Alors que Joey lui dit qu’elle doit l’abandonner quelques minutes pour aller au bureau, Haley recommande un cocktail et lui dit de prendre son temps. Elle tourne doucement sur son tabouret, fronce les sourcils en se disant que ce n’est sans doute pas l’idée du siècle : tout tourne, et pas uniquement elle. Elle fixe un point droit devant elle et attend que son esprit se stabilise pour tendre le bras et attraper son cinquième mojito de la soirée. Elle attrape une feuille de menthe au fond de son verre et la croque : elle a pour habitude de toujours commencer à les consommer de cette façon sans vraiment savoir d’où cette habitude lui vient. Haley pouffe ensuite doucement en repensant à la première fois qu’elle a mis les pieds ici. Elle avait l’air bien ridicule et ne sait pas comment elle a pu s’imaginer une seule seconde qu’elle irait jusqu’au bout ! Par chance, elle a gagné un ami, ou quelque chose qui y ressemble en tout cas en la personne de Horace. Alors qu’elle aspire un peu d’alcool à travers la paille en bambou qui a été mise dans son verre, elle réalise qu’il est sûrement là ce soir. Ou, en tout cas qu’il y a des chances qu’il soit là ce soir. Il y a également des chances qu’il connaisse Joey. Cherchant sa nouvelle amie du regard, elle se dit qu’elle devrait peut-être préciser que ce qu’elles se disent doit rester entre elle mais elle n’imagine pas vraiment la rousse se lancer dans des commérages - encore moins sur des personnes qu’elle a vu trois fois dans sa vie. Elle se détend légèrement et se tourne à nouveau vers le bar où elle repose son verre. Les deux coudes appuyés sur le bar, elle tient son visage en coupe dans ses mains, tapotant ses doigts contre ses joues. Elle n’aurait finalement pas dû dire à Joey de prendre son temps : elle ne parle à personne ici et même si elle n’est pas mal à l’aise avec le fait d’être dans les lieux, elle ne se voit pas non plus se mêler à la population qui fréquente le Sidh. La bouche en coeur, elle souffle puis aspire à nouveau l’eau gazeuse mêlée au rhum avant de se dire que ce serait ridicule d’attendre Horace - surtout s’il n’est pas là. S’il est là… cela serait peut-être déplacé. Elle soupire bruyamment contre elle-même et finit son cocktail d’une moue boudeuse avant d’aller chercher son manteau au vestiaire. Ce qu’elle aimerait être moins raisonnable parfois… Sa capuche sur la tête - mais sans qu’elle n’ait enfilé le reste du manteau, Haley ne regarde pas où elle va et envoie un sms à son amie pour lui dire qu’elle rentre chez elle. C’est à ce moment qu’elle percute un individu et sans relever la tête dit : “Woooooow. Tu sens trop bon.” Les mots sont sortis de sa bouche avant qu’elle n’ait réalisé ce qu’elle venait de dire et elle relève la tête pour se confondre en excuses, les joues déjà empourprées. “Horace!” crie-t-elle sans doute plus fort que nécessaire. Elle se jette à son cou qu’elle entoure de ses bras avant de déposer un baiser sur sa joue. “Je te stalke hein!” Non, ce n’est pas ce que tu veux dire, Haley. “PAS ! JE TE STALKE PAS.” Cesse de hurler, jeune fille.

