21.09.2021 - 15h | @Novel Markovich | Je n'étais sûr de moi en le contactant. Je n'étais plus sûr de rien ces derniers temps. C'était aussi simple que ça. Conséquence d'un équilibre qui s'effondre à nouveau. Était-ce de ma faute ? Etais-je de ceux qui brisaient tout ce qu'ils touchent ? Je suis venu à me le demander ces dernières semaines, j'y ais repensé, lorsque j'ai contacté Novel, lorsque j'ai cherché à me faire pardonner pour mon comportement abject de la dernière fois. Enfin, de la fois d'avant. Lui aussi, j'aurais pu le briser, à lui aussi, j'aurais pu faire du mal sous le coup de ces émotions qui m'ont dépassé. Mais je ne l'ai pas fait, et j'en étais le premier soulagé. Il n'était en rien responsable de mon mal être, il n'avait pas à subir ma rage. Personne n'avait à subir. Et pourtant, je sens bien que ça grouille au fond de moi, que ce n'est qu'une question de temps avant que je cède. J'espérais simplement que ça ne serait pas aujourd'hui. Pas maintenant.

Rendez-vous avec Novel pour simplement discuter, lui offrir un verre, un café, ce qu'il préfèrerait. Montrer que je pouvais être autre chose que Grincheux. Simplement par envie de laver un peu ma conscience, par envie également de le surprendre, de le faire mentir. Montrer un autre aspect de moi, plus agréable que cette ombre ténébreuse que je suis depuis des jours. Simplicité dans un jean et un t-shirt blanc, c'est en voiture - pour une fois- que j'arrive à notre point de rendez-vous, à proximité de la plage. Soleil éblouissant, le paysage me ferait presque regretter le Summer Camp. Jusque là appuyé sur le capot du véhicule, je ne me redresse qu'en apercevant Novel arriver vers moi. « Salut ! Alors, le match de ce week-end ? Gagné j'espère, sinon je t'enterre dans le sable. » Que je lui lance, sourire taquin sur les lèvres.

Non t'es trop petit pour faire ça, alors comme toi, ou je te jette en l'air, pas dit que tu reviennes de sitôt, sur la terre ferme. A prendre ou à laisser. Je prends place sur le capot, sans demander mon reste. Je ne retire que mes lunettes, mais conserve ma casquette mise à l'envers. L'espoir d'être encore un peu anonyme, sans l'envie de finir de nouveau dans les tabloïdes. Sinon, bonjour Grincheux, comment vas-tu ? Autre que vouloir me faire encore du mal. J'en jouais parce que, de ce que j'avais saisi, il s'en voulait de son comportement de notre première rencontre. Et clairement, je n'allais pas m'en priver. Le taquiner un peu, et c'était très aisé. Joueur que j'étais, j'allais pleinement en profiter. Once de culpabilité, contrairement à lui, aucune. Sourire en coin et coup de coude, je t'embête, ne commence pas à t'affoler. Cela me faisait tellement étrange de le voir si peu confiant alors qu'il m'avait quand même bien montré un tout autre visage. Mais bon, je n'allais pas m'en plaindre, je préférais ce côté sensible de l'homme.

@Novel Markovich | Il a du répondant le basketteur, ce qui me fait sourire. Sous ses airs de beau gosse charmant, il ne se laisse pas faire. Et avec moi, il fallait mieux ça. Non pas que je l'aurais maltraité autrement, mais voir quelqu'un me tenir tête, même si ça pouvait parfois m'irriter, c'était aussi ce qui piquait mon intérêt. Ce qu'il avait déjà fait, je ne sais trop comment, je ne sais pas trop pourquoi. Mais entre le match de la dernière fois et aujourd'hui, il est vrai que la joie était présente à le voir. Yeux, sublimes, qui se découvrent alors qu'il prend place près de moi sur le capot de la voiture.« C'est pas deux ou trois centimètres de plus qui vont te permettre de me jeter en l'air. J'ai ais couché des plus grands que toi. » Joute verbale qui se fait, mais c’était cool de nous voir aussi à l'aise, l'un comme l'autre. « En attendant, ça me dit pas si vous avez gagné. » Les défaites seraient un sujet sensible ?

