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Besoin d’air frais. De la beauté de la nature. Alors j’ai décidé de m’évader en cette fin de week-end. J’ai pris le volant de ma petite voiture et je me suis éloignée de la ville sans la regarder dans mon rétroviseur. J’ai fait quelques pointes pour libérer un peu d’adrénaline et après plusieurs dizaines de kilomètres, j’ai disparu dans un petit chemin pour y trouver un minuscule parking en pleine forêt. Sautillant sur mon siège sous les bosses, je me gare enfin et dégage de l’habitacle pour m’étirer. J’emporte ensuite un sac de rando et je m’aventure sur un sentier menant à un lac. Les muscles forcent, un film de transpiration recouvre mon épiderme, mais je persévère jusqu’à déboucher sur l’étendue d’eau si lisse. J’avance un petit peu, me tords légèrement la cheville dans une crevasse. Le bout de plage est recouvert de galets, c’est charmant et si paisible. Je dépose ma charge dans un coin et pousse un cri puissant, le cri de la libération, celui qui relâche toutes les tensions accumulées. J’espère que je vais pas rameuter un loup avec mes conneries. Je m’abaisse ensuite pour choper un caillou plat et je l’envoie puissamment dans la flotte pour produire quelques ricochets. Puis tout à coup, j’entends un bruit sec derrière moi. J’ose pas me retourner, je suis figée, incapable d’avaler la salive dans ma bouche. Je me suis sacrément éloignée de la civilisation, je suis une proie facile là. « Y a quelqu’un ? Je suis armée ! » Je me munis d’un nouveau galet, me préparant au tir de ma vie.

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"Retraite spirituelle", c'est le nom qu'on donne à ces quelques jours que je passe seul, à l'écart du monde. Pourtant, je suis pas le genre de type qui croit à ces conneries. Mais je me dois de le reconnaitre: la solitude dans un petit chalet en forêt, c'est plutôt agréable. C'est le calme avant la grosse tempête. La préparation avant la guerre. Je sais que le sang coulera, c'est inévitable. Dans mon monde, c'est de cette manière que les choses fonctionnent; tu te bats ou tu meurs. Tu encaisses et tu te relèves ou tu te fais descendre. Alors je me prépare. Je panse mes plaies et offre quelques jours de répit à mon corps, déjà bien fatigué. Loin du monde. Eloigné de Lyra, aussi. Je reviendrai vers elle en temps voulu, lorsque mon coeur et mon esprit auront digéré ces aventures. Je suis faible d'aimer et je n'ai d'autre choix que de l'assumer.

Confortablement installé sur le fauteuil à l'entrée du chalet, je fume une cigarette en toute tranquilité. Les oiseaux chantent, il fait beau; jamais je n'ai été habitué à pareille tranquilité. Et ce n'est qu'une parenthèse, avant de retourner sous le feu des balles. Et puis, vient ce cri. Assez fort pour me faire sursauter, assez puissant pour remettre mes sens en alerte. A croire que je ne cesserai jamais d'être en guerre contre ce monde. J'ignore ce que c'est, mais je sais d'où il vient. Le lac. Peut-être une noyade. Ou une rixe qui tourne mal. Dans le doute, je rajoute l'étui à ma ceinture, celui qui contient mon couteau de combat. Le pistolet serait bien trop bruyant pour des paysages aussi silencieux. Sans prendre le temps de fermer derrière moi, je file à toute allure entre les arbres, jusqu'à arriver aux abords de l'étendue bleue. Enfin, je la repère. Seule. Observant rapidement les environs, constatant l'absence de traces d'activité humaine; rien qui ne puisse expliquer ce cri soudain. Une seconde d'inattention et je marche sur cette branche morte, dont le craquement vient trahir ma présence. Elle se fige puis ramasse une pierre, menace sans se retourner. - C'est vrai qu'avec ton petit caillou.. Tu pourrais blesser un poisson, à la limite. moqueur, provocateur aussi. Sérieusement, c'est presque ridicule. Et je m'avance à découvert, restant à distance du jet de pierre, affichant mes mains en l'air dans un élan de bonne volonté. - Bon, et quand t'auras raté ton tir, tu fera quoi après ? Tiens, prends ça.. Histoire que tu aies l'air menaçante. ma main se porte à la ceinture, dégage la lame de sa protection et d'un franc mouvement du poignet, l'arme blanche se retrouve en sa proximité.

