tw : saut sur un sac d'air gonflé, hauteur, vertige possible.

J'ai passé la soirée à discuter avec un groupe de filles venu de Boston pour éviter les restrictions qui nous sont tombées sur le coin du visage sans trop de préavis. C'était un moment sympa à boire du chocolat chaud, se gaver de marshmallows et prévoir la sortie d'aujourd'hui. Quand on a vu que le complexe sportif organisait une après-midi 'big air bag', aucune d'entre nous n'a hésité pour s'inscrire. Je sais aussi que ça sera une bonne manière de rencontrer de nouvelles personnes et j'en ai vraiment besoin ces derniers temps. Je refuse de m'enfermer dans mon petit confort et ma petite tristesse. Alors me voilà prête dans ma combinaison rose pâle à marcher en direction de la piste où nous avons rendez-vous. La vue est imprenable d'ici et je perds quelques secondes à admirer le paysage. Les montagnes enneigées, les sapins tout blancs, c'est magique. Rapidement appelés par le moniteur, j'écoute les instructions et regarde les premiers courageux se lancer. On peut y aller solo ou à deux. Si je n'ai pas eu froid aux yeux lors de l'activité pour se plonger dans le lac, là c'est autre chose. Je tourne mon visage vers mon voisin de droite et dis On le fait ensemble ? Accepte-t-iel de partager une bouée surgonflée avec moi et de se faire pousser sur la piste pour prendre de l'élan et finir sur le gros sac d'air un peu plus loin ? Telle est la question.

Je ne sais pas trop d’où me vient ce courage, cette envie de faire de nouvelles choses. Je crois que le fait d’être acceptée dans l’école pour laquelle j’ai passé le concours il y a un mois me fait un bien fou. C’est un nouveau coup de fouet pour m’envoler, me détacher de ma famille mais aussi de mon passé auquel je reste attachée via Maxime. J’aurais pu lui demander de venir avec moi mais pour profiter pleinement, je préfère être seule et me donner les moyens de rencontrer de nouvelles personnes. Et c’est grâce à cela que je sors de mon petit confort et te propose de faire le saut avec moi. Des muscles, de la force, je ne devrais pas trop m’envoler. Je crois que je suis prête oui. Que je souffle alors que j’enfonce mes fesses dans le trou de la bouée. Assise confortablement, mes mains agrippent les anses sur les côtés et je me tords le cou pour t’adresser un demi-sourire. Fais gaffe à tes oreilles. Parce que je sais déjà d’avance que je vais hurler comme jamais lorsque le moniteur va nous pousser. Ce que je n’avais pas prévu c’est que plus on est lourd, plus on prend de la vitesse. Oh merde ! Et je n’ai plus le temps de réfléchir que la bouée est poussée direction le vide.

Je suis là pour profiter alors j’occupe mes journées de façon à profiter ! Des nouvelles expériences, c’est ce que je recherchais en arrivant à Boston il y a deux ans et s’il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter et me laisser aller mais je suis prête ! C’est surexcitée que je monte dans cette bouée gonflée à bloc et que je préviens mon partenaire que je risque d’hurler comme il faut. Je ne voudrais pas qu’il devienne sourd mais je me connais. J’adore l’adrénaline, les sensations fortes mais je suis toujours la première à beugler comme un bœuf. Mon corps se soulève un peu de la bouée, ce qui à le don de me faire hurler encore plus. Et quand on atterrit, j’éclate de rire. Je prends quelques secondes avant de me redresser et de m’extirper de la bouée gonflable. C’était trop cool ! Que je dis rapidement en tentant de ne pas tomber à chacun des pas des employés sur le matelas d’air sur lequel vous avez atterri. Je m’attendais pas à ce que ce soit comme ça je t’avoue. J’ai cru que j’allais décoller de la bouée ! Je suis sûre que si j’avais pas eu une telle poigne, j’aurais volé dans les airs. Ça bat à cent mille là-dedans. Que je souffle rapidement en posant ma main sur mon coeur. Et toi ? C’était la première fois que tu faisais un truc du genre ? Et qui sait, peut-être que je vais lui proposer un deuxième round. J’ai beaucoup trop aimé l’expérience. Le coeur palpitant, je me dirige vers les bords du matelas avec douceur n’ayant aucune envie de tomber et de me briser le cou.

