C'était difficile d'avancer, d'être sans toi dans ma vie. Quelques jours et pourtant, j'avais l'impression que ça faisait une éternité. Mais j'étais incapable de passer outre la blessure que tu m'avais infligé. Et puis, t'avais même pas cherché à te rattraper, malgré les perches tendues. Tant pis, que j'aille bien m'faire foutre. C'était ce que je faisais depuis quelques jours, n'échappant pas à la moindre goutte d'alcool qui se présentait à moi. Déjà hier, j'avais fini la tête à l'envers, en compagnie d'Aurea et Lena, préférant ne pas parler de toi ou de ce désastre qu'était notre "histoire". J'sais même pas si on peut parler d'histoire finalement, ça n'a jamais vraiment commencé. Il n'y a pas eu les lettres "début" sur la première page. Juste l'ébauche d'une fin qui laissait un goût amer. Réveillé tardivement, j'avais traîné dans mon lit toute la journée, pour finalement me motiver à sortir encore. Sortir, c'était l'excuse pour boire. Boire, c'était ce qu'il me fallait pour t'oublier. J'me rendais compte à quel point j'pouvais être pathétique. Sûrement que tu vivais ta meilleure vie de ton côté, avec tes plans cul et tes sorties entre amis. Il devait être deux heures du matin, après sûrement trois bons grammes d'alcool dans le sang et une pause sur un canapé, que je retournais sur la piste de danse de la boite de nuit dans laquelle j'avais terminé. J'étais solo, sans but précis, cherchant juste à boire, danser, et ne plus penser à rien. Vivre pour moi. C'est tout ce qui comptait à présent.

les vapeurs d'alcool flottent dans l'air, déraisonnablement. soirée bien entamée et l'état d'ébriété avancé qui le prouve. le corps qui s'empreigne de la musique, se laisse aller à danser, à oublier. les rires qui s'échappent dans des nuées de fumées déconseillée. les yeux qui s'écarquillent devant une main remplie de pilule colorées. l'esprit plus très clair qui ne sait nuancer la gravité de la proposition. le cachet rose vif qui fond sous ta langue dans les quelques secondes qui suivent. tout devient plus drôle, plus fun, plus idyllique. une sorte de liberté qui s'empare de toi. les effets sont indéniables, l'euphorie devient particulièrement intense. l'important était de ne pas penser et ça fonctionnait particulièrement bien. pas d'arrêt du corps, seulement des émotions. t'aurais pu céder à la codéine habituelle mais c'était autre chose que la défonce réelle avec ce produit que tu cherchais. tout va à cent à l'heure et t'es tellement joyeuse que tu te rends pas compte que tu fonces dans quelqu'un quand tu te diriges vers le bar. — oooops! que tu cris —pardooon ton corps se tourne et tu prends instinctivement la personne par les bras pour assoir tes excuses. les billes qui se figent sur lui, secondes qui s'écoulent et sourire qui éclaircit ton visage. — qu'est ce que tu fais là ?! lances-tu très enjouée à l'idée de le voir. tout s'était dissipé, les rancoeurs et les peurs. tes mains glissent sur le long de ses bras, délicatement, pour se retrouvent mains dans les mains. — tu m'offres un verre? ajoutes-tu suavement.

J'avais quitté ma maison pour me retrouver ici, dans cette boite de nuit. Loin des visages connus, loin de la tourmente qui pouvait m'habiter depuis plusieurs jours maintenant. J'étais qu'une coquille vide, en manque d'un but dans la vie. Alors l'alcool coulait encore et encore, à outrance, encore une fois. C'était clairement dans un autre monde, perdu sur la piste de danse. Impossible pour moi de déceler la moindre forme connue aux alentours. J'me laissais guider par la musique, l'esprit totalement ailleurs. C'est pour ça que je réagissais presque pas quand on me bousculait. Après tout, c'était assez commun en boite de nuit de se faire bousculer. La foule du samedi soir y était pour quelque chose. Mais cette voix. Ta voix. Elle me sortait des tréfonds où je m'étais perdu. Le cœur se stoppe et je crois à une hallucination. Encore plus quand je te vois si... gentille, avenante. Cette façon dont tu étais tactile me rappelait ce que j'avais perdu. Comme un baume au cœur, je prenais cette intervention purement hallucinatoire comme une pause dans mon malheur actuel. C'était mon havre de paix, ma bulle de bonheur. « toi, qu'est-ce que tu fais là ? » que j'finissais par répondre, un sourire qui venait fendre mon visage, tandis que le regard était fixé sur toi, incapable d'avoir une autre cible. « avec plaisir, tu veux quoi ? » Mains qui tirent les tiennes vers moi, nous dirigeant ainsi vers le bar. De toute façon, tout ça n'était qu'une hallucination, alors autant en profiter jusqu'au bout.

