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    Hell could catch me, I don't want you to go through it with me ft Joyce (11.04)
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    Ji-hun HwangMembre de la Pforzheimer House
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    Ji-hun Hwang
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    Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
    Quartier.s d'habitation & Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
    Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
    Études & Métiers : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
    Date d'inscription : 16/04/2022
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    Warning : régime totalitaire, sanctions (ex : camp de concentration, travail forcé, exécution publique), patriarcat social / juridique, tortures / actes de barbarie, détention provisoire, violences policières (Japon), ablation d'un rein, 18+, racisme / discrimination / bashing subis, grossesse extra-utérine de son ex-copine / maladie : insuffisance rénale.
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    Lien du postJeu 6 Avr - 21:25
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    Une semaine était passée depuis que Ji-hun s'était refusé de passer les portes de la Dudley. Désintérêt ressenti pour le stress qu'il vivait au quotidien en tant que réfugié, rendu futile à coup de « repose-toi » et d' « on en parle demain », il avait préféré souffler de son côté tant la colère envers Joyce l'avait submergé. Il avait détesté la sensation de ne rien pouvoir contrôler, ni les pensées, ni les mots – ni les conclusions peut-être. Il était un homme posé, de ceux qui désiraient parler quand la tension cessait de monter, pour éviter de cracher des phrases qu'il ne croyait qu'à moitié. Vidé de confessions et d'émotions grâce à l'écoute attentive de Erika, il avait rencontré une docteure pour le boulot et passé le weekend de Pâques à la « maison ». Il se sentait aujourd'hui assez apaisé pour retrouver sa moitié.

    Message envoyé la veille pour lui proposer de faire le chemin ensemble jusqu'au quartier résidentiel où tous deux vivaient, il fut à l'heure comme il l'avait promis. À une cinquantaine de mètres devant les portes du bâtiment de biologie, sur l'une de ses épaules un sac à dos rempli de ses effets, il terminait tranquillement son énième clope à l'affût de la moindre sortie. Il eut le temps de tirer sur la dernière bouffée, d'écraser le mégot et de le jeter avant qu'apparaisse enfin la demoiselle qu'il attendait. Il ne put s'empêcher de sourire en la reconnaissant, et il attendit patiemment qu'elle le rejoigne là où il s'était posté. Pour une fois il fit abstraction des autres étudiants car, dès lors qu'elle fut à sa hauteur, il se pencha et cueillit de ses lèvres trois baisers pour la saluer – deux petits, un prolongé.

    Ça a été ta journée, lui demanda-t-il – tendant la main vers son bagage de travail si elle en portait un pour l'en délester, et proposa ses doigts pour marcher côte-à-côte comme si rien ne s'était jamais passé.

    @Joyce Millett
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    Lien du postSam 8 Avr - 17:20
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    Les nœuds dans son estomac trahissaient à la fois la peur de le voir et l'angoisse ressentie. Jay et Joyce ne s'étaient plus vraiment reparlé depuis les dernières tensions qui avaient envahi leur couple ; ou, plus exactement, lui avait refusé de lui répondre, ne lui écrivant pas et allant jusqu'à lui poser un lapin alors qu'il était censé passer la nuit chez elle une semaine auparavant. Inquiète, elle s'était rendue à son laboratoire, plus pour vérifier qu'il allait bien que véritablement pour monter à la confrontation. Au moi, ça lui avait été confirmé. Même si là encore, il n'avait pas voulu lui parler.
    Plus de nouvelles alors, elle avait revécu ce que Denzel lui avait imposé une année plus tôt et, même si elle savait qu'il était néfaste de tirer des parallèles entre ces deux histoires, son esprit ne pouvait s'empêcher de tisser entre les concordances. Les dissonances également, qu'elle tentait de répéter dans sa tête pour se rassurer. Ça marchait un peu, pas vraiment ; elle n'avait quasiment pas dormi et était retournée dans ses travers, à bosser jusqu'à bien trop tard et faire la fermeture de la bibliothèque. Le seul écart dans tout ça, la seule respiration autorisée était le temps passé avec Haley, histoire de se changer les idées... ou au contraire de faire et défaire son récit encore et encore.

