Enjoy the silence
with @S. Manny Ferrer and @Haley Stryder
warning : alcool.
15.11.2022 Sidh .

Certains soirs, les verres s'enchaînent si rapidement qu’on se croirait dans uns symphonie endiablée. Les clients jouent le rôle des musiciens et chacun commande un instrument différent qui libère des notes qui parfois s’accordent et d’autres virent à la cacophonie. L’occupation de ce soir ressemble plutôt à une sonate, discussion entre un instrument et le reste de l’orchestre, plus calme, mais pas nécessairement moins poignant. Ce ne sont pas les soirées que Haley préfère ; ça lui laisse le temps de réfléchir, de le chercher du regard et de devenir ce qui se passe derrière les portes. Elle s’y fait, cela fait quelques semaines qu’elle est là maintenant mais elle a voulu venir ici pour arrêter de réfléchir et les soirées calmes comme celles-ci ne l’aident pas à y parvenir. Haley pousse un soupir et redresse sa queue de cheval avant de regarder sa collègue d’un air compatissant. Elles n’ont franchement pas besoin d’être deux ce soir. L’ancienne étudiante en médecine vétérinaire lui précise alors qu’elle ne voit pas d’inconvénient à rester seule si elle veut demander au manager de la soirée de s’échapper. La brunette n’a pas le temps d’entendre la réponse de sa collègue qu’on lui fait signe pour un verre. Elle arque un sourcil en l’entendant demander la même chose et jette un regard à sa collègue pour qu’elle l’aiguille. Haley acquiesce ensuite et choisit la bouteille qu’il avait précédemment présélectionnée avant de le resservir. “Voici, 15 dollars.” dit-elle, attendant qu’il paye. Un sourire légèrement amusé se dessine sur ses lèvres quand il lui demande si elle travaille depuis longtemps ici. Elle tente, comme elle peut, de ne pas présumer de l’intention des personnes, hommes comme femmes, qui se trouvent ici et lui posent ce genre de questions, mais il faut être réaliste : ils sont au Sidh, ils savent également ce qu’ils viennent chercher. “Je suis barmaid depuis quelques semaines, mais c’est tout ce que je fais ici, si c’est ça, ta vraie question.” précise-t-elle, tendant la main afin qu’il la paye. C’est étrange et probablement un peu ridicule, mais c’est comme si se retrouver derrière ce bar lui donne la permission d’exister, d’utiliser sa voix et pas que pour protéger les autres. Elle n’a pas besoin de réfléchir à la façon dont elle répond, car ça lui vient naturellement. Comme si elle avait, enfin, un minimum confiance en elle… Il ne reste plus qu’à ce que cette protection soit également projetée quand elle ne se trouve pas derrière le bar. Mais ça, c’est une toute autre histoire.

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15.11.2022 Sidh

Haley a beau être métamorphosé derrière ce bar, elle reste ce qu’elle est, et quand le compliment sort de la bouche de Manny, elle sent le rouge lui monter aux joues. Elle sourit, presque malgré elle et arque légèrement un sourcil pour le laisser continuer. Elle sent dans son ton que le “mais” ne va pas tarder à arriver et attends de voir ce qu’il va pouvoir dire. Haley ne peut s’empêcher de pouffer légèrement quand il lui dit qu’il n’a jamais payé et ne compte pas commencer ce soir. C’est à se demander ce qu’il fait vraiment là, mais Haley est habituée à ce que certains ne viennent que regarder. “Pourquoi venir ici, alors ?” demande-t-elle, curieuse de voir qu’elle sera sa réponse. A la façon de se comporter, Haley ne peut s’empêcher de se dire qu’elle n’est pas certaine de ce qu’il vient faire là ; il n’a pas l’air d’être le genre d’hommes à traîner ici, non pas parce qu’il a l’air classe - Haley a compris il y a un moment que cela n’avait pas forcément de liens - mais surtout parce qu’il n’a pas attardé son regard sur un seul corps dénudé depuis qu’il lui parle, et quand on vient ici, au Sidh, c’est pour regarder ou pour baiser, toujours l’un des deux. Intriguée, mais pas assez pour ignorer ses clients, elle lui fait signe d’attendre une seconde pendant qu’elle va préparer les cocktails dont elle vient de recevoir la commande. Elle pourrait sans aucun doute discuter avec lui normalement si la musique n’était pas si forte et c’en est presque dommage quand ça lui donne l’opportunité de réfléchir à sa réponse. “Me revoilà, je t’écoute.” dit-elle quand elle remarque qu’il est toujours tourné vers elle et non vers les danseuses quand elle revient en face de lui. C’est flatteur… mais Haley n’oublie pas l’endroit dans lequel elle se trouve et n’est pas naïve ; cela ne peut être qu’une tactique pour la mettre dans son lit… et économiser quelques centaines de dollars ce soir.