Il me salue, accentue le sobriquet ridicule qui est visiblement mien, et sur lequel je le reprends. « Un peu de respect Playboy, Anders ça sera suffisant. » Et ça me rendrait moins grincheux, justement. « Mieux que la dernière fois et toi ? » Pas de risque que je l'agresse cette fois, même verbalement. Même si j’avais connu des jours meilleurs, une partie de la pression était quand même redescendue. « T'en fais pas, je m'affole pas non plus à chaque mot, et je connais le concept d'humour. » Sourire qui s'élargit, j'attrape sa casquette pour la remettre dans le bon sens. « T'échapperas mieux aux paparazzis comme ça. »

C'est vraiment mignon, mais Grincheux, c'est mieux. Nous les playboy aimons les surnoms. Pour reprendre ses mots. Je suis rassuré que tu ailles mieux alors. Et si un jour, tu as un coup de mou, tu pourras toujours tenter de me frapper entre deux coups dans le sac. Mais évite le visage, j'ai des sponsors à charmer s'il te plait. Encore des tas de contrats à lire, à refuser pour manque d'éthique ou alors à réfléchir, car impressionné d'être voulu. Oh vraiment, tu connais ? Parce que j'ai des doutes par messages. Ou alors, tu joues double jeu ? Je n'ai pas le temps d'en rajouter que ma casquette se remet dans le bon sens. Ce n'est pas faux mais bon, avec les lunettes, ça passait très bien. Tu vas briser ma street crédibilité là. Cela faisait bien longtemps que je ne l'entretenais - presque - plus. Je reviens sur ses propos, riant toujours. Je doute que tu aies envie de me coucher. Et y'a pas que deux-trois centimètres, c'est moche d'être dans le déni comme ça. Je ris encore et me confesse. Nous avons perdu à la dernière seconde du buzzer. Mais c'est le jeu. Je hausse les épaules. Et toi, tu fais pas de sport en club ? Je sais plus si tu me l'avais dit.

@Novel Markovich | Visiblement, je n'étais pas prêt de pouvoir me débarrasser de ce sobriquet ridicule qu'il m'avait attribué. A raison ce soir là. Il s'inquiète d'ailleurs de savoir si les choses vont mieux pour moi. En partie, oui, mais la situation reste plus complexe et douloureuse que je ne veux bien l'avouer. Surtout à un inconnu. Alors ce n'est pas un mensonge quand je lui réponds. Les choses ne vont pas comme je le voudrais, mais elles vont bien. On s'en contentera. « Tu as vu comment je peux frapper sur un sac, je suis pas sur que t'assumerais que je fasse pareil sur toi. » Même s'il en avait surement vu d'autres, il ne pourrait pas sortir indemne de ma rage. Personne ne le pourrait. « Je connais, et t'en fais pas, je t'en donnerais les preuves. » Dès que j'aurais le cœur moins comprimé, il découvrirait surement un autre moi. Tout comme Petit Prince. Je grimace légèrement à cette pensée. Le sortir de ma tête. Ce n'est pas le moment. Heureusement, son commentaire me fait rire, et me sort de ce qui pourrait être un cauchemar. « Street cred' de quoi ? T'as plus le look d'un mec sorti des beaux quartiers de Manhattan que des bas fond du Bronx. » Je ne dis pas que tout avait du être simple pour lui, mais bon, sa street crédibilité, j'y croyais moyen. « Un conseil, si tu veux vraiment passer incognito quand tu sors, opte aussi pour des fringues que tu ne mettrais jamais en temps normal. Ca brouille toujours plus les pistes. » Presque un expert à lorsqu'il fallait être discret. « Qu'est ce qui te fait dire que je n'ai pas envie de te coucher ? » Sourire et lueur espiègle dans le regard, j'avoue que je ne dirais pas non à un tête à tête horizontal avec lui. « Vous ferrez mieux la prochaine fois. En tout cas tu as l'air de ne pas trop mal le prendre. » Moi j'étais trop mauvais joueur pour apprécier perdre. « Non, je me contente de courir et d'aller à la salle régulièrement. Jusque là je n'avais pas vraiment le temps de m'inscrire dans un club. Mais peut-être que je devrais tenter l'expérience cette année. » Maintenant qu'une partie de mon emploi du temps s'était libéré.

