tes mots qui virevoltent dans ma tête, qui tiraillent l’esprit. j’devrais même pas y accorder de l’importance, à ces aveux trempés dans l’éthanol d’une soirée de débauche. j’devrais pas te croire pourtant y’a une part de moi qui prie pour que ce soit vrai. qui espère secrètement qu’ils se répètent quand tes veines seront sevrées. et j’marque une accélération, le pied qui s’écrase un peu plus contre la pédale de vitesse. j’vois pas grand chose, seulement les hauts lumières qui passent en flash sur les côtés. t’as foutu quoi mat, pourquoi t’es dans cet état, déchet jeté à l’abandon. pourquoi tu préfères être ça, qu’être avec moi. waze qui résonne, les yeux qui s’posent dessus brièvement. les pneus qui crispent en tournant trop rapidement. j’t’aperçois le long de la chaussée, tu tiens même pas droit. coup de frein à main, j’descends rapidement pour tirer sur ta veste. - tu fous quoi putain ?! que je souffle la respiration saccadée nerveusement. - regarde dans quel état t’es.. que je prononce doucement, mes doigts qui enroulent ta mâchoire pour te forcer à me regarder.

la gorge sèche. sèche d’alcool. sèche d’amertume. tu voulais e noyer. noyer dans l’ivresse, oublier tes conneries. elle l’a embrassé, arthur. elle l’a choisi lui. toi tu n’es qu’une merde. déchet. tu veux te polluer, tu veux en crever. sans s’arrêter, les verres ce sont empilés, vides, à l’image de ton âme. un message envoyé pour lui parler, inconscient. vraiment une bonne idée ? tu ne sais pas, tu ne penses pas. aucuns songes ne s’extirpent de cette tête enflammée. tu vas exploser. tu vas y rester. c’est pas ce que tu voulais ? tu titubes sur ton trottoir. voiture qui s’arrête à ton niveau, phare qui éblouies ces prunelles trop sensibles. elle est là, elle est venue pour toi. pour t’admirer sombre ? t’en sais rien. sa main sur ton visage pour redresser le tiens. elle est floue. elle est belle floue aussi. rooooh ça va. c’est rien. t’empestes. t’es venue enfaîte ? tu souris, tête de con. pourquoi t’es venue ? mais j’suis content que tu sois là, je crois. rire ivrogne. je vais m’asseoir là. par terre, sur ce trottoir.

t’es là, lamentable, ton corps pue l’alcool à des kilomètres, les yeux vitreux. la couleur ébène qui ressort au travers des filaments rouges sang. l’âme à l’agonie que t’as à tout prix voulu faire taire. là, dans les restes d’un verre que t’as rempli trop de fois. et moi je comprends pas ce que je fous là, je comprends pas pourquoi j’accours si vite quand il s’agit de toi. je grimace quand t’ouvres la bouche, que ta voix n’est pas la même. je ferme les yeux, soupire un bon coup avant de les lever au ciel. dis pas ça mat, dis pas des trucs que tu regretteras demain. écoute pas l’incohérence d’un coeur brouillé par l’alcool. j’veux pas y croire, j’veux pas t’écouter parce que demain ça fera trop de mal de revoir l’indifférence dans ton regard. - mat.. que j’essaye de caler. mais tu me coupes, tu veux t’asseoir par terre et je te retiens, je te ramène vers moi. - non non, mat, arrête ! tiens toi à moi. je passe ton bras autour de ma nuque, je garde ta main dans la mienne. je te ramène doucement à la voiture, je te regarde. comme je t’ai jamais regardé, j’en profite parce que demain tu t’souviendras pas. tu t’souviendras pas de tout ce qui existe là. dans mon regard habituellement trop vide. - doucement la tête.. je t’installe côté passager avant de reprendre le volant. - je te ramène, vomis pas ou je te tue.

