Mister Shining était un gros chat très poilu que le couple avaient accueilli quand il était petit. Il n'était pas spécialement gentil, connaissait des sauts d'humeur récurrents, crachait sur qui voulait l'approcher sans qu'il ne l'ait décidé vraiment. Mister Shining avait acquis ce surnom d'un film des années quatre-vingt du même nom, qui avait suscité l'effroi des retraités à tel point que, pour le regarder, ils y allaient aujourd'hui à reculons ; alors, non, il n'avait absolument rien de mignon, pas même son prénom. Peut-être ne connaissait-elle pas ? Après tout, elle n'était pas née à cette époque-là. Elle aimait les animaux en tout cas, et ceci expliquait donc peut-être cela. Si Ji-hun devait choisir, lui aussi prendrait un chat, avec son travail et ses projets, pas sûr qu'il puisse être souvent présent dans son appartement. Mais, puisqu'il savait d'ores et déjà qu'il aura un mauvais emploi du temps, préférait laisser les adoptions aux autres gens ; trop réfléchi pour être égoïste fort probablement.

Remarque faite sur la vie sentimentale de l'artiste, l'Asiatique mit en avant une différence subtile. Elle sut répliquer, et il put avouer : c'est vrai. Quand une demoiselle lui plaisait, même sans arrière-pensée, il lui disait. Plusieurs portraits avaient su l'attirer depuis qu'il s'y était intéressé, mais ça n'avait jamais vraiment duré – pas même la fois où il avait tenté de construire une relation plus posée. Il ne s'était pas véritablement senti prêt, la faute à tout un tas de projets, et à des imprévus avec lesquels il fallait essayer d'avancer, même si ça ajoutait un poids supplémentaire sur ses épaules déjà bien chargées. Du jus de pommes, il but une gorgée et, comme s'il voulait mettre en pratique ce à quoi il venait d'acquiescer, il s'autorisa à avouer qu'à ses yeux l'Indienne était jolie à regarder, de celles qui pourraient être désirée si vraiment elle le voulait. Détails osés qu'il préféra garder pour ne pas non plus la brusquer, ce fut son regard qui passa sur les courbes que sa silhouette peignait.

Malgré les vêtements larges qu'elle portait, il put admirer ses beaux cheveux épais, sa bouche bien formée, sa paire de seins développée et ses hanches doucement évasées ; femme bien plus qu'elle ne le pensait. Sur sa vie amoureuse, le suspens il préféra garder. Toutefois pas d'alliance dans ses effets, elle pouvait supposer qu'il n'était pas marié. Baies vitrées offertes comme recoin du fumeur, il se para de sa chemise et se retira pour vaincre la fraîcheur. Matinée printanière pas tout à fait sous le signe de la chaleur, le vent soufflait, la chemise volait et, sur sa peau, la chair de poule s'invitait. Il avait connu la froideur des nuits d'hiver en Corée, n'était pas sensible aux températures, faisait simplement attention de ne rien choper, car lors de sa fuite ses organes avaient été quelque peu fragilisés. Mais ce ne fut pas à lui qu'il pensait quand, sur le filtre, il tirait. Ce fut aux mots que Nila avait prononcés et qui l'avaient un brin troublé ; retour vers l'histoire d'«Orgueils et préjugés».

Posé de côté, perpendiculaire à la fenêtre entrebaîllée, il écouta la jeune femme raconter le dessein que sa mère tentait de lui préparer. Mariage arrangée, petit-copain par sa mère obligatoirement accepté, hommes sélectionnés qu'il fallait à tout prix rencontrer. Ça sembla être une torture aux oreilles de l'aîné, homme qui avait eu tout le loisir de s'envoyer comme il l'entendait, tant qu'il le souhaitait, pourvu qu'il restait à lui et sa famille leur fierté d'être socialement bien classés, pourvu qu'il ne fricotait pas avec des âmes damnées. Offrir ses compétences et son corps aux enchères, la marier à celui qui payera le plus cher. Sa peau fut marquée d'un frisson, rappel du jour où sa sœur avait été choisie comme femme de réconfort comme le voulait la tradition. De sa loyauté Ji-hun avait été récompensé, et Su-jin aux mains du Leader confiée – sacrifiée. Si ça avait longtemps été un honneur, de ce genre de traitement le nord-coréen en avait aujourd'hui horreur, priait pour que ces terribles pratiques se meurent.

