i can't do it.

J'me tenais face au lit de Mai-Lan, ne sachant même pas quel atitude avoir face à cette situation. J'étais contre ce qu'elle allait faire, tuer son bébé dans son ventre.. mais j'pouvais pas l'abandonner dans un moment aussi dur. C'était pas moi. J'lui avais promis que j'serais là pour l'épauler qu'importe son choix, car tous les cas, elle en aurait besoin. Elle avait l'air.. bizarre. J'saurais même pas comment vous décrire la Mai-Lan que j'avais actuellement en face de moi. Elle avait l'air en même temps décidée et apeurée. Qui ne le serait pas ? Elle n'avait eu que quelques jours pour prendre une décision aussi importante.. est-ce qu'elle était sûre d'elle.. ? J'osais même pas imaginer le bordel dans sa tête en cet instant, tandis qu'elle nous regardait tous un par un. J'étais juste à côté d'Hendrix pour ma part, le frôlant à de nombreuses reprises de ma main. On était de nouveau ensemble. 11 jours exactement. Et j'étais la plus heureuse des femmes en ayant retrouver l'homme de ma vie. J'allais enfin espérer pouvoir remonter à la surface, essayer d'aller mieux. J'avais commencé en parallèle une cure de désintoxe mais ma foi, j'pense pas que j'vais continuer.. ça m'plait tellement pas de faire ça. Dans tous les cas, j'avais aujourd'hui besoin d'Hendrix prêt de moi, car j'supportais pas l'idée de tuer un enfant, éducation catholique que voulez-vous ? J'allais m'sentir mal dès que Mai-Lan allait sortir de la chambre. T'façon, j'avais déjà pleuré hier. La jeune femme attrapa la main de sa meilleure amie, Gwen, avec qui c'était weird aussi tellement la Thailande erm. Je souris doucement en entendant ses inquiétudes. Bien sûr qu'on sera là, c'est évident. On va pas t'laisser tomber ma belle.

Mai-Lan m'avait annoncé sa grossesse récemment, alors que je lui avais finalement annoncé ma fausse couche, apprise entre ces murs ou presque, mais elle m'a annoncé son choix d'avortement par téléphone. Dans un sens, je comprenais son choix. Être mère célibataire à même pas vingt-deux ans, c'est déjà assez dur en soi, mais quand le père du bébé est décédé, ce doit être encore pire. J'avais donc accepté de venir avec elle, ainsi que Briony et Hendrix. Putain, j'allais avoir du mal à le regarder en face, sachant ce qu'il s'est passé en Thaïlande avec sa copine, accessoirement mon ex, aussi. Putain, mais j'ai jamais recouché avec une ex après autant de temps, au moins avec Septembre c'était régulier, mais là...c'était assez fou et bizarre à la foi. Je regardais ma meilleure amie, qui me serrait la main comme une dalleuse, laissant échapper un rictus d'une légère douleur. Vous serait là quand je sortirai du bloc hein ? Et que j'serai dans les vapes complet. Briony répondit avant moi Bien sûr qu'on sera là, c'est évident. On va pas t'laisser tomber ma belle. Je souriais pour rassurer la patiente. Tu m'as prise pour une lâcheuse ? Bien sur que j'serai là. Je regardais Briony et Hendrix, me demandant si le sujet Thaïlande allait arriver dans ma gueule ou non par la suite.

i can't do it.

i can't do it.