Le joint coincé entre les lèvres, j'regarde le monde depuis l'étage. J'suis pas sûr de réussir à me lasser un jour de cette scène, de ce théâtre, de voir les gens y gesticuler ; fourmis agitées, soumises à leurs envies et leurs pulsions, fourmis à la recherche de quelque-chose que le reste de Boston ne possède pas. Ici, vous y retrouverez du réconfort, une présence, la chaleur d'une vie qui en manque. La veste déposée sur le torse nu, le gamin déambule. Arrache un rire à une cliente, qui doucement se recoiffe après quelques soupires. Les gens heureux. J'en arrache une latte, et souffle quelques volutes qui s'évaporent jusqu'au plafond. Silhouette retournant au rez-de-chaussée, là où se trouve le bar, les corps essoufflés et dansants. On regarde pas vraiment où on marche, qui on percute, tellement l'attention se disperse sur les êtres animés. Carcasse plaquée, menton qui se redresse, et le sourire déjà accroché à la bouche. Ca aurait pu être n'importe qui, que j'aurais eu ce même air idiot sur la bouche. A me marrer d'avance, à prendre avec légèreté le fait qu'ici, on est tout de suite trop proches. Mais, j'entends ta voix, et j'perçois, sous cette capuche, tes traits se dessiner. Y a un rire à tes paroles. Parce qu'elles ne sont pas vraiment du genre à t'appartenir. Cet endroit, même, tout entier, ne semble pas te correspondre. Pourtant voilà que tu colles au décor, que tu évolues comme si tu en faisais parti, naturellement. Tes joues rosées ; je te retrouve. « Haley ! » Gueulé sur le même ton, lèvres hilares. « Wow » Soufflé, le buste qui se recule à peine, ne s'attendant pas à te retrouver accrochée à mon cou. Mes doigts sur tes hanches. Les sourcils haussés à la suite. Putain, arrête de me faire rire. « Tu m' suis et tu m'fais le coup de la rencontre par hasard, c'est ça ? » Espiègle ; j'ôte la capuche de tes cheveux, pour accrocher ta veste délicatement à tes épaules. « Voilà, c'est mieux comme ça. » Au moins, j'te vois. Jolie surprise que voilà. L'agneau retourne dans la tanière fui la première fois. Y a des épisodes que j'ai manqué, mais qu'importe, j'n'ai même pas eu à t'y inviter, que tu te présentes. « Tu t'es perdue ? » M'dit pas que t'es revenue pour mieux, pour sélectionner une autre compagnie. Me dit pas que finalement, ce qui n'allait pas ici, c'était moi.

Elle a chaud et froid à la fois et son palpitant menace de sortir de sa cage thoracique mais Haley ne sait pas si c’est parce qu’elle a trop bu, parce qu’elle se sent bête ou si c’est les mains d’Horace sur ses hanches et les regrets que ça fait naître en elle. Est-ce qu’il est trop tard pour changer d’avis, pour lui dire qu’elle s’enfermerait bien dans une chambre en sa compagnie, même s’il faut donner quelques centaines de dollars pour ça ? Elle ne lui avouera pas, c’est certain, qu’elle aimerait qu’il en ait envie aussi, sans qu’il ne soit question d’exercer un métier, même si elle repense souvent à la couleur des roses qu’il lui a envoyé et à cette opportunité qu’elle n’a pas vraiment su saisir, de peur de briser ce lien un peu particulier - pour elle, en tout cas - qui existe entre eux. Haley ne se détache pas pourtant et secoue la tête avec énergie quand il lui demande si elle lui fait le coup de la rencontre par hasard. “Mais !” proteste-t-elle, sentant ses joues s’empourprer un peu plus, amusée de son air espiègle. “J’suis venue voir une copine qui bosse ici.” C’est la vérité, inutile de préciser qu’elle aurait pu lui proposer d’aller la voir ailleurs, mais que la perspective d’y croiser Horace était trop tentante. Il n’y a pas que ça d’ailleurs : Haley aime finalement être dans cet endroit qui ne lui correspond pas, car on ne viendra jamais la chercher ici, personne n’a d’attente sur ce qu’elle est. Pour cette dernière partie, c’est sans doute aussi vrai dans ce qu’elle qualifie de “vraie vie” mais Haley a plus de facilité à se l’avouer ici. Et c’est bien de pouvoir être ce qu’on est, et rien de plus. Rien de moins, non plus. “En plus, j’ai pas envie de te voir avec des clientes.” Elle desserre doucement ses bras, en les laissant pourtant poser contre son torse tandis qu’il met sa veste sur ses épaules et baisse doucement la tête quand il lui dit que c’est mieux. Un sourire se dessine sur les lèvres de la future vétérinaire et elle secoue doucement la tête en le regardant : “Non, j’ai vraiment une copine ici.” dit-elle, en se retournant pour la pointer du doigt. “Joey, tu la connais ?” Probablement, la question est plus rhétorique qu’autre chose. Elle ne serait même pas étonnée si leurs peaux s’étaient usées contre l’autre. “Tu bosses, ou je te paye un verre ?” dit-elle, se perdant cette fois - mais juste dans ses yeux, tandis que sa main qui était restée sur son torse vient trouver sa main et y entrelacer ses doigts.

