les épaules qui se haussent légèrement. y'a pas de bonne réponse à cette question. moi ? un psy? un addictologue? à vrai dire, peu importe qui elle choisit. l'important à tes yeux c'est qu'elle arrête cette consommation dangereuse. ça dépends des jours t'as pas envie de t'étaler sur ton sujet. t'es pas là pour parler de toi, mais d'elle. de pourquoi elle va mal, de comment elle pourrait aller mieux. je crois pas que grandir c'est changer radicalement et puis, bien longtemps que vous n'êtes plus des enfants. passés imprégnés et caractères forgés. ce que vous êtes devenues est indéfectible. peut être que vous êtes pas fait pour vous aimer comme ça ? ou peut être que vous avez pris trop de place dans la vie de l'un et l'autre? et que vous avez besoin d'espace pour mieux vous retrouver. comme toi et elle.

je ne sais pas si c'est une bonne idée que j'en parle à un spécialiste. parce que tu seras obligée d'être suivie, peut-être même de passer quelque temps dans une clinique ou à l'hôpital. t'as pas envie que ton médecin y soit mêlé, que d'autres personnes soient inévitablement au courant. et puis peut-être que c'était écrit, que c'était évident que je finisse comme ça... que tu souffles. ça ne te rassure pas trop d'entendre qu'elle a toujours mal certains jours, que la douleur ne passe donc pas. la douleur tu la ressens d'ailleurs dans ta poitrine malgré la kétamine, il a suffit d'évoquer ta relation avec Valentin. sujet sensible qui te détruit. peut-être pas, non. pourtant t'as voulu y croire après sa déclaration et toutes les belles choses qu'il a pu te dire. c'est pour ça que je l'ai bloqué, pour prendre mes distances. je ne peux pas continuer à faire comme si de rien était et à souffrir en silence. tu n'as plus la force d'encaisser toutes les fois où il brise ton coeur.

et les groupes de paroles anonymes? t'y as jamais mis les pieds parce que t'en a pas eu besoin, t'as accepté de te soigner à l'hôpital. enfin, t'as pas eu le choix surtout. mais, peut être que t'aurais pu y aller si l'histoire avait été différente pour toi. alors c'était écrit qu'on finisse toutes les deux comme ça deux dépendantes, croyant que les médicaments seraient des solutions miracles. grave erreur à laquelle tu payeras certainement pour toujours les pots cassés. j'crois pas que le bloquer soit quand même la bonne solution.. mais c'est toi qui voit.. t'as pas de meilleure solution à ce problème. et vos relations à tous sont bien trop compliqué pour que tu y mettes vraiment ton grain de sel. tout ce qui t'intéresse à l'heure actuelle c'est que pia ne sombre pas trop dans la kétamine, peu importe qu'elle soit plus ou moins proche de valentin. à quelle heure t'en a pris? tu veux savoir quand les potentiels effets de manque pourraient faire leur apparition.

j'en sais rien. tu crois que ça fonctionne ce genre de truc ? t'as vu ça dans les séries à la télé et tu ne sais pas trop si ça aide vraiment. cependant tu pourrais peut-être y aller un de ces quatre, surtout que kayden t'a proposé de l'accompagner, juste pour voir ce que c'est. peut-être ouais. tu n'as pas envie d'y croire, mais c'est peut-être le cas. deux filles à papa trop similaires qui se retrouvent au plus bas. mais jvoulais dire que c'est peut-être génétique. c'est logique que je finisse comme elle. sa mère biologique. elle n'en parle jamais Pia, elle peut compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle a évoqué le sujet au cours de sa vie. elle n'en a jamais parlé à Ana. pour l'instant c'est la seule solution que j'ai. et évidemment qu'elle ne te semble pas bonne, mais t'as besoin de distance et c'est la seule chose que t'as trouvé à faire. instinctivement t'attrapes la main d'ana pour entremêler vos doigts pour te réconforter. J'en sais rien. Il y a quarante minutes ? Juste avant de reprendre la voiture.

— j'en sais rien.. dis-tu en réfléchissant à si cette option aurait pu t'aider. tu redresses ta tête de son épaule pour la regarder. sourcils froncés, à la recherche d'un indice pour comprendre là où elle veut en venir. — de quoi tu parles? elle est forte pour dissimuler pia, pour faire des devinettes et penser qu'on peut lire si aisément dans ses pensées. mais t'as pas ce décodeur, malheureusement. soupire que tu lâches en laissant à nouveau ta tête tomber, cette fois en arrière, contre le dossier du canapé en velours qui habille l'appartement. tu réfléchis. t'as pas vraiment d'idée de combien de temps peuvent durer les effets de la kétamine et dans combien de temps elle pourrait avoir des signes de manques. — elle se passe comment ta redescente? peut être qu'elle saura te décrire ce qu'elle ressent et que tu pourras l'aider plus facilement en sachant ce qui l'attends.

quand la tête d'anastasia quitte ton épaule pour te dévisager, t'es plus trop sûre que c'est une bonne idée d'évoquer le sujet. mais t'es stone Pia, t'es incapable de réfléchir clairement, le cerveau fonctionne au ralenti. alors tu te lances dans l'explication du fardeau de ton existence. ma mère biologique. c'est la première fois que t'évoque le sujet depuis un moment. la dernière fois c'était avec Valentin, et t'étais pas rentrée dans les détails à ce moment là. elle était accro à la cocaïne. du coup jsuis née comme elle. il m'aura fallut vingt-quatre ans pour replonger dedans. alors qu'il y a encore quelques mois t'étais la première à critiquer les ceux qui foutent leurs vies en l'air à cause des drogues. c'est pour ça que t'avais eu du mal à aider ana avec son addiction. c'était un sujet sensible. comme quoi les choses changent rapidement. mh, ça dépend. ça dépend de la dose et de ton état mental. t'essayes de réfléchir. des fois ça va. une fois j'ai passé la nuit à pleurer dans les bras d'un serveur à l'hôtel. la redescente avait été d'une violence inouïe cette fois là.

t'avais laissé tomber ta tête contre le dossier du canapé, mais à ses mots, tu te redressais immédiatement. elle était en train de s'ouvrir et d'enfin parler de ses blessures. blessures que t'aurais voulu panser plus tôt, tout le temps. c'était ça, être une amie. mais vous aviez du mal à vous comprendre et il est clair que vous étiez deux personnes que beaucoup de choses opposent. pour autant, tu portais olympia wolford dans ton coeur, profondément. c'était inexplicable d'ailleurs, mais tu l'aimais et tu l'aimeras certainement toujours. — dis pas ça pia dis-tu en venant dégager une mèche de cheveux qui tombe sur son visage. — t'es pas comme ta génitrice, ok ? qu'est-ce que t'en savais après tout? rien. mais tu voulais pas qu'elle se compare à elle. ça avait l'air de la briser, de penser qu'elle pouvait être comme elle. sa description de sa redescente te replonge dans tes propres souvenirs. la mâchoire qui vient se serrer, tu expires profondément.  — je suis là, ça va aller. tu sais ce que c'est, tu comprends ce qu'elle te dit et ce qu'elle pourrait vivre dans les heures à venir. ta main vient se glisser dans la sienne et la serrer fort.  — j'serais là quoi qu'il arrive chuchotes-tu en la regardant dans les yeux pour lui assurer que tu ne la quittera pas une seconde.