« Les valeurs d’un club et de savoir que tu évolues avec d’autres aident. En tout cas cette sensation de communauté oeuvrant pour un meme but me plait » Elle m’avait peut-être sauvé de finir délinquant. « En vrai quand je perds, j’entre dans un etat second pour prendre du recul. » Sinon je peterais un cable. « Ca m’aide rapidement a passer a autre chose. Puis une fois qu’on a le débriefing du coach, on se concentre sur le match suivant » Et c’est là que ca change tout ; on reste pas bloquer dessus. J’ai pas le temps de ressasser. Me coucher. Putain, pourquoi le corps devient curieux. Mains posées entre mes jambes pour masquer la gene. Traitre. « T’es minuscule. Tu pourras jamais. » Je garde contenance mais sa phrase raisonne fortement dans la caboche. Il veut coucher avec moi ? Je me recentre sur ma tenue, plus secure. « Je porte de tout. Du gars de la cité, au chanel… Enfin, pas encore. On fait comment la fashion police ? » Je ris, ébouriffânt ses cheveux. « J’assume tout, toujours. Je fais de la boxe aussi, pas de la danse classique »

@Novel Markovich | Je crois que je comprends son point de vue. Le fait d’être un groupe uni, soudé, ça pouvait apporter son lot de consolation, même quand les choses n’allaient pas comme on le voulait. Je retrouve ça parmi les Currier, avec eux, au quotidien. Tout n’était pas toujours rose - ou violet - bien sûr, mais on savait aussi se soutenir quand c’était nécessaire. « C’est tout un art de savoir perdre. Certains n’apprennent jamais. Mais je suppose que pour vous, ce n’est jamais une finalité, mais une leçon à apprendre pour faire mieux la fois d’après. » Il fallait savoir rebondir dans le sport. Impossible de s’arrêter à une défaite et de déprimer sur le sujet pendant quinze jours. Il fallait penser au prochain match et s’y préparer. « Tu ramènes tout à la taille, mais même si je faisais un mètre vingt, je n’aurais aucune difficulté à le faire. Il suffit d’un coup ici… - je viens appuyer mes doigts à l’arrière de son genou - … et on en parle plus. En même pas dix secondes, je suis au-dessus de toi. » Après, libre à lui de choisir pour quoi faire.

On en revient à son style vestimentaire, à cette popularité qui lui colle à la peau, même dans la rue. « Trouve un truc dans lequel t’as quand même pas l’habitude de sortir, continue de dissimuler ton visage avec quelques accessoires, et tu passeras inaperçu. Sinon, autre technique, tu fais semblant que tu vas sortir dans une certaine tenue via les réseaux sociaux, et tu mets complètement autre chose pour sortir. Ça marche aussi. » On pourrait croire que j’étais devenu un expert sur le sujet, mais à force de devoir passer inaperçu avec Petit Prince, on avait trouvé quelques astuces. « T’assumes, t’assumes, mais si tu te retrouves avec un oeil au beurre noir, pas sur que ça fasse du bien à ta réputation. C’est mignon de vouloir t’inquiéter pour moi, mais t’en fais pas, taper sur des sacs, ça me va bien. Et au moins, ça ne fait de mal à personne. » Sauf moi, mais ça, je pouvais le supporter sans soucis.