J'ai pas besoin de rendez-vous, puisque j'ai le hasard de mon côté. Les corps qui se percutent et l'attention qui se relève sur toi. L'esquisse d'un sourire déclenché bien vite. Ce qu'il y a de bien avec toi Haley, c'est que tu ne peux pas mentir. Ton sang directement relié à la couleur de tes joues, et l’honnêteté qui transparaît de tes mimiques. J'vois sûrement pas tout ce que je devrais voir, trop déconnecté d'un monde plus ancré que je ne le suis. Le tout est survolé avec légèreté, les épaules déchargées. La vie est trop éphémère pour être prise au sérieux. Regarde autour de toi, regarde comme tout va trop vite. La marée monte, et moi j'me laisse bercer par les vagues, en étoile. J'distille quelques vérités. Quelques roses. Tu me plais, dans tes attitudes qui te rende incroyablement charmante. Dans ce monde où j'y côtoie les excès, où il est aisé de frôler le bord des falaises, tu es un repos qui s'installe à peine ta présence s'impose. « Toi, tu as une copine qui bosse ici ? » Le trait est exagéré, pour piquer un peu. Toi qui est partie en courant. Toi qui nous fuyait. Nous, les corps qui composons cette antre. Y a une partie de moi qui doute, et l'autre qui souffle qu'il ne faut jamais sous-estimer les âmes. Surtout celles appelées à s'exprimer, à grandir. Elles le font parfois plus rapidement que prévu. Les lèvres pincées, silhouette pas vraiment décidée à bouger et rompre la proximité. « Tu sais, j'fais rarement ça en public, au beau milieu de la pièce. » Le ton léger, du type qui se fout bien des stéréotypes qui peuvent courir sur son boulot. Qui en rajoute, d'une esquisse amusée :« Sauf si vraaaiment on me paye très cher. » C'est bon, j'colle bien à l'image ? Homme à acheter. Peut-être, pas si loin du compte. Les orbes qui suivent ta désignation. Orbes qui s'étonnent. « Joey ? » J'la vois, au bar. « Attends, t'es pote avec Joséphine ? » Petit démon, que j'n'ai pu amadouer qu'à force de hasard heureux, et de tresses. Le regard se pose à nouveau sur toi. « Décidément, Stryder, vous êtes pleine de surprise. » J'ai du mal à faire de liens, à tisser des lignes entre vous. Mais, c'est parfois ce qui nous sépare, qui nous rapproche au bout du chemin. Tes doigts accrochés aux miens, on l'avait pas écrit au début. « J'bosse. » Officiellement. Quand Lyra me regardera. Pourtant, je quitte pas ta main et je fends la foule avec. Sourire amusé de gamin. « Mais t'auras qu'à dire que t'es une cliente, si on te demande. » Arrivés au bar, de l'autre côté, vers l'autre barmaid. Volontairement. J'ai pas envie de me demander si tu lui as déjà parlé de moi. J'commande un mélange à base de rhum et j'te laisse faire. « Donc t'allais partir sans venir me voir ? » La moue boudeuse, excessive, les doigts lâchant les tiens, pour venir s'enrouler dans tes boucles désordonnés par ta précédente attaque de capuche.

