nourian

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Tu semblais être stressée, de ce que j'avais pu capter dans tes messages. Tu voulais que je vienne, mais je n'avais aucune idée de pourquoi. Forcément, j'avais peur. Peur que tu me quittes, peur que tu veuilles tout arrêter entre nous. C'était pas forcément mouvementé dernièrement, bien trop encrés dans une routine qui pouvait faire du mal à certains couples. Mais cette routine était bénéfique, non ? On se voyait quand on pouvait, on sortait quand on en avait l'énergie. Les disputes n'étaient pas de mise et ça m'arrangeait bien. On était bien. Donc oui, tes messages éveillaient pas mal d'anxiété. Mais je tentais de me contenir et d'attendre d'être face à toi pour réellement paniquer. Arrivant à ton appart, je frappais et attendais pas si longtemps avant de voir la porte s'ouvrir. Tes bras s'enroulaient autour de mon cou bien assez rapidement, j'en étais presque étonné. Mais je te rendrais l'étreinte puisqu'elle semblait nécessaire. « hey... » soufflais-je avant de venir capturer rapidement tes lèvres. Tu ne lâchais pas tes bras de mon corps et je comprenais vraiment qu'un truc te chiffonnait. « qu'est-ce qui se passe ? » que je demandais doucement. Oui, clairement, un truc n'allait pas et j'osais espérer que t'allais me le dire.

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L'angoisse était présente mais je tentais de la cacher du mieux que je pouvais. Forcément que j'étais inquiet, après tes mots. Il fallait que je sois là pour qu'on parle d'un truc dont je n'avais absolument aucune idée. Difficile de se préparer à ça, quand on ne sait même pas dans quel domaine la discussion sera dirigée. Mais rapidement, tu semblais vouloir lâcher les infos petit à petit. Trois jours de retard... de règles donc. Panique qui monte alors un peu plus, tandis que mon regard se perdait sur toi. Trois jours de retard... ça voulait dire peut-être enceinte. Ça voulait dire bébé Lockhart dans nos vies. Ça voulait aussi dire abandonner les études pour se consacrer à cette petite vie qui n'a rien demandé. Je me laissais tirer avec toi dans la chambre, tentant de processer cette information. Porte fermée derrière nous et tu me donnais un peu plus de précision. « ouais j'me doute... sinon on aurait pas cette conversation, j'suppose » Ouais, bon. J'avale ma salive et je m'installe sur le lit, pour tenter d'avoir le comportement le plus approprié qui soit. « t'as fait un test..? » que je dis, tournant le visage vers toi. Après tout, le mieux c'est d'être sûr avant d'envisager quoi que ce soit.

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tw: avortement Évidemment que c'était trop tôt. J'avais vingt ans, notre relation était stable mais elle était très bien comme ça. Je n'avais pas envie qu'un gosse vienne tout foutre en l'air. J'étais pas prêt et j'avais des doutes quand à toi. Mais on en avait jamais parlé, comme tu disais et peut-être que tu ne te sentais pas d'avorter, c'était peut-être contre tes valeurs... ouais, on en avait jamais parlé. Mais en même temps, qu'est-ce qu'un couple dans la petite vingtaine viendrait à parler de ça ? On fait tout pour être tranquille, vivre notre vie de jeune couple heureux et amoureux. On avait pas envie que ça soit gâché par un gamin. « ok, t'as bien fait de me dire de venir.. » Je préférais de loin être la présence rassurante à tes côtés qu'une de tes copines pour le coup. Test qui se retrouve sur le bureau avant que tu n'admettes qu'on avait jamais abordé ce sujet. Un soupir avant de retenir mon souffle le temps que tu donnes ta position. Soulagement immédiat et je crois que ça se voit sur mon visage. « je.. pareil. j'ai que vingt ans, je me vois pas être papa l'année de mes vingt-et-un.. et puis même pour nous, on est bien comme ça, j'ai pas tellement envie qu'on sacrifie tout ça maintenant » Egoïstement sûrement, mais c'était comme ça que je voyais les choses. Je m'approchais de toi, prenant tes mains dans les miennes, tentant d'être le plus réconfortant possible. « j'te soutiens bébé, quoi qu'il arrive » Parce qu'on était sur la même longueur d'ondes aussi.

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23.09.2022 Noura's, city center.

