Si pendant la plus grosse majorité du temps de voyage, étant plus qu’à l’aise à bords d’avions, initié depuis l’enfance à voyager, je me suis adonné à l’art de la sieste, ce n’est absolument plus le cas depuis que nous avons posé nos pieds à Punta Cana. Excité comme une puce ou presque à l’idée de passer ses quelques jours loin de Boston et des obligations qui y sont liés, la bonne humeur ne veut tout simplement pas me quitter. Et puis, passer quinze jours entre copains ça ne peut faire que du bien. Laisser les soucis sentimentaux loin derrière, parce qu’il me paraît que les femmes vont vraiment finir par me flinguer. Deux en particulier. L’amante et la fiancée. Un bordel de plus en plus désorganisé. Trop compliqué.

Alors, une fois que nous nous sommes enregistrés à la réception de l’hôtel et que nous avons récupéré les clefs de notre chambre pour les jours à venir, j’attends que l’on soit tous les deux dans l’ascenseur pour lui dire ; « Je propose qu’on instaure des règles. » sérieusement déconneur, quand les portes s’ouvrent à l’étage souhaité, je tire ma valise, m’amuse à fanfaronner, le doigt en l’air pour débuter, « d’abord, l’accès à la chambre est interdit à la sorcière rouge, » il sait de qui je veux parler, l’investigatrice de son escapade française, reine des glaces qui fout les jetons, la brune de la soirée Changes house, cela dit, mais je ne m’y risque pas, parce qu’il suffirait qu’il cite une blonde pour que ça me fasse moins rigoler, n’est-ce pas ? « On laisse évidemment mes sœurs où elles sont, » la rancune tenace, vivant encore le traumatisme de les avoir attraper tous les deux durant l’acte, « on n’évoque pas la fiancée, » je deviens dictateur, sans même y penser, « et te balader à poil, c’est proscrit. » Ce serait un choc visuel, ça aussi. Largement, je lui souris, arrivés face à notre porte, sans pour autant l’ouvrir, préfère lui demander « Autre chose à ajouter ? »

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« Parce qu’elles sont là… » Je préfère ne pas relever, il vaut mieux ne pas foutre la mauvaise ambiance à peine arrivés. Et puis, c’est inutile de lui préciser – encore – que mes petites sœurs sont estampillées de la mention Attention pas toucher, sous peine de véritable danger.
Alors je continue sur ma lancée, ne me laisse pas perturber, de toutes les façons, quand j’ai quelque chose en tête, je ne l’ai pas ailleurs, et l’asiatique le sait. Valentina est donc un sujet à placer sous silence, et pour le reste, j’ai plutôt des envies de déconner. Après ce sont les vacances, et être sérieux à Harvard, c’est déjà bien assez. « Hein ? » Mais c’est qu’il est devenu dur de la feuille avec ça… Je devrais peut-être le prévenir que ça arrive lorsqu’on utilise un peu trop ses doigts.

Je marque un arrêt dans l’ouverture de notre suite pour l’écouter supposer ce que je nommerais volontiers comme une énormité. « Et si… J’ai le toboggan qui glisse tout seul ? » Nudiste, je le savais !  Mais j’en rigole entre le vrai bidonnage et la nervosité, d’autant plus quand il reçoit un regard dépité de la part d’une employée. « Fait chaud. » Heureusement que le futur d’avocat est pour moi, parce que niveau argumentation, là, Sheng, tu n’y es pas. Et quand elle continue sa route, riant à peine, le visage baissé, dans le couloir où nous stationnons, je ne peux pas me retenir de lui balancer, « T’as une nouvelle fan. » assurément qu’elle prendra plaisir à changer ses draps. Puis j’ouvre – enfin – parce qu’on ne va pas passer la journée sur le palier. « Tadaaaaa ! » je cultive l’art du spectacle, comme si j’avais moi-même décoré la chambre, alors que je me suis juste contenté de la réserver. Quelque pas de plus à l’intérieur, je délaisse ma valise pour commencer à visiter, « Le plus grand lit… » ouais, hors de question qu’il soit pour lui.

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Sous nos commentaires, la femme de chambre prend la poudre d’escampette, et je secoue le visage tout en continue à me marrer quand il me notifie un point de plus importants ayant des allures de vérité. « J’ai toujours eu un succès fou avec les milf, moi... » Je ne commente pas, parce qu’on sait pertinemment, que c’est un fait qui peut s’avérer plutôt intéressant. Les milf, elles rêvent d’action, de sortir de leur petit traintrain, espèrent mettre du piment dans leur quotidien. Et putain, au lit, c’est à croire que rien ne les retient.

Enfin, une fois à l’intérieur, je m’intéresse plus à la literie qu’à autre chose, parce que nous allons passer quinze jours ici, du coup, autant apprécier l’endroit où on va se pieuter. Même si en connaissance de cause, je peux affirmer qu’elles vont se compter sur les doigts d’une seule main, les nuits qu’il va passer dans le lit dans lequel il vient de sauter. « Ah j’me sens bien ici. » Un sourcil arqué à le voir prendre ses aises, attraper un prospectus qui accaparer toute son attention. « Piscine, sauna… » Le minimum syndical, cela va de soi. Alors je le laisse à sa lecture en posant mon regard ici et là, je m’imprègne de mon nouvel habitat. « Hey ils emmènent même les poissons au sauna. » Hein qu’est-ce qu’il dit, le chinois ? « Fabuleux cet endroit. » Un quart de tour réalisé, et je refais face à mon petit copain. « Les poissons au sauna ? » Bordel on parle de quoi ? Je le jure, j’essaie de réfléchir avec rapidité, et la seule option qui me vient c’est ; « T’as des envies de te faire bouffer… » par les petites bestioles, un truc que j’ai déjà vu quand j’écumais les plages et les services de soin de la méditerranée, « … les pieds ? »

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