valentina, elle accourt à toi. venir sauver ton âme déchue. simple alcoolique blasé d’une vie qu’il a mérité. elle accourt pour te tirer de là. valentina c’est comme abé qui te relèves d’une soirée à arpenter les bars pendant ces nuits enflammées, mais abé il n’est pas aussi beau. il sent pas aussi bon. c’est pas celui que tu veux. mais c’est trop facile ça. mois entiers à t’acharner sur le fait de te protéger. minutieusement repousser cette perle brute. maintenant qu’une masse d’ivresse pour noyer les regrets. regrets de ne pas avoir réagis plus tôt. stupide. mais elle est là pourtant, ses mains contre ton corps, béquille solide sur laquelle tu reposes entière confiance. voix apaisante, présence rassurante. elle est là valentina. souffle long, grognement, inconscient. vulgaire pantin. ce cul posé sur ce siège. contraste du sol glacé et du tissus réchauffé. t’es gentille quand même. arrière de la tête reposé sur le siège, roule dans la direction de tina. j’te fais la putain de misère tout le temps et toi.. toi t’es là. un sourire éclaté. t’es pas comme les autres, hein. ta main, phalanges qui se glissent sur le siège conducteur, quelques centimètres de la cuisse de tina. toi t’es là.. souvenirs furtifs qui teintent toujours tes pensées.

incapable de te laisser là, seul, au milieu de ces ruelles désertiques et sombres. incapable d’écouter le cerveau qui me supplie de pas y aller, incapable de renoncer au palpitant qui m’a poussée à venir te retrouver. carapace fragile quand il s’agit de toi, les promesses futiles d’il y a sept ans ne deviennent que de vulgaires échos, le passé qui reprend sa place quand ton prénom fait surface. et je me déteste de pas savoir te renier, de pas être en mesure de faire comme si tu ne comptais pas. comme si tu n’avais jamais compté. j’aime pas te voir à moitié mort, le corps au fond du siège et l’inconscient trop présent au bout de tes lèvres. je déglutis, mes yeux ne quittent pas la route. j’suis pas gentille matian, je suis loin d’être celle qui fera pas d’erreur, qui te restera loyale jusqu’à la fin. mise pas sur moi, sur ce que je te montre parfois. je vaux pas un clou, t’as raison de pas vouloir m’approcher. - t’es fatigué mat.. on est bientôt arrivé. les dents serrés, j’aimerais te répondre, te dire que je suis celle qu’il te faut, d’arrêter de me repousser. que je suis celle qui partira jamais mais, j’peux pas. y’a rien qui sort. y’a juste ma mâchoire crispée. profonde inspiration discrète quand je sens tes doigts se rapprocher, frisson qui s’éveille, la poitrine qui se gonfle. - fais pas ça.. l’assurance est morte quand les mots sortent. fais pas ça, continue de me rejeter, continue comme tu sais si bien le faire.

tes barrières sont tombées, dominos de gamins mal empilés. t'es pas fatigué. t'es juste complétement bourré. ta lange s'est dénouée. alcool uniquement ? tu sens qu'elle t'échappe, le cygne veut se barrer, ouvrir ses ailes, illuminer les regards ailleurs. loin des tiens, loin de ces billes ébènes illuminés à simplement se poser sur son visage. tu sais, j'savais que j'voulais de toi ce soir là, enfaîte.. tu déglutis en redressant ce corps fade dans ce siège. y'avait que toi. c'était que toi. tu ricanes une nouvelle fois. les mots se suivent, les pensées s'enchainent pourtant si réelles. tu pouvais pas. tu pouvais pas succomber, incapable. impossible. c'est dur d'te résister, putain tu sais pas comment c'est duuuuur. lumières de la ville qui t'éblouies, pupilles sensibles. t'as toujours cette main sur le rebord de ce siège de tissus. secousses de l'asphalte qui finira par réunir vos peaux.