    Puis il y avait eu le message, bouteille en pleine mer trouble. Joyce avait aussitôt accepté avant de passer une bonne partie de sa soirée à ranger le bazar dans sa chambre - ça s'accumulait si vite - et une fois de plus n'avait pas réussi à dormir. Et s'il venait simplement la quitter ? Entaille de plus dans on sommeil. Ou lui annoncer qu'il quittait les États-Unis ? Lame tranchante dans les doigts de Morphée.
    C'est donc avec des nœuds dans le ventre et un battement trop rapide dans la poitrine qu'elle se pointe devant lui. Sourire dans l'horizon - elle tente de s'y ancrer -, la suite cependant la surprend. Il se penche pour l'embrasser, comme à son habitude quand il pénètre dans sa chambre, comme s'il ne s'était rien passé, qu'elle avait simplement rêvé ce ghostage d'une semaine. Plus surprenant encore, lui qui se veut d'habitude si discret sur leur relation l'embrasse en pleine rue et elle ne peut s'empêcher de balayer du regard l'espace autour d'elle : ils ne sont même pas seuls. Laissée sans voix elle accepte par automatisme plus que par volonté, de lui abandonner son sac à dos, puis de glisser ses doigts entre les siens. La surprise finissant par s'effacer, elle peut enfin lui répondre :

    - Oui, enfin... normal. Et toi ?

    Elle avait failli s'endormir sur son microscope, mais n'avait pas forcément envie de développer là-dessus. Le chemin jusqu'à la maison Dudley, de toute manière, n'était pas très long alors autant garder ces conversations pour le moment où ils y seraient parvenu. Dans tous les cas, Joyce n'était pas du genre à vivre sur des non-dits.
    Ji-hun HwangMembre de la Pforzheimer House
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    Lien du postDim 9 Avr - 4:17
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    Ji-hun ne put que sourire en apercevant sortir de la bâtisse la demoiselle aux cheveux bruns et bleus, et il ne la quitta bien évidemment pas des yeux tout au long du chemin qui les séparait. Il attendit qu'elle arrive à sa hauteur pour se permettre de déposer le goût de nicotine sur ses lèvres des siennes – l'habituel un, deux, trois avec lequel il la saluait d'ordinaire à l'abri des regards. Aujourd'hui à découvert, il remarqua sa surprise mais surtout le coup d'oeil jeté tout autour. L'impression que l'élan ne lui avait pas plu, il balaya le moment d'un revers invisible et se promit qu'il ne tentera plus. Il s'occupa de son sac de cours, ajouta la bretelle près de sa semblable et tendit sa main pour que leurs doigts puissent s'unir.

    Aussi, répondit-il au retour de question, j'arrive à me tenir à des horaires plutôt corrects. Très rares avaient été les fois où c'était arrivé depuis la rentrée. Ils empruntèrent le chemin verdoyant qui menait à Harvard Yard. Tu as entendu parler de ce qui s'est passé lors d'un concert ce week-end , demanda-t-il. Des diffusions avaient été programmées sur toutes les chaînes et les réseaux avaient relaté les faits au fur et à mesure de la progression des secours, il était compliqué de passer à côté. C'est terrible..., lâcha-t-il ; le bilan n'était pas encore arrêté, des personnes étaient encore hospitalisées. Il n'avait pas reçu de nouvelles de toutes les personnes qu'il côtoyait, espérait sincèrement qu'elles allaient bien.

    Tu as fait quelque chose pour Pâques, sinon, changea-t-il de sujet après ça. Il ne la connaissait pas croyante, encore moins pratiquante, mais ça n'empêchait pas de retrouver ses amis pour le célébrer. Sans surprise, de son côté, il avait passé le dimanche et le lundi en compagnie de sa famille d'accueil qui avait adressé leurs prières aux survivants, ainsi qu'aux familles et proches des victimes.

