L’engrenage avait mal tourné et tout c’était effondré, je tentais tant bien que mal de comprendre dans mon coin pourquoi ça avait foiré, mais tout ce qui me passait dans la tête c’était la colère, la rage, que des émotions négatives. Je ne savais même plus ce que je devais faire, ce que je voulais faire, Est-ce que je devais confronter Elie ? Les deux en même temps ? En avaient t’elles seulement envie ? J’avais envie d’exploser littéralement, l’esprit devenait fou. En surchauffe je passais mon temps au PR, préférant le sous-sol à la salle quand Aranea venait travailler. Je me sentais comme un lâche. Inciter les gens à rentrer dans la cage, des jours j’ai résisté, mais au final j’ai craqué et là il n’y avait ni Soan, ni personne pour me retenir. Enchainé les combats autant que je pouvais.  

Le besoin de souffler se faisait sentir, un instant avec Nate, juste oublié et au final c’est un coup de massue que je me suis pris. Le dernier coup pour m’achever, vaincue par KO. Deux jours à fuir tout le monde, parce que je savais que la souffrance se lisait sur mon visage. Désir de me faire anéantir dans la cage. Dangereux. C’était trop beaucoup trop. La décision était prise, mais cette fois je devais affronter tout le monde, assumer tout simplement.

Le sac était fait et je tournais en rond dans l’appartement, je savais que ce serais à elle le plus dur à accepter, je savais que c’était risqué que je parte alors qu’elle avait le plus besoin de moi. Le sac était fait, posé sur mon lit et moi j’étais dans le salon, sur le canapé, l’air grave, détruit. La porte s’ouvre et je n’arrive même pas à esquisser un sourire “Hey puce... tu peux venir t’assoir cinq minutes ?” croiser son regard me suffit à rendre les armes, les larmes qui était resté bloqué depuis la séparation avec Elie et Ara, la douleur du mariage de Nate, tout était resté coincé et un seul regarde ma double avait suffi à ouvrir le cœur. C’est dans ses bras que je me cale quand elle vient vers moi en répétant sans cesse “Je suis désolé, je suis désolé”

@D. Jewell Kaine | Ca avait été difficile, mais j’avais tenu le coup. Entre les révisions, les partiels, le manque s’était fait omniprésent, et malgré la tentation, la peur d’échouer et les cauchemars, j’avais fait fasse et même réussi mes examens. Ca avait été un mois douloureux, mais j’osais penser que le pire était derrière moi. Le bal ce soir, le week-end des pfos qui approchait, et puis les vacances, tant d’événements qui m’attendaient et qui allaient me permettre de souffler un peu désormais. Et même la venue et les nouvelles consignes de N2 n’arrivaient pas à entacher ça. Tout n’était pas parfait, et certaines choses étaient encore chancelantes, mais je pensais pouvoir m’en sortir. Sortie de bonne heure pour aller récupérer ma robe de ce soir, le programme de la journée allait être simple de la peinture pour une bonne partie de la journée avant de commencer à me préparer pour cette fameuse soirée qui allait conclure l’année.

De retour à la maison, je surprends mon double sur le canapé. « Hey ! Tu dors pas ? » Je regarde ma montre. Jewell n’était pas particulière un grand dormeur, comme aucun des Kaine, mais le voir si matinal, c’était plutôt surprenant. Son visage se tourne vers moi, grave, et à la façon dont il me parle, je comprends que quelque chose ne va pas. Quelque chose de grave. Prudemment je m'approche de lui et viens m'asseoir sur le canapé, la gorge nouée. Qu'allions nous devoir affronter encore ? Quelques larmes commencent à couler sur son visage, alors immédiatement, j’ouvre mes bras pour le serrer contre moi, inquiète. « Qu’est ce qu’il y a Jewell ? Qu’est ce qu’il t’arrive ?  Pourquoi es-tu désolé ? » Ma voix tremble alors que cette fois, je m’attendais définitivement au pire.