Virginité avouée, un baiser entre eux supposé, domaine d'activité chamboulé, elle montrait là qu'elle était une révolutionnaire affirmée et, à l'homme qui se battait actuellement pour faire valoir aux siens leur liberté, ça lui plaisait. Il sourit, loin d'être amusé par les phrases qu'elle avait débitées, et dit : tes expériences te seront d'autant plus agréables comme ça, et si tu te foires, tu ne pourras n'en vouloir qu'à toi. Mais elle semblait assez certaine, assez pour ne pas perdre ces cartes qu'elle tenait en mains par dizaines. Mais, si je peux me permettre, laissa-t-il en suspens, juste le temps de tirer une latte et de souffler la fumée par la baie vitrée contre laquelle il s'était épaulé, pose tes lèvres sur un homme qui ne fume pas pour ta première fois, ou évite de l'embrasser juste après qu'il ait terminé. Le tabac froid pouvait laisser un goût peu délicat, ne plaisait qu'à certains confirmés qui y étaient habitués. Il avait tout de même été touché d'avoir été cité qui, à présent, l'attendait pour finir de dessiner.

Quelques bouffées restaient au cylindre, il ne mit pas grand-temps pour l'éteindre. De ses doigts il l'écrasa, dans la cuisine passa pour mouiller le filtre et, dans la poubelle, le jeta. Sur le canapé il replaça sa chemise légèrement froissée et rejoignit le fauteuil qu'il avait laissé. Il reprit la posture qu'il avait précédemment choisi, il manquait quelques centimètres par-là, par-ci, mais sans grande gravité – de le supposer il se le permit. Il constata que la chair de poule ne partait pas, frotta d'une de ses paumes ici et là, tenta de faire disparaitre les tétons qui pointaient sans tracas. Désolé, articula-t-il, tout en essayant de se réchauffer, bien embêté que ça puisse jouer sur le travail qu'elle devait terminer – certains muscles érecteurs avaient tendance à exagérément se gonfler pour le protéger, tu pourrais juste patienter un instant de plus. Cinq minutes tout au plus. Ce même temps pendant lequel il s'était donné au petit vent. Si tu en profitais pour me chanter une chanson, proposa-t-il alors qu'il se redressait pour marcher.

Il alla pour se poser près des fenêtres fermées, l'endroit où le soleil semblait le plus ensoleillé, fessier posé sur un coin de table débarrassé. Corps masculin dénudé, en cadeau aux rayons motivés à briller, il tourna la tête, prêt à écouter cette voix, à lui, pourquoi pas s'adresser ; après tout artiste, ne fallait-il donc pas pleinement en profiter ?

Une chanson, affirma Ji-hun, mains jointes au bord de la table sur laquelle ses fesses s'étaient décontractées. Rayons de soleil prêts à toucher son corps et le réchauffer, il ne manquait plus qu'une douce musique pour que ce soit parfait. Après tout, tu me dois bien ça, joua-t-il sur les sentiments ; ne l'avait-il pas sauvée d'un flop artistique finalement ? Il lui sourit pour la motiver, et elle se résolut à abdiquer, non sans dessiner sur les traits du bridé une belle preuve de fierté d'y être arrivé. Il leva toutefois ses sourcils épais quand elle ajouta un « mais ». La suivant du regard, il prit connaissance du plaid gris posé là sans hasard. Ses pas la portèrent jusqu'au futur chercheur en laboratoire, et elle octroya une attention particulière à son égard. Excuse-moi, répliqua-t-il, rieur, quand elle annonça que la fraîcheur qui avait marqué sa peau s'était répercutée sur sa propre silhouette. Et si elle ne s'était pas retrouvée entre femme et gamine, probablement qu'il aurait proposé qu'ils partagent la couverture afin que cette histoire, plus autant, ne la chagrine. La proximité qu'il fallut à la demoiselle ne fut pas gênante, il put constater toutefois que sa peau sombre, caressée par le soleil, se transformait en un délicieux caramel.