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Bruit suspect, coeur qui s’emballe pour envoyer l’adrénaline dans tous les muscles, pour être prête à fuir ou à attaquer. Personnellement, j’opte pour la seconde option. C’est moi qui étais ici la première, pas question que je bouge ou que je tape un sprint dans les bois. Qui que tu sois, je t’affronterais. Et puis c’est peut-être qu’un lapin égaré, notre imagination nous joue parfois des tours. Galet dans la paume, je m’adresse aux feuillus et coup d’angoisse. Une voix me répond. Le sang pulse dans mes oreilles. Ça bouge dans la cambrousse et finalement, je te distingue clairement. Tu es grand, costaud, sûrement rapide, je ne suis pas du tout rassurée, même terrorisée. Je cerne toujours pas tes intentions. Je cherche des indices sur ton visage, mais mes yeux tombent sur l’arme que tu me tends. WTF. « Ce n'était pas mon but si tu n’es pas une menace » Apparemment, t’as l’air de vouloir jouer avec moi. Je me sens pas bien. Tu n’inspires pas confiance. Vraiment pas. Qu’est-ce que tu fous dans les bois, avec un truc pareil à la ceinture ? Je t’ai peut-être perturbé pendant que tu charcutais une autre nana aussi crétine que moi. Ce sont probablement mes derniers instants que je vis. Pardon Radovan, j’aurais dû partir avec toi, tu aurais sans doute fait fuir ce .. ce prédateur -ou pas-. « Je dois vraiment le prendre ou tu vas me torturer entre deux chênes si je ne le fais pas ? Tu me fais peur mec, tu vis ici comme un Robinson ? » Je dois être blanche comme un cul. Finalement, j’arrache furtivement la lame pour la jeter au loin dans le lac. « T’as autre chose qui pourrait me faire mal ? »

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L'humain moyen a vraiment des réactions disproportionnées lorsqu'il se sent en danger, et j'ignore encore si je trouve ça drôle ou fatiguant. C'est qu'une gamine, qui cherche à se rassurer en se raccrochant à son caillou; une potentielle arme c'est vrai, mais seulement si on l'utilise correctement. Et à sa tête de fille à papa, j'imagine que c'est pas trop son style. M'enfin, peut-être qu'elle me réserve des surprises. J'accepte de baisser la garde, même de rendre ma lame pour lui offrir ce sentiment de sécurité; un concept auquel je ne crois plus depuis longtemps. Ca aussi, c'est un délire de l'humain moyen, de se sentir à l'abri dans son petit train-train quotidien, alors qu'au fond, personne ne vit réellement sans danger. - Si t'as peur au moindre bruit suspect, tu ferais mieux de rentrer chez toi. parce que la forêt, ce n'est que ça. Des craquements de bois, des chutes de branches, les mouvements des animaux sauvages; rien à voir avec les bruits familiers de la ville, c'est certain. Pas certain qu'elle soit prête pour ça. - Non, je ne vis pas ici. Et quand bien même je te trouverai mignonne, non, je n'ai aucune mauvaise intention. T'en as d'autres, des préjugés foireux ? et je ne peux retenir un profond soupir, finalement fatigué d'être déjà catalogué. Pour ne rien arranger, voilà qu'elle jette mon couteau dans le lac; à croire qu'elle est persuadée que je pourrais vraiment la découper derrière un arbre. - Entre nous, c'est toi la plus étrange. Tu vis dans un pays où le port d'armes est légal et t'as peur de mon couteau, qui me sert d'outil de travail et de couvert pour les repas. Tu crains. je secoue la tête, et je me retiens de dire que oui, j'ai autre chose qui pourrait lui faire mal. A commencer par mes poings. Les cailloux à mes pieds, aussi, dont je saurai me servir. - Tu veux pas me fouiller en plus, tant que t'y es ? une petite pensée pour le pistolet, resté au chalet - et heureusement -. Mais je me prête au jeu et écarte mes bras, avançant de quelques pas dans sa direction; des fois qu'elle se sente obligée de vérifier.  