Je savais que ce n’étais pas le bon moment, je savais qu’elle avait besoin de moi surtout en ce moment et je voulais être là pour elle. C’était le but quand l’armée c’est arrêté faire les choses correctement, ne plus être obligé d’être séparé pour que tout roule pour nous, pour qu’on soit ensemble enfin. C’est à croire que j’avais mal géré les choses, peux être que je n’aurais jamais dû ouvrir mon cœur, peut être que j’avais mal. Je n’arrivais plus à réfléchir, j’étouffais et la seule chose que j’avais envie à l’instant c’était de me défouler, de ressentir le mal physiquement que toute la douleur sortes de mon cœur, mais je savais que c’était une mauvaise idée, je savais que c’était risqué. Je croisais le regard d’Evi et toutes les émotions ressortais. Elle s’approche de moi, je vois à son regard que je vais lui faire du mal et ça me tue encore un peu plus. Je m’écroule dans ses bras quelques minutes à répéter que je suis désolé et à tenter de calmer le flot de larmes. Je m’écarte un peu, reprenant mon souffle “Je t’avais parlé de notre histoire avec Elie et Aranea... de mon passé avec Elie” c’est souvent que le soir avant de dormir on se racontais nos vies respectives “C’est partie en vrille, on a eu une dispute... et elle a dit que c’était terminé entre nous” un revers de manche pour essuyer les larmes tandis que je fuis le regard de ma double “J’ai vu Nate y’a quelques jours” même si je n’avais jamais prononcé les mots, Elvira connaissais tout de mon histoire avec le petit prince et je savais qu’elle savait mieux que moi ce que je ressentais pour lui. “Il m’as dit que... il va demander Jagger en fiançailles Elvi...” de nouveau je m’écroule dans ses bras.

@D. Jewell Kaine | Je serre mon frère dans mes bras pendant de longues minutes, n’osant pas le lâcher. Comme si je risquais de le perdre en le faisant. Comme s’il pouvait disparaître à la seconde même où j’allais instaurer la moindre distance entre nous. Je passe ma main à plusieurs reprises dans ses cheveux, tentant de l’apaiser. Il est bouleversé pour une raison qui m’échappe et je n’ose pour le moment pas l’interroger sur cette raison. J’ai peur de ce que je pourrais entendre, peur de ce qu’il pourrait me dire. Les minutes sont longues, mais je ne bouge pas, lui laissant tout le temps nécessaire pour se calmer. Mon étreinte se desserre quand je sens qu’il tente de se détacher de moi. Les yeux humides relevés vers lui, je me pince les lèvres, attendant qu’il réponde aux questions qui envahissent silencieusement mes pensées. Je hoche la  tête quand il mentionne Elie et Aranea. Je sais qu’il entretient une relation avec les deux jeunes filles, il m’en avait parlé. Depuis Circus et Zola, il était beaucoup plus franc sur sa vie sentimentale. Au moins avec moi. Ma main se pose sur sa joue, doucement. « Hé ! Ca va aller Jewell. Ca va aller. C’est une crise mais vous pouvez surmonter ça. Laissez-vous un peu de temps, je suis sûre que ça va s’arranger. » Je suis certainement la plus mal placée de la famille pour parler d’amour, mais je sais aussi que les choses peuvent s’arranger avec un peu de patience, même si c’est difficile. Je m’apprête à le resserrer contre moi, mais il reprend. Je reste un peu surprise qu’il évoque Nate cette fois-ci, même si j’avais bien compris avec le temps que leur relation avait été beaucoup plus loin que je ne l’avais imaginé. Je reste bouche bée devant la révélation. Je n’en avais pas du tout entendu parlé à la pfo, mais je suppose que c’était nécessaire pour faire la surprise au principal concerné. Il revient se caler contre moi, de nouveau en larmes. Et que dire dans ces moments là… Ma main revient mécaniquement se poser à l’arrière de sa tête, caressant doucement ses cheveux. « Je sais que ce n’est pas facile à accepter… » Trop de non-dits entre eux, d’actes manqués et certainement de regrets pour avancer sans que cela ne fasse mal, et pourtant il le fallait. « … Mais il est temps pour vous d’avancer. Nate ne sera jamais ton futur Jewell. Je sais que ça te fait du mal, mais il est temps que cette porte se ferme, et que tu te concentres sur ce qui peut encore être ton futur. » Je ne sais pas si j’étais vraiment favorable à l’idée de savoir que deux autres femmes allaient continuer à prendre tant de place dans la vie de mon double, mais il fallait bien se rendre à l’évidence, qu’avec elles tout était encore possible. « Prends le temps de digérer tout ça Jewell, mais ne laisse pas tomber. Pas avec Elie et Aranea… Pas si tu les aimes vraiment. Si c’est le cas, alors bats toi pour les garder près de toi, ne refait pas les mêmes erreurs. » Ne laisse pas l’amour te détruire une nouvelle fois…

