Tandis que la sonnerie sonnait 16h, Myo poussait la porte d’entrée de la cafétéria des professeurs avec peine tant qu’elle était chargée. Un bras tenait les premiers travaux imprimés des élèves et l’autre le take-away qu’elle venait de se commander à un food truck. D’habitude plutôt animée, la salle était étrangement vide. Personne à l’horizon, il y régnait un silence de bibliothèque. Pas que cela ne la dérangeait. Elle appréciait passer du temps seule et elle avait l’embarras du choix des tables libres. Elle choisit alors une place près de la fenêtre, baignée par le soleil d’une fin d’après-midi, pour installer son bordel. Enfin du temps ! se dit-elle avant de se laisser tomber sur son siège. Il était 16h et elle n’avait toujours par diner. Elle se maudit d’avoir accepté d’aider un professeur à corriger les travaux de ses élèves. Trop gentille, ou trop nouvelle pour oser dire non. « Non mais... MAIS QUI décide de faire des travaux à la deuxième semaine de cours ?! MAIS QUI ! » s’exprime-t-elle à voix haute, à la fois frustrée et désespérée avant de mordre énergiquement dans son sandwich, tel une lionne affamée. A ce même moment, un témoin se tenait à l’autre bout de la pièce, précisément à l’entrée. L’enseignante se rend compte qu’elle n’était plus seule. Oscar toujours au bon moment. Oscar toujours avec son regard profondément bleu et pensif. Ils s’observent longuement. Sans un mot. Un silence. Myo, elle ne sait jamais ce qu’il pense. Elle n’arrive pas à le lire, le percer. Mais elle sait qu’il ne l’a pas oubliée et qu’il adorable à taquiner. Alors, elle se met à rire. « Allez dans le doute, qui suis-je ? » Dit-elle avec un sourire, le regard défiant. Ils s’étaient vus plusieurs fois et trois fois il l’avait oubliée. Une systématique troublante, presque vexante, alors qu’ils ont partagé un repas ensemble. Certes avec d’autres professeurs. Mais quand même. Était-elle si banale ?

@Myosotis Jeong | Les vacances sont terminées pour Oscar, même s'il n'en a pas pris beaucoup, seulement deux semaines afin de profiter de son fils. Ambre lui a demandé a plusieurs reprises de le rejoindre au Summer Camp, mais il a refusé, préférant se consacrer à son travail et sa vie en général. Les cours ont repris et la vie à cent à l'heure d'Oscar par la même occasion. Oscar a déjà donné des TD à ses élèves, il en a donc à corriger et rien de mieux pour lui que d'aller à la salle des professeurs afin de corriger mais aussi préparer ses prochains cours. Café à la main il entre dans la salle des professeurs et s'arrête à l'entrée en voyant Myosotis pestait toute seule dans son coin, ce qui lui vaut un sourire. La brune remarque alors la présence masculine, et son aura mystérieuse. Le jeune homme s'avance dans la salle et dépose ses affaires sur le table. À plusieurs reprises, Oscar a pris l'intervenante pour une élève perdue si bien que c'est dorénavant devenu un petit jeu entre eux, elle aurait pu néanmoins se vexer du peu de mémoire qu'à Oscar mais elle en rit. J'sais pas. On s'connait toi et moi ? Hausse des épaules et fait mine de ne pas la reconnaitre, buvant une gorgée de son café. Il lâche un petit rire, se souvenant de ces fois où il lui a dit assez froidement de sortir de la salle des professeurs, et elle qui insistait à lui prouver qu'elle est intervenante. Tu croules sur les copies à ce que je vois. Je vais te donner les miennes tu ne verras pas la différence. dit-il avec humour mais dans une certaine froideur à faire pâlir, lui qui à l'air toujours perdu dans ses pensées les plus secrètes.