    @Joyce Millett
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    Lien du postMar 11 Avr - 11:28
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    Main dans la main avec Jay, leurs doigts enchevêtrés les uns aux autres, la scène lui paraît complètement absurde. Comme si tout ce qui s’était joué la semaine précédente n’avait jamais vraiment existé, et c’est un sentiment plutôt étrange à vivre. A-t-elle rêvé tout cel ? Son copain ne lui avait-il pas posé de lapin, un imprévu se glissant par inadvertance dans sa journée, et le message se perdant quelque part dans les limbes des SMS oubliés ? Mais non, non, elle était certaine de lui avoir écrit plusieurs fois sans obtenir de réponse, d’avoir même tenté de le joindre sans qu’il réponde pour autant. Tout cela sonnait très faux dans sa tête, comme une scène mal tournée d’un mauvais film. Est-ce que le doctorant avait décidé de maintenir cette mascarade pour ne pas trop brusquer une séparation ? Non, ça ne lui ressemblait pas, s’il y avait des choses à dire, il les disait et là elle était complètement déstabilisée. Joyce tente tant bien que mal de reconstruire ses pensées en se focalisant sur la conversation actuelle.

    – Oui, Haley était juste devant l’entrée au moment où c’est arrivé. Elle n’a rien, mais elle a tout vu et ça l’a beaucoup bousculée.

    Très égoïstement, Joyce avait surtout était soulagée de savoir que son amie était hors de danger au moment des faits, même si les pires blessures n’étaient pas toujours celles qui étaient le plus visible. Forcément, elle avait culpabilisé aussitôt pour cette pensée, quand autant de gens n’avaient pas été aussi chanceux. Les ambulances s’étaient relayé toute la nuit près de la salle de concert alors que Joyce avait sauté dans un taxi pour rejoindre Haley vers 2h du matin. Au moins, ça lui avait permis de se changer les idées.

    – Je suis restée avec Haley le dimanche, on avait prévu de se voir de toute manière. Sinon j’ai travaillé, et j’ai parlé avec mon père au téléphone. Il y a une orque qui va être relâchée d’un parc et elle va être entraînée par des gens, dont mon père, pour apprendre à vivre dans l’océan.

    Après 50 années passées à vivre dans un minuscule bassin, elle allait devoir reconstruire ses muscles et apprendre à chasser. La réinsertion ne serait pas facile, elle avait cependant le plus de chance de réussite en comparaison des autres orques dans les centres aquatiques. Celle là avait l’avantage de reconnaître le chant de son pod qu’elle pourrait sûrement rejoindre, dans l’espoir qu’ils puissent prendre soin d’elle ; elle y retrouverait peut-être même sa mère – et le comportement que celle-ci aurait vis à vis de son enfant aurait aussi un véritable intérêt scientifique. Bref, son père se réjouissait de la nouvelle et de tout ce que ça apporterait aux études sur les orques qui était sa véritable passion. Il avait été extrêmement bavard au téléphone, ce qui l’avait bien arrangée ; elle n’avait ainsi pas eu à leur raconter ce qui la troublait.

    – Et toi ? C’était comment ?
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    Lien du postMar 11 Avr - 14:25
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    Ji-hun évoqua naturellement la catastrophe qui s'était produite durant le weekend, et qui avait monopolisé une bonne partie des informations de la soirée. Les réseaux sociaux avaient été inondés de photographies plus ou moins agréables à regarder et des suppositions habituelles qui suivaient ce genre d'évènement ; qui, quoi, pourquoi, comment ? Il apprit alors que Haley fut témoin et réagit à peine, une simple vibration des cordes vocales pour affirmer qu'il avait bien entendu. Je suis content qu'elle n'ait rien de grave, dit-il. Et c'était vrai, mais son rapport aux tragédies et à la mort était différent, puisqu'il en avait vu un bon paquet au cours de sa vie, et qu'il ne pouvait pas y réagir avec autant d'intensité, c'était ainsi – tout à fait lui. Il ne savait pas si toutes ses connaissances étaient à l'abri, savait qu'il allait avoir un retour, ne se faisait donc pas de soucis.

    L'animal que tu as posté sur ton compte, demanda-t-il confirmation. Il avait vu passer dans le fil d'actualité un mammifère marin, il supposait que c'était donc Joyce qui avait téléchargé la photographie pour en parler. Une bonne chose, du coup, conclut-il, tu dois être contente d'avoir ce genre d'info en avant-première. Tout n'était pas tout noir, et même si cette orque avait dû passer un temps malheureux dans un parc, elle voyait là sa chance de retrouver enfin sa liberté. Uhm, j'ai vu une amie et sa petite-soeur samedi. Elles avaient fait une activité sur Pâques au matin, donc elles m'ont montré ça avant qu'on passe une partie de l'après-midi ensemble , commença-t-il, puis le reste du temps chez ma marraine. Il y avait dormi toute la semaine aussi, son sac à dos transportait ses produits de toilettes et les vêtements qu'elle avait insisté pour laver et repasser afin qu'il n'ait qu'à se poser.

