Il y a une force qui veut se déchaîner. Une tension qui s’est accumulée. Chaque être humain, même le plus heureux, peut parfois se sentir envahi de colère. Tu es bien une descendante directe de Monsieur Gates, mais cela ne fait pas de toi la fille la plus apaisée de cette planète. Des préoccupations demeurent. Des questions idiotes. Deviendras-tu mère ? Trouveras-tu ta moitié ? Est-ce que ta vie aura un sens ? Laisseras-tu une trace en mourant ? C’est pas évident d’être dans l’ombre d’un de ses parents. Tu ne pourras jamais faire mieux que lui. Il a tout déchiré. Son empire est monumental. Comment exister avec un tel nom pour héritage ? Parfois, tu te sens cruellement vide. Inutile. Inexistante. Ce soir, tu croyais que l’humeur remonterait, mais ce n’est pas le cas. Merde, t’as rendez-vous. Pas avec n’importe qui, avec Colton Stone. Il te sort plus de la tête celui-là. C’est une maladie incurable ce mec. S’il ne t’avait pas retrouvé, c’est toi qui l’aurait retrouvé. Une Gates ne lâche rien. Noir sur les paupières et sur la bouche, tu enclenches le mode gothique et tu traverses la ville pour trouver cette adresse merveilleuse. Devant la façade, tu jettes la capuche de ton sweat sur le sommet de ta tête et tu t’appuies contre le mur. Le trafic doit le ralentir. C’est ça ou il a trouvé une fête plus palpitante. Le regard qui se baisse, tu vérifies tes messages et puis tu pars sur le fil d’instagram pour ne pas attendre comme une débile. Il va venir ou tu vas devoir détruire cette pièce toute seule ? @Colton Stone

Le pouce fait défiler les derniers posts. Le bonheur jaillit de toutes ces filles. Elles ont le sourire et n’ont pas un gramme de graisse. Elle mange vraiment que des racines ? Et hop, elles se dénudent. Font monter le désir auprès des hommes. Elles sont femmes alors que tu n’es encore qu’une espèce de pauvre adolescente fascinée par les films d’horreur. T’es jalouse. Parce que toi aussi, tu aimerais baigner dans leur univers de Barbie à la con. Mais t’es pas de cette équipe. Toi, tu dévissais la tête de tes poupées et tu balançais leur corps dans la casserole de ta dinette. T’as toujours eu un grain Gypsy. Comment il pourrait s’intéresser à toi ? Le gars est beaucoup trop hot pour toi. Toi, le seul hot que tu t’autorises, c’est l’intensité de la sauce que tu prends avec tes nuggets. Noir imprimé sur tes paupières, mais aussi sur tes lèvres, tu relèves tes prunelles et croises enfin les siennes. « Je vais bien, enfin, non, pas trop bien » Tu hausses tes épaules et retires ta capuche sombre pour qu’il puisse voir les dégâts de tes pinceaux de maquillage. « Je veux tout détruire, sauf toi, parce que t’es qu’amour » Un rire se déploie. La gothique s’étouffe même avec sa propre bave. Tu tousses et tapes ton poing au centre de ta poitrine, comme si ça allait résoudre le bazar dans tes poumons « Ça va aller, n’appelle pas le 911. Et toi, comment tu vas Colton Stone ? » que tu lui demandes, pliée en deux, ta main sur son avant-bras. Tu finis ensuite par te relever, ta quinte de toux s'éloignant. @Colton Stone

Tempête de pensées. Coeur tourmenté. La violence veut s'exprimer. T'as besoin de te délivrer de la pression d'cette société infernale. Et au milieu de tout ce joyeux bordel, il y a Colton. Surprise effrayante. Il t'attire tel un aimant. A deux, c'est comme si tu étais immortelle. Bordel, Colton est comme une substance. Une drogue. T'es pas encore au point d'tuer pour avoir ta dose, mais si les rendez-vous se succèdent, tu pourrais devenir folle. " Tu pourrais me faire du mal Cole ? J'y crois pas " C'est dit avec tant d'innocence. On t'a déjà prévenu, les garçons sont tous des méchants. Il n'y a que deux hommes qui ne tueront