“C’est récent.” dit-elle, comme pour s’excuser quand il insiste, pour savoir si elle connaît vraiment quelqu’un ici. Horace a cette façon particulière de demander confirmation sans pour autant vraiment remettre en cause ce qu’elle dit. C’est étrange… et agréable. Que s’est-il imaginé dans les premières secondes où il l’a vu ? Qu’elle venait le voir ou pire, qu’elle venait tenter avec quelqu’un d’autre ce qu’elle n’avait pu faire avec lui ? C’est faux, et même si une part d’elle se demande si ça lui déplairait comme ça lui déplairait à elle de le voir avec quelqu’un d’autre, Haley n’a jamais été du genre à jouer ce genre de jeux pour tester l’autre. Et elle n’est apparemment pas non plus cette personne avec quelques cocktails dans le sang. Une bonne chose, sans aucun doute. Elle secoue la tête sans détourner le regard quand il lui parle de son métier mais cela ne signifie pas qu’elle n’est pas gênée. Le juger pour son métier ne lui a jamais traversé l’esprit. En revanche, parler de sexualité, même à un niveau professionnel, n’est jamais quelque chose avec quoi elle est très à l’aise, sauf après quelques mois de relation, peut-être. Elle pouffe comme une idiote quand il précise qu’il pourrait à certaines conditions et elle secoue la tête, venant cacher son visage empourpré dans son cou. L’alcool la rend définitivement plus audacieuse - pas plus tactile, elle se retient juste d’ordinaire. “Non, mais tout court. J’ai pas envie de te voir avec quelqu’un d’autre.” avoue-t-elle, quand elle ferait mieux de se taire. Il a tous les droits - et elle aussi, d’ailleurs. Mais Horace la connaît peut-être assez pour comprendre que ce n’est pas un reproche, ni une interdiction. C’est simplement quelque chose dont elle a conscience mais qu’elle n’a pas besoin de se voir se dessiner sous ses yeux, même si c’est juste sa main qui se perd dans celle d’une - ou d’un - autre, si c’est juste son regard qui glisse sur une autre silhouette. Haley n’est pas particulièrement jalouse mais ce n’en est pas agréable pour autant.
Elle se détache légèrement de son cou et sourit quand il insiste pour savoir si elle est perdue. Elle redonne l’information et cherche sa compagne de beuverie du regard. “Oui, oui.” dit-elle d’un air fier, quand il ne semble pas y croire. Elle ne sait pas ce qu’il pense de Joey, s’il la connaît que comme une collègue mais Haley n’aurait jamais imaginé être amie avec une personne comme elle - ni fréquenter de près ou de loin quelqu’un comme Horace, d’ailleurs - et elle est fière de sortir de des sentiers battus. “On s’est rencontrés…” Elle se retient à la dernière minute, ne sachant pas si Joey souhaite que sa santé soit dévoilée sur la place publique. “Par hasard.” Ce qui est vrai, même si ce n’est qu’une partie de la vérité.
Lorsque le couperet tombe et que Horace lui dit qu’il bosse, Haley baisse la tête, avec une petite moue déçue. C’est pire de le croiser si ce n’est pour pas pouvoir passer du temps avec lui. “Tu finis à quel- ?” En même temps qu’elle commence sa phrase, il commence la sienne et Haley sourit, sans doute un peu trop, en l’entendant. Elle acquiesce et resserre ses doigts autour des siens en le suivant. Si elle était plus audacieuse, elle profiterait de ce moment pour l’embrasser et lui dirait, sans baisser le regard, que c’est pour avoir l’air plus crédible, mais lui ferait comprendre que cela n’a rien à voir. Mais Haley n’est pas si audacieuse et c’est le bas de sa joue qu’elle se contente d’embrasser avant de passer sa commande, rouge comme une pivoine. Il faudrait que son corps s’habitue à se sentir comme ça en sa présence, sinon, elle va finir par être rouge de manière permanente. “Je t’ai pas vu de la soirée, j’étais pas sûre que tu sois là.” répond-elle, glissant une main sur son genou, quand la sienne joue avec ses boucles, refusant de perdre en proximité avec lui. La sensation qu’il fait naître en elle est bien trop addictive. "Ça t'aurait déplu ?” demande-t-elle, bien trop téméraire quand l’alcool dilue son sang.