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S’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est qu’on me dise quoi faire. Si je veux me foutre les frissons ici, c’est mon choix, qu’est-ce que tu viens me faire la leçon ? Sauf que j’ai beau faire la tête brûlée et ne pas me démonter, je crains malgré tout ce que tu serais capable de me faire. Maman m’a toujours dit de ne pas faire confiance aux inconnus. Vas-y que j’en prends plein la tronche de la part du type reclus dans les bois. Je vais m’impatienter et perdre mon sang-froid. « Outil de travail ? Un couteau ? Vraiment ? » Qu’est-ce que tu peux bien faire avec un ustensile pareil, à part dépecer du gibier. Merde, j’suis en présence d’un décérébré. Et bordel, j’suis pas originaire de ce pays de gangsta moi. Je suis contre le port d’armes, mais j’vais pas entrer dans un débat politique maintenant. « Pourquoi pas ? Tu sembles louche à errer dans la forêt » Ouais, je te suspecte encore et autant vérifier par moi-même qu’il n’y a pas d’autres armes cachées sur toi. Me rapprochant à tâtons, je palpe rapidement ta silhouette et m’écarte aussitôt. « T’as un prénom ? T’as été élevé par les loups ? » Je pouffe de rire, captant que c’est impossible, sinon, comment tu parlerais la même langue que moi. La blonde dans toute sa splendeur. J’espère que tu n’es pas sensible aux blagues foireuses, j’tiens encore un peu à ma vie. « Moi c’est Louison et je ne suis pas un produit fabriqué aux USA » Mais j’y vis, certes. Le rêve américain encore et toujours.

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Elle a l'air pénible, miss préjugés. En tout cas, elle risque de m'agacer rapidement; non seulement parce qu'elle s'est permise de jeter mon outil au loin, mais aussi parce qu'elle me juge au premier coup d'oeil. Ou du moins, c'est l'impression que ça donne. J'ai passé toute ma vie à être catalogué, autant dire que j'en ai ma claque, désormais. - Tout à fait. Tu peux faire la cuisine, travailler le bois.. L'utiliser comme tournevis aussi. Merde, je vais pas te faire la liste quand même ! j'aurais pu rajouter "extraire une balle d'une plaie" aussi, mais je suis déjà certain que cela l'aurait fait flipper. Elle et moi, on vient pas du même monde. Et elle a l'air d'une véritable simple d'esprit; aucune jugeote dans cette petite tête. Quoique, on dit souvent qu'il faut se méfier des apparences, alors sait-on jamais. - Fais toi plaisir.. Il t'en faut peu pour trouver les gens louches, visiblement. qu'ai-je donc fait, si ce n'est venir jusqu'au bord du lac avec un couteau à la ceinture ? Suffisamment pour être fouillé, quoi qu'il en soit. Génial, pire qu'une fliquette. - T'as finis ton interrogatoire, madame je dis n'importe quoi ? je soupire, secoue la tête et lève même les yeux au ciel, presque blasé par cet échange ridicule. J'ignore si elle le fait exprès ou si elle est sérieuse, et j'imagine que tout cela finira par me faire franchement rire, à un moment donné. - Presque enchanté Louison. Moi, tu m'appelles pas et ce sera parfait. qu'est-ce que ça pourrait lui faire de toute façon, de connaitre mon identité ? Pouvoir me dénoncer aux autorités si je finis par lui faire vraiment peur ? Non, c'est mort. Pour l'instant. - Peu importe d'où tu viens. J'espère seulement que t'as été fabriquée en quantité limitée.. Genre, un seul exemplaire. Elle pourrait me donner des maux de tête avec son tempérament bizarre. Chaussures que j'enlève, commençant à soulever mon t-shirt avant de me raviser; ce n'est pas une bonne idée qu'elle observe les cicatrices et bleus sur mon torse. Je n'ai pas envie de déclencher une crise supplémentaire de paranoïa, ni d'être sujet à d'autres interrogations, plus pointues. Alors j'irai tout habillé, dans ce fichu lac dont l'eau est redevenue froide, pour chercher ce couteau qu'elle a perdu. 

