Encore victime du syndrome post-traumatique des évènements de l'année passée, la nuit d'Halloween n'a aidé en rien l'éviction des souvenirs de ton esprit. Images qui tournent en boucle dans un coin de ta tête, comme des flashs. Cellule. Obscurité. Lionne en cage. Rage qui s'estompe chaque jour. Devenir docile par manque de force. Se réveiller le dernier jour devant des explosifs et attendre la mort. La frôler et ne pas l'atteindre vraiment. Pourtant, ces vingt-six jours là, tu mourais lentement. Intérieurement, au moins.
Alors que tu t'étais calmée sur ta consommation d'alcool ces dernières semaines, depuis le départ d'Hayley, les derniers jours ont été marqués par une descente en enfer fulgurante. Te lever et ajouter du whisky à ton café, ou du café à ton whisky, c'était devenu monnaie courante. Du matin au soir, l'alcool coulait lentement dans ton corps comme un doux poison que tu ne sentais même plus. La sobriété était ce qui te semblait être le pire. C'était sans compter sur la coke qui venait agrémenter ce cocktail explosif toutes les nuits. T'as sombré encore plus loin qu'avant. Tu fais ce que tu reprochais à @Jared A. Killbane quand il a su pour Clary. Tu fais tout ce que tu faisais avant, quand tu étais dans la rue, et quand t'es sortie de ta prison désaffectée.
L'esprit embrumé, c'est comme ça que tu quittes le Sun Rock au coeur de la nuit. Cigarette coincée aux lèvres que tu allumes en démarrant le moteur, volume de la musique qui hurle dans les haut-parleurs de l'habitacle. Ça allait toujours bien, ces derniers temps. Mais toujours ne dure jamais.
Écart sur la route, klaxons qui réveille les réflexes, coup de volant brusque. Contact frontal dans un arbre. Trou noir.

Sirènes hurlantes dans la nuit foutrement calme de Boston, le bal de lumières bleutées s'agite sur les façades jusqu'à l'hôpital. Ton téléphone contient deux numéros d'urgence désormais. @Aaron Kaine et Jared. Ivy n'est plus là. Hayley n'est plus là. T'es pas encore assez proche de ta mère pour lui confier à nouveau ta vie. Les secouristes se sont sans doute chargés de prévenir tes frères, qui eux, feront sans doute le nécessaire pour prévenir l'équipe du Sun Rock, tes colocataires et le peu de personnes qui sont encore dans ton existence. Mais quelle vie ? Qu'est-ce qu'il en reste vraiment ?
Corps meurtri par l'impact du choc contre le conifère. Fracture de la clavicule droite, commotion cérébrale, entorse des cervicales et le poignet gauche fracturé aussi. Après les divers examens, on t'envoie au bloc opératoire, et on te branche à divers appareils pour surveiller toutes tes constantes. Il y a une activité cérébrale, tu es sauvée, mais tellement shootée par les anti douleurs, que tu ne fais que dormir, entendant les voix qui s'élèvent autour de toi, mais ne pouvant émettre aucune réaction.

Le cinq novembre, tu peux enfin réagir. Les questions fusent dans ton esprit encore vaporeux. Les paupières sont lourdes, la bouche pâteuse et la voix encore plus rauque qu'après une soirée aux milles excès. « J'suis où ? Pourquoi Clary et Hayley sont pas venues me voir ? » Pour toi, tout le monde va bien. Tout le monde est encore en vie. Pour toi, on est le 13 avril.

hj:

Un nouveau cauchemar s’ajoute sur la pile. Le coeur s’est accéléré quand j’ai eu l’appel. Accident. Lana. Et le reste, je ne l’ai pas écouté. Mon sang, ma chaire, petit etre qui enchaine les merdes .. Et rien ne l’a fait sortir de sa torpeur. La frustration d’etre impuissant. J’ai perdu une soeur que je ne connaitrais plus. Et voila, que le Destin tente de m’en arracher une autre.