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15.11.2022 Sidh

Haley sourit en le voyant répéter sa question et se dit qu’il n’est qu’une caricature de tout ce qui traîne ici. Travailler au Sidh lui a fait beaucoup de bien pour sa confiance, à sentir les hommes la dévorer du regard et certaines femmes aussi, mais lui a aussi permis de mettre plus de choses en perspective. Les hommes sont des êtres humains qui se prennent autant la tête que les femmes, et la seule différence qu’ils ont réellement avec elles, outre leurs attributs, sont la façon dont ils vont régler leurs problèmes. Si quelques femmes sont également clientes du Sidh, elles y sont pour combler les mêmes besoins que les hommes mais ont généralement la tête un peu plus haute : elles semblent moins cacher leurs défauts et leurs peine, comme si les hommes s’interdisaient de le faire - à moins que cela ne soit la société qui s’en charge ? Alors, Haley laisse son sourire s’élargir quand il lui dit qu’il est là à cause d’une fille et se surprend elle-même quand elle le reprend : “Une femme, non ? T’es un peu vieux, pour avoir à faire à des filles.” Il faudrait qu’elle appelle la police, si c’est bien d’une fille dont il s’agit. Mais Haley le taquine plus qu’elle ne le dispute, en réalité et lui fait signe de continuer, attrapant le verre qu’elle s’est elle-même servie derrière le comptoir. Elle en avale une lampée et secoue la tête en l’entendant : “Et ? C’est quoi la suite de l’histoire ?” Elle repose son verre et fait un signe rapide à l’un de ses collègues qui s’éclipsent avant de reposer son attention sur le jeune homme : “Me dis pas que je lui ressemble, je ne te croirais pas.” Elle regarde son verre qui se vide, et propose : “Un autre ?” Elle fait ensuite glisser son doigt jusqu’à son badge : “Je m’appelle Haley.” Il ne manquerait plus que cette femme ait le même prénom.

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15.11.2022 Sidh

Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de Haley quand son compagnon pour la soirée lui dit qu’il est comme le vin. Elle secoue la tête et précise, taquine : “Alors, le mauvais vin qui vieillit, ça donne du pire vin… et le bon vin finit aussi par tourner au vinaigre à un moment ou un autre tu sais. Attention.” Elle lui fait un petit clin d’oeil pour lui faire comprendre qu’elle ne cherche pas à faire de commentaire sur son physique. Haley ne peut s’empêcher de se demander comment elle peut être aussi à l’aise avec lui mais c’est agréable, pour une fois, de se sentir en confiance face à un homme, que celui-ci soit séduisant ou non d’ailleurs - en l'occurrence, il l’est. “Comme le mammouth dans l’Age de Glace ?” demande-t-elle, en entendant son prénom. Les mots sont sortis de sa bouche sans même qu’elle n’y ait réfléchi. Elle n’a jamais entendu quelqu’un porter ce prénom à part l’animal auquel elle vient de faire référence - et le gamin dans Modern Family. Elle aurait peut-être pu penser à cette deuxième référence plus tôt. Haley attrape ses clés, habituée de la manoeuvre de certains clients : “Ta vie, bien sûr.” acquiesce-t-elle avant de les ranger dans sa poche. Elle les mettra avec les autres clés que les clients n’ont le droit de récupérer qu’une fois qu’ils ont dans un taxi en route pour chez eux, n’imaginant pas une seconde qu’il soit en train de lui demander de le raccompagner plus tard. Haley grimace en l’entendant parler des mensonges : “Je suis désolée pour toi. Ca mérite un cul sec, le prochain est pour moi.” Elle avance son verre vers lui et attrape la bouteille pour lui resservir aussitôt qu’il aura fini son verre. “C’est ton égo ou c’est ton cœur qui a mal ?”

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15.11.2022 Sidh

Haley sourit en voyant que Manny ne réplique pas. Elle s’attendait à ce qu’il ait plus de réparti mais c’est rafraichissant, un homme qui ne tient pas à avoir raison à tout prix. Cette fois est peut-être une exception à la règle, elle ne préfère présumer de rien, mais Haley se réjouissant de la moindre petite chose, elle prend également cette victoire. Un petit sourire amusé se dessine sur ses lèvres quand elle fait référence à l’Age de Glace mais il se transforme automatiquement en sourire un chouilla gêné. “C’est toi qui a choisi ton surnom…” répond-elle, tâchant de se rattraper tout en ayant l’air détaché. Elle ajoute en revanche, rapidement : “Et je crois que je préfère Salvador…” Il y a un côté plus… viril, plus homme dans ce prénom. Elle ne sait pas si, dans les pays latinos, c’est un prénom qu’on donne à des personnes plus âgées et si c’est pour ça qu’il préfère Manolo, mais Salvador, elle ne sait l’expliquer, ça réveille quelque chose en elle.
Lorsqu’elle repose son verre, Haley pose la question qu’il faudrait poser à tous les hommes en cas de rupture : l’ego est une part importante de leur vie, peut-être plus que chez les femmes, même. “Je sais, merci.” répond-elle, sincère. Haley apprend à apprécier cette qualité et elles se sont mises d’accord avec sa psy pour qu’elle ne refuse jamais un compliment sur ce sujet. Tous les autres en revanche… il y a du travail à faire, encore. “J’imagine que ce n’est pas le premier que t’aies venu soigné ici, mais je suis pas sûre que le deuxième, ça marche plus… En quoi ça va satisfaire ton égo, alors qu’iels sont payés ici ?” demande-t-elle sincèrement curieuse de la raison qui l’a poussé à venir ici ce soir.