J’ai longtemps voulu me persuader que l’histoire avec Hunter n’étais qu’une connerie de gosse, une amourette de gamin et qu’au final tout ça n’avait pas compté, que la seule raison pour laquelle ça m’avais touché c’était parce que toutes ma vie avait basculé, qu’il avait compté simplement parce que je lui avais ôté la vie. Je voulais croire toutes ses paroles que Papa K m’avais rabâché pendant des heures, des jours, parce que c’était plus facile à appliquer, parce que ça permettait de moins souffrir en apparence. Tout était faux. Il m’avait fallu un nombre incalculable d’année pour ouvrir les yeux. Hunter avait compté pas parce qu’il m’avait trahi, mais parce qu’il avait été mon premier amour. L’amour n’étais pas dangereux comme semblait le penser mon père, il l’était uniquement si on se le refusais. Longtemps à le fuir, à accepter de partir à l’armée loin de tout pour éviter tout attachement et pourtant de l’attachement j’en avais beaucoup plus que j’aimais le pensé.

Je me livre à cœur ouvert à Elvira, parce que je ne voulais plus renfermer tout ce que je pouvais ressentir et lui mentir était au-dessus de mes forces. La douleur me prend aux tripes à partir du moment où j’ouvre la bouche pour tout lui raconter, mes pensées premières vont aux filles, à ses femmes avec qui j’ai voulus ouvertement tenter une histoire qu’au final j’ai gâché je ne sais comment. “Je ne sais pas si ça peut s’arranger, Elie m’en veux, elle ne me fait confiance...” et c’était légitime après ce que je lui avais fait subir au Mexique.

La sensation de toucher le bonheur du bout des doigts s’évapore peu à peu et le coup de grâce m’est tombé dessus. J’ai besoin de parler de ça, de cette histoire, même si c’était notre jardin secret à Nate & moi il fallait que ça sorte “Ca aurais pu être moi Elvi.. Si je lui avais dit tout ce que je ressentais pour lui, si je n’avais pas eu peur de tout ça... je sais que...” les larmes coulent alors que ma sœur tente de me conseiller et je sais qu’elle à raison, je le sais, mais le cœur a du mal à s’en remettre.

Ses paroles sonnent en moi, elles ont du sens et l’esprit se mets à cogiter. Je me redresse pour la regarder, prenant l’un de ses mains dans les miennes, la chose la plus dur restais à dire “Evie je....” je souffle, me racle la force “Je vais aller passer quelques jours chez Circus & Zola et après je... je ne sais pas...” je baisse le regard, retiens les larmes, en vain. Je relève les yeux vers elle “Si je reste ici Elvira je sais que je ne vais pas gérer, j’ai déjà envie de me laisser porter par la cage, de courir dans les premiers draps venus... il faut que je parte, il faut que je digère que je... je suis désolé Evie je ne veux pas t’abandonner, pas en ce moment, mais je peux pas, je peux pas....”