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Tu me fais mon éducation, comme si je n’avais jamais vu un couteau de ma vie. C’est frustrant. Rageant. J’ai des insultes plein la tête qui ne tarde qu’à sortir, mais t’es pas un épouvantail, t’as des muscles et tu sembles savoir te battre ou faire disparaître une naine dans mon genre. Alors je m’abstiens, n’abandonnant pas pour autant mon tempérament de feu. J’suis perplexe sur la raison de ta présence ici, encore plus avec une lame qui pendouille à ta ceinture. Et bien évidemment, la peur fait battre mon coeur à toute vitesse. Je suis nerveuse, si nerveuse que ma langue s’agite pour te noyer de questions. J’ai besoin de réponses pour être rassurée. J’ai fait une partie du chemin qui nous sépare, je t’ai confié mon prénom, mais toi, tu persistes à demeurer dans l’inconnu. Pas de prénom, une pointe d’agressivité. J’hésite à tout lâcher et partir en courant. Tu ne veux pas qu’on fasse ami-ami. Maintenant tu te déshabilles. Je regarde dans les buissons, comme s’il s’agissait d’une caméra cachée, mais je suis rien pour qu’on me fasse un tour pareil. Non, t’es bel et bien réel comme individu. « J’ai des frères et des soeurs, mais ils sont plus .. normaux » Je souris tandis que tu me fous un vent pour aller te glacer le sang dans le lac. Étrange rencontre, je ne sais pas quoi en penser. « Tu comptes faire quoi ? Si tu fais une crise cardiaque au beau milieu de la flotte, compte pas sur moi pour ramener ta carcasse, elle doit peser une tonne Vendredi » Bah ouais, Vendredi, le copain de Robinson. T’as pas voulu me filer ton identité, t’as un surnom à la con. Bon, si tu avais voulu m’attaquer je pense que tu l’aurais déjà fait, j’imagine que je peux me détendre. « Je vais manger mon sandwich, si un coyote ou une marmotte approche, tu me protèges ok » En plus le soleil brille de mille feux, cela entretiendra le bronzage de cet été.

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Dire que j'étais venu pour porter, éventuellement, secours à quelqu'un. A cause de ce fichu cri, qu'elle a poussé. Sans raison apparente d'ailleurs. Pour une fois, mes intentions étaient louables. Elle ne le sait pas et elle ne le saura peut-être jamais, cette chieuse de service; que j'aurais été capable de tuer pour assurer sa sécurité. Non seulement elle ne le comprendra pas, mais en plus de ça, me voilà à passer pour le grand méchant de l'histoire. C'est ironique, et ça me ferait presque marrer. A force d'être du mauvais côté, on dirait que l'étiquette me colle purement et simplement à la peau. Ce n'est peut-être que le revers de médaille, après tout. Une raison de plus pour ne pas lui donner mon nom. Elle serait peut-être assez stupide pour me mettre en danger, sans même s'en rendre compte. L'anonymat, au moins, ça ne risque rien. - Et fallait que je rencontre la bizarrerie de la famille. Merci mon dieu. mon ton est plus qu'ironique, je rigolerai presque dans ma barbe. Si j'avais sû, je serai resté dans mon coin, cigarette à la main. Au lieu de ça, je m'avance dans le lac; le froid me mord la peau mais la sensation n'est pas forcément désagréable, surtout pour quelqu'un qui est habitué à la douleur. - Je vais plonger et chercher le couteau. T'inquiètes, je ne compte que sur moi-même. C'est pas comme si t'avais l'air débrouillarde, de toute façon. il fallait bien que je pique pour répondre à ce surnom ridicule qu'elle me donne. Vendredi, sérieusement ? On a connu plus original. Impossible de se concentrer avec le flot de conneries qu'elle déballe à la seconde. Nouveau soupir qui m'échappe, traduction presque silencieuse de cette patience que je tente de conserver, pour ne pas lui faire boire la tasse. - T'avais l'air redoutable avec tes petits cailloux, alors je te laisse faire. Cela dit, j'espère que t'auras pas affaire à un ours.. petite grimace amusée que j'esquisse, espérant lui faire peur, même un petit peu. Je serai curieux de savoir à quelle vitesse ça court, un Louison des Bois.  