Merci, articula-t-il alors qu'elle reajustait le tissus, hésitant à avouer que l'odeur qui se dégageait de ses cheveux était à tomber ; malgré l'absence de douche en matinée, avait-elle pensé, la veille, à se les laver ? Réceptif aux senteurs, parce qu'il avait un papa botaniste qui lui avait fait aimer les fleurs, il se perdit à tenter de deviner les huiles qui avaient titillé le nez du parfumeur, pour fabriquer le shampooing qu'elle semblait utiliser de bon cœur. Les yeux marrons se cherchèrent, et sans plus de temps se trouvèrent. Quel prestige dont vous m'honorez Mademoiselle Nila, déballa-t-il, doux effleurements déposés dans le sens du poil quand « invité de marque » lui fut accordé, j'ai vraiment hâte de voir ça. Il avoua, vraiment flatté qu'elle veuille bien lui donner un concert privé. Il ne bougea pas, attendit patiemment qu'elle revienne dans la pièce sur laquelle il zieuta une nouvelle fois. Très vite de retour dans le salon où il était installé, elle décida de s'approcher au plus près du public, empruntant un bout du canapé. Il passa en revue la guitare qu'elle plaça sur sa cuisse sur l'autre imbriquée, et regarda les doigts qui s'apprêtaient à s'amuser sur les cordes à pincer. Il releva aussitôt sa tête à la question posée.

Un simple signe du chef acquiesça quant au fait qu'il avait bien pris place, et les quelques premières notes d'instrument servirent à briser la glace. Concentré, dans l'attente de pouvoir découvrir son timbre chanter, il ne fut pas déçu d'y lire sa timidité, et cette force cachée, à tel point que sa tête ne put que, vers elle, se retourner, marquée par l'étonnement d'une voix pop-jazzy s'élever ; il n'aurait jamais su ainsi la deviner. Et quand les yeux de la plus jeune restèrent fermer, les siens ne trouvèrent rien de mieux que, sur son visage, se figer. Des paroles de la chanson il ne fit pas abstraction, et elle semblait en être imprégnée avec tellement de maturité qu'il était presque impensable de croire que le cœur avait gardé, lui aussi, sa virginité. Il leva les sourcils devant chaque puissance accordée, un « o » à sa bouche formé après chaque relief exploré, elle donnait de l'allure aux phrases autant qu'elle leur donnait un sens démesuré. Et comme une artiste expérimentée, elle fit passer le message à son public à tel point qu'il pût presque penser que tout ça lui était adressé ; un frisson parcoura discrètement l'échine jusqu'aux derniers mots susurrés. Waouh, s'exclama-t-il tout en applaudissant la performance, je suis...

Il ne sut terminer ; bouche-bée, c'était le mot qu'il cherchait. C'est incroyable ce que tu viens de faire là, dit-il, ses tympans vibrant encore de son interprétation, auraient réclamé une autre chanson si un travail n'était pas à terminer avant la fin de la matinée – parce que lui n'avait malheureusement pas toute la journée à lui dédier. Tu m'as transporté, avoua-t-il, se rappelant n'avoir pu lever le regard de cette assurance qu'elle dégageait, on dirait que tu es une surprise à toi toute seule, et j'adore ça. Il lui adressa un sourire, prenant conscience qu'elle avait bien plus à partager que ce qu'il avait imaginé. Il se défit du plaid qu'elle lui avait apporté, décidé à exposer de nouveau sa silhouette à l'artiste qu'elle était. Mais avant ça, alors qu'il repliait le drap, demanda : tu es déjà tombée amoureuse ? Une expérience qu'elle avait dû vivre pour ainsi savoir que ça pouvait rendre ivre ; d'aimer et de détester. Avait-elle connu des coups de foudre pour des hommes qu'elle avait simplement croisés, ou s'était-elle une fois passionnément amourachée ? Il continua avant même qu'elle ne puisse offrir une réponse de sa voix : je demande ça parce que tu semblais vraiment habitée par tout ce que tu racontais.