@D. Jewell Kaine | On avait toujours été différent sur ce point, Jewell et moi. Difficile à croire mais quelque part, je sais qu’il a toujours été le plus sentimental de nous deux. Contrairement à moi, il s’attachait aux gens, il prenait le risque d’aimer, et ce malgré toutes les fois où il avait souffert à cause de l’amour. Il était courageux, un courage qui me faisait défaut, et que je commençais à envier. Il y a quelques mois, je sais que je n’aurais pas tenu les même propos, je sais que je ne l’aurais pas poussé à renouer avec les deux filles qui semblent désormais partager sa vie. Au contraire, je lui aurais sûrement dit qu’il ferait mieux de les oublier, qu’il devait passer à autre chose, mais la vérité est qu’il n’est jamais aussi vivant que quand il aime, même dans les pires moments. Je l’écoute attentivement, le laisse parler de longues minutes sans l’interrompre, assimilant les informations une à une, comme je peux, malgré quelques commentaires que je retiens. Difficile de voir mon double souffrir de la sorte, à cause de quelques personnes à qui il tient éperdument. « Laisse lui du temps Jewell. Tu sais mieux que quiconque quel effet ça peut faire de voir sa confiance pour quelqu’un voler en éclat. Tu sais que recoller les morceaux peut prendre du temps. » Il n’y avait qu’à voir notre propre expérience, les mensonges que j’avais alimenté toutes ces années, la vérité que j’avais dissimulée. Je sais que j’avais ébranlé sa confiance, et pourtant, tout n’était pas perdu.

Mais les difficultés émotionnelles qu’il éprouve ne sont pas uniquement liées à son histoire avec Elie et Aranea. Quelque chose de plus gros encore pèse sur son coeur, et je comprends mieux quand le nom de Nate ressort. Un mal que je vois comme un bien pour le futur. Son futur. Il ne pouvait pas rester éternellement attaché à un fantôme, et il était temps pour lui de se libérer de ça. « Tu sais que le monde ne fonctionne pas avec des si… Ce qui est fait est fait Jewell, et il faut tourner la page. Tu ne peux pas continuer à vivre avec l’espoir qu’il se repasse quelque chose entre vous. Parce que même si demain il venait à rompre, même si demain la place qu’occupe Jagger dans son cœur se libérait, que se passerait-il ? Tu abandonnerais Aranea et Elie pour lui ? Tu les laisserais faire face à un nouvel abandon ? » Je caresse ses joues pour essuyer quelques larmes. Je ne doute pas un seul instant que cela soit dur à entendre, même si la raison est de mon côté, mais lui et Nate n’avaient aucun futur ensemble. Pas de la sorte. « Et rien ne prouve que ça aurait marché. Même si vous tenez encore beaucoup l’un à l’autre, rien ne prouve que ça aurait pu durer entre vous. Le résultat aurait peut-être été le même. Peut-être qu’il en aurait épousé un autre, parce que le moindre “si” aurait pu tout faire basculer. » Parce les sentiments ne suffisaient pas à eux seuls, et que milles évènements auraient pu les séparer avec le temps.

J’ai beau essayé d’être la plus douce possible, je sens bien que mon frère souffre, et c’est ce qui m’inquiète. Je sais comment il gère sa souffrance, et je ne suis pas prête à y faire face. Mais je suis encore moins prête à entendre ce qu’il m’annonce. « Non… » Les larmes que je retenais face à la douleur de mon frère commencent à perler au coin de mes yeux, alimenté par ma propre douleur. « Non ! » Elles commencent à couler abondamment, inondent mes joues tandis que les sanglots me serrent la gorge. « Je ne veux pas que tu partes Jewell, pas encore. S’il te plait, tu ne peux pas me laisser. Pas maintenant… » J’avais besoin de lui, j’avais besoin qu’il m’aide à m’en sortir.

J’avais retenu le moindre mot de toutes mes histoires de cœur, je n’en parlais presque jamais ou très rarement ne donnant que des bribes d’information sur mon histoire avec Ara et Elie durant nos soirée confession avec ma double, mais là je lui lâche tout parce que la souffrance est trop grande et que pour la première fois je me laisse vraiment envahir par elle. J’écoute ses mots, j’enregistre ce qu’elle dit et malgré mes larmes je hoche la tête pour lui signifier qu’elle avait raisons. Je n’avais d’autre choix de laisser du temps aux deux femmes, mais je me devais laisser du temps à moi aussi. Certainement que je m’étais lancé à corps perdus parce que je ne pensais jamais revoir Elie, parce qu’il y’avais quelque chose qui me liais aussi avec Ara. Peut-être le départ de Circus et Zola avait aussi libérer mon cœur, je ne savais pas trop, enfin là actuellement je ne savais plus rien.