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Qu’à cela ne tienne, va plonger et nous ramener une carpe. Soit il te manque sévèrement une case, soit tu en as eu marre de notre société de consommation et tu es venu te réfugier ici. En fait, dix mille scénarios seraient possibles. Et tu peux y aller avec les tacles, je commence à m’y faire, c’est sûrement ton moyen d’entrer en communication avec autrui. C’est reparti, je te prends à nouveau pour un homme-loup. La langue tirée, je me rapproche d’un tronc d’arbre bouffé par les éléments et m’y pose. Sac à dos entre les jambes, je réplique et ouvre la fermeture pour dégainer mon sublime jambon-beurre. « Les ours me respectent, ce sont mes amis, fous moi la paix un peu, j’ai les oreilles qui bourdonnent là » C’est plus possible, disparais dans les profondeurs glauques de ce lac. En général, on dit de moi que je suis assez sociable, mais lorsque je me retrouve devant un mur aussi épais que la croûte terrestre, j’vais pas insister. L’air serein, j’arrache un bout de baguette et te fixe avec la flotte jusqu’à la taille. Bah alors, t’y vas où bien tu comptes m’admirer longtemps comme ça ? « Je bougerais pas, c’est mon territoire, va chercher ton poignard ! » Les français sont robustes et tenaces, même les femelles. Mon sandwich dans l'aluminium déposé sur l'écorce, j'extirpe la cannette de coca et en bois une longue gorgée, mon regard braqué sur ta silhouette. Et puis un rot monumental monte dans ma gorge et résonne dans la vallée. « À mes souhaits, il était beau celui-là »

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Elle va finir par en manger une, à force de me tenir tête. Je n'ai pas la patience et encore moins l'habitude qu'on me prenne pour un vulgaire demeuré. T'as de la chance d'être une femme Cendrillon; dans le cas contraire, t'aurais déjà ramassé. Heureusement qu'elle ne peut pas lire dans mon esprit. Quoique, j'imagine que mon visage traduit parfaitement le fond de mes pensées. De toute façon, c'est entièrement sa faute. A venir se perdre ici, quand elle pouvait rester dans sa petite ville chérie; à crier au lieu de fermer sa bouche et de profiter du silence, et en plus, se débarrasser de mon meilleur outil. Elle s'attendait à quoi; à ce que je saute de joie peut-être ? - Je vais te coudre les lèvres si tu fermes pas ta gueule.. je murmure, mains crispées sous la surface; sa manière de s'exprimer me rappelle étrangement une certaine Rosalia, la pire des chieuses jamais rencontrée. Autant vous dire qu'elle me tape sur le système, la petite Louisette. - Fais la maligne, vas-y. Tu rigoleras moins quand je sortirai de l'eau. je suis capable de planquer un cadavre, tout comme de lui couper la langue. Tout pour qu'elle la ferme. Et j'allais plonger, prêt à affronter le mordant du froid; lorsqu'elle a lâché ce rot. Assez puissant pour faire fuir le gibier sur plusieurs kilomètres à la ronde. Aucune gêne de sa part, et c'est bien ça, le truc qui me plait. - Ma-gni-fique. T'aurais même pu réciter l'alphabet. j'avoue, je viens de sourire. C'est le côté "sans prise de tête" qui me convient. L'imprévu de la rencontre et le côté inattendu des caractères qui s'affrontent. Je râle mais j'apprécie. Trente secondes de plongée et je me résigne finalement à déclarer le poignard perdu. Ce n'est que du matériel, rien qui ne soit irremplaçable. Je préfère rejoindre la berge, revenir vers elle; mince sourire aux coins des lèvres. - T'as l'intention de rester longtemps ? même si, de toute façon, je peux déjà deviner qu'elle ne me laissera aucunement le choix.

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