la démarche assurée et la confiance renforcée par l'alcool, tu te laisses emporter dans l'euphorie de la soirée. pilule fondante sous la langue, effets qui se diffusent en un clin d'œil et te voilà en quête de remplir la jauge de la sociabilité. parfaite dans le rôle de la fille qui va bien, habituée à jouer ce rôle depuis toujours, tu donnes le change à ton entourage. pas le temps de s'apitoyer sur ton sort, pas l'envie non plus. t'assumes ce que tu t'infliges et tu t'aides avec l'alcool et la drogue. pas raisonnable pour autant, de se laisser emporter par les choses néfastes qui viennent ronger ta santé. t'y repenseras le lendemain ou dans une semaine, quand tu souffriras le martyr, comme souvent après l'excès. sans se rendre compte de ceux que tu bouscules, il y a pourtant une personne sur laquelle tu t'arrêtes pour t'excuser. est-ce la personne de trop que t'as bousculé? peut être sinon l'instinct ou le hasard. étonnée de le croiser, mais pas réfractaire comme les heures précédentes.  — j'fais la fête dis-tu en soutenant son regard et en maintenant ton sourire aux lèvres. peut être qu'un autre t'aurais autant fait sourire, peut être pas. tu réalises pas vraiment, les effets de la drogue étant trop prononcés pour discerner vraiment ce que tu ressentais à ce moment là. tu te laisses tirer et amener vers le bar et une fois arrivée, tu te penches à son oreille, venant rompre immédiatement la distance physique entre vous. — toi chuchotes-tu avant de rire et de t'éloigner de lui. — une tequila sunrise ! t'exclames tu en gardant tes mains dans les siennes. — tu m'as pas répondu, tu fais quoi ici ? tu réitères, comme si la réponse était importante. alors qu'au fond, c'est évident que t'en a que faire et que la réponse est logique.

Impossible de discerner le vrai du faux, j'étais dans une sorte de rêve, un oasis en plein désert. Et pourtant, j'étais pas assoiffé. Enfin peut-être un peu, assoiffé de toi. De nous. Toujours en manque, encore plus quand les messages quotidiens devenaient inexistants. Mais ce soir, c'était pas la question. J'voulais juste faire la fête, me mettre encore une fois la tête à l'envers pour oublier le désastre que pouvait être ma vie. Douleurs qui ne semblaient pas pointer le bout de leur nez, sûrement parce que j'avais trop d'alcool dans le sang pour pouvoir y penser. Bulle de calme, bulle de bonheur. Ton sourire illuminait mon esprit et j'étais tout simplement conquis. J'sais que ça allait bientôt s'en aller, que la bulle allait éclater. C'est pour ça que j'en profitais au maximum, sautant sur l'occasion pour te tirer avec moi. Ne pas perdre une seconde, vivre l'instant comme si c'était le dernier. Lèvres à mon oreille, les frissons me parcouraient l'échine, avant que je ne tourne la tête pour capter ton regard. « ça peut se négocier » Parce que j'étais pas contre me retrouver en tête à tête avec toi, me perdre dans tes yeux, redécouvrir chaque parcelle de ton corps. Main levée pour appeler le barman, gardant en tête la tequila sunrise de madame, tandis que ta question me revenait à l'esprit, puisque tu la répétais. « j'fais la fête aussi » que j'dis, avant de retourner mon attention vers celui qui devait prendre notre commande. Quand je l'avais, c'était donc une tequila sunrise et un mojito que je demandais. Me retournant vers toi, je glissais ma main le long de ta joue, me délectant de ce contact qui me semblait pourtant si lointain. « t'es belle » Toujours. Tout le temps.

si l'alcool et la drogue n'avait pas embuées ton esprit, tu n'aurais sûrement pas accueilli cette rencontre avec donovan de la même façon. l'euphorie te fait oublier et fait ressortir les bons côtés de toi. ce côté qui veut de lui et qui n'a que faire des peurs et des doutes. — j'ai pas l'habitude de négocier si on ne veut pas de toi, tu ne forceras pas la main. le sourire marqué en sa direction, le regard qui ne se détache pas de lui, rompu par la commande. — c'est cool.. que tu fasses la fête.. ici parce qu'ailleurs, tu ne l'aurais pas croisé. tu n'aurais pas pu profiter de sa présence. présence que tu ne réclames plus depuis plusieurs jours puisque tu n'as fait que le repousser. mais il t'as manqué et si tu ne le verbalisera pas, t'espères qu'il en sera persuadé. le sourire se fait plus discret, un peu gêné, à son compliment. mais tu te reprends vite, du moins, les substances ingérées te permettent de rebondir. — j'suis aussi coooomplètement déchirée ! verres qui sont servis, tu saisis le tien et vient le faire taper contre celui de dj. — on trinque à quoi? à ces retrouvailles peut être bancales mais appréciées, par exemple.