Mai-Lan, sûrement angoissée par l'opération qui allait s'dérouler dans peu de temps, nous avait demandé si on allait rester. Comment est-ce qu'elle pouvait imaginer une seule seconde qu'on était venue aussi tôt pour elle et aussi repartir pour vivre notre vie ? J'en sais rien. Ca devait être le stress qui lui faisait dire n'importe nawak. Tu m'as prise pour une lâcheuse ? Bien sur que j'serai là. Je souris doucement en entendant les propos de la meilleure de la femme enceinte, Gwen. Elle, c'était clair et net qu'elle sera là jusqu'au bout. C'est normal en même temps d'être présent pour ses meilleurs amis, c'est notre seconde famille. Hendrix s'était également approchée de sa meilleure amie en lui prenant la main. Ce qui m'faisait un peu sourire. Elle ne sera vraiment jamais seule. Y aura toujours quelqu'un avec elle. C'qui m'faisait plus bizarre c'était qu'on soit dans le sujet "bébés" et que forcément je m'imaginais à la place de Mai-Lan, que je revivais la scène d'angoisse avec Andy quelques jours auparavant, quand j'avais cru être enceinte de lui, mauvais timing avec Hendrix. "T'en fais pas beauté, on bougera pas d'ici." J'approuva avec un sourire ce qu'il venait de dire. C'était tellement vrai. Vous êtes géniaux, je vous remercierai jamais assez pour ça. J'avais limite envie de lui dire que c'était normal de faire ça pour elle, parce qu'elle en aurait fait autant. Elle en avait fait autant même, lors de ma rupture, en me soutenant. C'était une vraie amie. De toute façon, on avait pas le temps de dire quoique ce soit que déjà quelqu'un entrait dans la chambre. Vu comment ils étaient tous habillés, ça devait être les tueurs de bébés. Oui, encore et toujours contre l'avortement, que voulez-vous ? Vous êtes prête mademoiselle Zwick ? Ça va être l'heure. Je me tourna vers Mai-Lan. Je.. je crois que je le suis. Je me mordis la lèvre en la voyant passer une main sur son ventre. J'avais mal pour elle, enfin je ressentais une douleur dans le bas de mon ventre. Ca devait être instinctif, j'sais pas. Je regardais toujours Mai-Lan mais mes yeux papillonnaient un peu partout dans la salle, pour évacuer la pression et la peur que j'ressentais. Et si ils se loupaient hein ? J'aime les hôpitaux. J'adore cette ambiance. J'suis pas du tout tendue.

J'avais déjà eu l'impression de l'abandonner le jour où j'avais fait mon overdose et je ne voulais pas recommencer à l'abandonner dans un tel moment. Hendrix, lui aussi, s'approchait de Mai-Lan pour lui assurer qu'on resterait bien là, quoi qu'il arrive. Je ne savais pas vraiment ce qu'il se passait dans la tête des trois personnes présentes, mais je savais que dans la mienne, le stress montait pour deux raisons. La première raison était l'IVG de ma meilleure amie. La deuxième, c'était de devoir affronter le regard d'Hendrix quand on sera que tous les trois dans la salle d'attente ou en train d'aller fumer une clope devant l’hôpital. Je sentais que j'allais passer un sale moment, mais on va dire que j'ai déjà vécu pire qu'une embrouille à cause d'une fille, bien que Briony ne soit pas n'importe quelle fille. Mai-Lan nous disait qu'on était géniaux, Briony ne répondit rien, je lançais alors. T'as vu ça ? On est les meilleurs potes qu'on puisse rêver d'avoir ! Je riais légèrement, alors qu'on entrait dans la chambre. Brrrr, ces tenues me font froid dans le dos. Ils demandaient à la patiente si elle était prête. Je sentais dans sa voix qu'elle n'était vraiment pas sure de son choix. Je la regardais, baissant ensuite les yeux. Mon regard voulait dire qu'elle n'était pas obligée si elle ne voulait pas, qu'il n'était pas trop tard. Je me disais intérieurement, que je n'avais pas eu le choix, qu'au départ, je ne le savais pas, et qui si j'avais su, j'aurai peut-être gardé l'enfant que Louis m'avait fait le soir où il s'était passé cette grosse erreur. Je m'approchais de Mai pour déposer un baiser sur son front, avant qu'ils ne l'emmènent. Je soupirais en passant une main sur mon ventre également.

J'avais horreur d'être ici, l'hôpital mon pire ennemi quoi. Mais pour Mai' je faisais l'effort, je l'aimais et je voulais être présent pour la soutenir même si cela impliquait de devoir rester ici plusieurs heures à prendre sur moi. Tandis qu'elle nous remerciait, je souriais avec un clin d'oeil là jouant cool pour la détendre alors qu'enfin on venait la chercher. Stressant un peu pour elle, on suivait, Gwen continuant de là jouer rassurante sur une pointe d'humour avant de déposer un baiser sur son front. La regardant faire, je me mordais la lèvre, prenant la main de Briony par réflexe comme pour me rassurer moi même en fait, de me dire ça va c'est rien, ça va bien se passer... Tout en restant silencieux, regardant ma princesse se faire embarquer pour se faire avorter. Meeeerde... Rien que cette pensée me faisait bader grave... Lui souriant tout de même pour rester positif, je détournais très vite les yeux en me pinçant la lèvre, regardant un peu partout, les infirmières, la salle, dehors par la fenêtre et les filles qui étaient avec moi. C'est lorsque qu'enfin on se retrouvait que tout les trois que je laissais aller un grand soupir en échappant un "Putain... On y est...", je me demandais une nouvelle fois si c'était la bonne décision, me faisant un récapitulatif de tout ça la tête un peu à l'ouest sans même me douter de tout ce qui pesait autour de moi.