Pas le temps de ceder a la panique, mon little K, le faisait pour nous deux. Alors je m’efforce de rester calme. De conduire prudemment. Je vais finir par embaucher des chauffeur.euses pour tous.tes. Entre Eros, et Lana, ca va etre une bonne solution. Arrivés sur place, on se renseigne, on nous guide.

Prendre place sur un siege. Le temps nous ereinte. Les résultats sont incertains dans premier temps. 48h suspendus a prier tous les dieux et déesses existant.es. Mais ce n’est pas encore son heure. Les medecins se veulent rassurant.es, mais le choc et les séquelles sont present.es. Iels ne savent pas jusqu’où.

C’est bien vite que nous avons une première réponse. Oh. Punaise. La question tombe. Little K et moi se regardons. Je me leve et lui serre un verre d’eau. Premiere question. Première colle. « est ce que tu as faim ? » Bah A. t’es efficace. Je me pince les levres, sans comprendre. Ou si. Mais ca allait etre un merdier sans nom.

Je me rapproche de la demi portion et la fixe.  « Microbe .. Tu sais ce qu’il s’est passé ? » Dis moi qu’on va pas devoir te briser le coeur une seconde fois.

Se réveiller et peiner à reconnaître ton petit frère. Depuis combien de temps tu ne l'as pas vu ? Selon toi, sept ans. En réalité, quelques jours à peine. Pourquoi tout semble si flou ? Pourquoi t'as si mal partout ? Tu regardes ton corps, découvre le plâtre à ton poignet, le bandage claviculaire et tu te demande ce que tu vas bien pouvoir foutre quand tu seras dehors. Incapable de bouger la tête, maintenue par un collier cervical. Tu t'es pas ratée, sale gosse. Et t'as pas vu ta tronche. Tu sens que quelque chose a changé en toi. « Non, juste soif. » Ton regard se porte sur Jared. « Ça te fait quoi de revoir ta soeur sept ans plus tard dans un lit d'hôpital ? » que tu dis en ricanant. Mais t'es bien la seule à rire de ton ignorance.

Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu sais pas. T'as même aucune idée de comment t'es arrivée là. « J'sais même pas pourquoi j'suis dans cet état, ni ce qui m'est arrivé. » Tu regardes dehors un instant. Les feuilles brunies se détachent des arbres, signe qu'on est pas en avril, comme tu le pensais. Crise de panique qui s'amorce. « Depuis quand j'suis là ? Elle est où Clary ? J'veux voir nôtre sœur. J'veux voir ma copine. Pourquoi on dirait que c'est l'automne alors qu'on est au printemps ? C'est quoi ce bordel les gars, putain ? » Pupilles qui s'agitent, respiration qui se saccade et rythme cardiaque qui accélère. Ça y est, t'es en plein dans ta crise. Bienvenue dans la réalité, celle qui fait peur, celle qui fait mal.

Tout s’écroule, encore une fois, toujours même, je ne sais même pas si j’arrive à être étonnés. Téléphone qui sonne en plein milieu du service, je réponds prêt à écourter la conversation, mais les phrases s’enchainent et je ne retiens que deux mots Lana, accident. Je regarde autour de moi à la recherche de n’importe qui pour me pincer, me dire que je ne rêve pas, je balbutie quelque chose à mes collègues et sort du Sun en trombe, respiration coupés, larmes qui coulent et l’esprit qui ne tourne plus, bloqué téléphone en main, mon premier réflexe est d’appeler Novel lui expliquer ce qu’il passe entre deux sanglots finir par un “tu vois je te l’avais dit, ça recommence” Big K qui débarque en trombe devant le Sun, je préviens Novel, raccroche en montant dans la voiture. Silencieux, juste un regard échangé, un “je te l’avais dit” sors de mes lèvres.

Médecins qui nous rassurent plus ou moins, tout ce que je retiens c’est qu’elle est en vie. Je prends place dans le fauteuil de la chambre, recroquevillés sur celui-ci, jurant que je ne bougerais pas tant qu’elle n’aura pas ouvert les yeux. Si je bouge je serais capable de prendre mes affaires et disparaitre, je le sais tout mon être me le crie.