Je suis tellement heureuse d’être ici. Les gens autour de moi pourraient penser que je suis déchirée parce que je saute partout et que j’ai de l’énergie à revendre mais c’est loin d’être le cas. Ma sobriété est trop importante pour moi. J’ai mis du temps à y arriver alors je ne compte pas tout foutre en l’air, malgré ce que ma famille peut penser. À fond dans l’activité, toute mon énergie fait vite apparition dans la discussion. Un vrai moulin à paroles, voilà ce que je suis. Purée, en plus j’ai bien choisi mon partenaire ! Un soldat du feu, trop classe. J’ai toujours été fascinée par ce métier, trouvant ces hommes et femmes très courageux. J’aurais jamais pu le faire et je suis reconnaissante envers ceux qui mettent leur vie en danger tous les jours. Je suis carrément partante oui ! Et encore plus heureuse de voir que lui aussi parce que je n’aurai pas besoin d’embêter quelqu’un d’autre. J’ai presque envie de courir et de remonter le plus vite possible. Mais avec le froid et le poids de ma tenue, pas sûre que je sois capable de faire quoi que ce soit. Non jamais, c’était la première fois et j’ai vraiment trop kiffé ! Je suis incapable d’utiliser d’autres mots. Je veux vivre à la neige pour faire ça tous les week-ends, jusqu’à ce que je m’en lasse. Enchantée Diego le sportif, moi c’est Rose. Je souris largement avant de descendre du sac d’air et de l’attendre pour me diriger vers le tire-fesse qui nous mènera en haut. Du coup, tu fais du surf. C’est si dur que ça de tenir sur la planche ? J’ai déjà regardé quelques compétitions et ça à l’air si facile mais je suis pas sûre que ça le soit. J’en ai jamais fait. Peut-être que c’est la prochaine chose que je ferai, tiens.

Surexcitée, voilà ce que je suis. Y a tellement de portes qui s’ouvrent à moi ces derniers jours et c’est une bénédiction, je ne peux pas le nier. Je sens que la roue tourne et j’ai hâte de profiter de toute cette positivité et ce succès qui se dirige vers moi. Je suis mannequin pour des marques de lingeries et des créateurs de maillot de bain. Un petit marché qui intéresse toujours les gens. Je pourrais faire bien plus de cachets en m’ouvrant au mannequinat en général mais ça, je le fais pour m’occuper, pour toucher de l’argent et me permettre de vivre sans compter sur papa et maman. Dès demain, je pourrais arrêter si je le voulais mais j’aime bien trop être sur les différents shootings. C’est une atmosphère qui me plait, peut-être parce que j’étais souvent sur les tournages plus jeune, je n’en sais trop rien. En tout cas, aujourd’hui, c’est une belle double découverte que je fais. Officiellement toute seule mais j’ai quelques amis qui sont là. Dont Maxime mais je n’ai aucune envie de penser à lui et Diego m’aide vraiment à ne pas penser à mon ex petit-ami mais à me concentrer sur le moment. Je confirme ses dires, je suis bien française et m’attèle à la dure tâche de quitter le sac d’air sans me casser quoi que ce soit tout en continuant la conversation que je viens de lancer. J’ai absolument jamais fait de surf alors je ne m’y connais pas mais ça m’intrigue toujours. Le peu que j’en ai vu, ça a l’air si facile mais tout est une question d’équilibre, il semblerait. Franchement, s’il y a des spots pour en faire sur Boston, je suis grave partante. Naïve, enjouée, prête à faire du jeune homme un de mes amis pour le meilleur comme pour le pire. J’essaye pas mal de nouvelles choses en ce moment. 2023, c’est l’année des premières fois. Et ça paraît complètement con mais c’est comme ça. En plus, il ne devrait trop rien m’arriver avec un pompier. J’en ai tellement vu en France et je ne vois peut-être rien chez le jeune homme mais je n’ai pas besoin de le déshabiller pour m’imaginer les muscles qui se dessinent sous le tissu.