L’été a file, beaucoup plus compliqué que prévu. Si on me l’avait annoncé au début, c’est simple je n’y aurais pas cru. En plus de voir tout le monde déserter Boston, j’ai du faire en sorte de m’adapter à mes nouvelles fonctions, tout en essayant de ne pas voir mon couple avec Mila voler en éclats. Vraiment, le meilleur été de ma vie, tout ça. Qu’on se le dise, vieillir, toutes ces conneries, ce n’est pas ce que je préfère, et ça fout bien trop de bordel dans mon esprit. Je donnerais tout, je crois bien, pour revenir dix années en arrière. Rien qu’une petite journée. Juste pour profiter, pour voir ce que ça fait de me sentir encore comme un mec qui a le droit de faire n’importe quoi, et qu’il n’y ait pas de conséquences à ça.

Ouais mais voilà, accoudé au bar, en attendant Bianca que je n’ai pas vu depuis des jours, je me rends bien compte que ce n’est pas possible, et que revenir en arrière, ça voudrait dire tirer un trait sur tout ce qu’on a vécu Mila et moi. Tirer un trait sur elle, je ne suis pas prêt. Imbécile amoureux, qui ne veut pas changer, malgré le fait que c’est, en ce moment, quelque peu, délicat et compliqué. Une paume agrippée à ma bière, la brunette prend place à côté de moi. Me claque une bise et prononce de sa jolie voix. « Salut toi. » Sourire sur le visage, d’un mouvement de doigts je l’invite à s’assoir, et lui dit tout simplement. « Tiens, tiens, tiens, mais qui voilà ? » Je bois une gorgée du liquide ambré. « Je commençais à croire que t’avais quitté Boston. » Pour de bon, en référence aux distances prises dans notre relation.
   

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Retour à Boston.

"C'est Bianca la plus belle." Belle, je ne la contredirais pas. Je fais partie de ces hommes qui pensent que toutes les femmes le sont. Mais je la reprendrais quand même sur les mots « la plus » parce que forcément, pour moi, elle n’a pas ce grade-là. Elle n’est même pas au niveau de la cheville de Mila, ma femme, elle est classieuse jusque dans son petit doigt. Elle commande finalement, pour répondre à mon semblant de questionnement. Une façon détournée de lui demander ce qu’il se passe dans sa vie en ce moment. "Non j'ai vécu une rupture assez douloureuse et je me suis assez effacé on va dire, mais tu sais que tu aurais pu venir à moi je ne t'aurais pas repoussé mon petit Snow." Je fronce les sourcils, avant de prononcer, sans pouvoir la retenir cette pensée, « Tu t’es effacée dans les draps de qui ? » Qu’on se le dise, il n’y a dans mes mots, aucune once de jalousie, simplement le fait que je sais qu’elle aime profiter de sa vie. « Et non merci. » Pour le fait de ne pas être repoussé, je ne suis pas intéressé. C’est très bien l’amitié. "Mais j'ai appris que tu vivais une belle relation de ton côté??" Logique d’en parler, ce n’est pas vraiment un secret, ça fait pratiquement un an que j’ai rencontré celle qui a tout changé. Oui, je suis tombé amoureux, je me suis pris au jeu. « Paraît que je me suis rangé. » Que je me tiens à carreaux, et que je suis comblé à tous les niveaux. Je bois une gorgée de ma bière, pour m’amuser, « Et si moi j’ai trouvé… » j’esquisse un sourire malin pour illustrer la suite de mes pensées, « j’imagine que tu n’es pas un cas désespéré. » Que chacun trouve sa chacune. Un truc dans le genre, à peine niais. Et on se remet tous d’une rupture, d’un cœur amoché. Elle est forte, je ne doute pas qu’elle a su comment gérer.
   

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Retour à Boston.

Je ne veux pas la vexer, en posant ma question, encore moins la juger, je sais pertinemment qu’une fille de sa trempe n’a pas de raison de rester tranquille ou bien de se tenir à carreaux, bien gentille, dans l’attente du prince charmant. Non, Bianca, elle est bien plus farouche et sauvage que ça. "De connaissance,,il y a aucun mal à ce faire du bien." Ô ça, je ne serais jamais le dernier à le penser. Elle est libre de faire ce qu’elle veut, quand elle le veut. "Ce n'était pas une invitation Snow." Et j’en souris, en buvant une autre gorgée, comme si elle se devait de se justifier. Mais au moins, on est sur une même longueur d’onde, pas d’espoir entre nous, et puis l’amitié platonique ce n’est pas encore un principe démodé, je le promets.