Mes proches commencent à me connaitre, je ne suis jamais seul, toujours un œil sur moi de près ou de loin, tenir ma promesse de ne pas refaire de la merde. Les yeux de la grande sœur qui finissent par s’ouvrir au bout de quelques jours qui m’avait semblé une éternité. Sa voix se fait entendre, mais je ne dis rien, reste dans mon coin mon regard passant de Big K à Lana. Panique que je retiens quand je comprends qu’elle ne se souviens de rien. Je me racle la gorge à sa question, esquisse un micro sourire “Je te rassure t’a toujours une sale tête malgré les années” voix cassé, je suis prêt à laisser les larmes de nouveau, mais je me retiens encore. Les questions qui tombent une à une, je me lève, m’approche du lit “Calme toi stp.. On est...” je regarde Aaron ignorant si c’était une bonne idée de lui répondre “Nous sommes au mois de novembre et hum tu... tu as eu un accident... mais il faut... faut que tu te calme stp”

Rire douloureux qui s'échappe. Avoir mal, c'est la preuve que t'es en vie, c'est déjà bien. « Tu m'as manqué p'tit con. » que tu laisses échapper. Premier réflexe qui te vient, c'est de bouger tes orteils et tes jambes. Tu finiras pas dans un fauteuil roulant, c'est déjà ça de gagné. Au moins tu pourras te lever pour aller fumer plus tard.
Te calmer. C'est impossible à l'heure actuelle. Cette sensation est au même niveau que l'accident que t'as eu. Depuis quand t'es là ? Depuis quand tu dors ? Qu'est-ce que t'as oublié ? « Novembre ? On est pas en avril ? Accident ? Quand ça ? Pourquoi j'me souviens de rien ? Depuis quand t'es en ville ? Elle est où Clary ? Et Hayley ? Notre géniteur sait que t'es à Boston ? » Tenter de calmer ta respiration. Regard posé sur Aaron. « Dites moi la vérité, s'il vous plaît.. j'ai besoin de savoir. »

Je prends une profonde inspiration. Je voulais pas infliger une telle responsabilité à little monkey - qui est meurtri malgré sa carapace - alors je le fais. Je m’approche du lit et parle tout bas. Ecoute bien, je le redirais pas trois fois. Faux. La souffrance est presente. Je lui raconte ce qui s’est passé pour le géniteur. J’enchaîne avec sa séparation avec Hayley. Je fais une pause pour digérer. Ce qui a me sens semble dérisoire avec le dernier événement. Clary est morte en mission. À présent, tu as moi, et les autres Kaine, Jared, tes amis, le Sun, et une nouvelle chance de diriger le monde. Larmes aux yeux de lui faire vivre une telle épreuve. Triste pour elle, pour ma famille. On est là pour toi Lana. Tu seras jamais seule.

Les aveux sont douloureux. La vérité est comme un assaut de balles dans le corps. Tu as ôté la vie du géniteur et tu ne t'en souvenais même pas. Bang. Ta petite amie a rompu avec toi. Bang. Des images te reviennent. La cave. Hayley blessée et attachée. La princesse du coeur sauvée. Le corps du bourreau à tes pieds. Les doigts de ta main droite se crispent sur le drap blanc et tu encaisses silencieusement les premières nouvelles. Puis la mort de Clary entre en jeu. Le coeur se fend de toutes parts. Encore une fois. I used to shot you down. Des murmures qui disent non, jusqu'à pousser un hurlement déchirant. « Elle avait pas l'droit.. » que tu laisses échapper plus calmement. Les faiblesses se montrent, le masque de la froideur est pourfendu devant tes frères. « Tout le monde finit par m'abandonner. Et si j'perdais tout, si j'vous perdais vous ? » Tout remettre en question. Comment tu fais pour survivre à tout, lorsque ceux que tu aimes, amicalement, sentimentalement ou dans ta famille -outre ton père- trépassent ou te quittent ? Les yeux levés sur Jared finalement, tu demandes « Et notre mère ? »