Lui avait beau avoir couché et fait l'amour déjà, il était puceau de ce sentiment-là. Il avait bien failli tomber amoureux une fois, mais la relation s'en était terminée bien trop tôt pour ça. Et vue de là où j'étais, ça te rendait encore plus jolie, plissa-t-il les yeux alors qu'il s'approchait pour déposer la couverture là où elle restait. Les émotions la paraient de magnifiques couleurs, elle avait raison de vouloir vivre ses passions et expérimenter avec le cœur. On s'y remet, donne-t-il du rythme au défi qui l'attendait de le calquer sur sa toile à peine commencer ; son épiderme avait fini de faire des siennes. La chair de poule avait disparu comme présumé, et Ji-hun put de nouveau s'installer. À bonne hauteur il remit l'élastique de son boxer, laissant apparaitre à ses hanches ce qu'il fallait de chair, puis s'assit et tenta de reprendre la même position, presque à l'identique. Ça va, comme ça, se soucia-t-il de ce qu'il lui proposait, à l'écoute des dernières recommandations s'il y en avait. Il resta silencieux tout du long, pour lui laisser l'opportunité d'une totale concentration, et profita de la musique qui envahissait le salon jusqu'à ce qu'elle signale qu'elle venait de finir de mettre en pratique ses leçons ; il se leva pour voir ça.

Fauteuil laissé devant la baie vitrée, les pas le portèrent jusqu'à son côté. Un regard sur le dessin de lui qu'elle avait fait, il ne sut qu'avouer que ça lui ressemblait, trait pour trait. Peut-être que ce n'était pas parfait, mais c'était la première fois qu'ainsi on le crayonnait, et il y avait une certaine fierté qu'il ressentait. Tu crois qu'on se reverra, la questionna-t-il. Regard bridé porté à hauteur du travail sur lequel elle s'était acharnée, il le dévia ensuite sur sa droite, là où elle se trouvait pour d'une expression significative l'interroger ; est-ce qu'elle désirait voir mourir là le duo qu'ils avaient formé, ou désirait-elle un jour le retrouver, pour une nouvelle séance ou lors d'une toute autre activité ?

Ji-hun s'approcha du dessin terminé, cala sa tête à hauteur de l'artiste née, yeux rivés sur les contours crayonnés. Bonne nouvelle, il se reconnaissait, car il avait cru comprendre qu'il existait un style abstrait auquel il n'était pas du tout habitué. Tout y était ; des cheveux qui abritaient quelques reflets, aux particularités de l'ethnie à laquelle il appartenait, même la fine ligne de poils sous son nombril avait été parfaitement calquée. Elle avait trouvé sa voie, que ce soit dans la reproduction, l'imagination ou la chanson, l'art faisait partie d'elle il n'en doutait pas. Une question déborda de ses lèvres toutefois : est-ce qu'il la reverra ? Le regard dévia sur le profil de la demoiselle, lui pensa que ça serait bête qu'ils s'en arrêtent là. Énergique, intéressante et motivée, elle portait la conviction des libertés que lui aussi défendait, il était convaincu qu'ensemble ils ne pourraient jamais s'ennuyer, parce qu'elle avait une rythmique qui lui plaisait, et ça lui manquait. Depuis février, les mois avaient porté leur lot de tristesse et de monotonie, il avait besoin de mettre du peps dans sa vie.

Tu ne viens pas déjà de m'offrir une interprétation, lui rappela-t-il qu'elle avait déjà rendu en retour, quand bien même il n'en attendait pas tant, tu ne me dois plus rien. Contentons-nous simplement d'apprécier partager, tu veux bien ? Parce qu'elle ne le savait pas encore, mais ils partageaient bien plus qu'un simple ami en commun. Des traditions d'un autre temps, un territoire où les droits de l'Homme étaient bafoués quotidiennement, des punitions qui choqueraient la plupart des gens ; tout ça, ça rapprochait forcément, quand bien même elle avait quitté sa nation lorsqu'elle était enfant. On se sentait plus à l'aise quand on pouvait être compris vraiment, les Américains n'étaient pas toujours sympathiques avec ceux qui, d'eux, étaient différents. Le nord-coréen prit donc le téléphone de Nila pour trouver son profil meetsa, il inscrit son compte utilisateur et le suivit en pressant de son doigt. Son portable, d'ailleurs, d'un discret di-ding le lui notifia. Revoir ta bouille me suffira, affirma-t-il en lui rendant son Apple. Clin d'oeil amical rendu à l'initiatrice, il se rendit près du canapé pour se revêtir.