    Tu vas continuer à bosser une fois rentrée , l'interrogea-t-il alors qu'ils marchaient toujours pour atteindre Harvard Yard. Lui avait en tête de ranger ses affaires à la place qui leur était réservée, puis de se commander un repas à regarder devant une émission de télé sur une chaîne coréenne à laquelle il s'était abonné. Maintenant qu'il s'était organisé pour lever un peu le pied, il s'autorisait à se distraire pour ne plus trop penser durant le temps libre qui lui était offert. Heureusement, il reprenait les entraînements de sport le weekend qui suivait, et avait de nouveau calé des heures de tutorat à donner à des élèves qui, par e-mail, l'avaient contacté.

    @Joyce Millett
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    Lien du postMer 12 Avr - 11:16
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    L’impression étrange de devoir remplir le vide par des conversations phatiques jusqu’au moment où ils parviendraient enfin dans sa chambre, à l’abris définitif des regards et des murmures, pour mettre les choses à plat. Naturellement, ça dévie en direction de la catastrophe du weekend qui avait submergé de brouhaha les réseaux sociaux et la presse ; difficile de passer à côté du drame, même ses parents en avaient eu écho et l’avait appelée au plein milieu de la nuit pour lui demander comment elle allait – elle était, à ce moment, dans un taxi pour aller chez Haley. Encore une nuit mouvementée et où le sommeil ne l’avait pas trouvé ; elle s’additionnait à toutes les autres, mais au moins cette fois ses pensées étaient tournées en direction de son amie et non du trou béant dans sa poitrine.

    – Moi aussi, soupire-t-elle.

    Quand elle avait appris ce qui s’était passé, au courant du fait que son amie devait justement sortir ce soir-là, elle avait tout de suite essayé de la joindre. L’idée d’écrire à Jay, pour s’assurer qu’il allait bien également, l’avait effleurée ; mais il avait été clair sur son besoin de temps et elle s’était forcée à le respecter malgré l’inquiétude. Elle avait l’habitude, après tout, des latences de communication avec ses parents.
    En ce moment cependant, ils étaient plutôt facile à joindre, en route pour la Floride où son père pourrait déjà rencontrer l’orque qu’il étudierait l’année prochaine. Joyce savait à quel point c’était important pour lui et avait été heureuse de l’entendre en parler avec tant de passion : ses parents et elle partageaient cette même adoration de l’océan, les reflets brillants des vagues qui les reliait.

    – Je suis surtout contente pour lui. Et pour elle bien sûr, ça fait des années que les organisations se battent pour que les orques ne soient plus exploitées dans des parcs. C’est un combat qui est encore loin d’être gagnée, mais… chaque victoire est un pas de plus.

    Des victoires auxquelles il fallait se raccrocher, sinon la tâche paraissait infinie et insurmontable. Parfois, ça la terrifiait, d’autres fois, ça lui donnait envie de se jeter corps et âme dans cette bataille des flots. Mais il fallait être raisonnable, gérer ses études à côté également ; son doctorat en biologie marine lui donnerait une certaine légitimité, ce qui était élitiste comme raisonnement, mais néanmoins une réalité dans la société dans laquelle ils étaient plongé. Les batailles glissaient des mains des militants pour appartenir aux classes politiques. Certaines écoutaient les scientifiques – de loin pas toutes –, mais c’était un moyen de défendre une parole. Ça ou la politique, bien entendu, mais qui ne ‘avait jamais tentée. Et puis il y avait la désobéissance civile, mais là encore c’était un pas qu’elle ne se voyait pas franchir.
    L’avantage de ce froid intempestif avec Jay, c’est que ça lui avait donné du temps pour avancer sur ce weekend prolongé. De son côté, il avait vu une amie et passé du temps avec sa famille d’accueil, ce qui ne l’étonne pas vraiment ; il l’avait prévenue que ça serait sûrement le cas, comme généralement lors des fêtes chrétiennes.