Les questions s'enchaînent encore et je regarde Big K qui décide de prendre la parole, je vois le cœur de Lana se briser et s'en est trop pour moi, mes larmes coulent, surtout quand le sujet Clary est mis sur le tapis et les mots sortent de sa bouche phrase qui fais écho à mes propres souffrances revers de manche pour essayer mes larmes et je m'installe sur le bord du lit je prend la main de ma sœur "On partiras pas Lana... vous m'avez sauver la vie tous les deux .... et je crois que j'ai passer beaucoup trop de temps loin de toi.. jai plus envie de te quitter ni toi ni Big K on sera toujours la les uns pour les autres" je regarde Aaron, légers sourire sur les levres "Tu va devoir nous supporter jusqu'à tes 100 ans et essuyez le cul de Big K quand il sera plus apte à le faire" tenter l'humour pour détendre l'atmosphère. Je prend une inspiration quand elle parle de maman "Elle est à Boston, vous vois êtes réconcilié toutes les deux.. du coup elle est venus s'installer dans le coin..  elle est dans la salle d'attente parce que je suis pas capable de rester dans la même pièce qu'elle sans lui en mettre plein la tête..  tu veux que j'aille la chercher ?" Oui je l'avais appelé, à contre  peur parce que pour moi elle avait rien à foutre la, mais je n'étais pas le sujet. Elle étais venus et avais finis par abandonner l'idée de rester sans la chambre à force que je lui aboie dessus comme un chien enragée.

J'assiste silencieusement aux échanges. Etre le messager de l'horreur, d'ordinaire ne me dérange pas. Mais là, j'avais appris à m'attacher aux deux bestioles, et me soucier de leurs états d'âme donc forcément ça me touchait. J'étais malheureusement de ceux qui acceptaient la réalité et vivaient avec sans chercher de raisons. A tort ou à raison mais vu ce que je faisais dans l'ombre, ça m'aidait. Pourtant, de la peine, j'en ressentais pour les deux, cette sensation d'abandon qui n'avait de cesse de les torturer l'une comme l'autre. Je pouvais les comprendre vu leur passif. J'avais roulé des yeux quand le ouistiti évoque mon fiak et je me souhaite d'être mort d'ici là. Je me surprends même à penser que si j'arrive à dépasser les 35 ans, ça sera vraiment surprenant. Chaque jour n'est qu'un bonus quand on ne fait que provoquer les Enfers. Sensation d'être de trop dans cette pièce. Une mère en attente et je ne sais pas, ca fait vraiment pièce rapportée, envie d'aller bruler une clope se fait. Je reviens. Quitter la pièce, resaluer la mère et prends une bonne bouffée d'air une fois l'extérieur. Tirer autant de nicotine que possible, empoisonner l'être et taire les pensées.

Pourquoi les souvenirs se sont fait la malle ? Pourquoi t'as gardé les derniers moments heureux de ta vie, sans violence, sans sang, sans mort, sans disparition ? Pourquoi la vie s'amuse ainsi avec ton mental ? Qu'est-ce que t'as pu oublier d'autre, en fait ? Respirer lentement pour calmer les angoisses quand Jared prend ta main. « Comment ça on t'a sauvé la vie ? » Regarder les deux frangins. Jurer contre tout et n'importe quoi dans ta tête qui débloque grave. Rester ensemble, comme un bloc. T'es pas seule, tu seras plus jamais seule. Ils sont là. Rire doucement. « À ce rythme là c'est vous qui allez me torcher le cul vu les merdes qui m'arrivent toujours. » Réconciliée avec la matriarche. Tu avais pu discuter avec elle en décembre quand t'as quitté Boston sur un coup de tête, mais t'as pas souvenir d'une réelle réconciliation. L'as-tu revue entre temps ? Aaron quitte la pièce, dit qu'il revient. Regard pleinement reporté sur Jared. « J'sais pas. Elle risque de poser 200 questions auxquelles j'suis sans doute incapable de répondre. Et j'veux pas que tu quittes cette pièce juste parce qu'elle y est. »