jamais ton p'tit coeur tout mou, il y a ton père et il y a Tim. Un point c'est tout. Si ce n'est pas Colton, c'est un autre qui piétinera ton coeur en morceaux. Etouffement soudain. Tu tapes dans ton plexus solaire pour que la salive retrouve le bon tuyau. Les yeux piquent et s'humidifient. " Il y a les examens avant, n'enfile pas trop vite ton maillot et tes claquettes, faut réviser vieux gland " Tu t'esclaffes de plus belle alors que vous pénétrez dans le bâtiment où le massacre doit avoir lieu. Un mec vous déplie un flyer pour vous montrer les diverses salles disponibles. Tout est si alléchant. Tu signes la décharge comme quoi toute blessure ne sera que de votre entière responsabilité. Tu scrutes ensuite les images et tu poses ton index sur la salle informatique " J'ai un complexe à détruire et je pense que cet endroit m'y aidera " Tu parles bien entendu de ton père. Les ordinateurs, c'est son fond d'commerce. Tu en as entendu parler depuis que tu es née. Tu dois te débarasser d'cette espèce d'obsession. De cet héritage qui pèse. Le type vous conduit aux vestiaires. Il vous prépare les combinaisons, le casque et les lunettes. Excitée, tu enfiles la salopette et puis tu protèges ton crâne et tes rétines. Vous suivez ensuite le mec qui vous ouvre la porte sur la salle. " Vous avez 1h, pas une minute de plus " Il referme derrière vous sans aucun sourire. Tu traînes des pieds et attrapes une batte de baseball que tu fais tourner dans la paume de ta main. Tu traverses une allée de bureau sur lesquels sont disposés des écrans et leurs unités centrales. La tête de la batte racle désormais le sol. Tu hésites. Ne sachant pas comment libérer la colère ou tout autre émotion inexplicable qui pourrie en toi. " Je te préviens, j'suis pas habituée " Levant l'arme, tu tapes mollement sur le haut d'un écran. Le bois d'la batte rebondi. L'écran n'a aucun dégât. T'as laissé ta force chez toi ? " Montre moi ... " que tu demandes à Cole, ton sourire retourné, les épaules basses. " J'ai peur." Peur de quoi ? D'affronter tes démons ? C'est stupide poupée.      

T'es naïve, mais il est déjà trop tard. Tu as idéalisé Colton. Dans tes fantasmes inavoués, il n'est qu'un prince charmant qui recherche à qui la pantoufle de vair appartient. Cette pauvre chaussure, t'aimerais que ce soit la tienne. Il est complet Colton Stone. Il détient les ingrédients du parfait petit-ami. Le seul hic, c'est que t'es peut-être pas sa destinée. Les gens parleraient si vite. Ils te mettraient en garde, mais ils choisiraient surtout pour toi. Ils diraient qu'il n'est pas fait pour toi, car son nom n'a rien de noble. Il ne fait pas partie des plus puissants de cette planète, sauf s'il se présente comme étant le prochain Elon Musk. Il t'a déjà parlé de son domaine de prédilection ? Bordel, t'en as pas le souvenir. T'es trop distraite. Trop ailleurs. En même temps, la dernière fois que vous vous êtes vus, c'était pour dessiner des pénis sur un front. " Je sais pas où tu lis ce genre d'article, mais ça ne m'a pas l'air très scientifique." Tu grattes ta gorge et puis tu pars dans les vestiaires pour enfiler une tenue de protection. " Ouais, ça tourne pas rond dans ma cabeza " D'l'espagnol, pourquoi pas. Vous êtes ensuite poussés dans la salle à détruire. Tu découvres les lieux. Tes pupilles s'accrochent et se décrochent des différents objets technologiques. Il y en a une flopée. De quoi faire un carnage. Batte à la main, tu te positionnes devant un écran. Tu lèves le morceau d'bois et puis tu tapes sans énergie. Aucun dégât. C'est pathétique. T'as honte, honte de pouvoir être en colère contre ton propre père. C'est pas sa faute s'il a révolutionné le monde. C'est pas non plus