Je ne sais pas vraiment comme décrire mon histoire avec Nate, je ne sais même pas si nous pouvons vraiment poser un mot dessus, une histoire loupée, ou irréaliste, quelque chose sans doute qui n’aurais jamais dû exister ou juste moi qui est tout gâcher. Je sais qu’elle est la réponse, je sais que j’ai foiré et ses fiançailles me rappelle toutes les erreurs que j’ai pu commettre dans mes relations. Ce blocage que j’ai fait depuis ce premier amour d’adolescent. Je savais que je devais renoncer à cette amour pour Nate, qu’il était temps de tourner la page sous peine de faire souffrir du monde, parce que dans mon état actuel je me sentais capable d’aller lui chanter la sérénade sous sa fenêtre, je serais apte à le faire changer d’avis enfin essayer, mais qu’est-ce que ça ferait de moi ? En plus d’être un connard fini je serais en plus de ça un très mauvais ami en rompant une promesse que j’avais faite au jeune homme à mon retour. “Je sais que Jagger est celui fais pour lui...” dis-je à demi voix. Je le savais à partir du moment où il m’en avait parlé en réalité, cette lueur dans ses yeux ne trompaient pas. “Je ne serais jamais capable d’avoir une telle histoire” ma conclusion était que l’amour n’étais pas pour moi.

Probablement que c’était faux et je ne parvenais pas à réfléchir autrement pour le moment. Alors j’avoue à Elvira que je souhaitais souffler, partir un peu de Boston, mais je savais qu’elle allait mal le prendre, ce n’étais pas le moment et je culpabilisais véritablement de lui faire ça. Je prends son visage entre mes mains “Elvi écoute moi je sais que c’est un mauvais timing, je suis désolé, sincèrement désolé crois moi. Je ne t’abandonne pas, ce n’est pas comme les fois précédentes. Je serais joignable n’importe quand, n’importe quelle heure, tu sauras en permanence où je suis” j’embrasse son front “Rester ici avec toi dans mon état se seras très mauvais pour toi, tu le sais et je le sais. J’aimerais pouvoir faire autrement, mais je nous mets en dangers en restant sur Boston, tu comprend ?”

@D. Jewell Kaine | Si j’avais pû, j’aurais protégé Jewell de son propre coeur. J’aurais fait en sorte de pouvoir lui effacer cette peine, de la remplacer par quelque chose de moins douloureux, de moins destructeur. J’aurais fait en sorte qu’il puisse se remettre, en un claquement de doigt de ce trop plein de sentiments qui le ronge. Nate, Aranea, Elie, Circus, Zola… J’aurais tout fait pour que ces histoires s’apaisent et cessent de le ronger comme elle le faisait actuellement. J’aurais échangé son coeur contre le mien pour qu’il ne souffre plus, même si j’étais loin d’être infaillible. Malheureusement, les histoires de coeur ne pouvaient pas disparaître comme cela, en un claquement de doigt, parce qu’on désirait simplement les surmonter. Non, pour pouvoir faire disparaître la douleur et la peine, il fallait du temps et accepter qu’il en soit ainsi. Ce qu’il avait du mal à faire. Je peux le voir sans difficulté lorsqu’il mentionne son histoire avec Nate, ses regrets qu’il alimente à coups de “et si”. Des regrets que je tente d’apaiser avec plus de raison que de sentiments. Même s’il avait fait les choses différemment avec le suédois, rien ne pourrait garantir qu’il serait à la place de Jagger aujourd’hui. Rien ne pourrait garantir que leur histoire aurait fonctionné. Malgré tout, j’essaye d’être réconfortante, de l’aider à voir les choses autrement. « Bien sur que si tu en es capable Jewell. T’as toujours eut un grand coeur. Mais pour avoir une telle histoire, il faut que tu arrêtes de t’accrocher au passé et que tu laisses ton coeur guérir. Ensuite, tu verras que toi aussi, tu peux avoir une histoire aussi belle. Peut-être même plus. » Je ne doute pas un instant qu’il était capable de vivre une histoire digne du grand amour, et même si ça ne me faisait pas plaisir de l’admettre, il était possible que cette belle histoire ait déjà commencé…

