taking chances
@Taylor V. Foster

Pour beaucoup, le week-end était signe de repos. Deux jours où il était permis de procrastiner, de se livrer à des loisirs et des plaisirs que la semaine ne le permettait pas. Cependant pour Myo, cela faisait plusieurs semaines, notamment depuis la rentrée universitaire, qu’elle vivait le week-end comme un prolongement de sa semaine. Trop occupée par ses deux jobs, rappelons-le, intervenante à Harvard et directrice et physiothérapeute du Myodetox, la coréenne se retrouve submergée par une quantité de travail astronomique. Elle était arrivé à un stade où le repas de midi n’était non plus à 12h mais aux alentours de 15h, voire inexistant. Totalement décalée voire désordonnée, ses journées ressemblaient à une tornade dans laquelle elle s’était retrouvée piégée. Punie d’avoir été trop gourmande ou passionnée, elle rentrait chez elle à moitié vidée.

Ce samedi soir encore, elle devait payer. Il était passé 21h et elle rentrait chez elle les jambes titubantes comme si elle avait trop bu, alors qu’elle avait 0% dans le sang. Quel samedi soir palpitant se disait-elle lorsqu’elle s’était écroulée sur son canapé, la tête dans les coussins. Les yeux fermés, son esprit semblait s’échapper de son corps. Bien qu’à moitié consciente portée par la faim qui la rongeait, elle ne voulait pas se lever. La patate trop bien installée pour bouger. Jusqu’à ce qu’une frappe à sa porte ne vienne titiller ses oreilles. Elle ne bronche pas, inerte et prie pour qu’il s’agisse de son imagination débordante. Mais la personne derrière la porte insiste et Myo se lève. Si c’était son voisin qui venait se plaindre du bruit de l’aspirateur, elle allait l’envoyer valser de son poing. La tête dans les choux, elle regarde à travers le judas de la porte.

Taylor? Surprise par la visite de son amie, elle se redresse, le dos bien droit comme si elle venait de recevoir une décharge électrique. Plus réveillée que jamais, enfin presque, ses cheveux restaient toutefois légèrement décoiffés, elle s’empresse de lui ouvrir la porte pour se retrouver éblouie par le sourire éclatant de son amie. « Moi. Un rancard? » Elle rigole devant l’absurdité de ses paroles. Cela faisait bien trop longtemps qu’elle n’était plus sortie avec un homme, sortie tout court. « C’est toi mon rancard ma chérie… ou mon canapé ». Elle continue avant de prendre Taylor dans ses bras. A la fois soulagée et heureuse de la voir. Après tout, elle était le premier contact social et amical qu’elle avait depuis si longtemps. « Purée ça fait si longtemps! Qu’est-ce que tu m’apportes de beau? » Elle observe les bras pleins de Taylor et son regard se termine sur la bouteille de vodka. « Okay, je commande une pizza c’est ça? Non. Je vais me, nous?, commander une pizza. »  Dit-elle en refermant la porte derrière elle. C’était obligé ou elle allait finir réellement inerte. Pas question de boire sans remplir sa panse.

HJ: je me suis un peu laissée emporter par la folie des mots... ne fais pas attention à la longueur