    Le paysage défile sous leur pas, la verdure de Harvard Yard éclipsant pour quelques instants de traversée le reste de la ville. Les maisons n’étaient plus très loin désormais, à peine cinq minutes à pied, encore moins en vélo – elle avait hâte que les beaux jours reviennent.

    – Je ne sais pas encore, avoue-t-elle, consciente que ça dépendrait surtout de si elle avait besoin de se changer les idées. Et toi ?
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    Rien de particulier à déclarer pour le weekend tout juste passé, il s'était baladé en compagnie d'un bambin d'un peu plus d'un an, une bouffée d'oxygène avant l'annonce de la catastrophe qui avait demandé à la famille Cavanagh de prier durant la célébration de Pâques. La fête chrétienne avait pris une tournure un peu moins festive, mais ça ne les avait pas empêché de l'initier à leurs croyances ; il avait particulièrement apprécié le repas cuisiné par les deux femmes de la maison. Ils avancèrent vers le parc où le vert reprenait tranquillement ses droits. La pelouse s'apprêtait à accueillir les étudiants sur son étendue reposante, et les feuilles s'accrochaient lentement aux branches des arbres. C'était beau à voir.

    Pour autant, le printemps n'avait jamais été sa saison favorite, elle était souvent appelée « la saison de la mort » dans son pays. Très peu de récoltes, les insectes n'étaient pas de retour en assez grand nombre pour nourrir les populations rurales, les fleurs bourgeonnaient à peine pour offrir leurs nutriments. Malgré un mode de vie aisé, il se rappelait avoir souffert d'un manque de vitamines sévère, notamment lors de ses services rendus à l'armée ou dans les champs, au point où sa peau craquelait, endommagée davantage encore par le vent puissant de mars et d'avril. Il préférait l'automne, et de loin, même si l'été restait agréable. L'absence de cours rendait désert Harvard yard, c'était étrange, malaisant.

    Pour le moment, je ne travaille plus trop en soirée , lui rappela-t-il qu'il avait décidé de prendre le temps de souffler après les rushs vécus ces dernières semaines – ces derniers mois. Je pense regarder un programme tranquille jusqu'à me sentir fatigué , l'informa-t-il. Il n'avait pas l'intention de la faire trop longue. Si d'ordinaire il arrivait à tenir les yeux ouverts jusqu'à une ou deux heures du matin, il avait prévu d'aller courir à la fraîche. Je reprends les entraînements dimanche , dit-il, je dois être en forme ; sports de combat et musculation. Il attendait impatiemment de pouvoir plonger dans l'océan, ou les points d'eau, parce qu'il n'était pas à l'aise dans ses mouvements en compagnie d'un public novice.

    Ils sortirent de la verdure pour zigzaguer entre les bâtiments et les immeubles, ils traversèrent les rues, en empruntèrent d'autres, jusqu'à ce que la Dudley ne soit plus qu'à quelques pas. On y est, s'exclama-t-il en lâchant sa main pour fourrer la sienne dans une poche avant de son pantalon. Sa palme libre se défit du sac de cours de sa copine et il lui tendit en prenant soin de ne pas faire tomber la lanière du sien de son épaule. Tu travailles demain, se rappelait-il – à moins qu'elle avait changé ses horaires entre temps, je viens te chercher jeudi ? Ainsi ils pourront faire le chemin ensemble, et il la raccompagnera jusqu'à sa Maison. Il ne l'embrassera pas, parce que ça ne semblait pas lui avoir plu la première fois.

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    Lien du postMer 12 Avr - 16:37
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    Paysage désormais connu par cœur ou presque, les détails accumulés au cours de ses années à Harvard et à la Dudley, maison éphémère le temps de terminer ses études. Bien sûr, la végétation changeait au fil des saisons, les pelouses se parsemaient de petites fleurs puis des feuilles oranges qui tombaient des arbres pour renaître au printemps. L’évolution de la nature, comme sur l’océan d’ailleurs où une vague n’était jamais vraiment pareille à une autre, où l’horizon prenait des tons différents tout en étant toujours semblable à lui-même. L’endroit, en tout cas, était agréable, elle avait souvenir de s’y être posée l’été après les cours, une veste en jeans sous ses fesses et un bouquin à la main ; ou bien encore une joyeuse ribambelle d’étudiants qu’elle rejoignait, limonade tendue dans sa direction, éclats de rires accrochés aux rayons du Soleil. Pour l’instant, l’endroit est surtout désert, on pourrait presque ne pas croire être dans une grande ville, étrangement écorché de son brouhaha habituel. L’été et les étudiants reviendront ; même quand elle ne sera plus à Boston. Certaines choses sont immuables, d’autres trop éphémères.
    Et eux dans tout ça ?