les ongles qui s’ancrent dans le cuir, la langue qui passe sur les lèvres nerveusement. les flashs de cette soirée, là-bas, dans l’enfer de nos deux mondes. la soirée où on a tout fait basculer, ou on aurait dû fermer les yeux, oublier nos images. oublier qu’on existe. mais on a pas su faire matian, attirance énigmatique qui prend du galon, le coeur aux milles questions. et ce soir, t’as décidé d’être franc. tu continues, t’arrêtes pas et j’veux pas entendre les mots que tu prétends. j’veux plus que tu le fasses maintenant. dernier dos d’âne, carrosse qui tremble et tes doigts qui glissent sur ma peau. - on est arrivé.. je reste impassible, je veux pas te croire. je veux plus savoir mat, moi qui t’ai trop de fois demandé. toi qui m’a beaucoup trop rejetée. - attends je vais t’aider.. je sors, te soutiens pour te sortir de la voiture. je fouille dans tes poches jusqu’à y trouver tes clés. - doucement. que je murmure en entrant chez toi. j’réalise que je suis jamais venue ici. que j’ai jamais mis les pieds dans ton putain de monde, que même ça tu ne m’y a jamais autorisé. - dors un peu, on parlera demain.. j’ai envie de rester, t’imagines même pas comment j’en ai envie. comment tes paroles me retournes l’estomac, à quel point j’ai rêvé de les entendre mille et une fois. - ça ira pour ce soir ? t’as besoin de rien avant que j’parte ?

comme un monologue. pensées qui s’avancent sans vraiment les réfléchir. myocarde accéléré qui décide de parler sans qu’elle ne réponde. mots qui s’entassent, belles paroles qui s’accumulent au fil de la route, ruelles. elle pourrait t’emmener bruler en enfer, larguer ce corps de pantin dans un coin sombre. t’abandonner là, douce vengeance si méritée. elle s’arrête devant chez toi, te faire sortir de là. elle ne t’abandonne pas valentina. comme toi tu as pu le faire, comme toi tu as pu la laisser tourner en rond, vulgaire toupie. t’es ravagé, de l’avoir laisser filer, de te retrouver dans cet état, pitoyable. sorti de la voiture, les pas lourds dans ces escaliers si hauts, trop hauts. une montagne. ferrailles qui tintent entre elles pour ouvrir cette porte. tu es chez toi, elle est chez toi. vous êtes chez toi. c’est ton corps qui se tourne vers le sien, frêle pourtant si confiant à ce moment. t’es belle putain. phalanges qui se relèvent vers son visage, tu laisses ta peau toucher la sienne. doigts froids qui se heurtent à la chaleur si douce de ses joues. j’ai pas envie que tu partes. rien pourtant. tu ne veux rien faire avec elle, rien de plus que la prendre dans tes bras toute la nuit, dormir en sentant son parfum vanillé. phalanges qui se glissent dans sa nuque pour finalement tirer son corps contre le sien. etrangement délicat au vu de ton état. tes bras autour de son corps, quelque centimètre plus grand qu’elle, ton menton repose sur le haut de sa tête. j’suis un gros connard avec toi, alors que… j’ai même pas envie de l’être. secondes hors du temps.

tout près de la porte, espérant que tu ne me demandes rien, que t’ai besoin de rien et surtout pas d’moi. pas maintenant, pas comme ça, pas quand t’as passé trop de temps à faire comme si je n’existais pas. j’suis prête à fuir. à faire comme si tes lèvres n’avaient jamais parlées. mais les mots sortent encore, font que mes pieds s’enracinent sur le pas de ta porte. j’aime quand tu les prononces, quand tu me dis tout ce que j’ai toujours voulue entendre. ta main que je sens se lever doucement, j’en tremble à l’intérieur. j’bouge pas, j’suis tétanisée devant tes nouveaux désirs d’affection. les lèvres qui s’décollent, prête à te demander d’arrêter mais tu m’coupes avant. et puis de toute façon j’en avais même pas envie. tes doigts glacés rencontrent ma nuque chaude, frissons que tu m’arraches avec pas grand chose. mon corps qui vient danser contre le tient, crever contre le creux de ton torse. - pourquoi tu m’dis tout ça maintenant mat ?.. pourquoi pas avant ? avant que j’cherche à t’oublier dans un autre univers, avant que cae ne déglingue les murs que j’avais mis trop longtemps à construire. pourquoi j’ai pas eu tout ça quand il n’y avait encore que toi ? - t’as pas le droit de me faire ça.. de jouer avec moi au grés de tes peurs.