En arrêt à l’autre bout de la pièce, Oscar la regardait, perplexe, les sourcils plissés, faisant mine de réfléchir. Chercher dans ses profonds souvenirs si son visage lui rappelait une personne qu’il avait connu dans une vie antérieure. Bien évidemment que si, ils s’étaient croisés plus d’une fois, il l’avait oublié tant de fois qu’il avait fini par se rappeler d’elle. Fort heureusement. Mais il continuait à faire semblant de ne pas la reconnaître. Et sans se vexer pour autant, Myo s’était prise au jeu, embobinée comme une bleue. Au final, c’était pas trop mal comme façon de se saluer. C’était un check plutôt original, rien de plus. « Mhhh j’suis pas sûre… » Une pause, le doigt posé sur le menton pour souligner la réflexion. « Ah! Si! Tu ne serais pas le vendeur de hotdog devant le TD Garden? » Elle sourit, moqueuse car en vrai, ils avaient vraiment un air et d’ailleurs, elle lui avait déjà fait la réflexion en lui envoyant un sms. Photo prise à la dérobée, elle s’était empressée de lui montrer la ressemblance. Certes pas frappante, mais il y avait vraiment un air. De loin. « Non mais vous êtes vraiment sadiques en médecine… » Lache-t-elle, bouche bée, alors qu'elle enseignait aussi en médecine, lorsque’Oscar lui propose d’ajouter ses travaux à corriger. Proposition qu’elle refuse en repoussant doucement de sa main les dossiers qu’il essayait de glisser sur sa pile de correction. Elle venait de pester contre son fou de collègue mais voilà qu’Oscar avait fait de même. « Non mais vous êtes sérieux les gars? C’est la deuxième semaine et vous faites déjà des travaux notés? Qui a dit que j’étais le diable? Je suis un ange par rapport à vous. » Elle rit doucement. D’ailleurs Myo ne comprenait pas d’où venait cette rumeur. L’honneur d’être une nouvelle enseignante apparemment. On la décrivait comme un tyran et une folle. C’était une rumeur parmi tant d’autres. Au final, très peu de vraie. Néanmoins, c’était vrai qu’elle se montrait plutôt autoritaire durant ses cours, renvoyant systématiquement à la porte ceux qui perturbaient le cours. Après tout, pourquoi prendre une place dans l’auditoire si c’était pour surfer sur le net ou regarder Netflix?

Ps: myo n'est pas assistante mais intervenante/enseignante vacataire

@Myosotis Jeong | Oscar est toujours submergé par ses émotions négatives, si bien qu'il a parfois du mal à sortir la tête de l'eau. Air froid dessiné sur son visage de cire, regard dans le vide ou bien regard qui jette des éclairs de feu. Cela serait nier que de dire qu'il est heureux dans sa vie, la seule chose qui le maintient c'est son fils et sa famille en générale. Le travail lui permet juste de ne pas sombrer dans l'alcool et la dépression, et surtout pouvoir subvenir aux besoins de son fils. Voir une tête familière -qui a pourtant eu du mal à s'imprégner dans son esprit- le met d'humeur taquine, surtout au vue de leur rencontre. Je suis démasqué... C'est parce que tu ne peux pas te passer de saucisses. qu'il dit avec un sourire léger, et se rendant compte de son allusion Sans mauvais jeux de mots bien sûr. ajoute-t-il en riant légèrement. Pas la première fois que demoiselle fait cette remarque, sûrement qu'ils ont un air de ressemblance et sans vouloir jeter la pierre à ce pauvre homme, ils n'ont pas le même cursus scolaire et pas les mêmes ambitions. Lève les yeux au ciel lorsqu'elle dit qu'ils sont sadiques, mais ne peut qu'acquiescer en hochant positivement de la tête Ouais on adore voir nos élèves souffrir le martyr. il a été lui-même à cette place, il est bien placé pour le savoir. Il a souffert durant toutes ses années de médecine, il a donné le meilleur de lui même et en est devenu un neurochirurgien accompli. L'intervenante refuse qu'il glisse ses copies à corriger, il hausse des épaules sachant parfaitement que c'était peine perdue. C'est pour les mettre directement dans le mouvement. Les vacances sont terminées, ils ont assez profité, non ? Fesse posée sur la table, jambe dans le vie il penche la tête lorsqu'elle se compare à un ange Oui bien sûr tu es un ange avec des cornes rouges et moi le diable avec une auréole d'or. ils sont ainsi tous deux mi-ange, mi-démon à leur façon, Oscar s'estimant davantage du côté des limbes que du paradis.