Je viens essuyer doucement ses joues avant que mes mains ne se retrouvent enfermées dans les siennes, ce qui me pousse à penser qu’il lui reste des choses à me dire. Des mots que je refuse d’entendre, des idées que je refuse d’accepter. La douleur perce mon coeur face à ce que j’appréhende comme un nouvel abandon. Je ne veux pas, je ne peux pas l’endurer une fois de plus. Les larmes coulent abondamment sur mes joues, retenues par ses mains pour m’obliger à lui faire face lorsqu’il se justifie. Je sais qu’il a raison, mais je n’arrive pas à l’accepter. « Non… Tu fais toujours ça Jewell ! Chaque fois que ça ne va pas, tu t’en vas et tu me laisses toute seule. Je veux pas rester derrière encore une fois, je veux pas que tu partes. Je me fiche que tu sois joignable, parce que tu vas être loin… Encore… Je ne veux pas recommencer à devoir t’attendre, à espérer que tu reviennes un jour… » Ses absences pendant notre jeunesse m’avaient traumatisé. Pas tant parce qu’il n’était pas là, mais parce qu’à chaque fois, je vivais dans l’angoisse qu’il ne revienne jamais. Les durées de ses absences n’étaient jamais établies à l’avance, et moi, je devais rester là, à attendre et espérer qu’il revienne finalement un jour. Je me défais de son étreinte, quitte le canapé pour m'éloigner un peu. « Je refuse Jewell, je ne veux pas. Je veux que tu restes. » C’est égoïstement que je refuse d’accepter son départ, que je refuse d’écouter les raisons qui le poussent à en arriver là. Égoïstement que je place ma peur au dessus de sa douleur.

Le cœur bat très fort, tout ce qu’on lit partout, les papillons dans le ventre, le sourire permanent, pourquoi ça ne fonctionne pas avec moi ? Pourquoi mon cœur il se bloque à chaque fois que ma tête est prête à franchir le pas ? Je sais pourquoi, le sourire d’Hunter me passe devant les yeux, le couteau dans mes mains, la douleur qu’il m’as fait subir, la voix de Papa K, tout se mélange et le cœur n’est plus capable de fonctionner convenablement. Pourtant je l’ai aimé Nate, je pense que même lui ne s’imagine pas à quel point je l’ai encré dans mon cœur, toutes ses fois où ça me déchirait de l’abandonné encore, ces fois où je le rejetais ou toutes celle où je le gardais pour moi égoïstement. Sentiment que je n’arrivais pas à décrire à l’époque ce même sentiment qui avait faillis nous détruire et qui le pourrais encore. Peut-être que lui et moi étions simplement destiné à être des amis, peut être que c’était écris quelque part, une partie de moi ne peut s’empêcher de penser que notre amour aurait été fabuleux, mais l’autre qu’il aurait été véritablement destructeur. Aujourd’hui je ne savais pas quoi pensé, j’avais honte de la réaction que j’avais pu avoir face à lui, je sais que je lui ai fait peur et c’est tout ce que je ne voulais pas. Je m’accroche aux mots d’Elvira tant bien que mal, mais la tête est bornée à cette instant. Mon cœur doit guérir, ce sont les mots de ma double et je sais qu’elle a raison et que la décision que j’ai prise et justement pour ça, réparer le cœur et l’esprit en même temps.  