    Ça la surprenait presque de l’entendre dire qu’il avait levé le pied sur le boulot ; certes, elle l’avait entendu dire ne pas vouloir rester après 8 heures sur le campus, mais ne pensait pas que ça durerait encore cette semaine.C’était cependant sûrement une bonne chose dans le fond ; il avait beaucoup travaillé et avait le droit à se relâcher un peu, surtout si c’était en prévision de reprendre le sport bientôt.

    – Il faudra qu’on aille courir aussi. Pour cet été.

    Si ce plan là tenait toujours ; en tout cas pour elle, c’était le cas. Déterminé à parachever ce rêve qu’elle avait dû abandonner une fois, elle espérait cependant sincèrement pouvoir franchir la ligne d’arrivée à ses côtés – ou au moins pouvoir foncer dans ses bras à l'arrivée, car elle ne doutait pas qu’il soit bien plus rapide qu’elle sur tous les terrains du triathlon et qu’il parviendrait à la fin avant elle.
    Au moins, traversaient-ils le parc au même rythme. Ils en ressortent les doigts toujours liés pour valdinguer cette fois dans la grisaille des bâtiments et des trottoirs, béton qui dévore tout sur son passage. Les immeubles se succèdent les uns aux autres jusqu’à ce qu’ils parviennent à la Dudley, point final de tout cela. Vraiment ? Les paumes se séparent et ça lui manque déjà.

    – Oui, elle travaillait le lendemain, sortant plus tôt de son laboratoire pour rejoindre l’aquarium et en faire la fermeture, mais également les nettoyages et nourrir les animaux. Quelques heures encore consacré à son travail étudiant, le mercredi et un jour pendant le weekend, ça n’avait pas changé.

    – A–attends Jay. Tu ne veux pas monter un moment ? Tu m’as manqué.

    L’élan était parti tout seul, véritable et sincère. L’éloignement des âmes plus que ces quelques jours sans se voir, surtout, l’avait marquée. Elle en oublie même qu’elle espérait à la base simplement pouvoir parler de toute cette situation, elle a juste envie de pouvoir passer un moment dans ses bras.
    Ji-hun HwangMembre de la Pforzheimer House
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    Ji-hun Hwang
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    Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
    Quartier.s d'habitation & Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
    Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
    Études & Métiers : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
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    Lien du postMer 12 Avr - 17:37
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    Ji-hun acquiesça du faciès lorsqu'elle ramena dans la conversation l'entrainement qu'ils devaient reprendre. Il n'avait pas oublié ce rêve qu'elle avait de pouvoir participer à un triathlon. Ça n'avait pas changé, c'était encore dans les projets pour cet été, il n'attendait que son feu vert pour construire un programme adapté à leurs journées. Harvard Yard fut traversé en une ligne presque droite, et ils marchèrent main dans la main dans le silence, parcourant les rues qui les séparaient de la Maison des Roses – confrérie qu'elle avait intégrée bien avant qu'il ne loge dans la sienne, confrérie qu'il avait visité avant de découvrir la sienne. Quelques minutes supplémentaires leur suffirent pour se trouver à quelques pas de l'entrée où il devait la déposer ; ils y étaient.

    Le nord-coréen lui proposa de venir la chercher jeudi soir encore, afin de leur permettre de faire le chemin côte-à-côte comme aujourd'hui ; il se souvenait qu'elle travaillait le lendemain à l'aquarium, il se trouvait à l'opposé. Sac de la doctorante toujours tendu vers sa copine, il leva les sourcils et fit vibrer ses cordes vocales quand cette dernière lui demanda de patienter. L'asiatique ne fut ni surpris ni excité à l'idée, il regarda simplement sa montre pour vérifier l'heure et, comme si c'était d'un banal malgré le silence radio d'une semaine, il répondit : ouais, pourquoi pas. Il rendit tout de même le bagage de travail à Joyce, histoire que ça ne paraisse pas trop curieux, puis l'invita à marcher devant. Je te suis, ajouta-t-il, prêt à marcher dans ses pas.

