@Charleston Falls Un sachet d'herbe dans la poche droite, le téléphone dans la gauche, une bouteille de rhum entre les doigts bagués. Joints-coca qu'on a dit. Sauf que moi, demain, j'ai aucun cours qui m'attends. Je n'ai qu'une énième journée de boulot, une chorégraphie connue par cœur, qui s'articule même le sang abîmé de quelques déviances. Puis, j'ai aussi mon cahier. Alors, c'est le coude qui appuie contre la sonnette de ton appartement. J'sais pas franchement à quoi je joue, pour être tout à fait honnête. Mais j'doute pas que la soirée ne peut qu'être bonne en ta compagnie. Puisque j'ai tes traits dessinés, d'abord dans ce parc, puis perfectionnés dans ma chambre, avec comme seule base mes souvenirs. C'est plus parlant qu'une photo meets. Dans ces souvenirs, on y voit les ombres, la malice d'un sourire, l'éclat d'un regard. Que j'retrouve, maintenant que la porte s'est ouverte. Lèvres railleuses, les épaules se débarrassant de cette veste superficielle. Galérant comme jamais, entre la bouteille et le cahier. « Oui je sais, on avait dit coca. » Mais j'écoute jamais rien, tu sauras. Un pas-deux, dans l'appartement. Mes doigts qui tirent sur mon tee-shirt, un rictus amusé vers toi. « Tu pousses le chauffage à fonds, c'est ça la technique ? » J'suis pas complètement con, et j'ai bien compris que dans les trucs qui te plaisaient, y avait la gente masculine. Et comme j'le suis quand même un peu, j'm'amuse à faire l’idiot qui capte rien. « Bon alors, ce tableau de moi, on le mettra où ? » Excuse pour faire comme chez moi, et avancer dans ton univers, le nez en l'air.

@Charleston Falls Tu veux pas me donner un peu de tes préoccupations ? Juste un peu de conscience, de prévoyance. Parce que tu vois, j'en ai rien à foutre des réveils difficiles, puisque le boulot n'est qu'une répétition de gestes connus par cœur. C'est peut-être ce que ça fait, que d'avoir un but déterminé, dans la vie. J'vois que demain, j'vois que ce soir, et j'vois que l'instant présent, le tout saupoudré d'excès. « J'ai un problème de limites, parait-il. » Souligné d'une esquisse amusée, sur la bouche qui s'étire davantage à ta réplique suivante. Les limites, j'sais pas si c'est les tiennes ou les miennes que j'compte décaler du pied, mais, ma nonchalance n'est pas qu'une impression. Y a pas grand-chose qui m'fait ralentir. Même pas me marrer de choses que j'pourrais pas te donner. L'idée c'est que t'as l'air plutôt cool comme mec, et qu'ii y en a pas beaucoup, des types avec qui le feeling passe direct. « Je suis pas sur que t’arrives a dormir avec ça au-dessus de ta tête. » Rictus qui s'éternise, et : « J’te suis ! » Les billes qui se baladent au passage sur le lieu. La terrasse, un cocon lumineux. Silhouette qui se pose, avachi comme s'il était chez lui. « T’avais pas mentis, t’es bien un riche. » Un autre monde, loin du mien. Le sachet d'herbe sorti de la poche. « Tiens, j'ai pas oublié. » Mes doigts, qui arrachent  plus ou moins proprement la page de mon cahier qui laquelle est présente ton portrait, terminé selon quelques souvenirs.

@Charleston Falls Me demandez pas comment ni pourquoi, mais j'ai un petit talent pour m'incruster dans les plus beaux spots de la ville. Pour me balader aux bras des femmes aisées, pour les laisser glisser leurs bagues dorées sur ma peau, en échange de ces morceaux de richesse. Pour m'entourer, même sans le vouloir, d'amis qui n'galèrent pas comme moi. Promis, dans tes traits que je dessinais puisqu'harmonieux à mes yeux, je n'y voyais aucun autre intérêt. Mais, voilà que j'me retrouve sur ce balcon avec cette vue sublime. « J'pensais plutôt au fait que t'arriverais pas à détourner ton regard du dessin. » Un rictus amusé sur les lèvres malicieuses. J'l'ai compris, le message. « Ou à garder tes mains sages. » Et comme j'suis un abruti incapable de ne pas jouer, j'plonge dans l'truc sans vraiment réfléchir. Ca se saurait, si j'étais le plus cérébral des mecs. Tout m'amuse, même quand j'sais d'avance que je devrais battre en retraite. Le dos calé dans l'un des canapés, les doigts occupés à te refiler le dessin, puis à faire tourner un joint entre les phalanges. « Si ton père t'aidait pas, tu s'rais moi, quoi. » Y a bien un léger rire qui passe la bouche. « Franchement, t'as bien raison d'en profiter. » C'est pas parce que j'suis le galérien du coin, que je jalouse les autres. J'me démerde, j'm'en sors, qu'importe le moyen. La vue, j'finirais bien par l'avoir. « Quoi ? » Le dos qui se redresse, le peu d'ego existant, piqué. J'récupère le dessin, que j'place à coté de tes traits. « Vas-y prend la pause. » La même que sur le dessin. Orbes vertes, sur l'esquisse puis sur toi. « Tu veux que j'te fasse des lèvres de starlette ? » Bouche légèrement railleuse. « Il est parfait ce dessin, cherche pas. » Repose la feuille sur la table. « Y a rien à changer. » Sur le dessin, sur toi, prend le comme tu veux. J'sais voir la beauté dans tous les êtres.