Je savais que ma décision elle n’allait pas l’accepter, je savais qu’elle allait tout faire pour m’en dissuader comme en même temps elle était consciente que c’était la meilleure chose à faire pour moi. Ça me brisait le cœur, encore une fois, de devoir lui dire je m’en vais sans elle, au pire moment, au moment où je devais être là pour elle. Comment être là pour elle, pour la soutenir quand mes propres pensés me poussent à franchir des limites qui pourrait la blesser encore plus ? Je la laisse hurler si nécessaire, sortir tout ce qu’elle avait à me dire, je la laisse m’en vouloir c’était légitime après tout. Elle se lèvre brusquement tourne en rond et je finis par la rejoindre, prendre ses mains, être silencieux un instant en la regardant alors que nos larmes coulent “Je sais” chuchotais-je front appuyer contre le sien, je ne rajoute rien pendant quelques minutes avant de me redresser et prendre son visage entre mes mains “Je sais tout ça et je voudrais faire autrement, je voudrais te dire de venir avec moi, mais tu ne peux pas mettre ta vie entre parenthèse pour moi. Je pars pour aller mieux, mais je vais revenir Evi, je vais revenir, je ne risque rien d’accord ? Je dois le faire... sinon ça va empirer” ma main vint caresser ses cheveux, un bisou déposé sur son front avant de la serrer contre moi “T’as le droit de m’en vouloir, de me crier dessus tout ce que tu veux, mais je dois arrêter ma descente aux enfer” qui empire à chaque relation “Je te promet quand je rentre, on se fait un voyage tous les deux... on ira en France, dans ce petit parc d’attraction en Alsace sur Le Petit Prince... d’accord ? Je dois guérir mon coeur Elvi...”

@D. Jewell Kaine | J'ai bien conscience que chaque pensée, chaque mot est égoïste, mais je n'arrive pas à faire en sorte qu'il en soit autrement. Je sais que Jewell souffre, et si je le pouvais, je lui offrirais un moins de faire disparaitre cette douleur en un claquement de doigts, mais je n'arrive pas à me résoudre que sa guérison puisse passer par un départ. Je ne peux pas. Je ne peux pas le regarder partir encore une fois, sans savoir quand il rentrera. S'il rentrera. Cette peur ne disparait jamais et je ne suis dans mon état pas assez forte pour y faire face. Alors naturellement, je m'emporte, je m'y oppose. Je ne veux pas, je refuse. C'est ce que je me répète, dans ma tête, dans mon coeur. Ce sont les mots qui résonnent dans la pièce, dans cette cage qui semble figée hors du temps. J'ai trop souffert d'attendre son retour toutes ces années. Je ne peux pas, je ne peux plus. Mais il a besoin de recoller les morceaux, de prendre du recul et de laisser du répit à son coeur. Je le sais, et partir est surement la plus raisonnable décision qu'il puisse prendre. Parce que je les connais les autres options possible. La cage, la drogue, un trafic, des ennemis à combattre. Je sais que dans la liste, quitter Boston quelques temps est la décision la plus raisonnable de toute, même si ça implique de me briser le coeur. Parce qu'avec un peu de volonté, je pourrais m'en sortir, me remettre de cette souffrance. Pas des autres.

Ses mains viennent doucement saisir les miennes, me stoppant dans ma marche hystérique. Je ferme les yeux lorsque je sens le contact de son front contre le mien. Je ne peux pas m'y résoudre. Ma tête entre ses mains est relevée, mais mon regard est toujours aussi bas. Je ne veux pas l'affronter, mais je l'écoute néanmoins prononcé tout ce que je sais déjà mais que je refuse d'entendre. Je ne veux pas accepter cette finalité. Celle dans laquelle il part une nouvelle fois sans moi. Ses bras viennent se resserrer autour de moi et je ne me gêne pas pour poser la tête contre lui tout en continuant de pleurer. Mes bras viennent enserrer sa taille fermement, comme si ça pouvait l'empêcher de partir. « Je ne veux toujours pas que tu partes... » Mais il semblerait que je ne puisse pas avoir le dernier mot dans cette histoire. « Et je ne l'accepterais jamais... » Jamais je n'accepterais qu'il parte sans moi, qu'importe la raison, la destination. « Mais si tu jures que je pourrais te parler tous les jours, alors... » Ma phrase reste en suspens, le mot bloquer dans ma gorge. C'est d'accord. Bien que jamais je ne réussirais à lui dire avec des mots.

-END