la rage au ventre, la tristesse dans le coeur et les larmes aux yeux, je viens te chercher en voiture. j'ai pas dis grand chose sur le trajet, je me suis contentée de regarder la route et de te gratifier d'un sourire mi triste mi content quand t'es entrée dans la voiture. ça ne va pas du tout. j'ai envie de tout envoyer chier et en même temps je sais que vous me soutenez la bande et toi. mais c'est pas facile, cette relation j'y croyais. je pensais dur comme fer que Tristan et moi on ferait notre vie ensemble et je me rends compte que j'ai tout perdu dans son départ. alors j'essaie de m'occuper, j'essaie de ne pas y penser mais tout me ramène à lui. dans mon appartement, dans les rues de Boston, dans mon quotidien. je voudrais l'oublier mais il est partout. et bordel je suis en colère. contre le monde, contre lui et contre moi aussi. je voudrais que la peine disparaisse. c'est dans ces moments là que je me rends compte que je ne suis pas guéri. c'est quand je pense qu'avec un rail de coke tout pourrait s'arranger, au moins pendant quelques heures. mais c'est pas une solution et j'en ai conscience. je veux pas gâcher 3 ans de sevrage et décevoir mes proches. alors j'essaie de trouver une échappatoire et il semblerait que ton idée soit là bonne. une fois garée dans son allé, je me tourne vers toi. on y est. c'est le SUV noir là bas j'ai envie de le massacrer et d'un autre côté j'ai pas envie que t'aies de problème à cause de moi. j'sais plus si c'est une super idée je suis perdue meg, complètement paumée.

@Meaghan Flores

complètement paumée. voilà ce que je suis. j'ai l'impression de m'être pris un bus en pleine gueule. le même effet : c'est effrayant, c'est douloureux et énervant. j'ai pris un ko complet et c'est dur a accepter. j'ai l'impression d'être la ratée du groupe. celle à qui il arrive toujours des trucs totalement aberrant. ouais voilà. je suis l'anti héros d'une série netflix complètement loufoque avec 38727 saisons de trop, où tout devient too much, improbable. je suis une blague. et je suis fatiguée de me dire que parfois, je ferais mieux de garder les choses pour moi parce que j'ai l'impression que mes amis vont finir un jour par se dire que je cherche les problèmes et que c'est insupportable. si c'est pas déjà le cas. j'ai juste envie de m'enfermer chez moi. me coucher. et pas me relever. c'est peut-être trop. peut-être que l'univers m'envoie un signe. peut-être que c'était la relation, la déception de trop. un signe pour me dire qu'il faudrait que j'arrête les frais. je sais pas comment interpréter ça, mais je suis fatiguée. bloquée côté conducteur j'ai envie de lui ravager sa voiture comme il a brisé mon coeur. mais d'un autre côté est-ce que ce serait pas encore du drama inutile ? je sais plus. je me tourne vers toi, un peu les larmes aux yeux.  « je vais pas passer pour l'ex complètement instable qui accepte pas la situation ? »  on s'est quitté tout les deux, je lui ai dit de s'en aller s'il était pas capable d'attendre et lui il m'a dit qu'il préférait me libérer si j'étais pas prête. un accord qui a un gout amère. je commence à repenser à tout ce que j'ai fait pour lui, tout ce qu'on a traversé. le retour de son ex, sa fille, ma décision d'emménager avec lui. tout ça c'était pas assez, pourtant putain j'ai mis mes incertitudes et mes doutes de côté. « non. non non c'est à moi de le faire. ça n'aurait pas la même saveur si c'est toi qui le fait. » on est pas obligé de lui crever les pneus. juste rayer sa voiture, ça me suffit.  

@Meaghan Flores

ce serait mentir que de dire que j'y ai pas pensé, à me faire un petit rail de coke, histoire d'oublier le temps de quelques heures que ma vie est un vrai bordel. on est jamais guéris d'une addiction, on s'en éloigne, on peut la contrôler mais on en est jamais complètement débarrassé. la mienne est nourrit par mes émotions négatives. parce qu'avant c'est comme ça que je comblais la douleur, la colère ou le désespoir. en me noyant dans une poudre blanche. alors bien entendu que j'en ai eu envie quand Tristan et moi on s'est séparé. mais pour Mave, pour vous, pour moi.. je pouvais pas faire ça. j'ai essayé de combler avec le travail et je dois bien avouer que c'est plutôt efficace. quand je suis dans ma blouse à l'hôpital, en pleine opération, en urgence ou avec mes patients, j'oublie la tristesse. et j'ai l'impression de faire enfin une pause. mais je dois aussi apprendre à extérioriser qu'inférioriser en permanence. et c'est là que tu apparais. ton idée est certainement mauvaise mais je pense qu'elle pourrait me faire du bien. et le simple fait que tu sois là avec moi, ça me fait vraiment du bien. t'es une battante, t'es une femme forte et indépendante. et j'aime penser qu'on se ressemble. j'esquisse d'ailleurs un sourire je t'imagine bien éclater les genoux de ton ex avec une batte de baseball étrangement mais t'as raison, le karma c'est pour les lâches et je ne suis pas une lâche. on sort de la voiture et on s'approche de celle de Tristan. heureusement elle est garée sur une place entre un camion et un muret, autrement dit il faut vraiment que quelqu'un se dirige vers la voiture pour nous voir. je peux donc tranquillement faire ce que j'ai à faire. mais une fois face à celle-ci, je me bloque. je me revois monter dans ce véhicule pour aller suivre les avancées de la maison. je nous revois rouler dans Boston pour aller au restaurant, pour rentrer chez moi. j'ai du mal à bouger. et la peine prend possession de mon corps. les larmes montent et je les laisse couler en silence. mais rapidement la rage refait surface. et cette fois-ci je décide de ne pas la faire taire. j'attrape la bague de fiançailles et je commence à rayer tout le côté gauche. et je repasse encore et encore et je recommence plus bas, plus haut. mais j'en ai pas assez. alors je donne un bon coup dans le rétroviseur avant de tirer tellement fort dessus que je l'arrache à moitié. je sors de ma poche un petit couteau et je crève un pneu, puis un deuxième. j'ai envie d'hurler de rage mais on est en pleine rue.

@Meaghan Flores