Alors le sujet dévie sur ma relation avec Mila, et même si c’est compliqué depuis quelques jours entre elle et moi, c’est limpide pour moi. Je l’aime, on ne peut pas faire plus clair que ça. "Ben si t'es heureux c'est pas si mal d'être rangé écoute." Pas si mal… Ce ne sont pas les mots que j’aurais choisis. A dire vrai, c’est le pied. "Ah mais j'en veux pas, je ne veux pas d'une relation, j'ai morflé une fois pas deux et je n'y crois plus à ses foutaises, en tout cas pour moi." Avant de reprendre la discussion, j’avoue que je bois encore une bonne partie de ma boisson, comme pour me donner un temps de réflexion. Choisir les bons mots, les bonnes suppositions, et ne pas lui mettre une certaine pression. « C’est triste. » Je prononce finalement, sans mauvaise intention. « Puis un jour tu m’enverras un texto pour me dire, ça y est, Snow, lui c’est le bon. » Parce que l’amour arrive lorsqu’on ne l’attend pas, il prend par surprise, un truc comme ça.
   

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Il ne faut jamais dire jamais, c’est bien connu. Et plus elle affirmera qu’elle ne veut plus se remettre avec quelqu’un, plus je penserais qu’elle en crève d’envie. Que c’est ce qu’elle attend pour le futur, dans sa vie. M’enfin, je ne m’évertuerais pas à lui répéter. Parce que Bianca, je la connais assez, et ce petit bout de femme a un caractère bien trempé, autant le dire, elle est bien bornée. "Si un jour je le dis je finirais encore par me tromper, par souffrir alors bon j'y crois pas trop, j'ai trop donner dans les peines de coeur on peut pas jouer plus avec mon coeur qu'on ne la déjà fait." J’en pince mes lèvres, je finis même par les mordre.
Concrètement, je ne suis pas convaincu, mais je le garde pour moi. Parce qu’on risque de tourner en rond à ce compte là. Elle dit non et je dis oui. Et on pourrait presque continuer toute la nuit. D’un débat où personne ne sort gagnant, parce que si je pense noir, ce n’est pas elle qui me fera penser blanc. "Bref mais parlons de chose plus joyeuse, tu en es ou toi, mariage, bébé??" Erf. J’en grimace, parce qu’elle vient de mettre les deux pieds dedans. Un long soupir s’échappe de mes lèvres, peut-être que je cherche un peu mes mots, puis il faut dire que j’ai du mal à en parler, que je ne sais pas vraiment comment gérer. « J’ai dit que j’étais casé, » et heureux, dans la forme, dans le fond, c'est à peine plus compliqué, « J’ai pas dit que je voulais me marier, ni avoir un tas de bébé. » Et j’aimerais sincèrement qu’on arrête de m’en parler. Parce que je sais foutrement que c’est cette non-envie qui risque de me faire perdre la femme que je considérais comme celle de ma vie.
   

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Il y a des sujets qui sont plus délicats que d’autres, et pour le coup, Bianca vient de pointer du doigt celui qui me travaille en ce moment. Celui qui m’apporte trop de tourments. Parce qu’elle m’en a demandé, ma copine, des enfants. "Comment ça??" Pourtant je suis presque certain d’avoir été clair dans mes propos. Je suis en couple, posé, mais pas encore prêt. Je vais devoir le dire au monde entier ? J’ai comme une sensation de me répéter sur le sujet. "C'est un peu le fonctionnement d'un couple, en règle générale les gens sont fous l'un de l'autre et puis vient le mariage, les gosses et tout ce genre de truc tu vois." Et je la regarde en hochant le visage plusieurs fois, répétant avec aigreur, « En règle générale. » Je les déteste ces mots, comme si l’on devait rentrer réellement des cases.

Je soupire longuement, je laisse le temps à la réflexion, et je finis, dans mon propre silence, l’intégralité de ma boisson. Pour en recommander une dans la foulée, heureux et casé que je disais. « Pour faire court, nous avons, elle et moi, une divergence d’opinion. » Sur ce qui est de l’avenir et de sa conception. Surtout que je ne suis pas très enclin au fait qu’elle me mette la pression. J’ai d’autres aspirations. « Et ça fait à peine un an. » Alors moi, j’estime que pour penser à tout ça sérieusement, on a tout simplement le temps.
   

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