sa faute si c'est son spermatozoïde qui a donné Gypsy Gates. C'était le hasard. Ne dis pas non plus que tu es maudite. Tu as tout ce que tu veux. TOUT. T'as été gâtée par les cieux. Profite. Ne refais pas le monde. Récupérant la batte, tu sens une vague d'émotion qui se répand dans tes muscles. " J'y vais ! " Inspiration profonde, tu fais tourner le manche dans tes mains et tu abats la batte au milieu de la boite à images. Le caisson se brise. T'en as pas fini avec lui. La folie s'empare de toi. Tu multiplies les coups. Toujours plus fort. Des insultes sortent de ta bouche si polie. Des éclats de la machine rebondissent sur la table et sur ton corps. Tu t'attaques ensuite à l'unité centrale. Tu démolis les composants. Poussières technologiques. La rage se désintègre. Tu recules d'un pas, une larme coulant le long de ta joue. " Je suis une merde. J'ai zéro talent. J'vais jamais changer le monde. Je vais vivre dans l'ombre de mon père jusqu'à ce que la mort m'arrache la vie " Tes épaules qui s'affaissent, tu pousses l'écran afin qu'il tombe au sol. " J'ai même l'impression que je suis une intruse à Harvard. Ils ont vu que j'étais la fille de Bill et ils ont pas cherché plus loin. Enfin bref, j'vais pas me plaindre d'être pleine aux as. T'as d'l'argent toi ? Si j'ai bien compris, tes parents étaient marginaux, donc tu dois pas vraiment connaître l'opulence, je me trompe ? "

C’est le spectacle. Crazyland bonjour. Tu assassines cet ordinateur. Victime parfaite. Tu injuries le matériel avec une folie dans les yeux. Tu ne contrôles plus rien. Tout part en vrille. Il y a pourtant un spectateur, mais tu t’en fiches. Et si ton remède contre ton nom de famille était le mariage ? Solution temporaire, tu seras toujours lié à ton père. Les coups pleuvent autant que tes larmes. Tu lâches tout. Tu te confesses auprès de Colton, comme s’il avait l’allure d’un prêtre. Un prêtre que tu rêverais d’embrasser. De toucher. Il ne faut pas qu’il l’apprenne, mais il est un peu le seul mec que tu fréquentes. Il y a comme une bulle tout autour de toi. Tu ne fais entrer personne. Tu te protèges comme te l’ont rabâché tes parents. Mais avec Colton, c’est différent. Il y a une brèche que lui seul peut voir. Il peut venir dans l’pays de Gypsy. Il y est le bienvenu. « Je me fiche pas mal des dollars, je ne choisis pas mes amis en fonction de leur épargne » Il approche. Tu ne recules pas, mais tu te raidis. Il complète ses propos alors que tu essuies cette perle salée qui glisse sur ta joue. Les yeux rougis, tu l’écoutes attentivement jusqu’à ce qu’une question vienne ponctuer le tout. « Gu .. Ar .. Gné ? » T’étais loin de t’imaginer que la destruction amènerait au sujet du bal. T’étais également loin de t’imaginer que tu aies une chance d’y aller avec lui. T’en perds les mots. « Je croyais y aller seule, je … j’ai envie de te dire oui alors je vais le dire, oui, je veux bien être ta cavalière Mr Stone » Tu renifles ta morve, ta batte qui te sert de canne à tes côtés. Et puis tu te penches vers lui et tout tendrement, ta bouche s’appuie à la commissure de ses lèvres. Tu t’écartes et relèves la batte entre vous « On fait un carnage ou bien on a payé pour rien ? Je gaspille jamais mon fric sans profiter à fond » Tu lui tends alors le bout de bois et tu pars vers la table où sont disposées les « armes ». Tu te munis d’un marteau et tu fonces vers d’autres objets de technologie pour les réduire en poudre. « C’est satisfaisant de tout péter, je prends mon pieds comme jamais ! » que tu gueules en faisant un bruit de fou. « On choisira nos tenues ensemble ? » Toujours dans ton coin, tu t’acharnes sur de vieux téléphone qui n’auront pas une seconde chance. @Colton Stone