La réalité était quelque chose de subjectif finalement. On pourrait croire que t'es là avec moi, alors que tu ne l'es pas du tout. Ma réalité était pourtant celle-ci. Tu étais là, je profitais de toi avant que l'image de toi ne s'efface. Je n'sais pas combien de verres j'avais bu pour pouvoir halluciner comme ça, mais ton toucher, ton odeur, ta voix. Tout était là et me faisait m'apaiser un minimum. C'était le pouvoir que tu avais, malgré toi. « c'est une façon de parler... pas tellement envie de négocier non plus » Toi et moi, ça matchait, malgré des débuts qui pouvaient indiquer le contraire. « c'est cool que tu la fasses aussi... ici » Et que tu me sois rentrée dedans, et que tu ne sois pas là à me repousser. Enfin, normal, t'es pure invention de mon imagination et j'ai pas tellement envie de m'infliger ça à moi-même. Verres commandés et payés, voilà qu'on était tous les deux servis. Je me mis à rire, captant alors que tu l'étais vraiment, déchirée. « et moi totalement bourré » Les épaules haussées, j'finissais par rire avant d'attraper le verre dans ma main, le relevant pour qu'il soit au niveau du tien. « à toi et moi » que j'finissais par dire, le regard totalement obnubilé par le tien. A mon cœur qui bat la chamade quand t'es à proximité, à ces mains moites qui m'empêchent de tenir correctement ce verre ou encore à ces papillons dans le ventre qui pointent le bout de leur nez que quand je sens ton regard tel que celui que tu me portes se poser sur moi. Oubliés les mots durs et les disputes. Ce soir, y'avait que mon coeur qui criait à quel point je t'aimais.

tout devient subjectif et sans grande importance lorsque t'as 4 grammes d'alcool dans le sang. plus rien n'a de saveur négative avec la pilule ingérée. tout est merveilleux, beau et rose. tu pourrais prendre n'importe qui dans tes bras, mais la personne qui a croisé ton chemin n'est pas n'importe qui. c'est la personne. celle que tu ne t'attendais pas à rencontrer, celle que tu ne faisais que repousser, mais celle que tu voulais.  les verres qui se rencontrent pour trinquer à toi et lui, tu portes la paille entre tes lèvres pour te délecter du cocktail. t'envenimer un peu plus d'alcool et trahir tes mots pour l'évincer de ta vie. regard perçant, insistant. — je t'ai jamais vu comme ça et t'aurais sûrement oublié demain. ça te fait sourire et la mélodie de ton rire se laisse entendre. pourtant rien de drôle mais les effets de la drogue continue d'agir. ton corps se rapproche du sien, le verre dans une main et celle libre qui va se nicher à nouveau dans sa main libre, celle maintenu par son attelle. — tu veux planer comme moi ? proposition faites dans le creux de l'oreille alors que tes lèvres viennent effleurer son cou. peut être que lui aussi, il a envie d'être défoncé comme toi, avec un truc différent de la codéine.

C'était le tableau d'une vie où tout aurait été plus simple entre nous, à assumer des sentiments présents, une attirance évidente. Tu étais celle que je rêvais d'avoir à mes côtés, celle que j'cherchais depuis toujours et qui était toujours hors de portée, malgré la proximité avérée. « moi non plus » que ce soit toi ou moi. Jamais j'avais été dans un tel état. Entre l'ébriété et la détresse émotionnelle. Je perdais pieds peu à peu en ne t'ayant plus dans ma vie. Tu me manquais, à chaque instant. Incapable de vivre sans toi, je passais des heures à regarder notre conversation, avec le simple espoir de te voir m'écrire de nouveau, comme avant. Tu me manquais et j'en avais mal physiquement. Partout, mais surtout au cœur. Je buvais le cocktail, le regard rivé dans le tien, tout en me délectant de l'alcool glissant dans mon organisme. Et ton corps se rapproche, ton odeur m'enivre et je me perds dans un tout autre monde. Ce rêve, cette illusion était parfaite et je ne voulais jamais qu'elle se termine. Ta main dans la mienne et le cœur qui s'affole, j'étais tenté par ce que tu me proposais, encore plus quand je sentais tes lèvres effleurer ma peau. « ouais » Parce que j'veux tout partager avec toi. Le meilleur comme le pire. « t'en as sur toi ? » Ou faut bouger. Peu importe ce qu'il faut faire, j'te suivrai partout, mon amour.

il ne t'avais jamais vu dans cet état certes, mais tu avais connu bien pire défonce. des états seconds qui étaient lamentables à voir, desquels peu sont témoins. tu ne t'en vante pas vraiment de ta période sous codéine. être stone était devenu quotidien et vivre sans était impensable. le corps qui réclamai et le cerveau qui cédait. une habitude parfaitement rodée a laquelle t'avais fini par mettre un terme. souvent tentée d'y retourner, de replonger aussi rapidement que tu pourrais être défoncée avec. mais la peur de retrouver la sensation de manque te distance de la substance. d'autres sont plus occasionnel, comme celle de ce soir. une mauvaise idée de lui proposer d'en prendre, toi qui a si peur que ton entourage devienne addict. et pourtant, la main que tu sors de ta poche avec deux pilules. une jaune et une rose. — j'te laisse choisir le regard qui alterne entre la paume de ta main et son visage.