Chaussettes retrouvées au bout de ses pieds, l'Asiatique releva la tête aux mots tout juste ajoutés, et s'il n'avait pas été aussi respectueux et posé, peut-être qu'il aurait pris ça pour une invitation à l'initier au plaisir des chairs caressées et des intimités emboîtées. Ça, c'était audacieux, ne put-il s'empêcher de commenter, incapable de retenir un rire, franchement amusé. Il avait épousé quelques corps de ses aînées, mais n'avait jamais touché une cadette de plus de deux années, l'idée de ce que ça aurait pu suggérer fut alors très vite évincée. Il passa les jambes dans son pantalon, et ajusta la taille à l'aide du ceinturon, enfila sa chemise et récupéra ses autres effets à tâtons. Accessoires réintégrés à son cou, son doigt et son poignet, il quitta le salon pour retrouver la jeune femme en cuisine, puisqu'il avait accepté le sandwich proposé. Contre le plan de travail il posa son fessier et, tout en se mettant à boutonner le haut qu'il portait, se permit de demander : alors, c'est quoi ta spécialité ? Pourvu qu'elle ne soit pas tombée amoureuse des fromages en tout genre, il en serait dégouté.

Il avait tenté, mais n'avait jamais pu l'apprécier. Les tranches de cheddar dans les burgers pouvaient passer, et dans les pâtes acceptait limite le gruyère râpé. Je suis un adepte de Tatte Bakery, voyons voir si tu peux les égaler, la mit-il au défi de lui faire quelque chose de nourrissant et raffiné. Il s'y rendait de moins en moins depuis qu'il travaillait de l'autre côté, mais une fois Charles River traversée, avec des amis pour déjeuner, c'était l'un des endroits où on pouvait facilement le retrouver. Là-bas et chez Starbucks pour un café de bonne qualité – meilleur que ceux des machines de l'université. Si tu arrives à m'épater, quand il fera beau je t'inviterai peut-être à pique-niquer près d'une eau claire, dit-il – elle ferait les pains garnis et lui apporterait le dessert, on pourra s'y baigner, et je pourrais me servir de toi pour revoir les cours d'anatomie. Des retrouvailles programmées, tous les deux dénudés, elle l'aiderait à réviser. D'abord le visage sérieux, le sourire devint malicieux ; est-ce qu'elle était intimidée ? Il lui rappela : c'est toi qui m'as donné l'idée, souviens-toi.

Elle avait émis l'hypothèse de vêtements soustraient à l'équation, il ne voyait pas pourquoi il serait le seul à se retrouver dans cette situation. Il chercha du regard les mimiques qui pouvaient exprimer sa gêne, car la voir rougir était compliqué à cause de ses gènes. Il la trouvait trop adorable pour la faire paniquer, il préféra la rassurer : une jolie robe de printemps fera l'affaire. La prochaine fois qu'ils seront amenés à sortir, il était certain que ça lui irait à ravir. Il aimait le blanc, le corail et les fleurs, peut-être qu'elle sera à même, un jour, de le connaître – presque – par cœur. Il jeta un œil sur la montre qu'il portait, et grimaça en remarquant l'endroit où les aiguilles s'étaient arrêtées. Ça te dérange si je le mange en route, demanda-t-il l'autorisation de l'emporter, j'ai vraiment pris du retard, je vais sûrement devoir trainer au labo ce soir. Être assistant payait bien mais il ne quittait jamais de bonne heure. Il la regarda empiler les éléments et revint sur sa proposition : à tout hasard, si tu étais intéressée par le pique-nique, sache que tu serais embauchée pour faire les sandwiches.

À comprendre qu'à ses yeux ils étaient parfaits ; elle n'était pas douée derrière les fourneaux, c'était bien ce qu'elle disait ? Ji-hun pensa surtout qu'elle avait ce qu'il fallait, ne restait juste qu'à faire des progrès.