@Charleston FallsOn zappe la pudeur, on s'en fout de jouer à ces types qui s'connaissent trop peu pour balancer ce genre de choses. Le truc, c'est que j'ai du mal avec les filtres. J'suis pas foutu d'faire gaffe à ce que je dis. A ne pas me marrer à tes paroles. « Ah ouais, t'es team fin de journée toi ? »' Comme si les hommes se répartissaient en deux catégories. Le matin, le soir. A n'importe quelle heure, c'est ça ma catégorie. « C'est la mort de l'imagination, les vidéos. » Trop sensible, trop accro à la peau féminine, au parfum, j'crois que j'suis obligé d'imaginer une compagnie connue. Ces bimbos qui se trémoussent, les cuisses trop faciles, les soupires exagérément soufflés, j'y arrive pas. Déformation professionnelle. « J'suis un peu un galérien, j'crois. » Y a un rire qui passe la bouche. Vois comme j'en ai rien à foutre, d'être ce type de loser. Un jour j'l'aurais la belle vue. Pour l'instant, j'apprends encore à nager. « Là ça va, j'ai une chambre chez une amie, mais avant, j'squattais à gauche à droite, parce que c'que je fais rapporte pas assez d'argent pour me payer un loyer, la caution et tout le bordel. » Crois moi, les agences me voient arriver, et y a jamais rien pour moi. Sofia et sa chambre libre, c'était ma chance. Les épaules fines se soulèvent, la légèreté à la bouche. « Mais j'me plains pas, j'm'en sors plutôt bien. » Peut-être que si j'claquais pas la moitié de ma thune en alcool et stup, ma vie n'en serait aussi, que plus aisée. Mais j'ai choisis le frisson, puisque la gloire ne s'offre pas à mes doigts. Mes doigts qui s'étirent jusqu'à toi, et le pulpeux du pouce, qui souligne ton inférieur avec une certaine délicatesse. J'manque de pudeur, j'te l'ai dis. « Hm.. ouais, j'me suis peut-être un peu planté. » Et, j'fais surement semblant de pas capter tout ce qui était demandé. « Mais tu sais ce qui manque sur ces lèvres ? » Les miennes, pincées, qui s'amusent. Jusqu'à sortir un joint préalablement roulé, exhibé. Hm, quoi d'autre ?

@Charleston FallsAlors c'est ça, on s'connait à peine et on zappe quelques étapes, pour arriver direct à celle où on s'parle de nos préférences ? On a pas les mêmes, ça, j'l'ai deviné. Mais, à quel point ? Ca me fait marrer, rien que de tout déballer sans pudeur. La pudeur, c'est clairement pas ce qui me caractérise. J'ai oublié ça, quand j'ai décidé de dégager contre quelques billets, l'intégralité de mes vêtements. Quand j'ai décidé de vivre la tête haute, et la peau dédiée aux autres. Si les remarques sur ma silhouette mince m'ont heurté trop régulièrement, j'ai finis par me faire une cuirasse ; apprendre à défiler. A plaire. A ce que ça me plaise, ces regards-là. « Le matin, l'après-midi et le soir. » Soufflé avec un rictus amusé. Je n'ai de préférence que sur les instants, sur une impulsivité, un désir fugace. « J'suis pas assez doué, c'est ça ? » Répliqué, quand tu devines que je n'en vis pas, de mes dessins. Avec certainement un peu trop de sérieux. L'ego toujours légèrement susceptible sur le sujet. « J'nettoie les sols, les draps, j'suis monsieur propreté de la clinique Rylon. » Un boulot pour bouffer, pour avoir un toit, comme tu dis. Ca me passionne pas. « Et.. » T'es le genre de type à qui ont déballe sa vie, Charleston, tu l'sais ça ? Où on en a rien à foutre de dire les choses franchement. Les orbes vertes relevées vers Il, un sourire de gamin à la bouche. « Et j'fais la pute, quelques soirs par semaine. » J'devrais le tourner plus joliment. Mais, finalement, l'idée est là. « Ca t'empêchera pas que j'te prépare un joint ? » Comme réponse à la dernière réplique, non sans avoir décoché un rire. « T'es pas frileux sur c'qui touche tes lèvres, visiblement. »