toi et moi. Malgré la fatigue du milieu d’semaine, cette soirée va m’rebooster. Quand j’rentre, t’es pas encore là. J’profite pour aller m’doucher et m’changer. Ce n’est pas comme si tu m’connaissais pas à poil, alors j’enfile juste une brassière et un shorty pour la soirée. Pile à temps que je t’entends passer l’pas d’la porte. Sans jamais trop en faire – menteuse –, j’cours vers toi sautant dans tes bras. « My loooooooooove ! Les jambes autour d’ta taille, mes lèvres qui s’posent sur ta joue. Oui, il paraît qu’ça s’fait pas d’embrasser un mec en couple, même si c’est l’un d’ses meilleurs amis. « J’suis contente qu’tu sois là ! » que j’continue décrochant envie mes jambes pour reposer mes pieds au sol, l’sourire aux lèvres, indécrochable.

Ce soir, soirée avec Aurea. C'est vrai qu'en y repensant, ça fait un petit moment. Entre son taff, Dimitri, ses plans, et moi avec Giuletta, on n'a pas trop le temps de se voir malheureusement. Donc ce soir on va se rattraper tous les deux. Donc je me dépêche de rentrer des cours, en passant acheter quelques trucs à grignoter et à boire. Je me le tout dans un sac pour pouvoir rentrer à l'appartement. Je finis par ouvrir la porte d'entrée pour pouvoir entrer à l'intérieur et je n'ai pas le temps de dire ouf que ma colocataire vient à se jeter sur moi, et surtout à me sauter dessus, enroulant ses jambes sur autour de ma taille. Oh putain... Que je dis en rigolant alors que mes bras s'enroulent autour d'elle comme je peux. Moi aussi j'suis content de te voir Aurea. Je dépose un baiser sur sa joue également, juste avant qu'elle ne relâche ses jambes d'atour de moi pour les reposer au sol. J'ai été chercher quelques trucs à manger et à boire, j'mets tout ça au salon. Que je lui dis en souriant alors que je sors de mon sac tout ce que j'ai acheté pour tout déposer sur la table du salon. Je retire ensuite ma veste et mes chaussures pour tout mettre à l'entrée. Comment tu vas alors ? Que je dis pour ensuite me laisser tomber dans le canapé. Oh que ça fait du bien. Il est pas là Scott ?

J’rigole quand j’entends ton oh putain quand j’me jette dans tes bras. J’vais considérer ça comme de la surprise et non comme une réflexion sur mon poids. Sinon la soirée risque d’mal commencer. Puis ça serait dur de juger un physique aussi parfait qu’le mien. « Encore heureux que t’es content d’me voir ! » appuyant ma joue contre ses lèvres au moment d’son baiser avant de reposer mes pieds au sol. Tu n’rentres pas les mains vides, et j’te laisse enfin passer pour te diriger au salon. Parce qu’ouai, même les voisins auraient pu assister à la scène vue que la porte d’entrée était encore grande ouverte. Après tout, ils n’sont plus à ça prêt avec nous. Entre nos soirées, et nos ébats, j’sais pas c’qui fait l’plus d’bruits. « T’as pris quoi d’bon ? J’ai été cherché des pizzas, je les met dans l’four dès que t’as faim ! » que j’demande en t’regardant faire, en allant chercher deux verres dans la cuisine. C’est un peu le bordel chez nous, mais je m’y sens bien. Pour rien, j’me vois partir d’ici. A notre image, c’est autant le désordre ici que dans nos vies. « Vivement les vacances ! Entre l’stage à la concession, le boulot au bar, et les révisions. J’suis KO ! et toi ? »  Posant les verres vides sur la table, j’me jette à tes côtés, posant une main sur ton torse, la tête sur ton épaule. « J’crois qu’il est avec Lena c’soir, ou à la dudley.. va savoir ! » C’est Scott, assez imprévisible comme garçon. Chacun fait sa vie comme il veut ici t’façon. « T’as soif ? » Affalée comme j’suis sur toi, il va falloir des efforts pour m’relever et nous servir.

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me saute dessus de cette manière, donc forcément je suis surpris et je tente de la retenir comme je peux. Mes bras autour d'elle pour éviter qu'on tombe tous les deux à la renverse. Finalement elle retrouve la terre ferme en posant ses pieds au sol de nouveau. Je ferme ensuite la porte derrière moi pour déposer mon sac dans le salon et ensuite retirer ma veste que je range dans le placard. J'ai faim. Que je dis en rigolant. On peut déjà les mettre au four, et après j'ai pris des petits trucs à grignoter et des bières. Que je dis en sortant le tout sur la table basse du salon. Des bières fraiches et de mauvaises choses à grignoter. Rien de bien bon pour la santé, mais pour le moral si. Bah écoute ça va... Les révisions pour le moment ça va, même si les épreuves un peu plus physique, ça risque d'être compliqué, parce que j'ai pris pas mal de retard à cause de ma blessure. Maintenant ça va mieux, donc je redouble d'effort. Mais redoubler d'effort signifie que ça me fait mal la jambe, donc c'est pas forcément la bonne solution non plus. Mais bon à voir. J'espère surtout y arriver. C'est la chose la plus importante pour moi. Attends j'y vais, tu veux quoi ? Que je lui demande alors que je me décale un peu pour pouvoir me relever du canapé. Je me prends une bière et je lui sers ce qu'elle veut. Tout en faisant ça, j'en profite pour mettre au four les pizzas. Mais financièrement ça va ? T'arrives à t'en sortir quand même ? Je sais qu'elle enchaine tout ça pour payer ses frais d'hôpitaux. J'aimerais pouvoir l'aider mais je sais aussi qu'elle risque de refuser. Non elle risque pas. C'est sûr même.

« Quand est-ce qu’tu n’as pas faim morfale ? » que j’rigole. Un estomac sur patte. On s’ressemble aussi là-dessus, on bouffe tout et n’importe quoi dans cette coloc’. On pourrait presque croire qu’il n’y a qu’des mecs qui vivent ici. « Des bières, t’sais comment m’parler toi. » J’te laisse tout installer, le sourire aux visages. Cette soirée s’annonce juste excellente, l’genre de soirée simple mais qui nous va bien. Les révisions sont dans toutes les bouches, quand on est étudiant à Harvard, c’est une pression supplémentaire les examens d’fin d’années. Puis l’année est cher ici, et j’peux pas m’permettre de retaper une année. « J’suis sûre qu’tu vas gérer, vu l’incident, ils vont bien être indulgents les examinateurs. » Il n’faudrait pas avoir d’âme pour saquer des gens qui ont été blessés récemment. Et c’est moi qui dit ça, la personne qui a encore moins d’cœur que Satan. « Prends-moi une bière aussi. Merci my love. » J’reste affaler dans l’canapé, t’laissant gérer. «  12min à 392°F » que j’rappelle quand même pour la cuisson des pizzas, l'ton moqueur. J’veux manger une pizza cuite, pas surgelé ou grillé. « Ouai ça va. » La réponse d’abord évasive avant d’reprendre. « L’mec d’ma mère a réglé les frais d'hôpitaux, j’ai reçu un appel d’la comptabilité pour m’confirmer que c’est ok. J’garde l’taf quand même, avec l’été et si j’veux m’éclater un peu. » Ma mère reste au stade où elle n’remplit plus mon compte, et mon géniteur, disparu. « T’inquiète pas pour moi, ça va. » J’me veux rassurante. Manque plus qu’mes angoisses s’arrêtent, et là, ça ira encore mieux.