Noura a beaucoup évolué ces derniers temps, notamment au travers de sa relation avec Kian. Si elle peut honnêtement dire qu’elle est heureuse avec le jeune homme, elle n’en reste pas moins perturbée d’avoir vu un bon nombre de ces certitudes s’envoler. Persuadée de ne jamais prendre la peine de s’attacher à qui que ce soit, Noura avait décidé il y a bien longtemps de finir sa vie seule ou dans un mariage d’intérêt, qui lui apporterait une certaine sécurité financière. On pourrait croire que se rapprocher de quelqu’un à Harvard correspond nécessairement à un mariage dans ce but mais l’idée ne lui a pas traversé l’esprit une seule fois en approchant Kian. Avec d’autres, elle ne peut nier avoir vu la possibilité des verres gratuits, d’éventuelles vacances tout frais payés mais avec Kian, cela a toujours été différent. Quand elle aurait voulu être indifférente à ses avances à d’autres, elle ne pouvait s’empêcher d’aller lui jeter son verre à la figure - littéralement, ou non d’ailleurs. Sans comprendre pourquoi il a une certaine emprise sur elle depuis qu’ils se connaissent et si Noura a enfin décidé de l’accepter, depuis bientôt un an maintenant, elle a aussi peur de ce sur quoi d’autres elle pourrait changer d’avis… comme sur les enfants, par exemple. Pour l’heure, c’est la terreur qui prime mais elle ne peut s’empêcher de craindre aussi qu’en apercevant un test positif, elle se sente pousser un instinct maternel et ait envie de garder cet enfant. Peut-être que c’est aussi pour ça qu’elle a besoin que Kian soit à ses côtés : si elle est enceinte, ce n’est pas seulement sa vie qui risque de changer du tout au tout, c’est ces dernières certitudes qui volent en éclat. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas d’enfant tout court, c’est qu’elle se considère trop jeune pour en vouloir, que ce sont des questions qu’on se pose à l’âge adulte et elle a encore l’impression d’être une adolescente à bien des égards. Poussant un soupir, elle acquiesce quand Kian lui dit qu’elle a bien fait de l’appeler et essaie de lire dans son regard ce qu’il pense de la situation. Il a peur, évidemment… mais au-delà de ça ? Le coeur battant à tout va dans sa cage thoracique, l’américano-marocaine finit par prendre les devants, aussi subtilement que possible - elle risquerait d’exploser sinon, elle en est presque certaine.
C’est un semblant de sourire, qui ressemble peut-être également à une grimace, qui se dessine sur les lèvres de la jeune femme quand elle lit le soulagement dans son regard. Elle ferme les yeux, et si elle ne parvient pas à sourire sincèrement, cela ne veut pas dire qu’elle n’apprécie pas qu’il soit sur la même longueur d’ondes. Noura n’était clairement pas prête à avoir une autre discussion sur le sujet. Même sans avoir le choix… elle se serait sans doute fermée, en rappelant à Kian que ce n’était pas sa décision à prendre, même si elle est en réalité convaincue que c’est le genre de décisions qui se prend à deux. “Cool.” parvient-elle à murmurer la gorge complètement serrée. Noura a l’impression qu’une bonne partie du poids qu’elle avait sur ses épaules depuis le début de la matinée vient de s’envoler, et s’il lui reste le poids du monde à porter, le moindre gramme en moins est le bienvenue. Quand il lui prend les mains et lui dit qu’il sera pour elle quoiqu’il arrive, Noura soupire doucement avant d’essayer de lui répondre qu’elle est aussi là pour lui, ayant bien conscience que c’est quelque chose qui se vit à deux. Aucun mot ne parvient à sortir, cependant, et à la place, ce sont des larmes qui se mettent à couler. Serrant les mains de son petit-ami, elle ferme les yeux dans l’espoir de se calmer mais à la place, ce sont des sanglots qui parcourent son corps et Noura finit par se lover dans les bras de Kian, jusqu’à se calmer. Elle ne sait pas ce qui est pire : ne pas savoir… ou prendre le risque que le test soit positif.

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23.09.2022 Noura's, city center.

Le soulagement que ressent Noura quand Kian lui dit partager son avis est sans commune mesure mais cela n'en reste pas moins une situation difficile à vivre, Une part d'elle souhaite faire le test et être fixée le plus vite possible ; une autre préfère ne pas savoir. Qu'adviendra-t-il si finalement, de savoir qu'un embryon s'est formé en elle, elle ne se sent pas capable d'avorter ? Noura n'est clairement pas capable d'élever un enfant à ce stade de sa vie, avec ou sans Kian d'ailleurs. Elle accepte à peine que leur relation soit faite pour durer - le simple fait qu'elle n'est pas encore fui relève de l'exploit herculien quand on connait la jeune femme - ; elle n'est certainement pas prête d'avoir ce que beaucoup disent être la plus belle relation d'une vie et de s'engager à s'occuper de quelqu'un au moins dix-huit ans, et de l'aimer pour le reste de sa vie. C'est quelque chose qui l'effraie tant que la jeune femme en a presque envie de vomir rien que d'y penser. Blottie contre les bras de Kian, elle ressert son étreinte quand elle entend ses mots de réconfort, et reste ainsi quelques minutes contre lui jusqu'à se calmer. Elle soupire légèrement quand les larmes ont tari et s'éloigne, attrapant ses mains dans les siennes. Le contact physique avec lui l'apaise et elle n'est pas prête à vivre cela toute seule. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'elle a ce genre de frayeur, mais le fait d'être célibataire semblait faciliter sa décision, étrangement. Noura grandit aussi, murit et les choix que l'on fait à dix-sept ans quand sa vie est instable sont bien différents de ceux qu'on peut avoir envie de faire quand la vie est stabilisée. Même si elle en vient à la même conclusion, Noura s'est posée la question cette fois, alors que la dernière fois qu'elle a eu une telle crainte (qui s'est avérée n'être que ça, par chance), elle ne se l'était pas même posée une demi-seconde. Noura souffle doucement puis se force à être courageuse, essuyant ses larmes contre son épaule. "C'est mieux le matin je crois... mais j'ai pas le courage d'attendre." Noura soupire et lâche une de ses mains pour reprendre de l'eau. Elle ne ressent pour l'instant aucunement l'envie d'aller vidanger sa vessie puisqu'elle y est allée une petite heure seulement avant que Kian n'arrive ayant mal calculé le moment où l'envie de faire pipi se manifesterait.