    Ils entrèrent dans la Dudley et ne prirent pas le temps de s'installer dans une pièce commune du bâtiment. Ils croisèrent des résidents sur le trajet jusqu'à la chambre où ils purent s'enfermer et gagner en intimité. Porte tout juste fermée dans son dos, il adressa un sourire à la biologiste avant de poser son baluchon de fringues repassées et de produits d'hygiène à l'un des pieds du bureau. Il faut vraiment qu'on prenne exemple sur toi, constata-t-il l'ordre qui régnait dans la pièce d'un simple coup d'œil ; « on », sa coloc' et lui. Il se permit de tirer la chaise du meuble et s'y assit. Il reposa sa colonne sur le dossier en soupirant d'aise, puis fouina distraitement dans la pile de feuilles posée sur le côté et lut en travers de quoi les documents traitaient.

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    Lien du postJeu 13 Avr - 10:12
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    Deux silhouettes immobiles devant la maison qui résonnait régulièrement des fêtes organisées par la Dudley – les événements de cette année avaient cependant un peu contenu cette ardeur, ce qui était à double tranchant pour la doctorante : d’un côté ça lui laissait plus de temps pour réviser et se reposer, de l’autre les fêtes organisées chez elle directement étaient aussi une occasion de célébrer en se sortant la tête des bouquins. Aujourd’hui, cependant, la maison est plutôt calme, personne n’a tiré de chaises longues ou déplacé de canapé dans le jardin pour regarder les étoiles – oubliant au petit matin de les ranger dans la maison sous le coup de l’ivresse, laissant ainsi les meubles prendre la rosée.

    Mais qu’importe la maison, les fêtes, les meubles déplacés qui crissent sur le parquet, Joyce pour l’instant ne voit que Jay qui acquiesce, sans enthousiasme forcé, presque un peu trop neutre, mais au moins n’était-ce pas un refus.

    Récupérant son sac, elle prend le temps de le glisser sur ses deux épaules pour ne pas meurtrir l’une plus que l’autre, et se dirige ensuite vers la grande porte, le doctorant dans sa foulée. Celle-ci est déverrouillée, comme bien souvent – presque tout le temps – et elle n’a donc pas besoin de sortir ses clés pour l’ouvrir. Les intrus de toute manière ne seraient pas gagnant à pénétrer là : il y a tout le temps du monde qui les croiseraient forcément et s’interrogeraient sur le présence, et de toute manière pas grand chose à voler – quelques ordinateurs tout au plus. Rapidement, ils rejoignent l’étage et la chambre étudiante, sans avoir besoin de se concerter au préalable : ils n’ont pas envie de se poser sur le canapé pour discuter avec d’autres personnes ou de partager la cuisine avec le groupe qui y est déjà réuni, une odeur de cookies envahissant déjà la maison. Quelques salutations à peine, bientôt la porte se referme derrière eux, les isolant de cette fourmilière grouillante qu’est la maison.

    Alors que Jay pose son sac, elle en profite pour sortir son téléphone de sa poche et le branche à son chargeur – elle a la détestable habitude de ne pas le faire assez régulièrement, le voyant trop vite basculer dans les derniers pourcentages de sa batterie – avant d’accrocher sa veste et son sac à leur place habituelle.


    – J’ai rangé hier soir, avoue-t-elle, sans savoir s’il devinera que c’était parce qu’elle espérait qu’il viendrait jusque là.


    Le rejoignant jusqu’au bureau, son regard suit le sien sur les feuilles qui y traînent. Un article sur les phytoplancton semble avoir attiré son attention ; il est signé d’une prof de l’université de Bordeaux dont elle a rencontré l’un des étudiants à Miami et dont le sujet l’a particulièrement intéressée, d’où ses recherches. Cependant, si elle parle toujours avec plaisir du microcosme marin, elle doute que ce soit totalement le cas avec le biochimiste et, surtout, a autre chose en tête. Des questions qui chamboulent sa tête et ses lèvres.


    – Jay je… je t’avoue que je suis un peu perdue. J’ai besoin de toi, j’ai pas envie d’être indépendante là, en tout cas pas si c’est parce que je t’ai blessé et que tu es fâché contre moi.

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