Ca y est, c'est le grand départ. Je ne sais pas ce qui est le plus difficile en ce moment. Quitter Boston sans la réelle assurance que je n'y mettrais plus les pieds avant des semaines. des mois ? Autrefois, ça ne me faisait pas peur de quitter là où je vivais. C'était même un plaisir. Mais combien même Boston est un poison pour moi, j'ai la sensation qu'un lien me rattache. Peut-être parce que je me suis réconciliée avec mon frère. avec Soenn. Que je prends une vie tout bonnement "normale". comme le commun des mortels. Tôt dans la matinée, Ruben est venu me chercher au niveau du restaurant de mon père. J'embrasse ce dernier et je manque de louper mon frère qui avait loupé son réveil. Même Artémis est venu me dire au revoir. Dans la voiture avec Ruben, je suis un peu somnolente sur le trajet. On parle un peu mais ce ne sont que des banalités. l'actualité du moment. la météo. je ne parviens pas à mettre de mots sur les raisons de ma présence avec lui en cette période. si je le dis à voix haute, je ne sais pas comment je vais réagir...

Je finis par m'endormir dans la voiture, terminant la nuit que j'ai passé à échanger des messages avec mes amis. Ce n'est qu'à un tournant quelques kilomètres avant la ville que je me réveille. Je me frotte les yeux tout en regardant @Ruben Lazzarini au volant. Je me repositionne sur mon siège, le fixant tantôt lui, tantôt la route. " Pas trop fatigué ? Tu t'es arrêté pendant que je dormais ? " pour prendre un café ou se dégourdir les jambes. J'aurais bien aimé l'aider mais je n'ai pas le permis. Petite moue ennuyée, je regarde mon téléphone et envoie quelques messages. Je fouille un peu dans google maps pour voir ce qu'il y a à faire. je suis déjà venue mais à chaque fois, Pablo organisait tout. L'année dernière, je n'ai pas eu le courage de sortir de la chambre. Sans parler du jour de l'enterrement l'année encore précédente. " Tu comptais faire quoi aujourd'hui ? Ta mère a besoin d'aide pour quelque chose? " ça me permettrait de me changer les idées et éviter d'avoir les images qui reviennent encore...

Le printemps tirera bientôt sa révérence pour une saison estivale qui attire déjà des espoirs. Tu n'es pas de de cette illusion car à l'intérieur, tu as pleinement conscience qu'une année de plus s’achève pour notifier la disparition de ton petit frère. Son absence est une présence qui te manque au quotidien mais tu ne peux rien pour revenir en arrière. Tu n'es pas de ceux qui vivent dans le passé, ou qui aspire aux regrets de ce dernier. Pour autant c'est une réalité douloureux que de dire que Pablo te manque. Tes petites sœurs avancent à leur rythme quand bien même la souffrance les accompagne au quotidien. Les mains sur le volant, tu jettes un regard furtif en direction de la jeune Lenoir. Cette dernière dort depuis quelques heures et semblait en avoir besoin mais elle finit par se réveiller alors que tu ralentis à cause des bouchons. C'est toujours la même chose lorsqu'il faut rentrer dans une ville plus imposante. Tu secoues la tête, sourire aux lèvres avant de la regarder tout en avançant au radar à cause du bouchon qui se forme. « Non, rassure toi j'ai l'habitude de rouler plusieurs heures et non plus mais on va pouvoir bientôt s'arrêter. ». Lui dis-tu tout en désignant le bouchon et le panneau de bienvenue situé non loin devant vous. « Je comptais aller voir quelques amis et peut être mon frère aîné, tu peux l’accompagné si tu veux ? ». Cela fait un moment que je n'avais pas vue ton frère surtout depuis son départ de Boston au début de l'année. « Ma mère serait ravit de te voir, elle ne va rien te laisser faire, pas même la cuisine. ». Dis-tu tout en riant amusé. Ta figure maternelle adorait l'amie de Pablo, pour elle c'était comme sa fille.
@Perséphone Lenoir