Ce n'était pas ce à quoi je m'attendais en venant voir Bohème aujourd'hui. Il venait de me faire une frayeur comme jamais, et maintenant je n'avais qu'une seule envie : boire un bon verre pour faire redescendre la pression. Tout en fronçant des sourcils en entendant sa réponse, je dis C'est pas très rassurant tout ça. Évidemment, je me posais un tas de questions. Sur lui. Sur son état de santé. Est ce que c'était si grave que ça ? Et oui, Évidemment je m'inquiétais pour lui. D'insuline hein... Il venait de répondre à ma question qui était de savoir ce qu'il avait comme problème de santé. Je le regardais et souris à ses paroles. Bien qu'il soit réveillé, ca se voyait sur sa tête qu'il était pas encore au top de sa forme. Tu as besoin de quelque chose ? Autre que le coca... Mon instinct maternel prit le dessus. Voulant à tout prix faire au mieux pour mon ancien élève.

@Bohème Chatelain

Si je suis conscient que cet évènement risque de changer à jamais sa façon de me considérer, j'ose espérer ne jamais voir de pitié dans le fond de ses prunelles. Cette épée de Damoclès se trouve au-dessus de ma tête depuis bien trop longtemps pour que je me perturbe avec ce genre de détails. La vie est moche, j'imagine que je ne t'apprends rien... que je soupire non sans avaler plusieurs lampées de Coca à la suite. Tant que je n'aurais pas pris cette putain d'insuline, l'épée restera au-dessus de mon crâne. Sa question fait froncer mes sourcils, me poussant à me relever brusquement. Un peu trop brusquement, puisque ma vue se trouble aussitôt, sans doute sous l'effet de la tension qui doit certainement faire du yoyo dans mon corps. Ah non pas toi... balaye cette putain de pitié de ton esprit ! que je grogne en me massant le front au passage. Je ne suis plus un gosse, Becca. Je vais finir dingue, mais je ne suis plus un putain de gosse !

S’il semblait aller un peu mieux maintenant, il m’avait tout de même foutu un sacré coup de peur. Tout d’abord parce que je ne voulais pas que quelqu’un s’en aille devant mes yeux, encore moins lui. Puis cela me ramenait à tous ceux que j’ai pu perdre depuis ces dernières années. « Non en effet, tu ne m’apprends rien. » J’espérais seulement que son état ne s’empire pas trop tout de même. Il était encore jeune et toute la vie devant soi. La vie serait sacrément merdique si elle venait à trop l’emmerder lui. « Ce n’est pas de la pitié Bohème. » Non, juste un peu trop de maternage. Mais s’il en voulait pas, je comprenais. J’avais exactement la même réaction avec ma fille à la maison. « Est-ce que tu veux prendre un peu l’air ? » Je proposais sans même savoir si ça lui ferait réellement du bien. Puis je me demandais alors s’il en serait capable. Son visage semblait encore trop pâle à ses couleurs de d’habitude, lui qui a même plutôt la peau matte.

@Bohème Chatelain

Pitié ou pas, je n'en n'ai pas besoin que je précise dans un souffle pénible et douloureux. Cet élan de fierté n'est même pas vraiment dirigé contre Rebecca, à vrai dire, mais plus généralement vers les sentiments maternels. Je ne crois pas avoir déjà vu ma propre mère dans un élan de protection digne d'une maman poule... et ce manque d'habitude me convient, m'aide à forger cette putain de carapace nécessaire à ma survie. Pourquoi pas que je lance d'un ton plus doux, me relevant non sans mal. La terre est basse... c'est ce à quoi mon esprit brillant pense lorsque je m'étire de tout mon long avant de prendre délicatement la main de mon mentor. Je crois que ça nous fera du bien, à l'un comme à l'autre. Cette dernière phrase est presque murmurée, mais oui, nous restons un temps infini sur ce grand balcon, nos silences parlant pour nous.