Je hoche la tête à ses premiers mots. Perdre est un art. Un apprentissage. Parce que lorsque tu gagnes, tu deviens le roi du monde mais dès que tu perds, tu deviens rapidement le faible. Tant de fluctuations qui demandent un ego en béton et un mental d'acier. Et chaque match forge l'âme et l'esprit. Il me rend curieux de sa psychologique. Ce n'est donc pas quelqu'un qui va frapper directement. Comment tu sais tout ça ? Il sait distiller la curiosité. Tout comme tu as fait à la boxe. Je sais bien. D'ailleurs, que s'est-il passé ? Je ne lui avais jamais demandé mais jamais j'oublierais qu'il pouvait se montrer assez ... direct, on va dire. Je suis pas certain de te revouloir aussi de moi, vu comment c'était douloureux. Regard en coin, avant de me concentrer sur autre chose. Il me donne des conseils pour esquiver ma popularité. Je fronce le regard, perplexe mais j'apprécie le geste. Je tenterais alors. T'as si envie de me voir que tu es devenu un pro en diversion. Je ris, toujours l'envie de le taquiner. Je me pince les lèvres pour ne pas remettre une couche. J'avais dû assumer la douleur dans mon bras le lendemain. Mais je préfère me taire. Rejoins moi Grincheux.

@Novel Markovich | Il semble avoir la tête sur les épaules, bien plus que certains autres sportifs de haut niveau. Bien plus que certains jeunes de son âge, qui se voient déjà conquérir le monde. Et c'est plutôt intéressant de recueillir son ressenti sur tout cela. Mais je ne suis pas le seul curieux de nous deux visiblement. Il me questionne sur certaines de mes capacités, sur certaines de mes connaissances, notamment sur le combat. J'aurais d'ailleurs volontiers esquivé sa question, mais après ce que je lui avais fait subir au moment de notre rencontre, je me dis qu'il méritait quand même de savoir comment, et pourquoi. « J'ai été soldat pour l'armée britannique. » J'en parle avec une certaine timidité, non pas réellement que j'en ais honte, mais c'était toujours délicat pour moi d'y faire à nouveau face. « Comme tu peux t'en doute, j'ai appris à me battre, à tirer, à neutraliser. C'est pour ça que je n'ai eut aucun mal à te mettre à terre. Parce que je sais exactement comment le faire, et que je l'ai fais des milliers de fois. » Sur d'autres, que ce soit à l'entrainement ou non. « Je suis désolé pour mon attitude. J'ai fais une crise d'angoisse et... - je me gratte nerveusement la nuque - on m'a diagnostiqué un PTSD, et parfois, le passé refait surface. » Un passé horrifique, que je tentais de mettre de côté, d'oublier. « Mais ce n'est pas récurrent, alors, tu ne devrais pas avoir à resubir cela. » Même si depuis le départ de Petit Prince, j'avais bien réalisé que les crises étaient plus fréquentes. Ce à quoi je préfère ne pas penser. Faire l'autruche, encore un peu, avant de me décider à faire quelque chose. « J'ai toujours été un pro en diversion. Mais si ça peut te faciliter la vie et me permettre de te voir, alors autant partager les conseils. » Et puis au moins, ça lui permettrait de souffler aussi un peu. « Te rejoindre ? Où ? Pourquoi ? »

Dans notre club ? T'inscrire ? Faire des combats ? T'entrainer ? Aider les petits ? Ce genre d'activités qu'on fait dans un club ? Je ne sais pas si c'était une véritable bonne idée quand on sait de quoi il était capable quand il semblait être de mauvaise humeur. Et même s'il affirme que ce n'est pas récurrent. Qu'est-ce qui se passerait s'il s'en prenait à un autre ? Je hoche quand même la tête. Même si je le pense pas, par rapport à mon expérience, je pense qu'il savait se gérer. Sourcil relevé, surpris par ses révélations. Ceci explique cela. Un soldat. Je ne sais pas du tout quoi penser. Possiblement une souffrance du quotidien.